vendredi 23 novembre 2007

Paradoxe

Je suis régie par une charte des droits qui déclare que nous sommes tous égaux .

Je suis régie par une charte des droits qui autorise les religions à enseigner le contraire.

mercredi 21 novembre 2007

La question se pose

Parmi mes courriels, ce mercredi 21 novembre 2007, cette question de Micheline Carrier, éditrice du site Sisyphe :

Est-ce de l'islamophobie de critiquer l'intégrisme islamiste?

Bonne question!


«[...] Jusqu’ici, il se dégage des audiences de la Commission et des mémoires qu’elle a reçus une ferme volonté de préserver la primauté de la langue française, la laïcité des institutions et l’égalité hommes-femmes de l’influence des religions. Faut-il s’en étonner quand on sait que l’histoire du Québec a été marquée par une forte emprise des autorités catholiques sur les pouvoirs civils et l’ensemble de la société ? Le principe de l’égalité hommes-femmes fait l’objet des plus fermes interventions. Là encore, rien d’étonnant si on se rappelle que les intégristes religieux s’attaquent en premier lieu à la liberté des femmes. Aucune religion ne reconnaît dans les faits l’égalité hommes-femmes, certaines la combattent activement et persécutent même les femmes qui luttent pour leurs droits.

Devant le sort réservé à des femmes de pays où la religion sert d’alibi à toutes les violations et à toutes les violences (5), la crainte que de pareils intégristes puissent être tolérés au Québec me paraît légitime. Faut-il rappeler qu’en dépit des lois québécoises et canadiennes, il existe chez nous des adolescentes forcées à se marier, des filles excisées, des hommes polygames, des femmes incitées à afficher des symboles de soumission, et il y a eu au moins un « crime d’honneur » dans l’Ouest du Canada. La France nous donne aussi l’exemple de meurtres par lapidation et autres crimes commis au nom de l’islam contre des femmes, par des hommes de leur famille ou des amis.»

Texte complet :
http://sisyphe.org/article.php3?id_article=2798

mardi 20 novembre 2007

Julie Boulet



Ce n’est pas moi, c’est l’autre!

Hummm!? Julie Boulet dormait pendant que son chauffeur fautait. Soit!

La désinvolture avec laquelle la ministre s’est empressé d’accuser son chauffeur, se dotant elle-même d’un alibi dormant, avec les conséquences que l’on sait pour cet employé de l’État, me laisse un goût amer.

Madame ne prêche pas par noblesse du cœur. Plutôt que d’être solidaire d’une délinquance «exceptionnelle ??», son chauffeur n’ayant sans doute (!!!) jamais dépassé (???) les limites permises avant ce jour fatidique, et assumer sa part de responsabilité, pour cause de «tolérance ministérielle», Julie Boulet s’est réfugiée derrière le conducteur.
«Ce n’est pas moi c’est l’autre».

Quel manque d’élégance!!

lundi 12 novembre 2007

Salon des Métiers d'art


Progrès-dimanche
Arts Édito, dimanche 11 novembre 2007, p. 40


L'occasion de valoriser le travail des artisans

Laforge, Christiane

Le Salon des Métiers d'art est le moment propice pour de nombreux artisans de la région de faire valoir leur travail. L'artisan existe depuis des milliers d'années, précédant de loin la machine. Ce qui est réjouissant, ce 11 novembre 2007, jour de tous les souvenirs, c'est de constater que le talent de l'humain s'incarne encore et toujours dans l'objet qu'il fabrique. La matière prend forme par la pensée et par les mains.

Ils sont des travailleurs autonomes, des créateurs, des artistes pour qui l'objet a une âme. Poètes de la matière, ils investissent une part de leur humanité dans la chose fabriquée manuellement. Le Salon des Métiers d'art a bien raison de dérouler le tapis rouge pour ces artistes de la première heure. Quelques jours de gloire pour d'innombrables heures de travail.

Marraine de l'évènement pour une dixième année, Marie-Lise Pilote exprime bien la pertinence de souligner la présence de ces travailleurs artistes. Propos que rapportait notre journaliste Anne-Marie Gravel dans Le Quotidien de mercredi : "J'aime les créateurs et ceux qui font partie de la catégorie des artisans ne sont pas toujours appréciés à leur juste valeur. C'est difficile pour eux de se vendre et de vendre leurs œuvres. Ils peuvent créer mais ils ne sont pas nécessairement à l'aise pour communiquer."

Dans le cadre d'un Salon des Métiers d'art, la parole est à l'objet. Il témoigne du talent, de l'originalité et de la tradition. Reflet d'une culture, d'une époque, il identifie l'origine par le matériau choisi et suggère la destination par le client qui l'acquiert. L'objet de l'artisan est unique, cela ajoute à sa valeur qui n'est pas seulement monétaire.

Des artisans solitaires

Sur le tapis rouge, les artisans demeurent bien solitaires. Leur travail est loin d'occuper la place qui lui est due sous les feux de la rampe et dans les préoccupations des subventionneurs. Le modeste dépliant de la Corporation des Métiers d'art et l'absence d'un site internet en disent long sur leurs moyens financiers, malgré une contribution de la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC) et le soutien technique et financier de la ville de Saguenay.

À l'ère d'une conscience en éveil sur l'urgence de préserver l'environnement, les artisans méritent les lauriers de la persévérance et de la survivance. Ne sont-ils pas les défenseurs indéfectibles du développement durable, de l'objet qui s'ajoute au patrimoine culturel par sa nature artistique plutôt que de figurer parmi les jetables qui polluent nos terres. Ce n'est pas de l'or, de la fibre, de la terre ou du bois que les artisans nous proposent, mais un savoir-faire, une valeur ajoutée insufflant à l'objet matériel le sens noble du travail artistique au service de l'utile.

L'incarnation du savoir-vivre humain

Comment mieux dire que le céramiste Luc Archambault, récipiendaire du Prix Jean-Marie-Gauvreau en janvier dernier, quand il déclare : "Les praticiens en métiers d'art sont l'incarnation fragile et vivante d'un savoir-vivre humain en voie de disparition. Il est de toute première instance que cela soit et perdure.

Dans un monde nucléarisé, compartimenté, sur-spécialisé, savoir encore fabriquer un objet matériel ou abstrait, de bout en bout, de la matière terre à la théière, du lingot d'or au bijou, de la fibre végétale ou animale au textile ou au vêtement est aujourd'hui, unique, exceptionnel. Ce savoir-là ne doit pas se perdre. Il se perdra à force si l'on n'y prend garde. Il existe encore parce qu'une poignée de fous y voient leur bonheur, mais cela ne peut durer si l'avenir est bouché..."

Le combat mené par les artisans est inégal dans un monde où le déséquilibre fait loi dans nos médias entre les différentes disciplines artistiques. Un prix donné en arts visuels (idem pour les livres) n'a jamais l'attention télévisuelle de la chanson, du théâtre, du cinéma, de la télévision ou du rire. Une discrétion qui s'ajoute à celle de nos élus à l'inauguration du Salon des Métiers d'art.

© 2007 Progrès-Dimanche. Tous droits réservés.

Doc. : news·20071111·PD·0016








samedi 3 novembre 2007

La Guerre des Têtes Heureuses


Guerre : Jean Proulx et Marie Villeneuve
© photo Sylvain Dufour-Le Quotidien

Intense et douloureuse! La nouvelle production des Têtes Heureuses est un véritable moment d’exception. Si riche soit le texte de Lars Norén, il ne peut atteindre cette force sans la puissance du jeu des cinq comédiens.

La première, hier soir, au Petit théâtre du pavillon des arts de l’UQAC, s’est jouée devant un public qui, pendant deux heures, a retenu son souffle, subjugué. Ils n’étaient pas nombreux à ce rendez-vous, à peine 14 spectateurs. Et pourtant, pendant deux heures, chacun a oublié les fauteuils vides tant la scène était tonitruante, même dans les silences.

Guerre

Quelque part dans le temps suspendu à l’absence d’un avenir, quelque part dans un lieu dévasté par la guerre, des rescapés s’affrontent. Une femme, deux très jeunes filles, deux hommes, sur une scène qui divise en deux la salle, comme un fleuve coulant inexorablement d’un point à un autre.

Convaincues de la mort du père, du mari, les trois femmes survivent presque malgré elles. La guerre les a rejoint dans leur chair dévastée, humiliée, affamée. La mère s’accroche à la présence d’Ivan, le frère
qui a échappé au combat en simulant une maladie. La grande sœur pourvoie aux impératifs de la survie en vendant son corps aux envahisseurs. La cadette simule l’enfance pour mieux croire à ses propres chimères. Tout n’est qu’apparence. Un mensonge collectif qu’il faut être aveugle pour en révéler toute la noirceur. Ce que fait le père, surgissant de la tombe imaginaire où chacun l’avait enfoui. Un père aveugle qui revendique sa place, ses droits et sa part d’illusion.

C’est une autre guerre qui commence.

Les interprètes

Étonnante et superbe Marie Villeneuve, dans le rôle de la fillette. Un jeu parfaitement maîtrisé. Un visage éloquent. Elle brûle les planches par sa seule présence. Mais tout aussi remarquable est le jeu de Jean Proulx, ce père rejeté, incompris et incapable de comprendre. Il rend avec mesure l’intensité croissante de sa frustration. Haïssable dans cette injuste colère à l’aveu de sa femme violée. «Si tu avais eu de l’honneur tu te serais donné la mort avant que je rentre.... Tu es une merde.» Méprisable dans sa lubricité à l’idée de sa grande fille devenue femme. Et si pathétique dans cette aveuglement, plus du cœur que des yeux, qui l’isole de toute humanité.

Johanna Lochon campe une Beenina émouvante, forte et faible à la fois, vibrante et si fragile. Sara Moisan est déroutante. Ce rôle difficile de la femme écrasée qui s’entête à relever la tête, à vouloir aimer, à protéger et à tuer parce qu’elle veut vivre malgré la mort . Elle réussi avec brio à maintenir l’équilibre impossible des extrêmes.

Le jeu de Jonathan Boies n’atteint pas la force des autres. Créer Ivan n’est pas simple. Là où les autres arborent des couleurs vives (au figuré) son personnage est une somme de demi-tons. Un lâche et un tendre, un faible et un gourmand, une pièce détachée en déroute qui impose sans doute un jeu plus retenu. Qu’il retient peut-être trop. C’est à lui qu’il revient pourtant de décrire l’indescriptible: «On a vécu si longtemps dans le noir qu’on n’arrive pas à voir la lumière. On ne savait pas si on était vivant ou si on était mort. Alors on peut faire des choses qu’on ne se serait pas cru capables de faire.»

«Guerre» est un théâtre d’acteurs. La démonstration des Têtes Heureuses est d’autant plus éloquente que ses interprètes expriment des émotions sans avoir expérimenté la source de ces blessures racontées par Lars Norén. Oui, un moment d’exception... une fois de plus!


Publié dans Le Quotidien
du 2 novembre 2007