Le 29 janvier dernier, le cinéaste Jean-Louis
Frund fermait les yeux sur cette nature qu’il a tant aimée et filmée. Un choix ultime,
mettant fin aux souffrances d’une maladie fatale, accompagné qu’il était dans
ses derniers jours de ses amours et amis.
Je n’aurai connu cet artiste qu’en cheminant sur
la voie de l’amitié. J’écrivais ma peine devant l’imminence de la mort de
Gatien Moisan, peintre et ami de longue date. Sous les mots de la réponse
reçue, j’ai ressenti l’écoute attentive et la compréhension. Et pour cause! Nous
vivions le même chagrin pour les mêmes raisons, alors que mon interlocuteur
était le témoin de la dernière étape de la vie de son grand ami Jean-Louis.
En me parlant de lui, le sculpteur Roger Langevin me
faisait découvrir ce cinéaste de talent, né le 5 janvier 1936 à St-Thomas
Didyme. Sa ville natale lui a consacré
une page pour souligner la prestigieuse carrière du 9e enfants du
couple Albina Perreault et Donat Gravel. Orphelin en bas âge, recueilli par un
voisin dont il a pris le nom, Frund, Jean-Louis a débuté comme photographe de
presse à Chicoutimi et à Montréal, métier qui lui a permis d’accompagner Félix
Leclerc lors de sa deuxième tournée en France.
« Producteur et réalisateur de plus de 47 films,
Jean-Louis a reçu de très nombreuses distinctions, dont la médaille de
Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres qui lui a été remise par le
ministre français de la Culture et de la Francophonie, Monsieur Jack Lang. Son
plus grand honneur est certes celui d’être distribué dans 65 pays et vu par des
centaines de milliers de téléspectateurs. »
(Source)
En 1998, le cinéaste prend sa retraite mais non
pas l’homme. « Ébéniste de talent, outre l'entretien et l'aménagement d'une forêt de 40
arpents, il a entrepris de ses mains une plantation de plus de 3800 arbres : 27
essences de feuillus et 8 essences de conifères. »
Sur le site
de la municipalité, on retrouve plusieurs liens pour sa biographie, sa
filmographie et les honneurs reçus.
Roger Langevin |
Le 29 janvier 2020, dernier jour de Jean-Louis
Frund, Roger Langevin écrivait les paroles d’une courte chanson. Un texte sobre
qui traduit bien cette intense émotion et aussi le désarroi au moment de l’adieu.
Son ami, le compositeur interprète Claud Michaud (natif de Jonquière) l’a mise
en musique. Ce jour, il m’a fait parvenir la version finale que je partage ici.
Chemise blanche,
chanson écrite par Roger Langevin, le 29 janvier 2020,
mise en musique et interprétée par Claud Michaud
en guise d'adieu au cinéaste Jean-Louis Frund
Les médias ont été plus que discrets à l’égard de
Jean-Louis Frund. Heureusement, un autre de ses amis, Claude Villeneuve, biologiste,
professeur à l’Université du Québec à Chicoutimi et chroniqueur au journal Le
Quotidien a livré un beau témoignage à la mémoire du réalisateur, dont voici un
extrait :
Claude Villeneuve |
Jean-Louis Frund fait partie des personnes
exceptionnelles que j'ai pu côtoyer durant ma carrière. Natif de
Saint-Thomas-Didyme et orphelin très tôt, il a été élevé par un voisin
d'origine helvétique qui vivait dans le même rang. Né Gravel, il a pris le nom
de son bienfaiteur.
Photographe de grand talent, il a accompagné Félix Leclerc
dans ses tournées en France dans les années 1960 et est devenu cinéaste de la
nature au début des années 1970, bien avant que ce ne soit à la mode.
Il a
produit 47 films en carrière, la plupart avec la complicité de son ami,
l'éditeur Clément Beaudoin. Le cinéaste aventurier a fait des expéditions dans
l'Arctique, en Alaska, à l'île de Sable et un peu partout dans la forêt boréale
pour y filmer le comportement des animaux. Avec du matériel cinématographique
qui paraîtrait aujourd'hui antédiluvien, il a ramené des images
exceptionnelles. Les films de Jean-Louis ont été vus par des centaines de
milliers de personnes dans une soixantaine de pays à travers des diffuseurs
prestigieux comme Discovery Channel.
J'ai la chance de fréquenter Clément et
Jean-Louis depuis 25 ans. J'ai beaucoup appris en leur compagnie. Un grand
homme nous a quittés. (version complète ici )
****
Voici des notes biographiques trouvées sur le lien de St-Thomas-Didyme sans que soit identifé l'auteur.
Réalisateur, caméraman, producteur, né en 1936 à St-Thomas‐Didyme, au Lac-St-Jean,
Québec. Dès l'âge de vingt ans, il se passionne pour la photographie. Issu
d'une famille de photographes, c'est dans le studio de ses oncles qu'il apprend
à manipuler ses premiers appareils. Par la suite, il suit des stages avec le
célèbre photographe‐illustrateur Arik Nepo de New-‐York. Il
travaille quelque temps auprès du portraitiste Elefsen de Chicoutimi et étudie
la couleur au Studio Lumière à Ste-Hyacinthe et chez Professionnal Color
Services à Montréal.
En 1960, il travaille comme photographe‐reporter au
magazine McLean‐Actualité ainsi qu'à Radio‐Canada. En 1961, au cours d'une exposition de ses
photos à Val Menaud (au Saguenay), il fait plusieurs rencontres qui seront
déterminantes : Félix Leclerc, Gilbert Langevin, Jean Gauguet‐Larouche.
En 1964, il tourne ses premières images à l'Île
d'Orléans, auprès de son ami, le poète et chansonnier Félix Leclerc qu'il a
accompagné à Paris l'année précédente. Ces séquences seront reprises dans le
film de Jacques Gagné intitulé Pieds nus
dans l'aube qu'il produira trente ans plus tard en 1994.
Il réalise son premier film, Jean‐Gauguet Larouche, sculpteur en 1966.
Portrait d'un créateur marginal et intense. Lors de l'Exposition universelle de
1967, il photographie diverses activités au pavillon de la France et prépare
l'exposition intitulée l'Amitié Franco‐Canadienne, regroupant
des illustrations et cartes géographiques des premiers explorateurs Français en
Amérique.
En 1968, il coréalise avec Jean-‐Claude
Labrecque un moyen métrage sur Félix Leclerc, intitulé La Vie. Cette même année, il présente une exposition photographique
portant sur de nouvelles expérimentations techniques à la Maison des Arts la
Sauvegarde à Montréal.
De 1968 à 1970, il s'isole de plus en plus à la
campagne où sa passion pour la nature l'amène à produire Connaissance du Milieu, une série de six diaporamas pour le
ministère de l'Éducation du Québec.
En 1970 il participe à une importante exposition dans
le Grand Nord à la rivière Korok, et l'année suivante, il effectue un diaporama
de plus de 200 photos sous le thème Les
oiseaux l'hiver pour le Musée des sciences naturelles d'Ottawa. Il débute
sa carrière de cinéaste animalier à l'Office national du film où il réalise La volée des neiges, un film sur l'oie
blanche tourné dans l'Arctique et dans la Réserve nationale de Cap-Tourmente. Suit
la réalisation, toujours pour l'ONF, du film Le grand héron, où il nous livre des images inédites de cet oiseau
dans ses lieux de reproduction, l'estuaire du Saint‐Laurent.
En 1978, il fonde sa propre maison de production, Les Productions Jean‐Louis Frund
Inc. qui compte maintenant plus de trente films à son actif. De 1980 à 1983 il
produit et réalise une série de douze courts métrages pour les télévisions de
Radio‐Canada et de Radio-Québec. Il intitulera cette première série Connaissances du milieu; on y retrouve
plusieurs films tournés dans l'Arctique, dont Omingmak, le boeuf musqué, Le vrai combat de l'orignal et la saison des
amours de l'orignal, Migrateurs et résidents de l'Arctique, Du glacier à la
plaine, Une oasis Arctique.
Il s'intéresse particulièrement à la Vallée du Saint-Laurent,
avec Les oiseaux pêcheurs et Les Pingouins du Saint-‐Laurent. Il se rend en
Islande pour des séquences de La grande
couvée, l'Eider duvet.
De 1984 à1987, il produit, toujours pour les
télévisions de Radio-Canada et de Radio-Québec, une nouvelle série de sept
films: Faune Nordique. Cette série le
ramène plusieurs fois dans l'Arctique pour le tournage du Renard Arctique et cette fois il se rend jusqu'à la Terre de
Feu, pour y tourner Cap au Sud sur la
migration des oiseaux. Il a parcouru les États-Unis pour le tournage du Bison et de l'Antilope d'Amérique ainsi
que Le cerf de Virginie. Il nous
révèle ses techniques et sa grande dextérité comme caméraman dans Avoir des ailes, un film consacré
entièrement au vol.
De 1988 à 1990 la série Faune nordique II est produite et réalisée pour Radio-‐Canada, Global
Television Network, TVOntario et Discovery Channel. Huit films pour lesquels il
sillonnera le Canada d'Est en Ouest, pour y rapporter les superbes images de l'Île
de Sable, pour le Phoque Gris, les Chevaux de l’Île de Sable et le Secret du loup, ainsi que pour Fiançailles dans le marais et L'Otarie de Steller, aux Archipels de la
Reine Charlotte en Colombie-‐Britannique. Dans cette même série, Les Oies de Konrad Lorenz ainsi que La Mère substitut ont nécessité
plusieurs tournages à Grunau en Autriche.
En 1989 il termine Avoir
du panache, documentaire d'une heure, véritable monographie sur l'orignal. En
1990, il prépare un projet en 35mm pour salles, Avoir des Ailes, qui ne verra jamais le jour. Pour en effectuer la
recherche et le développement, il se déplacera jusqu'en Nouvelle-‐Zélande, Hawaï,
Tahiti, aux Galápagos, en Argentine, au Costa Rica. Cette même année, il
produit Derrière la Caméra où il nous
livre les secrets de son métier. En 1994, une année productive, il termine la
production de trois documentaires d'une heure/télé : Pieds nus dans l'aube qui a été réalisé par Jacques Gagné à partir des
images et des nombreuses photos qu'il a prises au cours de ses rencontres avec
Félix Leclerc.
Il a produit et réalisé De ma Fenêtre,où il nous dévoile le fruit de ses nombreuses années
d'observations. Ce film a remporté le prix du meilleur court métrage aux 12e
Rendez-‐vous du cinéma québécois ainsi que Prix de la Côte Picarde au Festival du
film de l'oiseau à Abbéville en France. De
ma fenêtre a également remporté le prix du meilleur film scientifique
québécois au 5e Festival International du Film Scientifique ainsi que le grand
prix du Jury au Premier Festival Agrovidéo. Le
prince Harfang, a été présenté en première mondiale à l'occasion de la
rétrospective de ses films au Quatrième Festival du Film québécois de Blois.
C'est au cours de cette manifestation qu'il est nommé
Chevalier de l'ordre des Arts et des Lettres par le ministre de la Culture et
de la Francophonie de France. La médaille lui a été remise par Monsieur Jack
Lang, maire de Blois en présence du délégué général du Québec à Paris et des
nombreux participants. Le prince Harfang
remportait le Prix de la Ville de Montréal pour le meilleur film scientifique
sur l'environnement à l'occasion du 6e Festival International du Film
Scientifique du Québec. Le 29 février 1996, le film était présenté au Muséum
des Sciences naturelles de Paris. Cette projection fut suivie d'un échange avec
l'auditoire.
Histoires
naturelles, une série de 13 documents d'une heure, réunit l'ensemble de son oeuvre
pour diffusion au Canal D, à Discovery Channel et à CFCF en 1998. Cette même
année, il livre son dernier film, Boréalie/Sylva
Borealis, un documentaire de deux heures portant sur la forêt boréale qui a
été produit pour les télévisions de Télé-Québec, Radio-Canada, TV 5 et pour
la Télévision Suisse Romande, ainsi que pour Discovery Channel, dans sa version
anglaise.
Fin connaisseur de la nature et effectuant des
recherches scientifiques rigoureuses, l'œuvre de Jean-Louis Frund est
caractérisée par des images uniques, un commentaire original et un véritable
sens de la construction dramatique. Très respectueux des espèces qu'il filme,
il est sensible avant tout aux comportements des individus qu'il choisit de
nous présenter dans leur décor naturel. Récipiendaires de nombreux prix, ses
films sont vendus dans soixante pays, dont les États-Unis, la France, l’Allemagne
et le Japon et rejoignent plus de cent millions de téléspectateurs à travers le
monde.
En avril 1998, les enfants lui rendent un hommage à
l'occasion du 4e rendez-vous international de cinéma jeune public, Les 400 coups.
Son dernier film Boréalie est
présenté en première mondiale à la cinémathèque québéquoise lors de la clôture
de cet événement et sera lancé à Québec quelques semaines plus tard. Boréalie marque l'ouverture du Festival
International Téléscience à Montréal et au Musée de la Civilisation à Québec.
Il a été présenté au Muséum des Sciences Naturelles à Paris. À l'occasion du
Printemps du Québec à Paris, Boréalie
a été projeté au Palais de la Découverte ainsi que dans une station de métro
dans une mise en scène de Robert Lepage.
Un être remarquable, admirable. Mon cousin en plus.
RépondreEffacerJ'aimerais communiquer avec la succession de Jean-Louis Frund.
RépondreEffacerSVP" Si vous avez un téléphone ou un courriel. Merci mille fois.
jfgosselin@sogides.com