mercredi 12 février 2014

À la mémoire de Gisèle


Gisèle Morais


Aujourd'hui, alors que je travaille sur un texte destiné à préserver la mémoire de personnes importantes  ayant contribué à la richesse culturelle du Saguenay–Lac-Saint-Jean, j'ai ressenti soudain un léger frisson. Comme si quelqu'un me soufflait sur la nuque. Sur mon écran d'ordinateur venait de s'afficher le rappel programmé d'un évènement du 12 février à ne jamais oublier : le grand départ de Gisèle Morais. La maman de mon amoureux à qui, chaque 26 février, j'envoyais des fleurs pour la remercier de son existence.

Ma gorge s'est soudainement nouée en même temps que – certainement de la poussière – mes yeux se sont embués. Et voilà que dans le cadre de l'aide mémoire de mon calendrier je retrouve ce texte écrit le 12 février 2006 pour ma belle-maman. 

Gisèle Morais
1928-2006

Au hasard des voyages du cœur, on ne sait jamais où va se poser notre avion.  Pour l’un ce fut les dunes de sable chaud quelque part dans le désert de St-Exupéry. Pour d’autres ce fut les congères de neige devant la joyeuse maison du fils aîné de Gisèle. Un soir de janvier, j’ai été apprivoisée. 

Sans le savoir, Gisèle était la sœur du Petit prince.

Sur la planète bleue, elle avait ce don précieux de cultiver les roses, laissant croire à chacune qu’elle était unique. Elle posait sur les êtres comme sur les objets cet extraordinaire regard étincelant de sourires.

Ses enfants, ses amis, racontent avec attendrissement combien elle aimait enjoliver les lieux de sa vie, harmonisant les couleurs aux tons chauds de sa joie de vivre. Parce que voilà bien le secret de cette femme : l’harmonie.

Comment embellir ma planète se demandait la petite princesse ? Elle a mis en pratique la sagesse des philosophes. Sa quête de la beauté, elle l’a commencé par elle-même. Ce n’était pas coquetterie mais plutôt une élégance naturelle qui se reflétait sur sa personne comme sur les lieux de sa vie et les objets choisis. Un souci constant de séduire bien plus le cœur que le regard. Elle enjolivait tout. Et ce tout devenait utile puisque c’était joli.

Sans le savoir, Gisèle avait l’âme du Petit Prince.

Elle pouvait s’inquiéter de la fragilité d’une rose sans jamais la contraindre à renoncer au risque des expériences de la vie, quelles qu’elles soient. Une tolérance empreinte d’un réel respect à l’égard de nos différences et du libre choix. Sa seule attente : le bonheur pour les siens. Alors, elle ouvrait tout simplement plus grande encore la porte de ses affections. Elle agrandissait le cercle familial. Car aux siens, elle ajoutait les nôtres.

Elle a tant peuplé sa planète qu’il est difficile de l’imaginer en train de regarder les couchers de soleil, les soirs de solitude. On ne sait pas tout, mais tous sont prêts à croire qu’elle ne résistera pas à l’envie  d’utiliser toutes les subtilités de l’arc-en-ciel pour colorer le ciel. Désormais, on s’émerveillera des couchers et les levers de soleil en pensant que Gisèle à mis au travail tous les grands peintres disparus.

C’est sa manière de dire : souriez, la vie est belle, la vie continue.


 Christiane
12 février 2006
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