Michel Villeneuve
1949-2011
Sonne le glas ce 26 mai 2011 sur la mort de Michel Villeneuve, fils du peintre-barbier Arthur Villeneuve, lui-même décédé le 21 mai 1990. À cinq jours près. Comme si Michel avait tenté de dépasser le pas ultime avant de culbuter dans l’au-delà.
Travaux du printemps. Une chute aussi imprévisible que cruelle où Michel a heurté le sol de sa tête. Des jours et des jours d’un combat incroyable pour survivre. Pour sa famille, ses amis, c’est l’attente résignée. Puis l’espoir insensé, quelques jours trop brefs, sous la pression d’une main et quelques mots échangés… avant d’affronter aujourd’hui l’implacable verdict.
Le grand silence de sa jumelle Micheline, ce soir au téléphone, a dit, mieux que les mots, l’ampleur du vide laissé par ce départ inattendu. Michel et Micheline, indissociables dans mon esprit depuis le temps de l’adolescence alors qu’on se retrouvait dans la maison de la rue Taché, nos pères parlant peinture et nous de poésie.
Ce soir, je pense au chagrin de toute la famille. Son épouse, ses fils, ses frères et sœurs. Mais qu’il est difficile d’imaginer ces lendemains qui vont venir sans plus jamais voir jusqu’où ses dessins vont nous entraîner.
Œuvres de Michel Villeneuve - Expo à la Pulperie 2007
© Photo Le Quotidien
Depuis 1997, Michel s’imposait avec talent comme l’héritier de ce père célèbre. Il avait su trouver son propre langage sans renier une filiation évidente entre ses dessins et l’imaginaire
d’Arthur. Dessinateur compulsif, couvrant papiers, napperons, cartons, en tout temps, en tout lieu, l’autodidacte affirmait une maîtrise grandissante du mouvement que lui reconnaissent les témoins de ses premières expositions, d’abord à Larouche en 2005, puis à La Pulperie de Chicoutimi en 2007 et finalement à Gatineau et autres lieux où Michel animait des ateliers pour les enfants prêts à le suivre dans ce monde onirique qui nous a charmé.
Le journaliste Yvon Paré, avait très bien résumé l’œuvre et l’homme dans une excellente critique publiée dans le Progrès-Dimanche. En relisant cet extrait, j’ai eu le sentiment de vraiment comprendre ce qui rendait Michel Villeneuve si attachant.
« Villeneuve rend hommage à la vie et à la forme en se laissant porter par ces dessins, travaillant à la manière des surréalistes qui refusaient « de penser » et toute censure. Il en résulte des mondes étonnants, une joie frénétique, un hymne à la vie qui rassure et apaise même s’il faut quitter nos références. Un monde glissant, dansant, rampant qui renoue avec l’inconscient et les archétypes. Un monde de silence et de méditation aussi. »
En guise d’au revoir, pour toi Micheline, j’aime penser que Michel a retrouvé son père Arthur Villeneuve, imaginant les deux artistes réunis pour un symposium éternel de peintures et dessins joyeusement colorés.
Adieu Michel.
Via Facebook : Quel beau témoignage! Merci Christiane.
RépondreEffacerBeau témoignage. Émouvant et intéressant. Votre habileté à dépasser les faits pour mettre en lumière l'âme humaine me comble chaque fois. Vous me faites découvrir le fils d'Arthur que je croyais connaître. Vos écrits nous manquent grandement madame la journaliste.
RépondreEffacerHervé Fortin
Je suis bouleversée... J'aimais beaucoup ce personnage. Ses dessins me fascinaient à un point où je les collectionnais. Ils sont tous précieusement encadrés d'ailleurs. Je le trouvais drôle, rêveur et naïf comme l'était sans doute son père et tellement sympathique. Sans aucune prétention mais toujours très fier d'avoir eu le père qu'était Arthur... Aurevoir mon ami, tes dessins resterons pour moi les plus beaux souvenirs...
RépondreEffacervendredi à 08:58
Via Facebook
Merci à l'auteure de ce bloque de nous faire partager ces moments d'adieu...
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