Mady, l'aînée des filles Berg.
Elle était la fée attendue avec impatience. Lorsque, petite fille de 3 ans, brutalement séparée de sa famille, je me suis retrouvée dans les bras de tante Hélène, la blonde et superbe Mady m’apparaissait comme une fée dont la présence enjolivait la vie.
De tous les enfants de passage dans la famille Berg, j'ai été la dernière et la seule avec qui la possessive Madeleine a accepté de partager sa mère. Pendant six ans, jusqu'à mon départ pour le Canada dans le but de réunir la famille Laforge, Mady a été la grande sœur protectrice. Il lui suffisait d'être là pour que tout devienne plus lumineux. Elle s'appropriait parfois mes maladresses pour m'éviter d'être punie, mais surtout, elle ouvrait toute grande la boîte aux permissions. Celles de rester plus longtemps sur le carrousel à la foire, de manger des frites à la baraque du télésiège de Dinant ou une crème glacée sur les bords de la Meuse.
Elle subtilisait les chicons amers de mon assiette sachant que je les détestais. Et elle ne me trahissait jamais quand, gourmande, je mettais plus de fraises dans ma bouche que dans mon panier. J'avais 7 ans quand elle m'a emmenée à la mer; une semaine sur la plage de Blankenberg dont le souvenir demeure vivace. J'avais vidé ma tirelire pour ce voyage et elle m'a laissé croire bien longtemps que j'avais payé moi-même mon billet de train, ma chambre d'hôtel et tous les repas. J'en étais si fière que devant cet orgueil naïf, ni oncle Émile ni tante Hélène n'ont démenti ce si joli mensonge de Mady. D'autant plus que je revenais du Plat pays le cœur amoureux, grâce à elle, après y avoir vu et entendu au cinéma Gilbert Bécaud, dont je devins à jamais une admiratrice inconditionnelle.
Plus tard, après bien des années séparées par un océan, chacune de nos retrouvailles n'ont que resserré ce lien fraternelle. Nos différences dégénéraient parfois en confrontations passionnées, mais bien plus souvent elle était la grande confidente, la conseillère éclairée et l'amie avisée guidant les premiers pas d'une jeune femme en devenir. Inévitablement, ma bonne fée ne pouvait que se pencher sur le berceau de mon fils et devenir sa marraine.
En 2001, lorsque je lui ai dit au revoir à l'aéroport de Zaventem, j'ignorais que je l'embrassais pour la dernière fois. Après... après, la vie a dévoré le temps et le rêve d'un aller-retour fut reportée année après année. Puis 2012 a sonné le glas d'une dernière promesse. Une lutte à finir contre le cancer me retenait loin d'elle.
- Tu vas te battre, répétait-elle au téléphone à chacun de ses appels. Tu ne dois pas te laisser faire.
Je l'imaginais, le doigt pointé sur moi, le regard fusillant le moindre signe de faiblesse.
Aujourd'hui, j'ai souvenir que ces mêmes mots, elle les dressait comme un rempart entre moi et les épreuves de la vie.
- Tu ne dois pas te laisser faire. Elle me le dirait sûrement aujourd'hui, alors que je pleure cette femme magnifique, si farouchement désireuse de vivre libre, autonome, jamais résignée à vieillir, encore moins à mourir. Et pourtant...
Fin août, une chute dans un escalier. Une hospitalisation de trois semaines. Et finalement un placement définitif dans une maison d'hébergement, obligée de partager l'espace d'une chambre avec une inconnue. Et personne, personne ne m'a prévenue... sinon quand il fut trop tard.
Lundi, 27 octobre 2014, Mady est morte. Elle ne s'est pas laissée faire. Elle est partie.
1980 : Je suis entourée de tante Hélène,
qui a su protéger et rendre belle mon enfance, et de Mady.
L'ami taquin, Constant, décédé trot tôt,
nous avait surnommées « Les filles berg ».
Madeleine Berg 1926-2014 |
Quand on apprend qu'un être, si cher à notre cœur meurt loin de nous, sans nous avoir donné le temps d'être là, comment on fait?
Émouvant témoignage. Mes sympathies Madame Christiane.
RépondreEffacerJac
Via FB : On souffre.Mes sympathies.
RépondreEffacerVia FB : Je suis avec toi
RépondreEffacerVia FB : Parle-lui de cœur à cœur. sympathies Christiane.
RépondreEffacerVia FB : La peine et la douleur s'emparent de nous comme un torrent et la seule manière de s'en extirper est de réunir dans son cœur, tous les souvenirs des moments heureux que cette personne nous aura donnés de son vivant. Mes sympathies... xx
RépondreEffacerVia FB : On se pardonne
RépondreEffacerVia FB : Tu peux lui parler ou lui écrire et faire comme un petit rituel tu brûle ta lettre suis ton coeur.
RépondreEffacerVia FB : Si nous pouvions faire le calcul des larmes que l'homme verse en secret,nous serions surpris de sa tristesse.
RépondreEffacerVia FB : On célèbre sa vie et ce qu'elle nous a apportée (qui est en nous pour toujours). On la remercie. Mes sympathies. xx
RépondreEffacerVia FB : Pensées pour toi.
RépondreEffacerVia FB : Mes sympathies. J'ai vécu la même chose à quelques jours du Salon. J'ai fait comme Sonia vous l'a proposé... Je lui ai écrit et je lui parle régulièrement.
RépondreEffacerVia FB : On la remercie d'avoir partgé avec nous les beaux et bons moments de nos vies et on les garde précieusement pour ne jamais les oublier. Cette personne ne te quittera jamais plus et sera toujours avec toi. Avec affection ,ton amie Mariie G Desautelss.
RépondreEffacerVia FB : Christiane, ta seule pensée empreinte d'amour et de tendresse la rejoint là où elle est, ta soeur choisie!
RépondreEffacerVia FB : Nos êtres chers qui se sont éteints, sont en quelques sortes toujours avec nous, à travers nos souvenirs heureux et nos pensées. Beaucoup de tendresse. Je pense bien fort à toi. ♡
RépondreEffacerVia FB : Faut surtout pas culpabiliser.
RépondreEffacerVia FB : Ha la vie à la mort! Prends soin et reçois mes sympathies.
RépondreEffacerVia FB : Tendresse belle amie
RépondreEffacerMe voilà à brailler. J'aimerais qu'on m'aime comme vous aimez Christiane. Je vous ai connue au Pensionnat St-Dominique. Je ne crois pas que vous vous souveniez de moi. Mais pour moi, vous étiez comme un soleil. J'aimerais tellement qu'on un jour vous parler.
RépondreEffacerDiane