mardi 28 août 2007

Tempus fugit

La journée se déroule en accéléré. Trop vite. Mais c’est toujours ainsi. Parmi les fées penchées sur mon berceau il dut y en avoir une qui s’est trompé de formule. À trop mettre de sel dans ma vie elle a éparpillé les secondes de mes heures, les réduisant de moitié

... au moins.

samedi 25 août 2007

Dans la chambre d'Élika


Reprise d'un extrait du texte précédant :


Dans un coin, le fauteuil confortable est encore vierge de tout corps. Il sera le lieu privilégié où la mère allaitera son enfant. Symbole émouvant des gestes de la vie donnée.

Battement de cœur à l’approche du 28 août, journée de pleine lune.

Il y aura éclipse lunaire annonce -t-on.

Serait-ce le soleil d’Élika lui faisant de l’ombre ?


... jour trois.

Vie, pluie et soleil

L’an 2002, j’ai senti poindre sur moi le doigt glacial de la mort. Jamais un «non» ne fut dit avec plus d’ardeur. Le feu de mon «oui» à la vie exulte, toujours plus intense.

Pluie

... Et pourtant, ce samedi pleut à l’écho du chagrin d’un père, tremblant pour son fils de 28 ans qui se bat en Afghanistan. Témoignage émouvant de Laurent Thibault, professeur d’histoire à la retraite et maire de Sainte-Rose-du-Nord, livré sur les ondes de CBJ jeudi dernier. Entrevue, menée par Jean-Pierre Girard avec une sensibilité et une intelligence qui n’a jamais empiété sur la troublante confidence d’un homme déchiré entre l’engagement de son fils Jonathan et sa peur de le perdre, entre la menace torturante d’une mort redoutée pour son enfant et sa certitude du bien fondé de la mission canadienne en Afghanistan. L’intégrale de cette entrevue peut être entendue en retraçant les archives du 23 août de l’émission L’heure de pointe sur le site http://www.radiocanada.ca/regions/saguenay-lac/Radio/

Soleil

... Et pourtant, le soleil resplendit dans la chambre qu’Andrée-Anne a préparée pour Élika. Dans un coin, le fauteuil confortable est encore vierge de tout corps. Il sera le lieu privilégié où la mère allaitera son enfant. Symbole émouvant des gestes de la vie donnée.

Battement de cœur à l’approche du 28 août, journée de pleine lune. Il y aura éclipse lunaire annonce -t-on. Serait-ce le soleil d’Élika lui faisant de l’ombre ?

... jour trois.

lundi 20 août 2007

Très bientôt Élika

Devant la beauté d’un lever de soleil ou de son couchant, le regard ébloui par les crinières blanches des vagues soulevées par le vent, j’ai souvent ressenti le frisson d’une joie intérieur. Une marée montante à l’intérieur de moi, l’allégresse.

Aujourd’hui, j’anticipe cet état de grâce. La naissance imminente d’Élika provoque des ondes au tréfonds de moi. Je sens se rassembler une énergie, un élan de vie qui se nourrit de l’anticipation de son arrivée. Mon bonheur rassemble ses forces pour exulter, amplifié par ma science de l’amour que suscite son propre enfant.

Mon bonheur grandit à la seule pensée de cette joie magnifique et totale que vont ressentir Ariel et Andrée Anne, mes enfants donneurs de vie, quand ils vont être terrassés par la puissance de leur sentiment à l’égard de cette petite fille unique entre toutes.

... jour huit.

dimanche 19 août 2007

Irrésistibles Clowns Noirs



LE QUOTIDIEN
Arts, samedi 18 août 2007, p. 27


"Roméo et Juliette" des Clowns noirs
Un grand éclat de rire

CHRISTIANE LAFORGE
claforge@lequotidien.com

Chicoutimi - L'esprit mordant des Clowns noirs nous offre un grand éclat de rire. Une belle façon de terminer l'été qui leur a valu trois rappels lors de la première de "Roméo et Juliette", jeudi soir, à la salle Murdock de Chicoutimi. "On peut s'attendre à tout et à rien" avaient-ils lancé en conférence de presse. Ce rien-là a beaucoup de substance!

Dilemme!

Comment raconter cette étonnante prestation théâtrale sans ruiner l'effet de surprise? Que faut-il taire alors que l'on voudrait tout souligner? Les admirateurs du Théâtre du Faux-Coffre avaient bien compris que la version clownoiresque de "Roméo et Juliette" de Shakespeare laisserait l'amour aux amoureux pour cibler davantage la guerre opposant deux univers antagonistes.

Rita Bella, fille du redoutable chef de la brigade anti-culture et le comédien Contrecoeur, de la famille des Clowns noirs, s'aiment éperdument. Vexé de cette mésalliance, le père de Rita Bella veut réduire au silence les bruits expressifs de leur amour. Pour soulager l'insoutenable douleur du deuil, les Clowns noirs crient vengeance. Sourds aux sages conseils de Diogène, ils complotent un attentat contre la tour dressée sur les ruines de l'ancienne Maison Lévesque, symbole de l'anti-culture qui n'a de cesse de contrôler toute forme d'expression artistique.

Mordre de rire

Pièce de théâtre pamphlétaire, "Une histoire d'amour des Clowns noirs Roméo et Juliette de William Shakespeare" tient un feu nourri de sarcasmes, de moqueries. Les pirouettes verbales, aussi nombreuses que les pirouettes physiques, lancent des traits terriblement efficaces à l'égard d'une politique culturelle qui n'inquiète pas seulement nos amis comédiens.

Leur parodie de l'oraison "subventionnons la culture" en guise d'ora pro nobis en est un bel exemple. Ne mentionnons que cette allusion: "Pour les parents qui ont des enfants artistes, subventionnons la culture", allusion rapide au coût exigé pour pallier à l'absence de cette formation dans nos écoles.

Avant de s'attaquer aux autres, les clowns s'attaquent d'abord à eux-mêmes. Ainsi, dès le début, recréant l'ambiance d'un salon mortuaire, ils font l'éloge funèbre de l'un d'eux disant: "Trac, le fait que l'on ne retrouve pas ton corps prouve ton manque de présence sur scène."

L'autodérision amuse le public qui réagit à tout. L'efficacité de leurs traits, même les plus vitrioliques, trouvent certainement écho parmi les spectateurs qui, fait rare en pleine représentation théâtrale, applaudissent à de nombreuses répliques.

Exaspérés par la brigade anti-culture, les Clowns noirs font flèche de tout bois: la culture touristique plutôt que la culture artistique, la pauvreté des artistes nourrissant le préjugé qu'ils ne créent qu'avec leurs tripes, l'augmentation des frais de scolarité comme moyen de développer la surdité et l'aveuglement de la masse, la fermeture des régions dont l'esprit rebelle dérange l'orchestration du nivellement culturel des métropoles.

Parmi les blessures éprouvées par ces comédiens, il y a la destruction de la maison patrimoniale de la rue Racine "pour faire une tour qui fera de l'ombre... ajoutant plus loin, ...car mépriser les gens de haut c'est mieux."

Le rythme

Le spectacle se déroule par tableaux successifs. Pas toujours facile de préserver le tempo avec intensité, malgré le rythme rapide entre les changements de scène. C'est le seul et très anodin point faible de cette performance le soir de première. Rien qui nous empêche de savourer les nombreuses perles lancées avec générosité: "Est-ce que vous savez chanter par hasard?", demande le distributeur de chèque. "Je ne chante pas par hasard mais par passion."

La passion est le mot clé de cette troupe de théâtre. Ils faut les voir absolument. Il n'y a qu'eux pour donner de l'élégance au vol d'un vautour, une de leurs nombreuses trouvailles hilarantes.

© 2007 Le Quotidien. Tous droits réservés.


mercredi 15 août 2007

Marguerite

La mort est surprenante. Elle m’a laissé en vie.

Depuis cette année 2002 où j’ai refusé de franchir le pas fatidique, elle n’a cessé de faucher mes êtres aimés. Mère, père, belle-mère, tantes, amis, amies. Aujourd’hui, 15 août, l’alerte souvenir clignote, comme un glas, soulignant le souvenir du grand départ de Marguerite. C’était le 15 août 2004.

Une semaine plus tôt, elle était en barque sur une eau calme. Près d’elle, un poète lisait ses plus récents textes. Nous devions nous voir le 16 août. Elle est morte au cours de la nuit du 15 au 16.

Quand le téléphone a sonné tôt le matin, j’ai pensé : c’est Marguerite. Sa fille avait demandé que l’on me prévienne tout de suite, avant que je n’ouvre la radio où l’on parlerait inévitablement du décès de cette femme d’exception, Marguerite Bergeron-Tremblay d’Alma, grande militante pour Match international.

Elle luttait contre un cancer depuis des mois et ne m’en avait jamais parlé. Dans le petit mot laissé à mon intention, elle avait écrit: «Ma Christiane, tu me taquinais sur l’efficacité de mon régime amaigrissant. Je ne t’ai rien dit de la gravité de mon cancer parce que tu étais la seule à me parler d’avenir. Près de toi, je me sentais vivante.»

Elle avait 86 ans.

Quand je l’ai connue, en 1966, je vendais des toiles dans la ruelle des artistes d’Alma... pour survivre et payer mes études. Marguerite venait tous les jours regarder les peintures. Et moi, naïve, je voyais en elle une cliente qui prenait son temps pour choisir une œuvre importante. Cet espoir m’incitait à revenir chaque lendemain, réinvestissant pleine d’espoir le 3$ de l’unique aquarelle que je vendais journellement. Un jour, quelqu’un d’autre a fait l’achat tant souhaité, m’assurant de quoi survivre plusieurs semaines... et Marguerite est restée dans ma vie, de quoi vivre l’amitié toute une vie.

C’est le 15 août 2007.

Je porte à ma mémoire une inoubliable Marguerite.

mercredi 8 août 2007

Inspirant Insolita

Art Édito
Progrès-Dimanche, 5 août 2007


Que serait notre monde sans les artistes ? Aux images troublantes de la haine exprimée d’une nation à l’égard d’une autre, que déversent implacables nos télédiffuseurs et nos journaux, s’oppose avec force la beauté de milliers de personnes, le regard rivé sur la scène. Cela se passe à Chicoutimi, à Jonquière, à La Baie et ailleurs. La musique du monde, les rythmes de toutes les cultures, les voix de notre pays, rassemblent les foules, jour après jour, dans une ambiance festive, exaltée, exaltante. Ne me demandez pas de renoncer à cette foi indéfectible en l’humain, alors que je le sais capable de toutes les beautés.

« Insolita », le spectacle d’ouverture du Festival international des Rythmes du monde, mercredi soir dernier, n’avait qu’un défaut. Il nous sembla trop court et la scène trop petite pour une telle énergie. Envoûtement! Il n’y a pas d’autre mot pour dire l’effet hypnotique de ces rythmes de toutes les sources, de tous les âges. Une musique intemporelle, primale et pourtant actuelle. Elle transcendait tous les rythmes du monde, si bien que là où l’oreille croyait reconnaître un son en surgissait un autre à l’accent nouveau. Étonnant Robert Dethier!

Observer la foule agglutinée jusqu’au bord de la scène Bell était source de plaisir. Des gens de tous âges, beaucoup d’enfants portés par leurs parents, visages tendus vers la musique, unis dans un même frisson. Regrettant, à la toute fin, ne pas avoir le pouvoir que cela ne finisse pas. La magie d’une rencontre, de l’émotion partagée. Un chant de ralliement étouffant les cris des guerres.

Furtivement, s’insinue dans ma tête la sombre pensée qu’il existe en certain lieu de la planète une force politique et religieuse qui interdit la musique. Un interdit maintenu socialement et que transgresse, au péril de leur vie, le trio Burqa Band formé en 2002 par Nargiz, jeune afghane de 20 ans.

La mi-saison

Lorsque le soleil est au rendez-vous les spectacles gratuits présentés lors des festivals attirent des milliers de personnes. Un succès dont il faut se réjouir. La réalité est plus difficile pour ceux qui persistent à inviter le public à découvrir leurs créations. À la mi-saison, comment s’en tirent les théâtres d’été et autres producteurs de spectacles en salle, compte tenu des emplois créés et du prix d’entrée?

À l’analyse de l’enquête, effectuée par notre journaliste Anne-Marie Gravel, il appert que la partie est inégale entre les spectacles gratuits et les productions en salles. Ecce Mundo fait bonne figure. Il faut dire qu’il se hisse au second rang des spectacles majeurs de la région par la constance de la très grande qualité de cette production. Son caractère universel n’y est pas étranger. La danse est, comme la musique, le langage accessible par excellence. Production essentiellement régionale, tremplin de jeunes professionnels de la danse, petite entreprise générant des emplois culturels appréciables et formateurs, produit touristique autant qu’artistique, on peut se demander si Ecce Mundo reçoit sa juste part des subventions accordées par les conseils des arts fédéral et provincial.

La nouvelle production de Québec Issime, « ExpressIo » n’a pas obtenu l’impact de leur premier exploit, « De Céline Dion à la Bolduc ». La deuxième édition aura été victime d’une défection majeure. La perte de Michaël Girard, parti pour une carrière solo, aura été ressentie dans certaines scènes, initialement les plus fortes (je pense au duo Leblanc-Girard dans je voudrais voir New York et J’irai voir la mer remarquable en 2006). On se demande pourquoi Québec issime n’a pas fait appel à un de ses chanteurs plutôt qu’une greffe risquée avec un produit de Star Académie quand on sait qu’elle extraordinaire école de formation cette troupe a su être pour ses membres. Le défi sera de taille l’an prochain, alors qu’on songe à un nouvelle saison dans un contexte nouveau où Jonquière en musique et le Théâtre du Saguenay étendent leurs ramifications jusqu’au Carré Davis, voisin du Théâtre Palace.

Encore plus audacieux est le défi relevé par les gens de théâtre. Les théâtres d’été sont nés d’un vide à combler dans les années 1970, alors que de juin à septembre la vie artistique faisait relâche. Les festivals ont pris de l’ampleur en se multipliant. Qui sait? Pour contrer leurs moyens modestes peut-être faudra-t-il songer à un festival de nos troupes de théâtre où gens du lac et du fjord excellent.



Ce texte a été publié le 5 août 2007
dans le Progrès-Dimanche
http://www.cyberpresse.ca/apps/pbcs.dll/section?Category=CPQUOTIDIEN

dimanche 5 août 2007

La critique

« La critique est aisée, et l’art est difficile. » écrivit Philippe Néricault Destouches dans Les Glorieux. Pas tellement convaincue de cela...

J’ai été, un soir passé, l’otage consentante d’un artiste, la palette remplie des verts d’une certaine Afrique. Vernissage privé d’une trentaine de toiles, réalisées là-bas. Chacune était la copie de l’autre, clones involontaires qu’il était dangereux de dénoncer. L’insistance était si grande pour savoir ce que j’en pensais qu’il me semblait impossible de me soustraire à la critique demandée. J’ai fait silence du regard. Les mots étaient inutiles. Plus de trois mois de travail réduit au silence!

Il ressemblait à un duelliste surpris par un coup d’estoc.

Il a allumé un feu dans l’âtre de son atelier. Y a déposé une première peinture.

- Et maintenant, tu dis quoi ?

- Que si tu les brûles un à un, on a le temps d’ouvrir une bouteille de rouge.


Quelques verres et longs échanges sur les peintres incompris plus tard, il m’a dit:

- Le plus difficile c’est de savoir que tu as raison....

- ....

- Pourquoi, pourquoi les autres autour de moi, pourquoi tous ont-ils dit qu’ils les aimaient?

- Parce qu’ils t’aiment toi.

- Et pourquoi toi, es-tu la seule à penser que ces toiles sont bonnes à brûler?

- Je ne suis pas la seule. Tu le penses aussi puisque tu les brûles.

- Et tu ne m’aimes pas non plus...

- ....


Se taire est parfois éloquence.