samedi 25 avril 2020

Lettre à mon petit-fils Victor Laforge pour son 11e anniversaire

 
Cher Victor

Victor Laforge et sa Mamieke



Aujourd'hui, ce 25 avril 2020 tu fêtes ton 11e anniversaire de naissance. Tu fêtes la 11e année de ta vie. Et je me dis qu'il est temps de t'écrire tout l'amour que j'ai pour toi.  

Tu es l'enfant, le deuxième enfant d'un amour partagé entre Ariel, mon fils, et Andrée-Anne, ma belle-fille. Tu es l'enfant d'un désir lucide, songé et voulu par ce duo amoureux de donner la vie. À ton âge, ton papa parlait déjà de ses futures enfants. Tous les jeux et les livres qui le passionnaient ne devaient être ni donnés et encore moins jetés, car ils étaient conservés pour ses enfants. Avant de se connaître ton papa et ta maman avaient ce même projet de vie.

Ta grande sœur Élika, avait déjà fait de moi une grand-maman. Avec elle j'ai vécu ce phénomène étrange et merveilleux de renaître autrement. L'amour inconditionnel et fulgurant que l'on découvre à la naissance de son propre enfant (que l'on soit mère ou père) provoque un sentiment puissant qu'on ne s'imagine pas revivre. Devenir grand-parent est tout aussi intense. Mais il y a une différence. On hérite du meilleur. L'amour sans la responsabilité quotidienne et ses exigences. 

Je dois te faire un aveu. Je me demandais comment j'allais pouvoir t'aimer autant que ta grande sœur, tellement elle occupait mon cœur et mes pensées. Et toi, petit homme, avec ton sourire irrésistible, ton abandon confiant dans mes bras te berçant, tu m'as révélé que le cœur est une organe qui grandit. Toi, à peine né, tu m'as permi de grandir.

Merci Victor. Tu m'as tellement appris sur moi-même et sur la vie. Je succombe au charme de ta gentillesse, de ton humour, de ton espièglerie et de ta façon d'exprimer ta tendresse. 

En cette année 2020, bien que je ne pourrai te serrer dans mes bras, comme sur la photo de mon anniversaire en 2018, tu demeures  mon espoir de lendemains heureux et complices. Ta présence, ton existence me convainquent de croire en la beauté du monde.

Joyeux anniversaire mon Victor. Célèbre bien chaque jour de ta vie. 

Pour résumer cette lettre, je n'ai que ces mots : je t'aime

Ta Mamieke


mercredi 26 février 2020

LE GRAND DÉPART DU CINÉASTE JEAN-LOUIS FRUND


Photographe de grand talent, Jean-Louis Frund a accompagné Félix Leclerc dans ses tournées en France dans les années 1960 et est devenu cinéaste de la nature au début des années 1970 , bien avant que ce ne soit à la mode. PHOTOTHÈQUE LE SOLEIL


Le 29 janvier dernier, le cinéaste Jean-Louis Frund fermait les yeux sur cette nature qu’il a tant aimée et filmée. Un choix ultime, mettant fin aux souffrances d’une maladie fatale, accompagné qu’il était dans ses derniers jours de ses amours et amis.

Je n’aurai connu cet artiste qu’en cheminant sur la voie de l’amitié. J’écrivais ma peine devant l’imminence de la mort de Gatien Moisan, peintre et ami de longue date. Sous les mots de la réponse reçue, j’ai ressenti l’écoute attentive et la compréhension. Et pour cause! Nous vivions le même chagrin pour les mêmes raisons, alors que mon interlocuteur était le témoin de la dernière étape de la vie de son grand ami Jean-Louis.

En me parlant de lui, le sculpteur Roger Langevin me faisait découvrir ce cinéaste de talent, né le 5 janvier 1936 à St-Thomas Didyme.  Sa ville natale lui a consacré une page pour souligner la prestigieuse carrière du 9e enfants du couple Albina Perreault et Donat Gravel. Orphelin en bas âge, recueilli par un voisin dont il a pris le nom, Frund, Jean-Louis a débuté comme photographe de presse à Chicoutimi et à Montréal, métier qui lui a permis d’accompagner Félix Leclerc lors de sa deuxième tournée en France.   

« Producteur et réalisateur de plus de 47 films, Jean-Louis a reçu de très nombreuses distinctions, dont la médaille de Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres qui lui a été remise par le ministre français de la Culture et de la Francophonie, Monsieur Jack Lang. Son plus grand honneur est certes celui d’être distribué dans 65 pays et vu par des centaines de milliers de téléspectateurs. »
 (Source)

En 1998, le cinéaste prend sa retraite mais non pas l’homme. « Ébéniste de talent, outre l'entretien et l'aménagement d'une forêt de 40 arpents, il a entrepris de ses mains une plantation de plus de 3800 arbres : 27 essences de feuillus et 8 essences de conifères. »

 Sur le site de la municipalité, on retrouve plusieurs liens pour sa biographie, sa filmographie et les honneurs reçus.

Roger Langevin

Le 29 janvier 2020, dernier jour de Jean-Louis Frund, Roger Langevin écrivait les paroles d’une courte chanson. Un texte sobre qui traduit bien cette intense émotion et aussi le désarroi au moment de l’adieu. Son ami, le compositeur interprète Claud Michaud (natif de Jonquière) l’a mise en musique. Ce jour, il m’a fait parvenir la version finale que je partage ici.


 
Chemise blanche, 
chanson écrite par Roger Langevin, le 29 janvier 2020,
mise en musique et interprétée par Claud Michaud
en guise d'adieu au cinéaste Jean-Louis Frund



Les médias ont été plus que discrets à l’égard de Jean-Louis Frund. Heureusement, un autre de ses amis, Claude Villeneuve, biologiste, professeur à l’Université du Québec à Chicoutimi et chroniqueur au journal Le Quotidien a livré un beau témoignage à la mémoire du réalisateur, dont voici un extrait :

Claude Villeneuve
 […] Être rédacteur n'est pas un métier facile, j'en conviens. D'autant plus qu'avec mon équipe de l'époque, nous avons eu la chance d'écrire les bandes sonores d'une série de 13 films de la série Histoires naturelles de Jean-Louis Frund. Je vous en parle aujourd'hui, car le mercredi 29 janvier, atteint d'un cancer incurable, il a demandé l'aide médicale à mourir pour aller voir ailleurs la nature d'un autre œil. 

Jean-Louis Frund fait partie des personnes exceptionnelles que j'ai pu côtoyer durant ma carrière. Natif de Saint-Thomas-Didyme et orphelin très tôt, il a été élevé par un voisin d'origine helvétique qui vivait dans le même rang. Né Gravel, il a pris le nom de son bienfaiteur. 

Photographe de grand talent, il a accompagné Félix Leclerc dans ses tournées en France dans les années 1960 et est devenu cinéaste de la nature au début des années 1970, bien avant que ce ne soit à la mode.

Il a produit 47 films en carrière, la plupart avec la complicité de son ami, l'éditeur Clément Beaudoin. Le cinéaste aventurier a fait des expéditions dans l'Arctique, en Alaska, à l'île de Sable et un peu partout dans la forêt boréale pour y filmer le comportement des animaux. Avec du matériel cinématographique qui paraîtrait aujourd'hui antédiluvien, il a ramené des images exceptionnelles. Les films de Jean-Louis ont été vus par des centaines de milliers de personnes dans une soixantaine de pays à travers des diffuseurs prestigieux comme Discovery Channel. 

J'ai la chance de fréquenter Clément et Jean-Louis depuis 25 ans. J'ai beaucoup appris en leur compagnie. Un grand homme nous a quittés.  (version complète ici )

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Voici des notes biographiques trouvées sur le lien de St-Thomas-Didyme sans que soit identifé l'auteur.
 


Réalisateur, caméraman, producteur, né en 1936 à St-­ThomasDidyme, au Lac-­St-­Jean, Québec. Dès l'âge de vingt ans, il se passionne pour la photographie. Issu d'une famille de photographes, c'est dans le studio de ses oncles qu'il apprend à manipuler ses premiers appareils. Par la suite, il suit des stages avec le célèbre photographe­illustrateur Arik Nepo de New-­York. Il travaille quelque temps auprès du portraitiste Elefsen de Chicoutimi et étudie la couleur au Studio Lumière à Ste-Hyacinthe et chez Professionnal Color Services à Montréal.

En 1960, il travaille comme photographe­reporter au magazine McLeanActualité ainsi qu'à RadioCanada. En 1961, au cours d'une exposition de ses photos à Val Menaud (au Saguenay), il fait plusieurs rencontres qui seront déterminantes : Félix Leclerc, Gilbert Langevin, Jean Gauguet­Larouche.

En 1964, il tourne ses premières images à l'Île d'Orléans, auprès de son ami, le poète et chansonnier Félix Leclerc qu'il a accompagné à Paris l'année précédente. Ces séquences seront reprises dans le film de Jacques Gagné intitulé Pieds nus dans l'aube qu'il produira trente ans plus tard en 1994.

Il réalise son premier film, Jean­Gauguet Larouche, sculpteur en 1966. Portrait d'un créateur marginal et intense. Lors de l'Exposition universelle de 1967, il photographie diverses activités au pavillon de la France et prépare l'exposition intitulée l'Amitié FrancoCanadienne, regroupant des illustrations et cartes géographiques des premiers explorateurs Français en Amérique.

En 1968, il co­réalise avec Jean-­Claude Labrecque un moyen métrage sur Félix Leclerc, intitulé La Vie. Cette même année, il présente une exposition photographique portant sur de nouvelles expérimentations techniques à la Maison des Arts la Sauvegarde à Montréal.

De 1968 à 1970, il s'isole de plus en plus à la campagne où sa passion pour la nature l'amène à produire Connaissance du Milieu, une série de six diaporamas pour le ministère de l'Éducation du Québec.

En 1970 il participe à une importante exposition dans le Grand Nord à la rivière Korok, et l'année suivante, il effectue un diaporama de plus de 200 photos sous le thème Les oiseaux l'hiver pour le Musée des sciences naturelles d'Ottawa. Il débute sa carrière de cinéaste animalier à l'Office national du film où il réalise La volée des neiges, un film sur l'oie blanche tourné dans l'Arctique et dans la Réserve nationale de Cap-­Tourmente. Suit la réalisation, toujours pour l'ONF, du film Le grand héron, où il nous livre des images inédites de cet oiseau dans ses lieux de reproduction, l'estuaire du SaintLaurent.

En 1978, il fonde sa propre maison de production, Les Productions JeanLouis Frund Inc. qui compte maintenant plus de trente films à son actif. De 1980 à 1983 il produit et réalise une série de douze courts métrages pour les télévisions de RadioCanada et de Radio-­Québec. Il intitulera cette première série Connaissances du milieu; on y retrouve plusieurs films tournés dans l'Arctique, dont Omingmak, le boeuf musqué, Le vrai combat de l'orignal et la saison des amours de l'orignal, Migrateurs et résidents de l'Arctique, Du glacier à la plaine, Une oasis Arctique.

Il s'intéresse particulièrement à la Vallée du Saint-­Laurent, avec Les oiseaux pêcheurs et Les Pingouins du Saint-­Laurent. Il se rend en Islande pour des séquences de La grande couvée, l'Eider duvet.
De 1984 à1987, il produit, toujours pour les télévisions de Radio-­Canada et de Radio-­Québec, une nouvelle série de sept films: Faune Nordique. Cette série le ramène plusieurs fois dans l'Arctique pour le tournage du Renard Arctique et cette fois il se rend jusqu'à la Terre de Feu, pour y tourner Cap au Sud sur la migration des oiseaux. Il a parcouru les États-­Unis pour le tournage du Bison et de l'Antilope d'Amérique ainsi que Le cerf de Virginie. Il nous révèle ses techniques et sa grande dextérité comme caméraman dans Avoir des ailes, un film consacré entièrement au vol.

De 1988 à 1990 la série Faune nordique II est produite et réalisée pour Radio-­Canada, Global Television Network, TVOntario et Discovery Channel. Huit films pour lesquels il sillonnera le Canada d'Est en Ouest, pour y rapporter les superbes images de l'Île de Sable, pour le Phoque Gris, les Chevaux de l’Île de Sable et le Secret du loup, ainsi que pour Fiançailles dans le marais et L'Otarie de Steller, aux Archipels de la Reine Charlotte en Colombie-­Britannique. Dans cette même série, Les Oies de Konrad Lorenz ainsi que La Mère substitut ont nécessité plusieurs tournages à Grunau en Autriche.

En 1989 il termine Avoir du panache, documentaire d'une heure, véritable monographie sur l'orignal. En 1990, il prépare un projet en 35mm pour salles, Avoir des Ailes, qui ne verra jamais le jour. Pour en effectuer la recherche et le développement, il se déplacera jusqu'en Nouvelle-­Zélande, Hawaï, Tahiti, aux Galápagos, en Argentine, au Costa Rica. Cette même année, il produit Derrière la Caméra où il nous livre les secrets de son métier. En 1994, une année productive, il termine la production de trois documentaires d'une heure/télé : Pieds nus dans l'aube qui a été réalisé par Jacques Gagné à partir des images et des nombreuses photos qu'il a prises au cours de ses rencontres avec Félix Leclerc.

Il a produit et réalisé De ma Fenêtre,où il nous dévoile le fruit de ses nombreuses années d'observations. Ce film a remporté le prix du meilleur court métrage aux 12e Rendez-­vous du cinéma québécois ainsi que Prix de la Côte Picarde au Festival du film de l'oiseau à Abbéville en France. De ma fenêtre a également remporté le prix du meilleur film scientifique québécois au 5e Festival International du Film Scientifique ainsi que le grand prix du Jury au Premier Festival Agrovidéo. Le prince Harfang, a été présenté en première mondiale à l'occasion de la rétrospective de ses films au Quatrième Festival du Film québécois de Blois.

C'est au cours de cette manifestation qu'il est nommé Chevalier de l'ordre des Arts et des Lettres par le ministre de la Culture et de la Francophonie de France. La médaille lui a été remise par Monsieur Jack Lang, maire de Blois en présence du délégué général du Québec à Paris et des nombreux participants. Le prince Harfang remportait le Prix de la Ville de Montréal pour le meilleur film scientifique sur l'environnement à l'occasion du 6e Festival International du Film Scientifique du Québec. Le 29 février 1996, le film était présenté au Muséum des Sciences naturelles de Paris. Cette projection fut suivie d'un échange avec l'auditoire.

Histoires naturelles, une série de 13 documents d'une heure, réunit l'ensemble de son oeuvre pour diffusion au Canal D, à Discovery Channel et à CFCF en 1998. Cette même année, il livre son dernier film, Boréalie/Sylva Borealis, un documentaire de deux heures portant sur la forêt boréale qui a été produit pour les télévisions de Télé-­Québec, Radio-­Canada, TV 5 et pour la Télévision Suisse Romande, ainsi que pour Discovery Channel, dans sa version anglaise.

Fin connaisseur de la nature et effectuant des recherches scientifiques rigoureuses, l'œuvre de Jean-­Louis Frund est caractérisée par des images uniques, un commentaire original et un véritable sens de la construction dramatique. Très respectueux des espèces qu'il filme, il est sensible avant tout aux comportements des individus qu'il choisit de nous présenter dans leur décor naturel. Récipiendaires de nombreux prix, ses films sont vendus dans soixante pays, dont les États-Unis, la France, l’Allemagne et le Japon et rejoignent plus de cent millions de téléspectateurs à travers le monde.

En avril 1998, les enfants lui rendent un hommage à l'occasion du 4e rendez-­vous international de cinéma jeune public, Les 400 coups. Son dernier film Boréalie est présenté en première mondiale à la cinémathèque québéquoise lors de la clôture de cet événement et sera lancé à Québec quelques semaines plus tard. Boréalie marque l'ouverture du Festival International Téléscience à Montréal et au Musée de la Civilisation à Québec. Il a été présenté au Muséum des Sciences Naturelles à Paris. À l'occasion du Printemps du Québec à Paris, Boréalie a été projeté au Palais de la Découverte ainsi que dans une station de métro dans une mise en scène de Robert Lepage.