Céder à la passion des mots, prendre la parole et laisser vivre les émotions d'un esprit en ébullition constante.Parler de tout. M'enthousiasmer, m'indigner et prendre le temps de le dire.
Jérémie Gilesa franchi l’ultime marche de sa vie. En ce moment,
sa famille, ses enfants, petits-enfants, amis, admirateurs sont réunis à
Jonquière pour lui dire au-revoir. Je reste solitaire dans un vent d’automne qui
dépouille les arbres de ses feuilles comme la violence de cette fin de vie me
dépouille des souvenirs d’une longue amitié.
Ma terre se dépeuple. Les années
me laisse dans le deuil des gens que j’aime depuis longtemps. Je tente de ne
pas me retourner sur le vide que les départs creusent. Profonde est la fosse où
chacun y ensevelit tant de souvenirs.
Jerry-mien est de ceux-là. Un
être fascinant qui a troublé mes 18 ans, lui, de 21 ans mon aîné. La rencontre
a eu lieu en 1966, lors d’une exposition des œuvres de mon père Jean Laforge au
Centre d’art Manicouagan.
Le Centre d'Art Manicouagan
Je fus séduite par l’ambiance de
ce lieu vibrant. J’y entendais l’écho des voix de Gilles Vigneault, inaugurant
la première boîte à chansons de Manicouagan, à la pointe Lebel de Hauterive.
Celle de Claude Léveillée et de nombreux autres paroliers et poètes.
Gilles Vigneault et Jérémie
Claude Léveillée
Des murs
réfléchissant les multiples couleurs de peintres renommés, dont René Gagnon
depuis son ouverture en 1958. J’ai succombé à la magie de ce lieu, porte
ouverte sur un avenir qu’il savait, avant moi, que je serais à jamais dédiée à
faire connaître nos artistes, à les réunir, à provoquer des rencontres, tout
comme lui.
Il aura été mon mentor, plus
encore un ami.
Dans le regret de n’avoir pu de
donner le baiser d’un aurevoir à jamais, je crois l’entendre me dire ce qu’il me
disait dans les moments difficiles de deuils multiples : « Monte dans la montgolfière,
vois les choses de haut et laisse-toi emporter loin de ta peine. Sache
précieuse amie, que les années, les mois, les semaines, les jours, les heures
et les secondes n’affectent en rien la séquence de mes battements de cœur
pour cette amitié indéfectible qui nous unis. »
Perdre un ami, c’est comme perdre
un frère. Mais au lieu d’être une part du sang, c’est un morceau du cœur qui
s’en va. Le deuil n’en est que plus difficile parce que ce n’est pas l’ami que
l’on prend dans ses bras, donnant priorité à la famille aux proches présents. Nos
bras restent vides de celui qui importe.
Pour compléter et découvrir cet
homme, cet artiste.
Mort ce 27 avril 2024, Jean-Pierre Ferland emporte avec lui un morceau de nos cœurs. Mais ils nous laissent un pan de notre histoire... de nos histoires... en 450 chansons dont nombreuses sont inoubliables.
Parmi mes souvenirs demeure le spectacle qu'il a donné au Palais municipal de La baie, le samedi 2 octobre 2004, accompagné de 204 choristes devant un public de plus de 2000 personnes.
Voici le texte publié dans l'édition du Progrès-Dimanche du 3 octobre :
Ariel, chaque année, ton anniversaire me fait
revivre le parcours de ta vie. Tu es l’enfant tant désiré de ma jeunesse. Je t’imaginais
heureux de vivre. J’aspirais à mériter ta confiance. Par toi, j’allais
apprendre à être mère.
J’ai souris à tes sourires, j’ai craint tes
peurs et tes larmes ont été aussi mes larmes. J’ai accompagné tes pas autant
que tu as accompagné les miens. Notre vie était comme un vaisseau sur un océan
dont la beauté, dans le calme comme dans les tempêtes, nous a mené vers nos
terres. La traversée fut souvent houleuse. J’ai tremblé pour toi et j’ai
souffert de te faire trembler aussi, moi, qui souhaitais te protéger contre les
vents dévastateurs.
Mais n’est-ce pas cela la vie? Jours de
bonheur, jours d’épreuve et n’avoir jamais été seule pour y faire face parce
que ta force est devenue la mienne.
L’enfant rêvé est devenu un homme, un
amoureux, un père de quatre enfants. Tu as multiplié les amours de ma vie.
Je suis fière d’avoir porté en moi cet être magnifique,
si merveilleusement attentif aux autres. Le petit garçon qui voulait que j’agrandisse
la maison pour y accueillir les enfants délaissés n’a rien perdu de sa
générosité.
Je suis très fière de toi, de ce que tu as
choisi d’être. Pour cela et plus encore, en ce jour de ton anniversaire, je
veux te dire merci.
Lison et sa sœur Claire-Hélène qui a pris soin d'elle jusqu’au bout.
Chère Lison,
Je ne peux pas croire mes mots
surgissant du clavier pour dire tout mon chagrin, confrontée que je suis à la
mort d’une amie si précieuse.
Lison, tuétais comme un soleil qui enveloppait sans
brûler. Un soleil doux permettant une floraison colorée dans les jardins les
plus secrets de nos cœurs.
Nous étions toutes deux dans la
jeune vingtaine quand, par nos métiers, nous nous sommes rencontrées. Par
quelle magie, toi plus jeune que moi de 5 ans, tu es devenue la grande sœur que
je n’ai pas eue. Tu as été le témoin de mes élans comme de mes peines,
tempérant ma nature fougueuse lorsque tu devinais les dangers que je refusais
de voir. Protectrice, là était ta magie. Et nous fûmes plusieurs à bénéficier
de ce don généreux.
Les rencontres professionnelles
se sont multipliées. Nous nous sommes reconnues dans l’amour de la vie, le
plaisir du rire, la quête de vibrer au talent et à la beauté des autres. Nous
étions un terreau fertile où s’est épanoui une amitié qui aura duré un
demi-siècle.
Il paraît qu’avant de mourir on
revoit notre vie. Il y a donc une mort en moi, car défilent dans ma tête tous
nos souvenirs. J’ai été témoin de tous tes combats, ceux du cœur, de la
maladie. Tu étais arrivée à l’aube d’un nouveau bonheur, celui de vivre auprès
d’une tendre présence fraternelle dans un lieu paradisiaque, délivrée des
soucis financiers, te préparant à vivre de beaux voyages sur les traces de Paul
Gauguin.
Tu n'as pas eu le temps
d’imaginer que rodait en toi un ennemi redoutable menaçant ta vie. Tu as subi
le choc d’un verdict qui criait à l’urgence d’entreprendre des soins. Une
biopsie ratée, suivie d’un mois interminable d’une attente pour le diagnostic
fatal. Tu t’es sentie abandonnée par un système déshumanisé.
Le temps est devenu ton
objectif majeur. Gagner du temps pour retarder le plus possible ce départ non
voulu. Tu as traversé quatre séances de chimiothérapie avec courage, subissant
les contre-coups dans l’espoir de conquérir du temps pour vivre. Tu as retrouvé
les plaisirs gourmands, franchissant chaque jour comme tu as franchi les marches de cet
escalier construit pour toi afin de t’installer dans la cache à l’affût du
gibier. Tu as retrouvé ton rire, reconstruit tes rêves de voyages lorsque tu as su que la tumeur était réduite de 40%.
Et voilà que, quelques jours plus tard, la
grande faucheuse t’as surprise en prenant un autre chemin pour t’atteindre. Une
embolie pulmonaire. Tu as sombré dans l’inconscience, malgré les soins des
ambulanciers. Tu t’es envolée en quelques heures vers ton dernier et mystérieux
voyage.
Tu t’es envolée comme un
oiseaux s’élance hors du nid et c’est nous qui regardons l’immensité de cet
espace vide de toi, les ailes brisées.
Tu te plaignais de manquer de
livres, avidesde tomes de milles pages.
Je les regarde ces livres préparés pour ce qui devait être notre prochaine rencontre,
muets comme je peux l’être de tant de mots en deuil de toi.
Cette douleur que je ressens
dans cet ailleurs où tu es, je la
perçois avec l’intensité d’une amitié si forte qui semble t’entendre me dire « vis
Christiane, vibre de ce qui nous faisait vibrer, évoque nos souvenirs pour que
je survive à travers toi comme à travers mes amours ».
Je le ferai Lison, comme le
ferons toutes ces personnes que tu as aimées et qui t’aiment parce que, même
dans cette mort qui tue un peu de nous, tu continues à nous faire grandir.
Ton amie
Christiane
Un très beau témoignage de Daniel Giguère à TVA sur la carrière d'animatrice de Lison.
Un dictionnaire ne suffira pas pour trouver tous les mots
qui te diront pourquoi mon amour pour toi grandit avec les années. Une
encyclopédie peut-être ?
Avant ta naissance, je croyais connaître le sens du mot «
aimer ». Oui j’avais et je vivais les différentes nuances de l’amour. Mais ce
que j’ai ressenti pour toi n’avait rien d’égal à cela. Cet amour-là
m’envahissait comme un torrent dont la force m’emportait dans un univers
inconnu, comme un feu me dévorant, comme un bonheur comblant toutes ce à quoi
je pouvais aspirer, comme une douleur anticipée de ce que je pourrais souffrir
de te perdre, pleurer de tes chagrins. M’abreuver de tes joies, de tes rires,
de tes gestes de tendresse et me déchirer à tes peines, à tes larmes, à tes
propres blessures.
Voilà 40 ans que je vis cet amour. 40 ans que tu m’enchantes
par ce que tu es, pour l’homme que tu es devenu , comme fils, comme amoureux,
comme père qui s’est multiplié à la naissance de tes enfants qui sont, pour
moi, le prolongement de toi - Un peu de moi - dont je suis aussi très fière.
Tu as donné de l’intensité à ma vie. Par toi, mes yeux ont
vu plus grand. Mon cœur s’est encore plus ouvert à une humanité que tu as le
don de regarder avec un véritable souci de comprendre. Ta générosité a amplifié
la mienne. Je t’ai mis au monde par amour de la vie, mais toi tu as mis au
monde une maman qui n’a pour regret que de voir que la vie passe trop vite.
En ce jour de ton anniversaire, je veux te dire MERCI Ariel,
merci mon fils.
Que ce jour soit joyeux et le premier jour d’un avenir encore plus
heureux
Lorsqu’un auteur met plusieurs décennies à écrire
un livre, le lecteur peut bien lui consacrer quelques semaines à le lire. Il
m’en a fallu six, alors que je dévore souvent plusieurs centaines de pages en
un seul jour. Les Revenants, roman d’Yvon Paré, est sans conteste le
roman d’une vie. Un roman qu’il faut absorber lentement pour en savourer toute
sa richesse poétique, sa sensualité et cette introspection de l’être.
Faut-il égarer ses souvenirs pour vivre aussi
pleinement le présent, pourrait-on se demander ? Richard-Yvon Blanc s’éveille
dans une grande maison vide de La Doré, ne sachant plus qui il est. Son esprit
est une page blanche où s’écrira chaque instant comme s’il était le premier. Un
chat, Monsieur Melville partage son espace qu’emplissent les mots du Jack Kérouac
dans le prisme de Victor-Lévis Beaulieu. Conscient de son amnésie, l’homme sans
nom choisit de se nommer Presquil, disant de lui : « Je suis un
rescapé, un survivant des trous noirs de ma mémoire. »
Sa solitude sera bien vite troublée par l’arrivée
de personnages hétéroclites, venus dans l’intention avouée d’aider Richard-Yvon
Blanc à retrouver la mémoire, tous l’ayant connu, tous témoins de sa vie
antérieure. Le couple Bach et Nokomis
installé dans la maison voisine, la
sculpteure Flavie et son autobus cracheur d’huile, Félix sauveteur de maison
ancestrale, vont patiemment tisser la toile du souvenir, ravivant sciemment la
fêlure originelle, 1980 , le référendum sur l’indépendance du Québec alors que
sombrait dans le NON le rêve d’un pays. Des mots qui l’agrippaient, brûlant
d’un échec insupportable. « Les phrases, une fois libérées, personne n’arrive à
leur mettre la main au cou. »
Page après page, Presquil, aborde le rivage de
son passé. Les mots dont on l’abreuve reconstruisent les pans du souvenir, déconstruisant le mur de l’oubli
qu’il a dressé contre Richard-Yvon.
Une méditation, une introspection, une contemplation, ainsi va ce roman
particulier empreint d’une vaste culture littéraire et d’un douleur réelle des
humiliations subies, des échecs répétés dans la quête d’un pays avorté. Par la
voix de ses personnages, Yvon Paré évoque les années intenses aux musiques de
Manège, Harmonium, Beau Dommage, Octobre. Ainsi qu’au martellement des bottes
lors des mesures de guerre, en 1970 : « Le Québec frémissait
sous les pas des militaires. Nous n’étions que des lâches et des misérables. Ça
me tuait d’y penser. Pas même capable de déclencher une grève générale! Nous
avions laissé nos poètes croupir en prison. »(P. 162)
Tandis que Presquil s’emplit le regard de la
couleurs des fleurs sauvages et du vol des oiseaux : « Les oiseaux
volaient si près d’eux parfois qu’ils étaient secoués par le tourbillon de
leurs ailes »(P. 45), il respire les odeurs de la faune et de la flore, goûte
aux plaisirs des fruits tendres et de la chair.
Se reconstruit un passé morcelé
: « Ma tête est pleine de courants d’air et entre ma vie d’avant et celle de
maintenant, se faufile cette frontière, un fil, une autoroute, je ne sais pas. […]
Je suis un spasme dans un nœud du temps, une déflagration qui me pousse à la
frontière de l’imaginaire. […] Ma vie est une énigme. Je suis et ne suis pas. »
(p. 204)
Roger Langevin, parolier et Serge
Arsenault, compositeur et interprète ont dépassé le climat pandémique maussade
pour nous livrer un album tout en tendresse. Dix chansons qui sont comme une
caresse à l’âme. Certains textes de Roger Langevin nous griffent le cœur par le
chagrin exprimé. Mais cela est dit avec tant d’amour etd’intensité qu’il donne de la beauté à ce qui
pourrait être triste.
La musique de Serge Arsenault danse
les mots à différents rythmes, légers parfois, intimistes souvent, avec
sobriété, permettant aux mots de s’y épanouir. Les arrangements de Raphaël D’Amours,
multi-instrumentiste multiplie les genres avec doigté, comme un marin sachant d’où
vient le vent. D’autres collaborateurs, choristes, graphiste et autres ont
contribué à la réalisation d’un album de classe, qui nous offre 10 chansons
dont aucune ne permet l’indifférence..
Ma tourtelle
Chanson amoureuse
Les notes sont comme des gouttes
d’eau perlant sur le visage de l’aimée.
Un rythme folk joyeux comme un
sourire malgré la tristesse du souvenir.
Souviens-toi
Chanson d’amour
Comment exprimer la douleur de
voir l’être aimé disparaître dans les brumes de l’absence de ses souvenirs ?
Roger Langevin évoque, par anticipation, cette rencontre impossible entre
l’amour de sa vie désormais perdue dans un univers parallèle où elle attend son
amant de toujours pourtant chaque jour à ses côtés. Rien de mélodramatique dans
ce beau texte habillé d’une musique sobre et chantée avec émotion par Serge
Arsenault, dont les accents fragiles de sa voix donnent l’impression qu’il
parle de sa propre histoire, s’appropriant les mots d’un autre comme si ils
étaient siens. C’est troublant, émouvant et ne pourra que toucher toute
personne confrontée à cette cruelle maladie que l’Alzheimer.
Les clics
Un rythme vif
Comme un coup de vent
rafraichissant, après l’intensité des deux premières chansons, survient «Les
clics » évoquant cette nouvelle manie que notre société a développée envers
l’Internet où plutôt que de consulter nos livres, nous confions nos questions
aux moteurs de recherche,. « Tout savoir si tu veux/ est à portée du doigt/ En
tous lieux sur la terre/ Peu importe où
tu sois ». L’humour au service de faits avérés.
L’autre
Belle intro au piano.
Passe le temps trop vite et il y
urgence de vivre. Il faut avoir vécu pour saisir toute la vérité de ce texte. Il
y a tellement mieux à vivre que les conflits. « Pourquoi ne pas alors/ Avant
l’inévitable/ Se tenir la main/ S’asseoir à la même table?» pour terminer dans
cet appel : «Le temps passe/ Il y a la vie qui nous unit/ Le temps passe,
le temps presse/ Je ne serai pas l’autre/ Mais ton ami. »
La banquise
Des notes sur lesquels on glisse agréablement
À l’écoute de cette chanson, portée par une musique
enlevante, on a l’impression de s’immiscer dans un court métrage. C’est très
visuel et poétique.
Le chant d’honneur
Rythme martial
Je n’ai pu m’empêcher de penser à
Claude Léveillée, terrassé en plein spectacle par une hémorragie cérébrale en
2004. Mais en Cliquant sur Google (Eh! Oui) plusieurs ténors et comédiens, au
Québec et ailleurs, ont succombé à une crise cardiaque devant public. Cette
chanson, porte bien son nom « Chant d’honneur ». Y aurait-il des morts plus
belles que d’autres, « Mourir d’une crise de cœur/ Sur scène devant public[…) une occasion unique», ce chanteur qui
survit « Car on entend encore/ Sa voix sur un CD ».
Adieu Mado
Chanson nostalgique
Une musique dépouillée, intime,
qui raconte une amitié, évoquant les souvenirs partagés qui survivront à la
mort. Reste le visage à jamais figé dans sa jeunesse.
Le mur
Un texte qui va plus loin que ce qu’il dit
Un mur qui nous incite à penser à
tous les murs qui séparent les uns des autres. Un chant universel.
« Hier l’indifférence/ Et le
chacun pour soi/ Nous isolait l’un l’autre/ Sur la terre où qu’on soit./
C’était un mur de peur/ De haie de mépris/ L’ennemi c’était lui/On le sait aujourd’hui.
Un chant d’espoir et de foi en
l’amour, superbement mis en musique. Un beau chœur composé de Serge Arsenault,
Marie-Anne Arsenault et Raphaël d’Amours. Ce dernier a aussi fait les
arrangements, la réalisation de cet album.
Définitivement
Une continuité à Souviens-toi
On hésite entre les larmes et la
séduction. Ce texte est de toute beauté et trouvera écho auprès de nombreuses
personnes devant traverser«Définitivement » ce deuil d’une personne aimée encore vivante.
Interprétée avec justesse par Serge Arsenault, c’est une chanson coup de cœur,
sobre et si riche à la fois. Cette démence survenue sournoise et, comme le dis
le poète
« Tu es là, je te vois/ Pourtant
tu es une autre/ Un instant je revois/ L’amour qui fut le nôtre./
Poursuivant «À l’éclair d’un coup
d’œil/ À ce rire tout à l’heure/ Venu teinter mon deuil/ D’un éclat de
couleurs/. »
La mer si bleue
La mer dévorante
Ne pas se surprendre à ce que la
dernière chanson évoque la tempête. La vie est un navire voguant sur l’océan
dont les marins épris sont souvent la proie dont elle s’empare. L’amour, la
vie, la mort, un même cercle infernal qui unit et sépare les amants.
Surtout ne pas croire que cet
album est tissé de tristesse. Il est émouvant, troublant par les émotions qu’il
avive, mais dans le ton musical, dans l’interprétation, avec des arrangements
musicauxen harmonie avec les mots, le
tout accompagné de chœurs subtilement intégrés. On l’écoute séduit, ému et,
curieusement, apaisé de nos propres deuils présents et à venir.
Christiane Laforge
1er février 2021
Pour en savoir davantage, voir le lancement virtuel de L’Autre
qui a eu lieu de vendredi 15 janvier.
Aujourd'hui, ce 25 avril 2020 tu fêtes ton 11e anniversaire de naissance. Tu fêtes la 11e année de ta vie. Et je me dis qu'il est temps de t'écrire tout l'amour que j'ai pour toi.
Tu es l'enfant, le deuxième enfant d'un amour partagé entre Ariel, mon fils, et Andrée-Anne, ma belle-fille. Tu es l'enfant d'un désir lucide, songé et voulu par ce duo amoureux de donner la vie. À ton âge, ton papa parlait déjà de ses futures enfants. Tous les jeux et les livres qui le passionnaient ne devaient être ni donnés et encore moins jetés, car ils étaient conservés pour ses enfants. Avant de se connaître ton papa et ta maman avaient ce même projet de vie.
Ta grande sœur Élika, avait déjà fait de moi une grand-maman. Avec elle j'ai vécu ce phénomène étrange et merveilleux de renaître autrement. L'amour inconditionnel et fulgurant que l'on découvre à la naissance de son propre enfant (que l'on soit mère ou père) provoque un sentiment puissant qu'on ne s'imagine pas revivre. Devenir grand-parent est tout aussi intense. Mais il y a une différence. On hérite du meilleur. L'amour sans la responsabilité quotidienne et ses exigences.
Je dois te faire un aveu. Je me demandais comment j'allais pouvoir t'aimer autant que ta grande sœur, tellement elle occupait mon cœur et mes pensées. Et toi, petit homme, avec ton sourire irrésistible, ton abandon confiant dans mes bras te berçant, tu m'as révélé que le cœur est une organe qui grandit. Toi, à peine né, tu m'as permi de grandir.
Merci Victor. Tu m'as tellement appris sur moi-même et sur la vie. Je succombe au charme de ta gentillesse, de ton humour, de ton espièglerie et de ta façon d'exprimer ta tendresse.
En cette année 2020, bien que je ne pourrai te serrer dans mes bras, comme sur la photo de mon anniversaire en 2018, tu demeures mon espoir de lendemains heureux et complices. Ta présence, ton existence me convainquent de croire en la beauté du monde.
Joyeux anniversaire mon Victor. Célèbre bien chaque jour de ta vie.
Pour résumer cette lettre, je n'ai que ces mots : je t'aime
Photographe de grand talent, Jean-Louis Frund a accompagné Félix Leclerc dans ses tournées en France dans les années 1960 et est devenu cinéaste de la nature au début des années 1970 , bien avant que ce ne soit à la mode. PHOTOTHÈQUE LE SOLEIL
Le 29 janvier dernier, le cinéaste Jean-Louis
Frund fermait les yeux sur cette nature qu’il a tant aimée et filmée. Un choix ultime,
mettant fin aux souffrances d’une maladie fatale, accompagné qu’il était dans
ses derniers jours de ses amours et amis.
Je n’aurai connu cet artiste qu’en cheminant sur
la voie de l’amitié. J’écrivais ma peine devant l’imminence de la mort de
Gatien Moisan, peintre et ami de longue date. Sous les mots de la réponse
reçue, j’ai ressenti l’écoute attentive et la compréhension. Et pour cause! Nous
vivions le même chagrin pour les mêmes raisons, alors que mon interlocuteur
était le témoin de la dernière étape de la vie de son grand ami Jean-Louis.
En me parlant de lui, le sculpteur Roger Langevin me
faisait découvrir ce cinéaste de talent, né le 5 janvier 1936 à St-Thomas
Didyme. Sa ville natale lui a consacré
une page pour souligner la prestigieuse carrière du 9e enfants du
couple Albina Perreault et Donat Gravel. Orphelin en bas âge, recueilli par un
voisin dont il a pris le nom, Frund, Jean-Louis a débuté comme photographe de
presse à Chicoutimi et à Montréal, métier qui lui a permis d’accompagner Félix
Leclerc lors de sa deuxième tournée en France.
« Producteur et réalisateur de plus de 47 films,
Jean-Louis a reçu de très nombreuses distinctions, dont la médaille de
Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres qui lui a été remise par le
ministre français de la Culture et de la Francophonie, Monsieur Jack Lang. Son
plus grand honneur est certes celui d’être distribué dans 65 pays et vu par des
centaines de milliers de téléspectateurs. »
En 1998, le cinéaste prend sa retraite mais non
pas l’homme. « Ébéniste de talent, outre l'entretien et l'aménagement d'une forêt de 40
arpents, il a entrepris de ses mains une plantation de plus de 3800 arbres : 27
essences de feuillus et 8 essences de conifères. »
Sur le site
de la municipalité, on retrouve plusieurs liens pour sa biographie, sa
filmographie et les honneurs reçus.
Roger Langevin
Le 29 janvier 2020, dernier jour de Jean-Louis
Frund, Roger Langevin écrivait les paroles d’une courte chanson. Un texte sobre
qui traduit bien cette intense émotion et aussi le désarroi au moment de l’adieu.
Son ami, le compositeur interprète Claud Michaud (natif de Jonquière) l’a mise
en musique. Ce jour, il m’a fait parvenir la version finale que je partage ici.
Chemise blanche,
chanson écrite par Roger Langevin, le 29 janvier 2020,
mise en musique et interprétée par Claud Michaud
en guise d'adieu au cinéaste Jean-Louis Frund
Les médias ont été plus que discrets à l’égard de
Jean-Louis Frund. Heureusement, un autre de ses amis, Claude Villeneuve, biologiste,
professeur à l’Université du Québec à Chicoutimi et chroniqueur au journal Le
Quotidien a livré un beau témoignage à la mémoire du réalisateur, dont voici un
extrait :
Claude Villeneuve
[…] Être
rédacteur n'est pas un métier facile, j'en conviens. D'autant plus qu'avec mon
équipe de l'époque, nous avons eu la chance d'écrire les bandes sonores d'une
série de 13 films de la série Histoires naturelles de Jean-Louis Frund. Je vous
en parle aujourd'hui, car le mercredi 29 janvier, atteint d'un cancer
incurable, il a demandé l'aide médicale à mourir pour aller voir ailleurs la
nature d'un autre œil.
Jean-Louis Frund fait partie des personnes
exceptionnelles que j'ai pu côtoyer durant ma carrière. Natif de
Saint-Thomas-Didyme et orphelin très tôt, il a été élevé par un voisin
d'origine helvétique qui vivait dans le même rang. Né Gravel, il a pris le nom
de son bienfaiteur.
Photographe de grand talent, il a accompagné Félix Leclerc
dans ses tournées en France dans les années 1960 et est devenu cinéaste de la
nature au début des années 1970, bien avant que ce ne soit à la mode.
Il a
produit 47 films en carrière, la plupart avec la complicité de son ami,
l'éditeur Clément Beaudoin. Le cinéaste aventurier a fait des expéditions dans
l'Arctique, en Alaska, à l'île de Sable et un peu partout dans la forêt boréale
pour y filmer le comportement des animaux. Avec du matériel cinématographique
qui paraîtrait aujourd'hui antédiluvien, il a ramené des images
exceptionnelles. Les films de Jean-Louis ont été vus par des centaines de
milliers de personnes dans une soixantaine de pays à travers des diffuseurs
prestigieux comme Discovery Channel.
J'ai la chance de fréquenter Clément et
Jean-Louis depuis 25 ans. J'ai beaucoup appris en leur compagnie. Un grand
homme nous a quittés. (version complète ici )
****
Voici des notes biographiques trouvées sur le lien de St-Thomas-Didyme sans que soit identifé l'auteur.
Réalisateur, caméraman, producteur, né en 1936 à St-Thomas‐Didyme, au Lac-St-Jean,
Québec. Dès l'âge de vingt ans, il se passionne pour la photographie. Issu
d'une famille de photographes, c'est dans le studio de ses oncles qu'il apprend
à manipuler ses premiers appareils. Par la suite, il suit des stages avec le
célèbre photographe‐illustrateur Arik Nepo de New-‐York. Il
travaille quelque temps auprès du portraitiste Elefsen de Chicoutimi et étudie
la couleur au Studio Lumière à Ste-Hyacinthe et chez Professionnal Color
Services à Montréal.
En 1960, il travaille comme photographe‐reporter au
magazine McLean‐Actualité ainsi qu'à Radio‐Canada. En 1961, au cours d'une exposition de ses
photos à Val Menaud (au Saguenay), il fait plusieurs rencontres qui seront
déterminantes : Félix Leclerc, Gilbert Langevin, Jean Gauguet‐Larouche.
En 1964, il tourne ses premières images à l'Île
d'Orléans, auprès de son ami, le poète et chansonnier Félix Leclerc qu'il a
accompagné à Paris l'année précédente. Ces séquences seront reprises dans le
film de Jacques Gagné intitulé Pieds nus
dans l'aube qu'il produira trente ans plus tard en 1994.
Il réalise son premier film, Jean‐Gauguet Larouche, sculpteur en 1966.
Portrait d'un créateur marginal et intense. Lors de l'Exposition universelle de
1967, il photographie diverses activités au pavillon de la France et prépare
l'exposition intitulée l'Amitié Franco‐Canadienne, regroupant
des illustrations et cartes géographiques des premiers explorateurs Français en
Amérique.
En 1968, il coréalise avec Jean-‐Claude
Labrecque un moyen métrage sur Félix Leclerc, intitulé La Vie. Cette même année, il présente une exposition photographique
portant sur de nouvelles expérimentations techniques à la Maison des Arts la
Sauvegarde à Montréal.
De 1968 à 1970, il s'isole de plus en plus à la
campagne où sa passion pour la nature l'amène à produire Connaissance du Milieu, une série de six diaporamas pour le
ministère de l'Éducation du Québec.
En 1970 il participe à une importante exposition dans
le Grand Nord à la rivière Korok, et l'année suivante, il effectue un diaporama
de plus de 200 photos sous le thème Les
oiseaux l'hiver pour le Musée des sciences naturelles d'Ottawa. Il débute
sa carrière de cinéaste animalier à l'Office national du film où il réalise La volée des neiges, un film sur l'oie
blanche tourné dans l'Arctique et dans la Réserve nationale de Cap-Tourmente. Suit
la réalisation, toujours pour l'ONF, du film Le grand héron, où il nous livre des images inédites de cet oiseau
dans ses lieux de reproduction, l'estuaire du Saint‐Laurent.
En 1978, il fonde sa propre maison de production, Les Productions Jean‐Louis Frund
Inc. qui compte maintenant plus de trente films à son actif. De 1980 à 1983 il
produit et réalise une série de douze courts métrages pour les télévisions de
Radio‐Canada et de Radio-Québec. Il intitulera cette première série Connaissances du milieu; on y retrouve
plusieurs films tournés dans l'Arctique, dont Omingmak, le boeuf musqué, Le vrai combat de l'orignal et la saison des
amours de l'orignal, Migrateurs et résidents de l'Arctique, Du glacier à la
plaine, Une oasis Arctique.
Il s'intéresse particulièrement à la Vallée du Saint-Laurent,
avec Les oiseaux pêcheurs et Les Pingouins du Saint-‐Laurent. Il se rend en
Islande pour des séquences de La grande
couvée, l'Eider duvet.
De 1984 à1987, il produit, toujours pour les
télévisions de Radio-Canada et de Radio-Québec, une nouvelle série de sept
films: Faune Nordique. Cette série le
ramène plusieurs fois dans l'Arctique pour le tournage du Renard Arctique et cette fois il se rend jusqu'à la Terre de
Feu, pour y tourner Cap au Sud sur la
migration des oiseaux. Il a parcouru les États-Unis pour le tournage du Bison et de l'Antilope d'Amérique ainsi
que Le cerf de Virginie. Il nous
révèle ses techniques et sa grande dextérité comme caméraman dans Avoir des ailes, un film consacré
entièrement au vol.
De 1988 à 1990 la série Faune nordique II est produite et réalisée pour Radio-‐Canada, Global
Television Network, TVOntario et Discovery Channel. Huit films pour lesquels il
sillonnera le Canada d'Est en Ouest, pour y rapporter les superbes images de l'Île
de Sable, pour le Phoque Gris, les Chevaux de l’Île de Sable et le Secret du loup, ainsi que pour Fiançailles dans le marais et L'Otarie de Steller, aux Archipels de la
Reine Charlotte en Colombie-‐Britannique. Dans cette même série, Les Oies de Konrad Lorenz ainsi que La Mère substitut ont nécessité
plusieurs tournages à Grunau en Autriche.
En 1989 il termine Avoir
du panache, documentaire d'une heure, véritable monographie sur l'orignal. En
1990, il prépare un projet en 35mm pour salles, Avoir des Ailes, qui ne verra jamais le jour. Pour en effectuer la
recherche et le développement, il se déplacera jusqu'en Nouvelle-‐Zélande, Hawaï,
Tahiti, aux Galápagos, en Argentine, au Costa Rica. Cette même année, il
produit Derrière la Caméra où il nous
livre les secrets de son métier. En 1994, une année productive, il termine la
production de trois documentaires d'une heure/télé : Pieds nus dans l'aube qui a été réalisé par Jacques Gagné à partir des
images et des nombreuses photos qu'il a prises au cours de ses rencontres avec
Félix Leclerc.
Il a produit et réalisé De ma Fenêtre,où il nous dévoile le fruit de ses nombreuses années
d'observations. Ce film a remporté le prix du meilleur court métrage aux 12e
Rendez-‐vous du cinéma québécois ainsi que Prix de la Côte Picarde au Festival du
film de l'oiseau à Abbéville en France. De
ma fenêtre a également remporté le prix du meilleur film scientifique
québécois au 5e Festival International du Film Scientifique ainsi que le grand
prix du Jury au Premier Festival Agrovidéo. Le
prince Harfang, a été présenté en première mondiale à l'occasion de la
rétrospective de ses films au Quatrième Festival du Film québécois de Blois.
C'est au cours de cette manifestation qu'il est nommé
Chevalier de l'ordre des Arts et des Lettres par le ministre de la Culture et
de la Francophonie de France. La médaille lui a été remise par Monsieur Jack
Lang, maire de Blois en présence du délégué général du Québec à Paris et des
nombreux participants. Le prince Harfang
remportait le Prix de la Ville de Montréal pour le meilleur film scientifique
sur l'environnement à l'occasion du 6e Festival International du Film
Scientifique du Québec. Le 29 février 1996, le film était présenté au Muséum
des Sciences naturelles de Paris. Cette projection fut suivie d'un échange avec
l'auditoire.
Histoires
naturelles, une série de 13 documents d'une heure, réunit l'ensemble de son oeuvre
pour diffusion au Canal D, à Discovery Channel et à CFCF en 1998. Cette même
année, il livre son dernier film, Boréalie/Sylva
Borealis, un documentaire de deux heures portant sur la forêt boréale qui a
été produit pour les télévisions de Télé-Québec, Radio-Canada, TV 5 et pour
la Télévision Suisse Romande, ainsi que pour Discovery Channel, dans sa version
anglaise.
Fin connaisseur de la nature et effectuant des
recherches scientifiques rigoureuses, l'œuvre de Jean-Louis Frund est
caractérisée par des images uniques, un commentaire original et un véritable
sens de la construction dramatique. Très respectueux des espèces qu'il filme,
il est sensible avant tout aux comportements des individus qu'il choisit de
nous présenter dans leur décor naturel. Récipiendaires de nombreux prix, ses
films sont vendus dans soixante pays, dont les États-Unis, la France, l’Allemagne
et le Japon et rejoignent plus de cent millions de téléspectateurs à travers le
monde.
En avril 1998, les enfants lui rendent un hommage à
l'occasion du 4e rendez-vous international de cinéma jeune public, Les 400 coups.
Son dernier film Boréalie est
présenté en première mondiale à la cinémathèque québéquoise lors de la clôture
de cet événement et sera lancé à Québec quelques semaines plus tard. Boréalie marque l'ouverture du Festival
International Téléscience à Montréal et au Musée de la Civilisation à Québec.
Il a été présenté au Muséum des Sciences Naturelles à Paris. À l'occasion du
Printemps du Québec à Paris, Boréalie
a été projeté au Palais de la Découverte ainsi que dans une station de métro
dans une mise en scène de Robert Lepage.