mercredi 28 avril 2010

Patrice Leblanc... Rire noir de Trac


Trac - Clown Noir
Patrice Leblanc

Ma vie en théâtroscope, spectacle en solo du Clown Noir Trac est une performance pamphlétaire où le rire permet de ne pas exploser. Un rire noir plus que jaune, mais rire tout de même pour ne pas pleurer. On quitte la salle, perturbé certes, mais très content de n’avoir pas raté ce rendez-vous avec une voix qui ose dire.

Rebelle assumé, Patrice Leblanc prend le risque de l’indignation. Ne faut-il pas de l’audace en ces temps du langage épuré de toute provocation, ère aseptisée du «politiquement correct», pour saisir à bras le corps toutes les vicissitudes.

Qui connaît les Clowns noirs ne sera pas surpris de la scénographie où un homme seul sur scène se multiplie en personnages de tous âges, masculins ou féminins. Quelques planches coiffées prennent figure humaine, une planche à repasser devient civière et lit, une simple corde à linge assure l’évocation des lieux (cuisine, institution, prison). La scène de Trac ne renie rien du théâtre de l’enfance où l’imagination prête forme et caractère à l’objet selon les besoins de l’histoire à vivre.

Et quelle histoire! Celle de Trac dont la naissance annonce le destin d’un insoumis. Et tout y passe : la tendresse et la violence, l’amitié et l’abus, la rébellion et la répression, la volonté farouche de vivre libre et la chute de l’ange, l’espoir et la guerre, la vie et la mort. Patrice Leblanc a puisé à pleines mains dans l’actualité pour raconter la vie de Trac en théâtroscope. Pas besoin d’inventer. Il suffit de s’emparer des faits évoqués chaque jour par nos médias. Trac, le bien nommé Clown noir, nous montre que ce ne sont pas les clowns qui font des pitreries. 

Le bien nommé Clown Noir

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D'autres commentaires forts intéressants:

Celui de Dario Larouche: http://lesclapotisdunyoyo2.blogspot.com/2010/04/trac-ou-sa-vie-en-theatrascope.html

Celui de Denise Pelletier : http://specialdujour.hautetfort.com/archive/2010/04/29/sur-les-traces-de-trac.html

Celui de Daniel Côté (Le Quotidien) :

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Et pour ceux qui n'aurait pas fait clic sur le lien de la photo de Patrice Leblanc, il y a aussi l'excellent texte de Jean-François Caron (Voir) : http://www.voir.ca/publishing/article.aspx?zone=6&section=8&article=70594


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lundi 19 avril 2010

La SALR une montagne de plaisir

 Marie-Ève Munger - Ernestine
Monsieur Choufkeuri restera chez lui de Jacques Offenbach
Production de la Société d'Art lyrique du royaume
© Photo Rocket Lavoie

La Société d'art lyrique
C'est une leçon de courage, une assemblée de talents, une famille d'irréductibles

Seul le temps m’a manqué et non le désir pour écrire beaucoup plus tôt tout le bien éprouvé lors de la dernière représentation du programme double de la Société d’art lyrique du Royaume, le dimanche 11 avril 2010. Le délire bien assumé dans l’opéra bouffe Monsieur Choufleuri restera chez lui de Jacques Offenbach et la superbe démonstration de la maîtrise des voix interprétant de grands airs d’opéra, alternant avec les capsules humoristiques finement ciselées dans Le Gala de Monsieur Choufleuri sont, dans mon souvenir, comme une montagne de plaisir.

Toutes ces personnes qui travaillent d’arache-pied pour maintenir en vie la Société d’art lyrique année après année méritaient plus que 800 spectateurs en quatre représentations. D’autant plus que la prestation est de grande qualité. De l’autre côté de l’Atlantique, ces même voix qui nous étaient permis d’entendre si près de chez nous, sur le Mont Jacob de Jonquière, sont écoutées et invitées à chanter sur les grandes scènes de l’opéra.

Par exemple, Marie-Ève Munger, la superbe et talentueuse soprano colorature, Premier prix Opéra du concours International de Chant de Marmande en 2007, premier rôle féminin, Magdalena, au Théâtre du Chatelet à Paris sera au Glimmerglass Opéra aux Etats-Unis. En 2011 elle retournera à l’Opéra-Théâtre de Metz pour y chanter Nanetta  dans Falstaff de Verdi.

Ou encore Marc-Antoine d’Aragon, baryton, lauréat du concours La Bohème à Vérone, où il fera ses débuts cette année dans La Bohème de Puccini. En attendant son retour, nous penserons à lui dans le plaisir gourmand de ses propres recettes gastronomiques dont le premier livre, Des crêpes à l’Opéra vient d’être publié aux Éditions Les malins.

Retour sur la représentation du 11 avril


Marc-André Pronovost - Marie-Ève Munger
Monsieur Choufkeuri restera chez lui de Jacques Offenbach
Production de la Société d'Art lyrique du royaume
© Photo Rocket Lavoie
Monsieur Choufleuri restera chez lui exige plus que de la voix. La qualité du jeu théâtral peut faire toute la différence. Sous l’apparence d’une fantaisie loufoque cette courte opérette n’a rien de facile. L’adaptation de Martin Giguère a donné au livret un peu de modernité et de couleur locale fort appréciées. La mise en scène alerte, voire éclatée, d’un Éric Chalifour bien servi par une scénographie judicieuse, a créé une succession de tableaux vivants toujours équilibrés. C’était particulièrement agréable de pouvoir, mentalement, appuyer sur «pause» pour mieux observer la disposition des personnages sur la scène ainsi que leurs déplacements.

Marie-Ève Munger - Ernestine
Monsieur Choufkeuri restera chez lui de Jacques Offenbach
Production de la Société d'Art lyrique du royaume
© Photo Rocket Lavoie
Et puisqu’il est question d’équilibre, ajoutons ce complément indispensable que sont les costumes, maquillages et coiffures. Plus osés, plus extravagants pour les uns, notamment les hommes, et plus élégants, plus flatteurs pour les autres. Les coiffures irrésistibles des messieurs Choufleuri,  Balandard et Petermann pour les uns, les toilettes distinguées des dames Ernestine et Balandard pour les autres.

Très vite le caractère des personnages s’est affirmé. Marie-Ève Munger a campé une Ernestine mutine, ne laissant aucun doute sur ses sentiments amoureux avec le très déterminé Babylas (Marc-André Pronovost), musicien pauvre mais ambitieux. Si ce dernier a offert une performance juste, Marie-Ève Munger a été éclatante. Sa voix est de plus en plus belle, plus riche et incroyablement bien maîtrisée.

Le baryton basse Robert Huard a créé un Choufleuri très coloré. Une voix agréable et un jeu de scène habile, poussant son personnage à la limite de la caricature, mais sans excès afin d’en préserver tout l’aspect sympathique.

Le couple Balanchard n’aura pas passé inaperçu, tant pour les voix que la prestance. Jacinthe Thibault a de la classe et une sensibilité que le comique ne dépare aucunement. Le baryton Marc-Antoine d’Aragon nous a ravi. Un timbre de voix pur et ample à la fois qui ne lasse pas.

Martin Giguère aux mille et un talents s’est glissé dans l’habit de Petermann avec la somme d’une personnalité tissée au fil de ses nombreux rôles de factures très diverses. Un soupçon de Diogène, une allure de Molière avec quelques accents méloloufodramatiques (si je puis dire) de son cru.

Le tout porté par un orchestre qui a su se faire complice tout en jouant avec éclat sous la direction du chef Julien Proulx et un chœur sans faille.

La seconde partie de ce spectacle ne fut pas en reste. Si Offenbach fait depuis longtemps les belles heures de la Société d’art lyrique, Monsieur Choufleuri restera chez lui ne suffit pas, à lui seul, à remplir une soirée d’opéra. La SALR a su tirer parti de cette contrainte en offrant - oh! Joie - un récital de 12 chants célèbres tirés des œuvres de Rossini, Verdi, Donizetti, Mozart, Bizet et Delibes. J’ai beaucoup aimé cette opportunité d'apprécier l’une après l’autre chaque voix de ces interprètes. C’était leur rendre justice que de nous les faire entendre dans un tout autre contexte que celui de l’opéra bouffe avec ses limites, donnant toute la place à des envolées vocales qui ont conquis le public. Le lien humoristique menée bon train par Superman, pardon par Petermann était risqué. L'intensité du chant pouvait en souffrir. Et pourtant non. Cette intervention comique et toujours brève permettait une heureuse transition entre les différentes voix des solistes.

Un pas dans l’avenir

Il faudra un jour écrire la page d’histoire de nos opérettes. Comprendre comment un spectacle qui n’a cessé de s’améliorer et de présenter des artistes de plus en plus professionnels a vu le nombre de ses représentations fondre ainsi que son public. Cela, dans une région où la musique tient une grande place. Une région où des voix, désormais célèbres dans le monde, ont fait leur début sur la scène de l’opérette de Chicoutimi, tels Jean-François Lapointe, Marie-Nicole Lemieux et maintenant Marie-Ève Munger.

Il faudra retrouver le passé pour comprendre et trouver le moyen d’aider cette équipe d’irréductibles à se faire entendre par un plus grand nombre.

Martin Giguère - Petermann
Monsieur Choufkeuri restera chez lui de Jacques Offenbach
Production de la Société d'Art lyrique du royaume
© Photo Rocket Lavoie
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Pour compléter, le commentaire toujours bien documenté et pertinent de Denise Pelletier sur son blogue Spécial du jour ici.

NDLR : J'ai demandé d'autres photos permettant de voir différentes scènes et personnages..
Je les joindrai à cette page aussitôt reçues

lundi 12 avril 2010

René Gagnon se dénude




René Gagnon et sa muse Claire-Hélène Hovington
© Photo Réjean Leclerc


Le peintre René Gagnon
Peintre du Saguenay et des paysages nordiques
nous souhaite la bienvenue sur son tout nouveau site internet.


On y retrouve des pages sur sa démarche artistique, ses racines, sa terre natale le Saguenay, ses collections et expositions de peintures, ses albums souvenirs réunissant photos et films, une revue de presse, le tout complété par ses amours : sa muse et ses carnets de cuisine. Un clin d'œil sympathique et fort instructif par ces pages de vie qui évoquent une époque et nous rappellent ces gens connus qui ont fait partie de son univers.


Nouveau site de René Gagnon

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mardi 6 avril 2010

Claude Robinson se multiplie dans son combat

Claude Robinson
© Photo: François Roy,
La Presse - Archives


Claude Robinson se multiplie.
Il aura fait plus d'enfants qu'il ne le pensait peut-être.

Sa cause est devenue LA cause qui nous concerne tous. Nous les exilés du pouvoir et de l'argent. Non seulement il est le créateur spolié, trahi, plagié, mais encore il est citoyen d'un pays qui dans ses lois et plus encore dans l'absence de ses lois n'assure pas à ses créateurs des droits légitimes sur le patrimoine dont s'enrichit sa nation. Pire, le système judiciaire est conçu de telle façon qu'il faut être naïf de penser que tous sont égaux devant la Loi.

«Et malgré un jugement qu'un juge a pris huit mois à livrer, me voilà encore être obligé à me défendre. C'est ce que j'appelle de l'abus. Mais je suis prisonnier. Je me dois de continuer sinon c'est fini pour moi»

Ce mercredi 7 avril à 11h, sera ouvert le site
http://clauderobinson.org/


Les faits

Relatés sur le site de Startec (Société des Auteurs de Radio, Télévision et Cinéma):

1982 : Claude Robinson crée " Robinson Curiosité ", personnage central d'un projet de série télévisée pour enfants, qu'il dessine d'ailleurs à partir de son propre visage. Il développe le concept, crée plusieurs autres personnages, écrit des synopsis, des scénarios et une bible avec la description et les dessins de chaque personnage.

De 1983 à 1985 : Claude Robinson présente son projet à divers diffuseurs et producteurs au Québec, ainsi qu'à Téléfilm Canada. Il s'associe avec Pathonic en 1985 en vue de produire la série.

1986 : Claude Robinson et Pathonic retiennent les services de CINAR comme consultante pour la promotion et la vente de la série aux États-Unis. Dans le contrat de services signé par Ronald A. Weinberg, Cinar s'engage à prendre connaissance de tout le projet (personnages, synopsis, scénarios et autres composantes). Claude Robinson se rend à New York et à Los Angeles rencontrer des producteurs et des diffuseurs avec les représentants de Cinar et Pathonic. Malgré l'intérêt des diffuseurs américains, ces rencontres demeurent sans suite.

1987 : Claude Robinson reprend ses démarches avec un nouveau partenaire, SDA, et vise aussi le marché européen. En avril, il présente son projet au MIP-TV, à Cannes, entre autres, à Christophe Izard, alors de Calypa et à Peter Hille, président de Ravensburger. Il y fait la rencontre de Micheline Charest et de Ronald A. Weinberg. Thérésa Plummer-Andrews de la BBC demande par télex la cassette du démo de la série Robinson Curiosité. Mais, de retour de Cannes, SDA se retire du projet.

1988 à 1994 : En 1988, Claude Robinson fonde une nouvelle compagnie afin de produire son projet de manière indépendante.

1995 : Des démarches auprès de Philips pour la production de CD-i interactifs donnent des résultats. Mais le 4 septembre, Claude Robinson voit " Robinson Sucroé " sur les ondes de Canal Famille. C'est le choc. Début octobre, il envoie une mise en demeure à CINAR, qui affirme n'avoir aucune trace dans ses archives d'un lien quelconque avec Claude Robinson ou son œuvre. Début novembre, il porte plainte au criminel (GRC) pour contrefaçon de droits d'auteur (ce dossier est toujours en cours). Puis au début novembre 1995, il envoie une seconde mise en demeure, en vain.

1996 : En juillet 1996, Claude Robinson intente une poursuite au civil contre les producteurs de la série Robinson Sucroé.



La pauvreté des artistes canadiens, dont le revenus moyen se situe en de ça de quelque 20 000$ est déjà un scandale. Mais voilà qu'un des nôtres, après plus de 14 ans de lutte judiciaire - et à quel prix? - obtient gain de cause, il subit l'ultime outrage de se voir obligé de se battre à nouveau.

Ils sont riches … et un peu grâce à lui. Lui, il est pauvre… beaucoup plus à cause d'eux et d'un système légal qui donne plus de pouvoir au poids de l'argent. N'en déplaise au juge… il n'y a pas de justice quand le verdict ne suffit pas à rendre la Justice.


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Quelques liens utiles

La quête de Claude Robinson : ici

Le droit d'auteur en France : ici

Le très bon texte de Nathalie Petrowski dans la Presse: ici

Une différence qui se calcule : ici


Office de la propriété intellectuelle au Canada : ici


Certains projets de loi, comme le projet C-61, soulèvent bien des questions : ici

Et pour terminer une citation:

«Le titulaire du droit d'auteur est également chargé de veiller à toute violation du droit d'auteur. Si cela se produit, le titulaire du droit d'auteur peut exercer un recours légal (article 34).»