© Photo: Marco Campanozzi, La Presse
J’ai mal à mes certitudes. Pendant que nous observons, admiratifs, la rébellion de la population arabe en Tunisie, en Égypte, en Libye, au Bahreïn et plus encore, contre les abus du pouvoir, contre la corruption, contre le vol de la richesse collective, contre le détournement des avoirs de leurs pays dans les banques et agences immobilières complaisantes, ici, nous laissons nos concitoyens subir la loi d’un pouvoir économique qui ne jure que par la croissance du profit et la destruction des emplois.
Que la faiblesse d’une loi obsolète ait permis, en toute légalité, de contourner son esprit parce qu’aucun ténor politique n’a eu la détermination d’en corriger l’odieux de toute urgence illustre bien l’injuste rapport de force qui s’est établi entre les travailleurs et leurs employeurs. La haute direction du Journal de Montréal vient de creuser la tombe de 165 emplois. Ils sont la suite d’une série amorcée lors du lock-out au Journal de Québec et, plus près de nous, au Réveil. Même stratégie. Même complaisance des acheteurs de publicité et, pire, d’une population qui a politiquement donné son appui à une des deux parties en achetant son produit. La durée du lock-out aura sans doute permis d’économiser la somme nécessaire aux primes de congédiement qui totaliseraient, lit-on dans les journaux, 20 M$.
À l’origine, la presse avait pour ambition d’informer. Les revenus engendrés par la publicité avaient pour but premier d’assurer la survie de cet outil au service de l’information. Petit à petit, ce véhicule pourtant essentiel à notre société qui se veut libre et démocratique, est devenu un produit de consommation entre l’appétit d’entrepreneurs pour qui le profit, que dis-je, la croissance du profit, est l’objectif. Ils ont mis la main sur un service pour en faire un produit régit par les lois déshumanisées de l’économique. L’information elle-même a été détournée pour se transformer, en de trop nombreux cas, en propagande idéologique et en promotion de produits de consommation.
En réduisant le nombre de leurs journalistes, tout médias réduit le nombre de témoins, d’enquêteurs et de liens entre les faits et une population qui voit se tarir ses sources d’informations.
La reddition des 225 travailleurs (ils étaient 253 au début du conflit) qui ont soldé leur 765e jour de lockout pour le sauvetage des emplois de 62 d’entre eux, c’est la nôtre.
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Il faut souligner aussi la veulerie des centrales syndicales, empêtrées dans la collusion et la corruption, comme la FTQ, ou dans la sottise (je retiens ma plume pour ne pas dire davantage) de leurs dirigeants, comme la CSN.
RépondreEffacerPartis politiques, syndicats, les travailleurs et les citoyens sont laissés sans protection par ceux-là face aux manœuvres sauvages du grand capital (aussi bien Québécor, que Gesca, que Rio Tinto, etc.) et des politiciens rétrogrades (ne le seraient-ils pas tous finalement?).