dimanche 25 mai 2008

Le bonheur est dans le Fjord


Fjord Saguenay
© Christiane Laforge





Progrès-dimanche
Les Arts, dimanche 11 mai 2008, p. 53

Le bonheur est dans le fjord
Un pur délice!

Christiane Laforge

Chicoutimi - Le livre se trouvait à travers mon courrier, comme un rayon de soleil traversant la grisaille de ce printemps 2008. Curieuse, j'ai franchi les pages titres pour atteindre le début du chapitre un.

Je lis : «Le premier jour se lève sur les collines de Chicoutimi. Averse de soleil dans mon oeil et sur le balcon de la Villa au pignon vert qui surplombe la rue Jacques-Cartier.» (p.14)

Happée je suis. Sans retenue jusqu'à: "un chemin fou de courbes et de montées dans les rondeurs de la montagne." (p.85). Le lendemain, je replonge jusqu'à la dernière ligne, "Le bonheur est dans le Fjord" qui deviendra le titre de ces récits de voyage de Danielle Dubé et Yvon Paré, publié aux Éditions XYZ.

Le lancement officiel aura lieu le 29 mai à La Pulperie de Chicoutimi.

Impulsive, je me lance sur le clavier pour écrire ma première impression, en toute subjectivité, à ce duo d'auteurs. "J'ai reçu le bonheur hier. Je ne peux mieux dire! Votre livre, c'est du bonheur pour le lecteur. Yvon, quelle poésie! Un véritable extracteur du sens profond des mots. Tu les utilises avec une science telle qu'on se laisse porter par eux à travers ces lieux qui, s'ils me sont familiers, se révèlent plus intenses et plus beaux à travers ton regard. Danielle, la parole toujours bien ancrée dans la réalité des faits, tu nous dévoiles toute l'humanité de chaque être que vous rencontrez. À vous lire, l'un si complémentaire de l'autre et pourtant si total l'un et l'autre, j'ai le sentiment de retrouver ce contact si rare avec l'essentiel des gens et des lieux. "Un été en Provence" m'avait déjà séduite par ces qualités, mais ici c'est l'apogée. "Le bonheur est dans le Fjord" est un pur délice. Un ouvrage magnifique, si intensément subjectif que je me dis : Enfin! il existe encore des écrivains capables de tant aimer le sujet de leur livre qu'ils magnifient les mots pour le dire."
Deux semaines plus tard, reprenant la lecture dans le contexte d'une entrevue à préparer, les impressions se précisent. Rien à renier de l'écrit qui leur a été adressé dans la spontanéité d'une émotion ressentie à la découverte de ce livre. Impossible de dire mieux... et pourquoi vouloir le dire autrement?

Seule interrogation : la maquette de la page couverture.

La photo choisie met en scène un couple assis face à une étendue d'eau. La mer ? La Baie ? Certainement pas le Fjord. Danielle Dubé défend leur choix.

"C'est une photo devant Tadoussac. Tadoussac, c'est l'entrée sur le Fjord. On voit un couple... cela nous interpellait. Le couple regarde le fleuve. Cela évoque la navigation, c'est ainsi que la région a été découverte. C'est le lieu de départ. C'est le dépaysement. La photographie d'Yvon nous rappelle combien nous nous sommes sentis comme des gens qui viennent d'ailleurs."

"Le bonheur est dans le Fjord". Excursion au pays du Saguenay. Récits de voyage. 248 pages. XYZ éditeur.

claforge@lequotidien.com

Catégorie : Arts et culture
Sujet(s) uniforme(s) : Littérature et livres; Voyages, aventures et tourisme
Taille : Moyen, 358 mots

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Doc. : news·20080511·PD·0054

mercredi 21 mai 2008

Jean Laforge



L'Artiste signant sa biographie
Jean Laforge 1913-2006
© Sepro-cl






Je me souviens du 20 mai 2006





jeudi 15 mai 2008

Le monde où je vis


Progrès-dimanche
Arts Édito, dimanche 11 mai 2008, p. 48



Le monde où je vis

Famine, ouragans, inondations, volcans en éruption, appauvrissement des «faibles revenus», stagnation des «moyens» (hausse de $1 en 25 ans), et hyper enrichissement des riches (plus de 16% de leurs gains). Banques et compagnies pétrolières font des milliards de profits de plus que l’an dernier. A-t-on vraiment envie d’entendre parler des artistes ?

Prêtera-t-on une oreille attentive aux créateurs qui risquent une plainte parce que leurs revenus annuels est toujours moins de 20 000 $ ? Quelqu’un se demandera-t-il par quelle aberration les programmes d’aide à l’emplois pour les organismes culturels excluent toute personne qui en a déjà bénéficié sans égard à un minimum de sens des réalités ?

Mais encore

Il y a peu, à la télévision, j’entends une animatrice, saisie au vol d’une frénésie «zapping» qui m’est familière - la frénésie zapping et non l’animatrice - s’insurger contre la hausse du budget du Conseil des arts du Canada destiné à Patrimoine Canada : «Il y a bien plus important que de sauver des vieilles pierres» lança-t-elle, en évoquant les sans abris de Montréal. La citation n’est sans doute pas textuelle, mais dans l’esprit, le sens n’est pas trahi. Et son co-animateur de renchérir d’un hochement de tête significatif.

Et pourtant

La progression sociale d’une nation va de pair avec le développement de sa culture. À investir dans nos vieilles pierres, dans la sauvegarde de notre mémoire collective, dans le développement de l’expression de notre langue, de notre musique, de notre danse, de notre peinture, de nos sculptures, de notre architecture, c’est dans l’avenir que nous investissons, ainsi que dans la conscience de nos valeurs humaines. La voix de Marie-Nicole Lemieux ne ferait-elle pas plus et mieux pour notre reconnaissance internationale que la voix de nos mitraillettes (sont-elles nôtres)?

Si nous savions mieux protéger nos «vieilles pierres», qui sait? nous aurions peut-être l’intelligence de préserver nos richesses naturelles et nos fleurons industriels plutôt que de les brader au nom d’une mondialisation imposée par les maîtres du monde, si bien servis par les élus de notre utopique démocratie.

Des voix dans le désert ?

« Dans un monde confronté à des problèmes inédits à l’échelle planétaire, la créativité, l’imagination, la capacité d’adaptation que développe l’éducation artistique se révèlent être des compétences aussi importantes que la maîtrise technologique et scientifique pour les résoudre» a déclaré Koïchiro Matsuura, directeur général de l’UNESCO, lors de la séance de clôture de la Conférence mondiale sur l’éducation artistique : Développer les capacités créatives pour le XXIe siècle. «Il ne faut jamais perdre de vue trois objectifs majeurs de l’éducation si nous voulons nous attaquer aux questions principales du monde d’aujourd’hui, ajoute Sir Ken Robinson, conseiller principal à la Fondation J.Paul Getty de Los Angeles : comment vivre ensemble, cultiver une identité propre et favoriser la compréhension mutuelle?»
Selon l’UNESCO Les arts peuvent apporter beaucoup à la communication entre les cultures.

Le monde où je vis

Je vis dans un monde où il est «normal» que de milliers de personnes, abondamment stimulées par les médias, assistent à un spectacle sportif dans un immense salle sans cesse rénovée dont nul n’osera interroger le prix de sa construction et de son entretien, pas plus que du salaire des joueurs. Je vis dans un monde qui écoute du Mozart et du Molière, qui s’arrache à prix d’or les œuvres des Van Gogh et Marc-Aurèle Fortin, mais ne s’indigne ni s’étonne de la pauvreté de ces artistes d’hier et d’aujourd’hui. Je vis donc dans un monde où l’on sacrifie les terres fertiles pour des intérêts mercantiles.



-30-


dimanche 11 mai 2008

L'Auberge du cheval blanc

L'Auberge du cheval blanc, production 2008 de la SALR
Patrick Mallette (Léopold) et Roger Girard (Bistagne)
© Photo Rocket Lavoie - Le Quotidien





Arts, samedi 10 mai 2008, p. 34

L'Auberge du cheval blanc
La version saguenéenne renoue avec le succès

CHRISTIANE LAFORGE

JONQUIÈRE - L'air tyrolien réussit bien à La Société d'art lyrique du royaume qui aura pratiquement fait salle comble, soir après soir, depuis mercredi. Avec raison. L'Auberge du cheval blanc renoue avec le succès par la qualité des voix, une direction artistique impeccable, un chœur bien accroché au scénario, un orchestre complice et une mise en scène inspirée.

Sans rien perdre du charme de l'époque ni du pays où se situent ces intrigues joyeuses et romantiques, les artisans de cette version saguenéenne de la célèbre opérette ont su insuffler une modernité fort à propos, avec un zeste d'allusions politiques locales et quelques clins d'oeil sympathiques au cinéma.

Par tradition, ces comédies anciennes sont toujours un peu lentes à mettre en place les intrigues et les personnages, sans doute pour l'époque, dans une volonté de durer plus longtemps sur scène. Pourtant, impossible de retrancher quoique ce soit à cette mise en scène réussie.

L'action est menée sans longueur et, s'il faut encore se résigner à ne pas saisir tous les mots chantés, surtout au tout début, on ne s'ennuie pas un instant à l'Auberge du cheval blanc.

Les interprètes

La distribution n'a aucune faille. Geneviève Couillard Després crée une Josépha énergique capable de coup de cœur et de coup de gueule bien sentis. Patrick Mallette chante un Léopold convaincant, très à l'aise dans ce rôle qui lui permet de donner toute l'ampleur à sa belle voix.



L'Auberge du cheval blanc, production 2008 de la SALR
Marie-Ève Munger (Sylvabelle),Roger Girard (Bistagne), Patrick Mallette (Léopold)
© Photo Rocket Lavoie - Le Quotidien

Marie-Ève Munger incarne une Sylvabelle mutine; elle se prête à la fantaisie et l'ingénuité de son personnage sans jamais céder à la tentation de se croire une diva, aussi performante dans le chant que dans le jeu de comédienne.

Thomas Macleay campe un Guy Florès solide. On le sent maître de son jeu, aussi bien dans la fiction que sur la scène.

François-Pierre Perron est adorable dans le rôle de Piccolo. Initié au théâtre à sept ans, ce jeune homme de 11 ans est manifestement un comédien né. Quant à Martin Giguère, il sera pour moi le Célestin le plus mémorable de toutes les versions de L'Auberge du cheval blanc.
En poussant son personnage à la limite de la caricature, il le rend des plus sympathiques, donnant du charme à ce dandy naïf irrésistible.

Soulignons aussi la performance d'Éric Renald tour à tour empereur, Gook et Professeur Hinzelmann sans trahir l'un pour l'autre, celle de Caroline Tremblay, la zozotante Clara, de Laurie Tremblay, la Zenzi sensible au jeune Piccolo et de Louise Gagné, l'amusante postière et surprenante Kathi.

Parmi tous, Roger Girard coiffe la couronne de laurier. On le connaît de longue date, remarqué chaque fois dans chacun de ses rôles. Cette fois, il se surpasse. Son Napoléon Bistagne vole la vedette avec un jeu dynamique et coloré. On lui devra bien des rires.

L'action

Dans le mouvement, le rythme, l'équilibre des tableaux et les effets de surprises, on reconnaît bien là l'efficace mise en scène d'Éric Chalifour. Excellente idée d'intégrer la danse aux scènes qui, sans cela, auraient pu être plus ternes. En fait, les chorégraphies de Georges-Nicolas Tremblay, qui a su recourir au talent de quatre danseurs professionnels de la troupe Ecce Mundo, s'intègrent parfaitement à l'intrigue, ajoutant une touche de fantaisie et de rêve supplémentaire aux envolées vocales des tendres duos amoureux.

Le tout est accompagné avec brio par l'orchestre de Chambre de l'Orchestre symphonique du Saguenay-Lac-Saint-Jean, dirigé par Toshiaki Hamada. Un orchestre qui a su très vite adapter son jeu afin de soutenir les voix sans les supplanter, tout en prenant sa place avec une réelle complicité. Devenant un personnage en soi, avec ses répliques musicales ponctuant l'action.

Ce qui fait la force de cette production 2008 de la Société d'art lyrique du royaume, c'est la conviction d'une volonté partagée par tous de faire la preuve de la valeur de cet art. Serait-ce qu'il a fallu y croire au-delà des difficultés - et elles furent nombreuses - pour mener à bien "ce miracle chaque année renouvelé" comme l'a si bien dit le président de la SALR, Luc Blackburn, dans le discours d'ouverture? L'émotion était palpable sur les visages lors des saluts répétés devant un public qui les a longuement applaudis le soir de la première.




jeudi 1 mai 2008

Neige d'avril


Neige d'avril devant la Maison heureuse de L'Anse-aux-foins le 30 avril 2008


La nature a de l’humour. Voilà sa réponse à mes perles d’eau.

... ou alors, magnanime, elle a voulu vêtir mes arbres nus.

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