mardi 29 avril 2008

Des perles d’eau






J’ai attendu la fonte des neiges, j’ai attendu le cri des outardes et des oies blanches et j’attends le printemps avec tant d’impatience que ce mardi pluie peut bien me narguer... je n’y vois que des perles d’eau.

Ma petit Élika, 7 mois, a dit ses premiers mots. Lison a fait ses premiers pas d'un retour à la joie. Je m'éveille au chant des oiseaux. Les branches de mon arbre, encore nues de leurs feuilles, s'habillent de plumes. Ce mardi pluie peut bien me narguer... je n’y veux voir que des perles d’eau.

***

dimanche 20 avril 2008

La conquête d'Élika


Élika Laforge, 7 mois




Regardez-là bien, Élika vient de découvrir le secret. La longue marche de sa vie commence par la conquête de son espace. Curieuse, vive, active, sûre d’elle, elle apprivoise le pas. C’est magnifique!

À l'abordage!

dimanche 13 avril 2008

Berghella


Philippe Berghella
© Photo Jeannot Lévesque - Progrès-Dimanche



Progrès-dimanche
Les Arts, dimanche 2 mars 2008, p. 32

Berghella
Un monde d'émotion, tel un vent chaud et froid

Christiane Laforge

Un petit prince inventé par St-Exupéry s'émerveillait des couchers de soleil. Dans le regard de Philippe Berghella c'est un lever de soleil que l'on découvre et un prince qui se nomme «Vivre». Voilà ce que j'aime dans ce métier : me retrouver face à face avec la beauté!

«Ce que j'ai gardé dans mon cœur/ C'est pas les larmes, ni la peur/ Ce que j'ai gardé, dans mes yeux/ C'est le feu.»

Aucunement étonné d'apprendre que son premier album avait suscité peu d'émoi, Philippe Berghella ne l'est pas davantage de savoir que son deuxième opus provoque des réactions enthousiastes. «Depuis le premier CD j'ai beaucoup appris. J'ai chanté dans trois pays, j'ai donné 400 spectacles. Avec Don Juan j'ai appris à vivre mes chansons sur scène. Don Juan m'a redonné le goût du théâtre.» L'album le pousse à se donner lui-même.


Son pays

En tournée de promotion au Saguenay, Philippe Berghella a le sentiment de rentrer au pays. Une mère félicinoise, un père sicilien artiste et absent, le chanteur a passé sa prime jeunesse à Chicoutimi, si ce n'est deux années d'escapade à Baie-Comeau. Il gratte ses premières cordes à 14 ans, cueille ses premiers cachets en pièces de 25 cents jetées dans l'étui de sa guitare par les passants qui le croisent sur le Vieux Port de Chicoutimi.

«... apprendre à reconnaître/ Dans la main qu'il a tendue l'espoir d'un jour être maître du destin qu'il a voulu./ Devenir un homme pour croire ce que j'ai cru/ Quand je n'étais personne qu'un enfant dans la rue.» (Devenir un homme)

Écrire

Philippe Berghella ne veut rien de plus que la musique. Auteur compositeur il ne craint pas de laisser à d'autres le choix des mots pour raconter ce qui le fait vibrer. Félix Gray lui a d'abord écrit la chanson titre de l'album «Vivre».

«C'est un auteur qui n'écrit pas pour n'importe qui. Je lui parlais de moi, de ce que j'ai vécu, de mon père. Il m'a présenté d'autres textes, inspirés de ma vie.» Gray signe dix textes sur les douze chansons de l'opus. Toutes chargées des sentiments propres à Philippe, comme dans «Trop de silence», pourtant un extrait de Don Juan, écartée lors de la mise en scène de la comédie musicale. Cette chanson établit un véritable lien entre la comédie musicale, où Philippe incarnait Raphaël, et l'album «Vivre», empreint d'une expérience partagée qui a contribué, assure-t-il, à la mise au monde de sa jeune carrière.

Survivre

«Dans ce métier, surtout aujourd'hui, on ne sait pas si on va gagner notre vie à long terme. Avec l'avènement Internet on devient de plus en plus accessible, on se libère d'un côté. Avec le téléchargement, notre travail devient gratuit. Aura-t-on les moyens de continuer? peut-on se demander. »

Si Don Juan devait reprendre la route du monde, Berghella ne demanderait pas mieux que de refaire les valises de Raphaël. «Cela peut revenir.... je croise les doigts.»

À moins que «Vivre» ne le propulse seul sur la scène. Une tournée de spectacles pourrait bien être amorcée dès l'automne. Tout est à venir, conclut Philippe, l'espoir sur le bord des lèvres., en route pour d'autres entrevues.

L'album «Vivre»

Philippe Berghella a trouvé les complices d'un talent qui se déploie avec bonheur dans ce nouvel album réalisé par Guy St-Onge dans le Studio Référence de Saint-Calixte. Une musique pop francophone, où s'harmonisent guitare espagnole, mandoline, piano, accordéon et chœurs.

Sa voix a atteint sa pleine maturité. Il la maîtrise à volonté pour accrocher des mots chargés de sens qu'il dépose en douceur ou «éraille» avec efficacité. Dès la première mesure de «Trop de silence» l'attention lui était toute acquise.

Aimer tout de suite mots, musique et voix, à l'écoute d'une chanson est rare. Mais quand, à la seconde, «Revoir mon père», piano, violon, paroles portent la douleur du récit, le cœur est frappé. L'émotion n'attend pas pour s'engouffrer comme un vent chaud et froid.

«Les autres c'était l'université. Moi, mes études, c'était le pavé. Dans le froid je grattais ma guitare. L'automne, l'hiver et, quand l'été, ils attendaient d'être diplômés, moi j'attendais pour un dollar. Ce n'était même pas difficile. Je ne crois pas avoir souffert. [...] moi je voulais revoir mon père.» (Revoir mon père)

Oui, avoue-t-il, Berghella nourrit son art de sa vie. «Je suis de l'école de Cat Stevens, de Brel... Ce que je veux c'est tout ce qu'il y a de vrai dans la musique. Faire place aux émotions... Cela est plus facile de mettre en chansons ses sentiments que de parler... Pour que les gens se retrouvent dans ce que je chante il faut que cela soit vrai.»

Pour «Vivre», Philippe a prêté sa plume au parolier Félix Gray, sachant qu'il trouverait les mot pour dire ce qui l'embrase. Dire l'homme de 30 ans, ses blessures, ses joies, ses fêtes et ses amours.

«Dire que si les enfants peuvent apprendre, on a seulement su se défendre, sans essayer un peu d'arrêter de toucher le feu.» (Dire)

De passage à Chicoutimi pour la promotion de son album, Philippe Berghella se souvient: «Quand j'ai quitté ici j'avais des rêves de succès. Que cela soit rapide ou long. Aujourd'hui, j'ai vu avec Don Juan que c'est beaucoup du business. Le succès, il ne faut pas trop y réfléchir. Je vis au quotidien. Je suis un oiseau de nuit. Pas de routine. J'aime qu'une semaine ne soit pas pareille à l'autre. Ce que j'ai appris sur le succès... c'est de prendre cela à la légère. Il faut rester sain là-dedans. Vivre un jour après l'autre. Ce qui m'est important: je sais que je peux chanter.»



Philippe Berghella
Photo de presse








mardi 8 avril 2008

Adieu René


Léontine Lavoie (Christiane Laforge) et son fiancé Dominique Guay (René Laberge)
dans Les Grands Revenants (Carnal-Souvenir de Chicoutimi 1988)




Tristesse

J’apprends aujourd’hui le décès, survenu le 30 mars dernier, de René Laberge, cet épicurien… toujours heureux quand il y avait de la musique et du vin.

Les souvenirs affluent : le club de L’Ordre du tablier, chasseurs des meilleures tables, le groupe C’est pas facile dont un membre devenait le cuisinier du jour chaque premier vendredi du mois au Deauville. Il y eut aussi Les Grands Revenants, ce théâtre amateur du Carnaval-Souvenir de Chicoutimi, où il avait endossé l’habit du journaliste Dominique Guay, tandis que je portais la jupe de Léontine Lavoie, institutrice (Photo).

Ma pensée, ce jour, va tout spécialement à Candide Dufour (mon professeur de piano), sa compagne de vie. Les mots n’existent pas qui comblent le vide laissé par un départ définitif… sinon de dire : tout continue, la vie, les tendresses, les amis, la mémoire de ce qui a été.

dimanche 6 avril 2008

Dieu en trois temps

I

À l'insu des gens raisonnables, de plus en plus souvent, j'explore la nuit. À travers les saisons, j’en saisis les nuances.

Plus je m'éloigne de la ville plus je m'approche d'une magie qui n'a que faire des toits remparts. Je m'abandonne aux étonnantes sensations qui naissent dans l'obscurité, dans le silence solitaire où germe la plus étonnante illusion.

Un drapé de lumière danse dans le ciel. Une coulée de vagues venant vers le sol se meut comme une invite séduisante qui s'empare du regard pour mieux posséder l'âme offerte à cet appel.

Je ferme les yeux, un bref moment, pour mieux voir l'aurore boréale déversant en moi toute l'énergie céleste.

Me voilà déesse.

Je retrouve mon origine. Je m'évade de l'apparence terrienne pour devenir musique de silence, se jouant sur l'orgue illusoire du ciel nordique. Investie, enfin, de la puissance absolue de dieu. Ah! l’exaltante sensation de l'omnipotence!

Me voilà dieu avec le pouvoir infini de libérer les hommes de leur souffrance. Et ne le faisant pas... Prétextant que leur liberté est à ce prix.


II

Cris d’enfants de nos guerres.

Devant l'insoutenable je m'enfuis. Mon cœur bat comme le tam-tam d'un messager cherchant désespérément du secours.

Épuisée je m'étends sur le dos et rive les yeux sur le ciel allumé par d'innombrables étoiles. Subjuguée, je m'accroche à elles, envahie par leur silence. Tout se tait. Tous se taisent. Et j'entends...

Mon âme est criblée par l'écho infini. Je tremble d'impuissance devant la souffrance. Je hurle d'intolérance a l'égard de la douleur infligée. Il n'y a plus assez d'étoiles pour réfugier chaque appel entendu.

J'ai fermé toutes les fenêtres de la maison des autres pour mieux en ignorer les pleurs. J'ai ouvert grand les miennes pour mieux fuir mes peurs.

J'ai scruté chaque ciel de toutes mes nuits pour trouver la réponse. Le temps a répondu aux questions de l'enfance :

Les étoiles ne sont pas des signes gravés dans le ciel par le cri des enfants.
Les fenêtres ne sont pas des remparts.
Et devenir grande ne fait qu'aviver la conscience d'être bien petite.


III

Dans la solitude de mon salon défilent les images d'un drame. La somme douloureuse d'émotions se multiplie par chaque être concerné.

Anonyme, face a l'écran de la télévision, j'observe les visages que l'on ne montre pas : un homme, deux petits garçons et les images que l’on montre : une voiture, une rivière.

Au-delà du récit journalistique décrivant la chronologie des faits il y a l'épouvante. Étrange symbiose! Je suis le petit garçon terrorisé dans la voiture, voyant le père aimé jeter dans l'eau le corps vivant de mon frère, enfermé dans un sac. Figé, je sais qu'il va bientôt se retourner contre moi.

Dans le confort de ma maison heureuse, je deviens le témoin, tout aussi immobile que l’enfant devant l'horreur, taraudée par la haine envers le bourreau. Dans la tourmente de ma révolte, je suis confrontée à l'avocate illusoire qui plaidera la cause du père, au procureur criant vengeance contre l’assassin, à la mère blessée suppliant que l’on sauve ses enfants, au dieu muet regardant son œuvre.

Je me précipite au chevet de mon fils endormi, parce qu'il n'existe que son regard brun-vert pailleté d'or pour me convaincre de l’amour. Que me sert d'aimer à travers tant de cris ? Prendre dans mes bras un seul enfant du monde et le préserver d'un mal qui ne vient que des autres ? Son innocence lui donnera-t-elle le droit de n'être pas victime?

Tout dieu est vain si les enfants doivent souffrir.

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Christiane Laforge
Saint-Fulgence
10 avril 2001
6 avril 2008