Lorsque je me suis réveillée à l’aube ce samedi 29
septembre, j’ignore pourquoi, j’ai pensé à Bertrand Tremblay, me disant, il
serait temps que nous le partagions ce café promis. Je l’ai vu à la réception
festive organisée pour les 21. Il m’a enlacé disant sa joie de me voir. Je l’ai
embrassé ignorant que c’était pour la dernière fois. Et en ce moment, j’éprouve
une infinie tristesse et le regret de savoir le livre de ses mémoires inachevé.
Difficile d’admettre qu’il ne soit plus là.
Bertrand Tremblay n’est plus, mais il sera
toujours. Pour moi et beaucoup d’autres je n’en doute pas. À la création du
journal Le Quotidien, Bertrand Tremblay occupait le poste de rédacteur en chef.
Sa porte était toujours ouverte pour les jeunes journalistes que nous étions. À
l’écoute et toujours prêt à désigner le meilleur chemin sans jamais l’imposer.
Il avait l’élégance de l’esprit, l’ouverture du
cœur. On pouvait ne pas être d’accord, il laissait toute la place à la
dissidence, ouvrant quand même la porte à la réflexion. Il m’a inspiré respect
et confiance et transmis son amour pour ce Saguenay–Lac-Saint-Jean qu’il n’a
jamais cessé de défendre. Avec ses écrits, combien de luttes il a su mener pour
que cette région ne soit pas ignorée, pour qu’elle résiste à l’amputation des
centralisateurs.
J’ai connu le Bertrand Tremblay festif lors alors
que nous étions comédiens dans la série des Grands Revenants du
Carnaval-Souvenir de Chicoutimi. Dans les loges, avant et après le spectacle,
ainsi que lors des répétitions, avec les autres comédiens s’installe un lien
qui n’a plus rien à voir avec le lien professionnel. Mais là, comme toujours,
cet homme demeurait intègre, passionné et, à travers son personnage, prêt à
combattre pour défendre les idées que l’auteur lui prêtait.
J’ai connu un Bertrand Tremblay farouchement
engagé pour que la région ne soit pas dépouillée de ses fleurons. Rédacteur en
chef du magazine AL13 il en
était un des piliers soucieux d’assurer la pérennité du Centre québécois de
recherche et de développement de l’aluminium. Recrutée à ma retraite
journalistique comme pigiste, il m’a fait l’honneur de devenir son assistante
pendant plusieurs années. Un travail qui a contribué à créer une complicité et,
inévitablement, une amitié.
Bertrand m’ouvrait son univers. Je lui ouvrais le
mien. Il était un fidèle des Saguenéens, mais il était aussi un fervent
admirateurs de nos artistes. Il fut, plusieurs années, membre du jury de
l’Ordre du Bleuet, soucieux de rendre
hommage à ceux qui ont contribué à notre richesse culturelle.
J’ai tant de peine de savoir son décès. Et tant de
fierté d’avoir eu dans ma vie un être de cette qualité. Mes plus sincères
condoléances à la famille de cet homme exceptionnel.
Christiane Laforge
29 septembre 2018
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