dimanche 30 décembre 2007

Je souhaite...




Progrès-dimanche
Arts Édito, dimanche 30 décembre 2007, p. 22


Une année se termine...
Trop tard pour les regrets!

Laforge, Christiane

Une toute nouvelle année commence. Moment idéal pour rêver.

Les fées sont à l'écoute maintenant que le Père Noël a terminé sa distribution de cadeaux. C'est le temps des vœux et mes souhaits sont multiples.

Langue française

Je souhaite que les rédacteurs des sous-titres de nos télédiffuseurs puissent terminer leurs études secondaires afin de maîtriser les accords de verbes.

Je souhaite aux téléspectateurs des télédiffuseurs soucieux de se procurer des logiciels de traduction conçus par des professionnels assistés de linguistes pour éviter la confusion des genres et... par ricochet... du sens.

Je souhaite qu'Anne-Marie Withenshaw, bachelière en Arts et Sciences, détentrice d'une majeure en Communication et une mineure en Musique de l'Université Concordia, puisse décrocher une bourse d'étude chez Berlitz pour apprendre la langue française. Cela, afin de nous épargner cette phrase tordue : "Parce que toi tu dormes pas tu décides qu'on dorme tous pas." (sic), entendue le 26 novembre dernier, lors d'une rediffusion de l'émission Flash enregistrée à Paris, alors que l'animatrice vedette interrogeait l'infatigable Grégory Charles.

Je souhaite que les rédacteurs des communiqués de presse des Centres d'artistes autogérés découvrent les vertus de la simplicité volontaire pour donner à leurs lecteurs le temps de terminer leur bac, afin de comprendre, dès la première lecture, ce que veut dire: "orienté sur l'adéquation des dimensions à la fois sociales et spatiales, attachées au lieu, à l'habitat, aux territoires urbains et ruraux, à l'intime et au public, qui se consacre ainsi à l'exploration et à la diffusion d'un large spectre de pratiques artistiques hybrides en art visuel actuel."

Je souhaite à nos enfants d'avoir le choix d'écouter des émissions de radio et de télévision d'expression française. La nouvelle génération d'animateurs des postes les plus écoutés par les jeunes massacrent odieusement cette langue pourtant si riche et que la nation québécoise revendique comme symbole de son identité.

Les artistes

Je souhaite à nos écrivains de nombreux lecteurs parmi les étudiants qui trouveront leurs livres miraculeusement inscrits au programme scolaire.

Je souhaite aux élèves du primaire et du secondaire de nombreuses sorties culturelles, mais plus encore le temps d'écouter et de faire de la musique, de lire et d'entendre de la poésie, de voir et d'apprendre la peinture. Musique, poésie, théâtre, danse, peinture sont des portes ouvertes sur les cultures du monde, assurant une meilleure compréhension des différentes ethnies et de leur beauté.

Je souhaite à nos politiciens de vivre une année avec le revenu annuel de la majorité des créateurs en art.

Le temps

Je souhaite des journées de 36 heures, des mois de 28 jours, des années de 13 mois.

Je souhaite habiter le Saguenay-Lac-Saint-Jean pour, une autre année, vibrer encore à tous les moments inoubliables que je dois à ces artistes qui habitent mon temps et, semaine après semaine, font danser mes doigts sur les claviers d'ordinateurs dont la mémoire s'épuise à sauvegarder tant de mots.

Je souhaite, à vous lecteurs, santé, bonheur, amitié.

Catégorie : Actualités
Sujet(s) uniforme(s) : Littérature et livres; Langue et questions linguistiques; Arts visuels
Taille : Moyen, 372 mots
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mardi 25 décembre 2007

Joyeux Noël

MAISON LUMINEUSE


Hier j'ai écris à mes amis, ces mots qui transforment la Maison heureuse en Maison lumineuse.


À chacun de vous,

Voici le rendez-vous annuel des pensées chaudes au seuil de l’hiver. Le temps de dire Joyeux Noël, dans son esprit le plus païen et le plus épicurien pour dépasser toutes les frontières hormis celle du désir de dire : je pense à toi et mon arbre scintille de chaque ampoule allumée au nom d’une personne qui m’est importante.

Voici le rendez-vous annuel de l’espoir de vivre une prochaine année sans adieu mais beaucoup de «revoirs».

mardi 18 décembre 2007

Nostalgie de Noël

L'art édito publié le 2 décembre dernier dans le Progrès-Dimanche évoquait ma nostalgie de Noël devant le vide laissé par ceux qui ont franchi l'ultime frontière. Aux noms cités dans ce texte, je veux ajouter, ce soir 18 décembre 2007, celui d'une femme exceptionnelle : Pierrette Gaudreault, fondatrice de l'Institut des arts au Saguenay.

Nostalgie de Noël


«Dis, quand reviendras-tu, dis, au moins le sais-tu que tout le temps qui passe ne se rattrape guère, que tout le temps perdu ne se rattrape plus» chante Barbara sur toutes les ondes captées cette semaine. Sa voix ne s’est pas éteinte avec sa mort survenue brutalement il y a dix ans. Chacun a fait l’aveux d’une peine qu’amplifie inévitablement le souvenir avivé par la date triste de l’ anniversaire de l’ultime départ.

Il y a Barbara...

Et les autres. Les nôtres. Dans le monde des arts, chaque semaine est une moisson de souvenirs. Les rencontres avec les chanteurs, les peintres, les comédiens de tous âges nous font vivre leur enthousiasme, leur passion, leur espoir et quelques fois leur déception. Ils sont plusieurs, au fil des dimanches et autres jours à inspirer nos doigts sur le clavier. Plus nombreux, hélas, sont ceux dont on ne parlera pas. Ceux dont on ne lira plus leurs rêves.

On ne s’y habitue pas, on a seulement la science du deuil et la pudeur de ne rien dire quand la pensée frémit à la douleur de ces blessures jamais refermées. La fébrilité qu’engendre la célébration des fêtes me semble un rendez-vous avec la nostalgie. On dirait que les absences s’accrochent aux branches de l’arbre de Noël. Larmes mentales dont le reflet éclaire les présences pour mieux dire aux vivants: «Le temps qui passe ne se rattrape guère» ou encore, comme Gilbert Langevin: «[...] au plus faible murmure, dans l'éclos dans l'ultime, voilà pourquoi je vénère ton nom comme on respire, sans savoir s'il s'agit tout à l'heure de mourir ou de vivre autrement sur un autre versant....".

Les nôtres

Et si nous accrochions ensemble quelques noms à l’arbre de nos pensées, me suis-je dit ce matin? Un instant donné à la mémoire de ce qu’ils ont été dans ce milieu artistique. Au risque d’en oublier. osant prendre la mémoire en défaut, convaincue que chacun y ajoutera le nom des siens.

J’ai souvenir de Roch Laroche (2006), directeur musical du Chœur Amadeus, de Lucien Ruelland (1999), ténor de carrière et baryton-basse de voix, de Jean-Alain Tremblay ( 2005) auteur de «La Nuit des perséïdes», de Gilbert Langevin (1995), grand poète québécois, de Jean-Paul Desbiens (2006) l’incommodant Frère Untel, des peintres Léo Paul Tremblé (1995), René Bergeron (1971), Arthur Villeneuve (1990), Hugh John Barret (2005), de la Dame des arts Pierrette Gaudreault (2007) qui en ouvrant la porte de sa demeure nous a ouvert un monde de culture.

Une pensée toute spéciale au peintre Jean-Paul Lapointe, décédé le 14 janvier dernier, le temps de dire que la Bibliothèque publique de Chicoutimi présente une exposition rétrospective de ses œuvres.

Les vôtres

Au moment de l’écriture, il y a certainement des oublis. J’en appelle à l’indulgence pour l’émotion ressentie à l’évocation de ces artistes qui, en différentes époques, ont été des hommes phares dans ma carrière. Il y aura d’autres temps pour la mémoire. Il serait dommage de ne pas nous les rappeler.

Parmi les disparus, impossible de ne pas évoquer le plus cher à mon cœur de fille, le peintre Jean Laforge (2006). En cette période, le vide semble plus profond. «La fébrilité qu’engendre la préparation de la célébration des Fêtes accentue l’absence» confirment les familles en deuil que je croise au hasard de ces derniers jours. D’en parler, avec quelqu’un qui sait, apaise et nous conforte dans cet élan qui nous pousse à ne plus rien laisser se perdre de la présence des vivants.

«Je ferai de nous deux mes plus beaux souvenirs, je reprendrai la route, le monde m'émerveille. J'irai me réchauffer à un autre soleil.» Ainsi chante Barbara, dans un superbe relevé de tête vers la vie qui continue.

Dans l’arbre de ce Noël, où s’est accroché un peu de nostalgie, scintille le reflet de toutes les promesses: de nombreux spectacles en perspectives, des voix à entendre, des comédiens à admirer, des toiles à regarder, des livres à lire. Ils sont présents, ils sont là près de nous, bien vivants. C’est le temps ou jamais de prendre rendez-vous avec eux.

dimanche 2 décembre 2007

Les murs chantent




Doux décembre!

La maison heureuse se pare pour les fêtes. Élika fait des AhAAAAA rieurs avec son Papili. Andrée-Anne termine la décoration de mon sapin de Noël que je voulais aussi beau que le sien. Ariel fixe les guirlandes lumineuses. Les murs chantent au rythme des voix de Claire Pelletier, Gino Quilico, Marie-Michèle Desrosiers, Marie-Denise Pelletier et Mario Pelchat. Je regarde et j’écoute cet instant heureux.

Je suis enchantée!

vendredi 23 novembre 2007

Paradoxe

Je suis régie par une charte des droits qui déclare que nous sommes tous égaux .

Je suis régie par une charte des droits qui autorise les religions à enseigner le contraire.

mercredi 21 novembre 2007

La question se pose

Parmi mes courriels, ce mercredi 21 novembre 2007, cette question de Micheline Carrier, éditrice du site Sisyphe :

Est-ce de l'islamophobie de critiquer l'intégrisme islamiste?

Bonne question!


«[...] Jusqu’ici, il se dégage des audiences de la Commission et des mémoires qu’elle a reçus une ferme volonté de préserver la primauté de la langue française, la laïcité des institutions et l’égalité hommes-femmes de l’influence des religions. Faut-il s’en étonner quand on sait que l’histoire du Québec a été marquée par une forte emprise des autorités catholiques sur les pouvoirs civils et l’ensemble de la société ? Le principe de l’égalité hommes-femmes fait l’objet des plus fermes interventions. Là encore, rien d’étonnant si on se rappelle que les intégristes religieux s’attaquent en premier lieu à la liberté des femmes. Aucune religion ne reconnaît dans les faits l’égalité hommes-femmes, certaines la combattent activement et persécutent même les femmes qui luttent pour leurs droits.

Devant le sort réservé à des femmes de pays où la religion sert d’alibi à toutes les violations et à toutes les violences (5), la crainte que de pareils intégristes puissent être tolérés au Québec me paraît légitime. Faut-il rappeler qu’en dépit des lois québécoises et canadiennes, il existe chez nous des adolescentes forcées à se marier, des filles excisées, des hommes polygames, des femmes incitées à afficher des symboles de soumission, et il y a eu au moins un « crime d’honneur » dans l’Ouest du Canada. La France nous donne aussi l’exemple de meurtres par lapidation et autres crimes commis au nom de l’islam contre des femmes, par des hommes de leur famille ou des amis.»

Texte complet :
http://sisyphe.org/article.php3?id_article=2798

mardi 20 novembre 2007

Julie Boulet



Ce n’est pas moi, c’est l’autre!

Hummm!? Julie Boulet dormait pendant que son chauffeur fautait. Soit!

La désinvolture avec laquelle la ministre s’est empressé d’accuser son chauffeur, se dotant elle-même d’un alibi dormant, avec les conséquences que l’on sait pour cet employé de l’État, me laisse un goût amer.

Madame ne prêche pas par noblesse du cœur. Plutôt que d’être solidaire d’une délinquance «exceptionnelle ??», son chauffeur n’ayant sans doute (!!!) jamais dépassé (???) les limites permises avant ce jour fatidique, et assumer sa part de responsabilité, pour cause de «tolérance ministérielle», Julie Boulet s’est réfugiée derrière le conducteur.
«Ce n’est pas moi c’est l’autre».

Quel manque d’élégance!!

lundi 12 novembre 2007

Salon des Métiers d'art


Progrès-dimanche
Arts Édito, dimanche 11 novembre 2007, p. 40


L'occasion de valoriser le travail des artisans

Laforge, Christiane

Le Salon des Métiers d'art est le moment propice pour de nombreux artisans de la région de faire valoir leur travail. L'artisan existe depuis des milliers d'années, précédant de loin la machine. Ce qui est réjouissant, ce 11 novembre 2007, jour de tous les souvenirs, c'est de constater que le talent de l'humain s'incarne encore et toujours dans l'objet qu'il fabrique. La matière prend forme par la pensée et par les mains.

Ils sont des travailleurs autonomes, des créateurs, des artistes pour qui l'objet a une âme. Poètes de la matière, ils investissent une part de leur humanité dans la chose fabriquée manuellement. Le Salon des Métiers d'art a bien raison de dérouler le tapis rouge pour ces artistes de la première heure. Quelques jours de gloire pour d'innombrables heures de travail.

Marraine de l'évènement pour une dixième année, Marie-Lise Pilote exprime bien la pertinence de souligner la présence de ces travailleurs artistes. Propos que rapportait notre journaliste Anne-Marie Gravel dans Le Quotidien de mercredi : "J'aime les créateurs et ceux qui font partie de la catégorie des artisans ne sont pas toujours appréciés à leur juste valeur. C'est difficile pour eux de se vendre et de vendre leurs œuvres. Ils peuvent créer mais ils ne sont pas nécessairement à l'aise pour communiquer."

Dans le cadre d'un Salon des Métiers d'art, la parole est à l'objet. Il témoigne du talent, de l'originalité et de la tradition. Reflet d'une culture, d'une époque, il identifie l'origine par le matériau choisi et suggère la destination par le client qui l'acquiert. L'objet de l'artisan est unique, cela ajoute à sa valeur qui n'est pas seulement monétaire.

Des artisans solitaires

Sur le tapis rouge, les artisans demeurent bien solitaires. Leur travail est loin d'occuper la place qui lui est due sous les feux de la rampe et dans les préoccupations des subventionneurs. Le modeste dépliant de la Corporation des Métiers d'art et l'absence d'un site internet en disent long sur leurs moyens financiers, malgré une contribution de la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC) et le soutien technique et financier de la ville de Saguenay.

À l'ère d'une conscience en éveil sur l'urgence de préserver l'environnement, les artisans méritent les lauriers de la persévérance et de la survivance. Ne sont-ils pas les défenseurs indéfectibles du développement durable, de l'objet qui s'ajoute au patrimoine culturel par sa nature artistique plutôt que de figurer parmi les jetables qui polluent nos terres. Ce n'est pas de l'or, de la fibre, de la terre ou du bois que les artisans nous proposent, mais un savoir-faire, une valeur ajoutée insufflant à l'objet matériel le sens noble du travail artistique au service de l'utile.

L'incarnation du savoir-vivre humain

Comment mieux dire que le céramiste Luc Archambault, récipiendaire du Prix Jean-Marie-Gauvreau en janvier dernier, quand il déclare : "Les praticiens en métiers d'art sont l'incarnation fragile et vivante d'un savoir-vivre humain en voie de disparition. Il est de toute première instance que cela soit et perdure.

Dans un monde nucléarisé, compartimenté, sur-spécialisé, savoir encore fabriquer un objet matériel ou abstrait, de bout en bout, de la matière terre à la théière, du lingot d'or au bijou, de la fibre végétale ou animale au textile ou au vêtement est aujourd'hui, unique, exceptionnel. Ce savoir-là ne doit pas se perdre. Il se perdra à force si l'on n'y prend garde. Il existe encore parce qu'une poignée de fous y voient leur bonheur, mais cela ne peut durer si l'avenir est bouché..."

Le combat mené par les artisans est inégal dans un monde où le déséquilibre fait loi dans nos médias entre les différentes disciplines artistiques. Un prix donné en arts visuels (idem pour les livres) n'a jamais l'attention télévisuelle de la chanson, du théâtre, du cinéma, de la télévision ou du rire. Une discrétion qui s'ajoute à celle de nos élus à l'inauguration du Salon des Métiers d'art.

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Doc. : news·20071111·PD·0016








samedi 3 novembre 2007

La Guerre des Têtes Heureuses


Guerre : Jean Proulx et Marie Villeneuve
© photo Sylvain Dufour-Le Quotidien

Intense et douloureuse! La nouvelle production des Têtes Heureuses est un véritable moment d’exception. Si riche soit le texte de Lars Norén, il ne peut atteindre cette force sans la puissance du jeu des cinq comédiens.

La première, hier soir, au Petit théâtre du pavillon des arts de l’UQAC, s’est jouée devant un public qui, pendant deux heures, a retenu son souffle, subjugué. Ils n’étaient pas nombreux à ce rendez-vous, à peine 14 spectateurs. Et pourtant, pendant deux heures, chacun a oublié les fauteuils vides tant la scène était tonitruante, même dans les silences.

Guerre

Quelque part dans le temps suspendu à l’absence d’un avenir, quelque part dans un lieu dévasté par la guerre, des rescapés s’affrontent. Une femme, deux très jeunes filles, deux hommes, sur une scène qui divise en deux la salle, comme un fleuve coulant inexorablement d’un point à un autre.

Convaincues de la mort du père, du mari, les trois femmes survivent presque malgré elles. La guerre les a rejoint dans leur chair dévastée, humiliée, affamée. La mère s’accroche à la présence d’Ivan, le frère
qui a échappé au combat en simulant une maladie. La grande sœur pourvoie aux impératifs de la survie en vendant son corps aux envahisseurs. La cadette simule l’enfance pour mieux croire à ses propres chimères. Tout n’est qu’apparence. Un mensonge collectif qu’il faut être aveugle pour en révéler toute la noirceur. Ce que fait le père, surgissant de la tombe imaginaire où chacun l’avait enfoui. Un père aveugle qui revendique sa place, ses droits et sa part d’illusion.

C’est une autre guerre qui commence.

Les interprètes

Étonnante et superbe Marie Villeneuve, dans le rôle de la fillette. Un jeu parfaitement maîtrisé. Un visage éloquent. Elle brûle les planches par sa seule présence. Mais tout aussi remarquable est le jeu de Jean Proulx, ce père rejeté, incompris et incapable de comprendre. Il rend avec mesure l’intensité croissante de sa frustration. Haïssable dans cette injuste colère à l’aveu de sa femme violée. «Si tu avais eu de l’honneur tu te serais donné la mort avant que je rentre.... Tu es une merde.» Méprisable dans sa lubricité à l’idée de sa grande fille devenue femme. Et si pathétique dans cette aveuglement, plus du cœur que des yeux, qui l’isole de toute humanité.

Johanna Lochon campe une Beenina émouvante, forte et faible à la fois, vibrante et si fragile. Sara Moisan est déroutante. Ce rôle difficile de la femme écrasée qui s’entête à relever la tête, à vouloir aimer, à protéger et à tuer parce qu’elle veut vivre malgré la mort . Elle réussi avec brio à maintenir l’équilibre impossible des extrêmes.

Le jeu de Jonathan Boies n’atteint pas la force des autres. Créer Ivan n’est pas simple. Là où les autres arborent des couleurs vives (au figuré) son personnage est une somme de demi-tons. Un lâche et un tendre, un faible et un gourmand, une pièce détachée en déroute qui impose sans doute un jeu plus retenu. Qu’il retient peut-être trop. C’est à lui qu’il revient pourtant de décrire l’indescriptible: «On a vécu si longtemps dans le noir qu’on n’arrive pas à voir la lumière. On ne savait pas si on était vivant ou si on était mort. Alors on peut faire des choses qu’on ne se serait pas cru capables de faire.»

«Guerre» est un théâtre d’acteurs. La démonstration des Têtes Heureuses est d’autant plus éloquente que ses interprètes expriment des émotions sans avoir expérimenté la source de ces blessures racontées par Lars Norén. Oui, un moment d’exception... une fois de plus!


Publié dans Le Quotidien
du 2 novembre 2007

lundi 29 octobre 2007

Des nouvelles de Jean-François Lapointe


Tout se confond.

Premiers flocons de neige sur le Fjord Saguenay .

Désertion des oiseaux. Vent froid.

Lettres sur la semaine de l’amitié.

Téléphone de Jean-François Lapointe.

Élika pas vue depuis deux jours afin de ne pas lui transmettre un virus grippal qui transforme la Maison heureuse en infirmerie.


Je retiens l’appel de notre célèbre baryton qui m’annonce la sortie, le 16 octobre dernier, de Chausson - Duparc: Poème de l'amour et de la mer, son second album sous étiquette Analekta. Que de discrétion dans nos journaux à ce sujet. Premier Québécois de l’histoire à avoir obtenu le rôle titre à la Scala de Milan, voix dont les médias européens ne cessent de vanter la richesse et dont je cherche en vain sur l’internet de quoi lire concernant d’abord son disque sur Verlaine en hiver dernier, incluant quatre œuvres du compositeur André Mathieu , et maintenant celui de Chausson-Duparc.

Jean-François Lapointe est célèbre. Talentueux. Encensé par la critique. Et il s’excuse de me «déranger» un dimanche, jour présumé de congé journalistique, car il doit quitter dès mardi pour Bruxelles où il va chanter l’opéra Werther de Massennet, version baryton. Il a hésité à me téléphoner...

Jean-François Lapointe est un de ces artistes que j’ai eu le privilège de découvrir à ses débuts. L’inoubliable et magnifique entrée en moto sur la scène de l’auditorium Dufour de Chicoutimi dans «Orphée aux enfers». L’impayable mousquetaire ivre de «mousquetaires au couvent» de l’opérette du même nom, et l’acharné directeur artistique de la Société d’art lyrique du royaume qui a réussi à lui obtenir ses titres de noblesses d'organisme culturel subventionné. Mais, c’est un bonheur que de lui parler... et un honneur aussi.

Jean-François Lapointe est un de ses artistes qui donne tout son sens à ma carrière de journaliste et critique d’art. J’aime les artistes. J’aime leur passion. Leur force créative et cet héritage qu’il nous lègue sans vraiment en mesurer toute la richesse. Les plus modestes sont souvent les plus grands.

Je vais aller quérir ses deux albums et préparer mes doigts à danser sur le clavier tout ce qu’il va m’inspirer et que je partagerai avec les lecteur de mon journal cette semaine où dimanche-repos s’est transformé, sous la voix d’un artiste, en dimanche vibrant d’enthousiasme.

Maintenant, le vent, la neige, la grippe... ne font qu’attiser la flamme. Tout est chaleur!

mercredi 17 octobre 2007

L’accordéon de Figaro

L'Ensemble Bouffon : Marie-Claude Simard et Clément Tremblay
© Photo Jeannot Lévesque




Clément a troqué son fusil de chasse contre un accordéon. Le cerf d’Amérique en brame de joie.

Chaque fois que je franchis la porte de la petite maison orange de la rue Saint-Pierre, maison centenaire qui ne mourra pas sous le pic des démolisseurs de Chicoutimi, j’éprouve l’intense curiosité d’un enfant devant le cadeau à ouvrir. Car, pas une fois, je n’ai quitté cette maison le cœur vide. Hier, le coffre au trésor contenait cette nouvelle tellement symbolique de l’âme de ce musicien : «Mon voisin voulait se défaire de son accordéon. Je l’ai échangé contre mon fusil de chasse», m’a-t-il annoncé tout content.

Que je vous dise. Clément est mon coiffeur. Rien à voir avec le Figaro de Mozart. Même si, avec sa complice Marie-Claude, il transforme parfois la scène en champ de bataille conjugal. Un numéro comique tiré du spectacle que présente L’Ensemble Bouffon.

J’ai connu Clément dans les coulisses des Grands Revenants. Il était le coiffeur-maquilleur attitré de la troupe amateure du Carnaval Souvenir de Chicoutimi. J’y tenais le rôle de Mademoiselle Léontine, institutrice collet monté, précuseur du mouvement féministe, fiancée à l’illustre Joseph-Dominique Guay, fondateur du journal Le Progrès du Saguenay. Déjà en ce temps-là, tandis que Clément jouait du peigne et du crayon, il parlait d’abondance de musique. Le bonheur!

Pas étonnant que la conversation se continue depuis bientôt 20 ans!

Clément est subtil. Je crois qu’il me coiffe... alors qu’il me pare. Au-delà de la mise-en-plis savante il sème des musiques. Celles qu’il me fait entendre et souvent découvrir. Celle qu’il joue à la guitare, accompagnant Marie-Claude, sa violoniste, dont il ne cesse de vanter, avec raison, le talent créateur.

Hier, Clément se disait millionnaire. Riche de toutes ces musiques que le duo traque depuis un an parmi les familles de la région, en quête de notre patrimoine de chansons traditionnelles. Riche des souvenirs anticipés des spectacles que l’Ensemble Bouffon va donner ici et ailleurs et riche de l'ivresse d’un prochain album.

Je l’écoutais, ravie de sa richesse, la tête pleine de sourires à la seule idée de ce fusil transformé en accordéon. Nul doute : le son sera plus beau.

lundi 15 octobre 2007

L'essentiel

Les Journées de la culture sont à l’automne ce que les volées d’outardes sont à nos printemps : un signe d’espoir. Chaque septembre québécois se termine par trois jours d’activités artistiques gratuites offertes à tout public. Quel est le sens d’un tel évènement ?
La question demeure très actuelle.


Arts Édito
La Culture, vitale pour tous


Plus de soixante organismes culturels, institutions et travailleurs en art du Saguenay-lac-Saint-Jean ont participé à ces journées de «démocratisation» de la culture offrant à tous la possibilité de découvrir les processus de la création, de la production et de la diffusion culturelle. La notion de gratuité est essentielle à la pertinence d’une telle activité qui vise à promouvoir l’accès pour tous à l’expression artistique de notre société.

L’accès. Voilà bien le mot à mettre en évidence parce qu’il est est porteur d’une vérité trop souvent occultée: l’accès aux activités culturelles est indispensable à une société comme l’eau peut l’être à la vie même de notre monde.

Les activités culturelles ont un impact économique réel qui ne devrait pas être remis en question. Pourtant, il est utopique de croire que les artistes et organismes culturels ne seront pas sans cesse contraints de justifier leur raison d’être et d’agir tant que nous ne cesseront pas de les percevoir comme produits et services. Nous avons érigé une société de consommation où le profit matériel cautionne la valeur bien plus que l’esprit. Le pouvoir appartient à ceux qui contrôlent tout ce qui régit notre société, incluant l’air que nous respirons, l’eau que nous buvons, la terre que nous cultivons, jusqu’aux idées nourrissant notre pensée collective via tous les moyens de communications existants.

Par action ou par inaction, par la parole ou le silence nous sommes ce que nous avons choisi. Les Journées de la culture nous incitent à mieux saisir la perspective de notre réalité spirituelle. Laquelle est aussi essentielle à notre développement que l’eau à la vie même.

L’histoire humaine s’inscrit dans nos gènes à travers tout ce qui a été vécu par nos ancêtres. Héritage dont la connaissance est transmise à travers l’expression des cultures successives. L’art des sons, l’art des formes et des couleurs, le langage magnifié par les poètes, le théâtre et la littérature, témoignent de tous nos âges. Passé, présent et futur se révèlent, s’affirment et se développent à travers la pensée exprimée. Imaginons l’effacement total de toutes les traces de notre culture. Le mot réduit à l’unique fonction pratique. Avance, marche, mange, dort, travaille. Pas de musique. Pas d’autres images que la limite de ce que nos yeux voient. Le désert où s’ébat un troupeau éphémère.

L’acculturation d’une société entraîne son isolement, la prive de ses racines et des liens nécessaires à toute évolution. L’enjeu est si grand que les organisateurs des Journées de la culture insistent sur son importance: «Plus que jamais, dans le contexte mondial où la protection de la diversité culturelle devient un enjeu majeur pour le développement des pays, la promotion du droit à la culture pour tous les citoyens apparaît comme une des mesures les plus pertinentes pour conserver, renforcer et stimuler la vie culturelle.»

Si nous ciblons plus spécifiquement le Saguenay-Lac-Saint-Jean dans le contexte culturel québécois nous comprenons encore mieux l’impact culturel sur le devenir social. L’isolement géographique qui aurait pu être réducteur a, au contraire, explosé en ramifications étonnamment riches sous la pression créatrice de nos auteurs, peintres, musiciens, comédiens, danseurs et interprètes. Le rayonnement et la vivacité culturel du Saguenay et du Lac Saint-Jean a franchi toutes les frontières par la qualité et le nombre, par l’originalité et la diversité de nos artistes. Une éclosion qui doit tout à l’appropriation et au développement de notre culture par les nombreuses personnes qui ont consacré leur vie à la formation artistique de nos enfants. Ce choix de société est le facteur déterminant de notre authenticité culturelle.

Cela est d’une évidence telle qu’il serait dangereux d’oublier qu’elle entraîne une responsabilité commune afin d’en assurer la continuité. Et cela signifie prendre conscience que l’on ne s’interroge pas plus sur l’accessibilité de l’eau pour tout citoyen, l’importance des routes pour chaque communautés que sur la pertinence de subvenir au développement culturel de la région. Il ne s’agit pas d’un investissement dont la pertinence se démontre par un profit matériel. Il s’agit d’une source vitale pour tous.


Ce texte a été publié dans le
Progrès-Dimanche le 3 octobre 2004

mardi 9 octobre 2007

Encore



J’ai cru pouvoir m’atteler à des tâches comptables. Je me suis laissée tenter par le soleil et suis partie voir danser ses reflets sur le fjord. Quand je suis revenue, la seule encre sur papier encore capable de me séduire était celle d'un poète, puisant dans ses mots l’écho puissant de ce qui m’anime. Je ne peux mieux dire :

Encore
Regarder le jour qui s’en vient
S’étonner d’un nouveau matin
Poser son pas au creux des bières
En se sentant plein de poussière
Croire qu’il n’est pas déjà trop tard
Pour oser un autre départ
Vouloir percer tous les mystères
Alors que l’on est éphémère

Encore
S’avouer que l’on est ignorant
S'émerveiller comme un enfant
Être capable de colère
Lorsque les autres s’indiffèrent
Et coupable de temps en temps
De se montrer trop indulgent
Vouloir connaître tant de choses
Sans que personne ne s’y oppose

Encore
Pouvoir apprivoiser les mots
En redessiner de nouveaux
Pour se refaire une mémoire
Quand tout n’est plus que provisoire
Et profiter de ces instants
Encore pendant qu’il en est temps

Encore
Se passionner bien plus souvent
pour ne plus perdre un seul instant
Ressentir à nouveau l’ivresse
Comme un aveu, une faiblesse
Ne plus voir les jours qui s’en vont
Aimer jusqu’à la déraison
Avant que tout ne s’évapore
Prendre le temps de vivre encore.


Paroles Jean-Marie Vivier
Extrait de l’album Blessure

samedi 6 octobre 2007

Le temps





Je suis sablier délinquant
Aux minutes innombrables
Qui transgresse le temps






Je suis en vacances.

Pour les deux prochaines semaines, à moi le vol des outardes dans le ciel saguenéen. À moi les feuilles d’or et de sang de nos forêts. À moi les odeurs des marées basses.


À moi le temps.

samedi 29 septembre 2007

La beauté du monde



J’ai pris dans mes bras ma petite Élika, émue par cet abandon paisible dans son sommeil.

Je l’ai longuement regardée dormir.

Je voyais toute la beauté du monde.

D’instinct, j’ai féminisé les mots de cette berceuse que je chantais à mon fils Ariel:

Sous ses paupières palpite un rêve
Où elle chevauche un blanc coursier
Et au sourire qu’elle a aux lèvres
Je la devine avec les fées

Pendant que dort Élika contre moi, je porte l’avenir du monde.

samedi 22 septembre 2007

Déraisonnable Jean Tremblay

Estomaquée par le contenu du mémoire déposé par Jean Tremblay, maire de Saguenay, devant la Commission Bouchard-Taylor, du moins par les extraits que j’ai pu capter à la télévision, je ne parvenais pas à croire que tous les conseillers municipaux de cette ville moderne du XXIe siècle aient pu donner leur aval à un document concocté (pour le prix faramineux de 10 000 $, lit-on dans les journaux) avec si peu de rigueur.

À la demande du coprésident de la Commission, Jean Tremblay a prétendu parler au nom de tous. Ce qui est fermement démenti par plusieurs élus. Comment entériner un mémoire que l’on n’a pas lu ?

Je ne suis pas assujettie à la ville de Saguenay, son maire et ses conseillers, mais je suis tout de même membre de cette communauté saguenéenne dont les conseillers sont choisis par la majorité. Nos élus sont les porte-parole et non les maîtres penseurs des citoyens. C’est insultant de devenir, de facto, les rédacteurs d’un discours réactionnaire en plusieurs points majeurs, truffé d’énoncés contestables et non vérifiés. C’était déjà abusif de déposer un mémoire sans consulter les cosignataires présumés. Le mensonge ajouté est inqualifiable.

Je m’inquiète de la pertinence des décisions présentes et futures adoptées par ce Conseil municipal, sachant que, dans certains dossiers, l’entière population du Saguenay-Lac-Saint-Jean en subit les conséquences.

Au secours!

mardi 18 septembre 2007

Accommodements raisonnables

Je suis pour que s’accommodent raisonnablement tous les résidents du Canada, citoyens ou non, à notre société nord américaine du XXIe siècle. Qu’ils s’accommodent au principe fondamental reconnaissant l’égalité des droits entre hommes et femmes, ajustant leurs comportements visibles ou non à ce fait. Qu’ils s’accommodent à notre liberté de penser, de s’exprimer, de croire et de douter. Qu’ils s’accommodent à la reconnaissance de l’anglais et du français désignées langues officielles de ce pays. Qu’ils s’accommodent aux règles des associations et des entreprises, récréatives ou professionnelles auxquelles ils choisissent librement d’appartenir.

Depuis 50 ans, immigrante par la volonté de mes parents, j’ai été élevée selon le principe qu’il me revenait, à moi, de m’adapter à la société de mon pays d’accueil, de respecter cette population qui m’accordait le privilège de vivre auprès d’elle. Mes parents m’ont appris que j’avais des obligations à l’égard de mon nouveau pays, à commencer par le respect. Que cela signifiait qu’il me fallait m’adapter, m’intégrer et accommoder mon mode de vie de manière à ce qu’il ne heurte pas mais s’harmonise, ajoutant mon héritage culturel au leur et le leur au mien. Cela me permettrait avec dignité et raison de me dire un jour citoyenne canadienne.

Depuis 30 ans, immigrante par ma volonté de rester dans ce pays d’adoption, de le faire mien, d’en prendre la citoyenneté, épousant ainsi son identité et ses valeurs, je transmets à ma descendance la conscience de ses responsabilités à l’égard de leur patrie. Je demande à mon fils de protéger l’avenir de ma petite-fille, qu’elle puisse grandir dans un monde absolument libre, respectueux de la différence, ouvert à la diversité, mais refusant avec force l’obscurantisme religieux.

vendredi 14 septembre 2007

Greenpeace

Les bons mouvements sont-ils à l’abri de la perversion ? Je m’interroge troublée devant le pouvoir grandissant d’une faction comme Greenpeace. L’entreprise est devenue si colossalement riche qu’il lui faut sans cesse augmenter la force de ses coups d’éclats pour stimuler les donations. La tentation est grande de choisir ses cibles de manière à attirer l’attention des médias sans égard à la pertinence de la dénonciation. Et tant pis pour ses victimes.

Dans la foulée, en perdant sa crédibilité par des assertions infondées et une information biaisée, ce leader du mouvement écologique risque fort de nuire à ceux qui se soucient réellement d’éveiller les consciences à l’importance de préserver les beautés de notre planète. Prise en flagrant délit de rapport tronqué, incomplet, manifestement orienté de manière à manipuler l’opinion d’un public crédule, que ce soit dans une seule de ses causes, c’est l’ensemble de son action qui sera mis en doute. Dommage!

Les jeunes idéalistes que Greenpeace utilisent pour aller au front sauront-ils mesurer la portée de leurs gestes ? Savent-ils seulement quel maître ils servent ? Depuis leur guerre ouverte contre les chasseurs de phoques au mépris des faits réels, cette espèce en surpopulation contrairement à leurs prétentions, Greenpeace a perdu ma confiance... et mon adhésion. Mon regret, c’est de constater que je deviens plus méfiante et donc moins généreuse à l’égard d’autres mouvements dont la cause mériterait pourtant mon appui. Le mensonge est corrosif.

lundi 10 septembre 2007

Non à l'intolérable

Tolérante moi ? Pas du tout. Je ne peux tolérer l’intolérable. Et je suis outrée que les dirigeants de mon pays prétendent à la tolérance là où je vois de la lâcheté. Je suis révoltée que l’on se targue de défendre une démocratie, une liberté et une égalité des droits que l’on dénie aux femmes et aux enfants.

Le voile d’une «vertu politique» m’est tout autant odieux que celui dont on couvre les femmes...

On arme nos soldats pour se battre en Irak ou en Afghanistan. Tiens donc... pourquoi pas au Tibet, au Darfour, en Arménie, au Rwanda, en Bosnie ?

L’oppression a plusieurs visages... et plusieurs noms. Pouvoir économique ou pouvoir religieux, l’Histoire de tous les peuples nous a cruellement prouvé qu’il ne sont pas les fleurons de la démocratie.

Si nous croyons que liberté, égalité, démocratie sont le sens de nos valeurs, il est plus que temps d’apprendre à dire NON. Non à l’intolérable.

mardi 4 septembre 2007

Enfin!!!!!!!!!!!!!!













Élika est née.

Maintenant Ariel sait.



La coquine a démontré son importance en mettant notre patience à l’épreuve pendant une semaine. Et, cette nuit, elle a donné à son papa sa première nuit blanche parentale...


... et, je l’avoue, par ricochet, ma première insomnie grand’maternelle.

Le suspense nous a tenus en haleine toute la journée, le cœur battant la chamade à chaque sonnerie du téléphone jusqu’à cet instant... 20h26

Enfin!!!!!!!!

À 19h29, à l’hôpital de Chicoutimi, ce 4 septembre 2007, Élika s’est emparée de ses droits de citoyenne du Saguenay-Lac-Saint-Jean, riche de la mémoire génétique d’un sang belgo-français-américano-québécois.

Joie!!!

Il y a des moments si merveilleux!

samedi 1 septembre 2007

Il Tempo

J’aime être séduite. Conquise par la quête du beau qui anime tant d’artistes. Depuis trente ans que je les traque, chasseresse sans cesse à l’affût de l’exception... quelle joie d’être la proie d’une voix connue que j’ai pourtant l’impression d’entendre pour la première fois.

Cela m’est arrivé cette semaine, alors que Joselito Michaud me faisait parvenir le disque simple de Michaël Girard, chanteur du Saguenay que je suis à la trace depuis une décennie. «Danza Danza», premier extrait de l’album automnal «Il Tempo» qui sortira sous étiquette Minh Thao le 16 octobre prochain, m’a ravie.

Agréablement surprise à la premier écoute, j’ai été émue par sa voix et enchantée par la musique de Claudio Samfilippo. Pour les paroles, je nous souhaite, dans le livret qui accompagnera l’album, une traduction en français de tous les textes puisqu’il s’agit de chansons inédites, écrites en différentes langues, créées pour Michaël.

Une belle mise en oreille que ce premier extrait. Une seule chanson ne suffit pas pour avoir une idée de l'album. Pourtant, je soupçonne que nous allons découvrir la voix de Michaël Girard telle qu'on ne la jamais entendue. Et je me réjouis à la seule pensée que son talent a trouvé une direction artistique qui ait une âme.

mardi 28 août 2007

Tempus fugit

La journée se déroule en accéléré. Trop vite. Mais c’est toujours ainsi. Parmi les fées penchées sur mon berceau il dut y en avoir une qui s’est trompé de formule. À trop mettre de sel dans ma vie elle a éparpillé les secondes de mes heures, les réduisant de moitié

... au moins.

samedi 25 août 2007

Dans la chambre d'Élika


Reprise d'un extrait du texte précédant :


Dans un coin, le fauteuil confortable est encore vierge de tout corps. Il sera le lieu privilégié où la mère allaitera son enfant. Symbole émouvant des gestes de la vie donnée.

Battement de cœur à l’approche du 28 août, journée de pleine lune.

Il y aura éclipse lunaire annonce -t-on.

Serait-ce le soleil d’Élika lui faisant de l’ombre ?


... jour trois.

Vie, pluie et soleil

L’an 2002, j’ai senti poindre sur moi le doigt glacial de la mort. Jamais un «non» ne fut dit avec plus d’ardeur. Le feu de mon «oui» à la vie exulte, toujours plus intense.

Pluie

... Et pourtant, ce samedi pleut à l’écho du chagrin d’un père, tremblant pour son fils de 28 ans qui se bat en Afghanistan. Témoignage émouvant de Laurent Thibault, professeur d’histoire à la retraite et maire de Sainte-Rose-du-Nord, livré sur les ondes de CBJ jeudi dernier. Entrevue, menée par Jean-Pierre Girard avec une sensibilité et une intelligence qui n’a jamais empiété sur la troublante confidence d’un homme déchiré entre l’engagement de son fils Jonathan et sa peur de le perdre, entre la menace torturante d’une mort redoutée pour son enfant et sa certitude du bien fondé de la mission canadienne en Afghanistan. L’intégrale de cette entrevue peut être entendue en retraçant les archives du 23 août de l’émission L’heure de pointe sur le site http://www.radiocanada.ca/regions/saguenay-lac/Radio/

Soleil

... Et pourtant, le soleil resplendit dans la chambre qu’Andrée-Anne a préparée pour Élika. Dans un coin, le fauteuil confortable est encore vierge de tout corps. Il sera le lieu privilégié où la mère allaitera son enfant. Symbole émouvant des gestes de la vie donnée.

Battement de cœur à l’approche du 28 août, journée de pleine lune. Il y aura éclipse lunaire annonce -t-on. Serait-ce le soleil d’Élika lui faisant de l’ombre ?

... jour trois.

lundi 20 août 2007

Très bientôt Élika

Devant la beauté d’un lever de soleil ou de son couchant, le regard ébloui par les crinières blanches des vagues soulevées par le vent, j’ai souvent ressenti le frisson d’une joie intérieur. Une marée montante à l’intérieur de moi, l’allégresse.

Aujourd’hui, j’anticipe cet état de grâce. La naissance imminente d’Élika provoque des ondes au tréfonds de moi. Je sens se rassembler une énergie, un élan de vie qui se nourrit de l’anticipation de son arrivée. Mon bonheur rassemble ses forces pour exulter, amplifié par ma science de l’amour que suscite son propre enfant.

Mon bonheur grandit à la seule pensée de cette joie magnifique et totale que vont ressentir Ariel et Andrée Anne, mes enfants donneurs de vie, quand ils vont être terrassés par la puissance de leur sentiment à l’égard de cette petite fille unique entre toutes.

... jour huit.

dimanche 19 août 2007

Irrésistibles Clowns Noirs



LE QUOTIDIEN
Arts, samedi 18 août 2007, p. 27


"Roméo et Juliette" des Clowns noirs
Un grand éclat de rire

CHRISTIANE LAFORGE
claforge@lequotidien.com

Chicoutimi - L'esprit mordant des Clowns noirs nous offre un grand éclat de rire. Une belle façon de terminer l'été qui leur a valu trois rappels lors de la première de "Roméo et Juliette", jeudi soir, à la salle Murdock de Chicoutimi. "On peut s'attendre à tout et à rien" avaient-ils lancé en conférence de presse. Ce rien-là a beaucoup de substance!

Dilemme!

Comment raconter cette étonnante prestation théâtrale sans ruiner l'effet de surprise? Que faut-il taire alors que l'on voudrait tout souligner? Les admirateurs du Théâtre du Faux-Coffre avaient bien compris que la version clownoiresque de "Roméo et Juliette" de Shakespeare laisserait l'amour aux amoureux pour cibler davantage la guerre opposant deux univers antagonistes.

Rita Bella, fille du redoutable chef de la brigade anti-culture et le comédien Contrecoeur, de la famille des Clowns noirs, s'aiment éperdument. Vexé de cette mésalliance, le père de Rita Bella veut réduire au silence les bruits expressifs de leur amour. Pour soulager l'insoutenable douleur du deuil, les Clowns noirs crient vengeance. Sourds aux sages conseils de Diogène, ils complotent un attentat contre la tour dressée sur les ruines de l'ancienne Maison Lévesque, symbole de l'anti-culture qui n'a de cesse de contrôler toute forme d'expression artistique.

Mordre de rire

Pièce de théâtre pamphlétaire, "Une histoire d'amour des Clowns noirs Roméo et Juliette de William Shakespeare" tient un feu nourri de sarcasmes, de moqueries. Les pirouettes verbales, aussi nombreuses que les pirouettes physiques, lancent des traits terriblement efficaces à l'égard d'une politique culturelle qui n'inquiète pas seulement nos amis comédiens.

Leur parodie de l'oraison "subventionnons la culture" en guise d'ora pro nobis en est un bel exemple. Ne mentionnons que cette allusion: "Pour les parents qui ont des enfants artistes, subventionnons la culture", allusion rapide au coût exigé pour pallier à l'absence de cette formation dans nos écoles.

Avant de s'attaquer aux autres, les clowns s'attaquent d'abord à eux-mêmes. Ainsi, dès le début, recréant l'ambiance d'un salon mortuaire, ils font l'éloge funèbre de l'un d'eux disant: "Trac, le fait que l'on ne retrouve pas ton corps prouve ton manque de présence sur scène."

L'autodérision amuse le public qui réagit à tout. L'efficacité de leurs traits, même les plus vitrioliques, trouvent certainement écho parmi les spectateurs qui, fait rare en pleine représentation théâtrale, applaudissent à de nombreuses répliques.

Exaspérés par la brigade anti-culture, les Clowns noirs font flèche de tout bois: la culture touristique plutôt que la culture artistique, la pauvreté des artistes nourrissant le préjugé qu'ils ne créent qu'avec leurs tripes, l'augmentation des frais de scolarité comme moyen de développer la surdité et l'aveuglement de la masse, la fermeture des régions dont l'esprit rebelle dérange l'orchestration du nivellement culturel des métropoles.

Parmi les blessures éprouvées par ces comédiens, il y a la destruction de la maison patrimoniale de la rue Racine "pour faire une tour qui fera de l'ombre... ajoutant plus loin, ...car mépriser les gens de haut c'est mieux."

Le rythme

Le spectacle se déroule par tableaux successifs. Pas toujours facile de préserver le tempo avec intensité, malgré le rythme rapide entre les changements de scène. C'est le seul et très anodin point faible de cette performance le soir de première. Rien qui nous empêche de savourer les nombreuses perles lancées avec générosité: "Est-ce que vous savez chanter par hasard?", demande le distributeur de chèque. "Je ne chante pas par hasard mais par passion."

La passion est le mot clé de cette troupe de théâtre. Ils faut les voir absolument. Il n'y a qu'eux pour donner de l'élégance au vol d'un vautour, une de leurs nombreuses trouvailles hilarantes.

© 2007 Le Quotidien. Tous droits réservés.


mercredi 15 août 2007

Marguerite

La mort est surprenante. Elle m’a laissé en vie.

Depuis cette année 2002 où j’ai refusé de franchir le pas fatidique, elle n’a cessé de faucher mes êtres aimés. Mère, père, belle-mère, tantes, amis, amies. Aujourd’hui, 15 août, l’alerte souvenir clignote, comme un glas, soulignant le souvenir du grand départ de Marguerite. C’était le 15 août 2004.

Une semaine plus tôt, elle était en barque sur une eau calme. Près d’elle, un poète lisait ses plus récents textes. Nous devions nous voir le 16 août. Elle est morte au cours de la nuit du 15 au 16.

Quand le téléphone a sonné tôt le matin, j’ai pensé : c’est Marguerite. Sa fille avait demandé que l’on me prévienne tout de suite, avant que je n’ouvre la radio où l’on parlerait inévitablement du décès de cette femme d’exception, Marguerite Bergeron-Tremblay d’Alma, grande militante pour Match international.

Elle luttait contre un cancer depuis des mois et ne m’en avait jamais parlé. Dans le petit mot laissé à mon intention, elle avait écrit: «Ma Christiane, tu me taquinais sur l’efficacité de mon régime amaigrissant. Je ne t’ai rien dit de la gravité de mon cancer parce que tu étais la seule à me parler d’avenir. Près de toi, je me sentais vivante.»

Elle avait 86 ans.

Quand je l’ai connue, en 1966, je vendais des toiles dans la ruelle des artistes d’Alma... pour survivre et payer mes études. Marguerite venait tous les jours regarder les peintures. Et moi, naïve, je voyais en elle une cliente qui prenait son temps pour choisir une œuvre importante. Cet espoir m’incitait à revenir chaque lendemain, réinvestissant pleine d’espoir le 3$ de l’unique aquarelle que je vendais journellement. Un jour, quelqu’un d’autre a fait l’achat tant souhaité, m’assurant de quoi survivre plusieurs semaines... et Marguerite est restée dans ma vie, de quoi vivre l’amitié toute une vie.

C’est le 15 août 2007.

Je porte à ma mémoire une inoubliable Marguerite.

mercredi 8 août 2007

Inspirant Insolita

Art Édito
Progrès-Dimanche, 5 août 2007


Que serait notre monde sans les artistes ? Aux images troublantes de la haine exprimée d’une nation à l’égard d’une autre, que déversent implacables nos télédiffuseurs et nos journaux, s’oppose avec force la beauté de milliers de personnes, le regard rivé sur la scène. Cela se passe à Chicoutimi, à Jonquière, à La Baie et ailleurs. La musique du monde, les rythmes de toutes les cultures, les voix de notre pays, rassemblent les foules, jour après jour, dans une ambiance festive, exaltée, exaltante. Ne me demandez pas de renoncer à cette foi indéfectible en l’humain, alors que je le sais capable de toutes les beautés.

« Insolita », le spectacle d’ouverture du Festival international des Rythmes du monde, mercredi soir dernier, n’avait qu’un défaut. Il nous sembla trop court et la scène trop petite pour une telle énergie. Envoûtement! Il n’y a pas d’autre mot pour dire l’effet hypnotique de ces rythmes de toutes les sources, de tous les âges. Une musique intemporelle, primale et pourtant actuelle. Elle transcendait tous les rythmes du monde, si bien que là où l’oreille croyait reconnaître un son en surgissait un autre à l’accent nouveau. Étonnant Robert Dethier!

Observer la foule agglutinée jusqu’au bord de la scène Bell était source de plaisir. Des gens de tous âges, beaucoup d’enfants portés par leurs parents, visages tendus vers la musique, unis dans un même frisson. Regrettant, à la toute fin, ne pas avoir le pouvoir que cela ne finisse pas. La magie d’une rencontre, de l’émotion partagée. Un chant de ralliement étouffant les cris des guerres.

Furtivement, s’insinue dans ma tête la sombre pensée qu’il existe en certain lieu de la planète une force politique et religieuse qui interdit la musique. Un interdit maintenu socialement et que transgresse, au péril de leur vie, le trio Burqa Band formé en 2002 par Nargiz, jeune afghane de 20 ans.

La mi-saison

Lorsque le soleil est au rendez-vous les spectacles gratuits présentés lors des festivals attirent des milliers de personnes. Un succès dont il faut se réjouir. La réalité est plus difficile pour ceux qui persistent à inviter le public à découvrir leurs créations. À la mi-saison, comment s’en tirent les théâtres d’été et autres producteurs de spectacles en salle, compte tenu des emplois créés et du prix d’entrée?

À l’analyse de l’enquête, effectuée par notre journaliste Anne-Marie Gravel, il appert que la partie est inégale entre les spectacles gratuits et les productions en salles. Ecce Mundo fait bonne figure. Il faut dire qu’il se hisse au second rang des spectacles majeurs de la région par la constance de la très grande qualité de cette production. Son caractère universel n’y est pas étranger. La danse est, comme la musique, le langage accessible par excellence. Production essentiellement régionale, tremplin de jeunes professionnels de la danse, petite entreprise générant des emplois culturels appréciables et formateurs, produit touristique autant qu’artistique, on peut se demander si Ecce Mundo reçoit sa juste part des subventions accordées par les conseils des arts fédéral et provincial.

La nouvelle production de Québec Issime, « ExpressIo » n’a pas obtenu l’impact de leur premier exploit, « De Céline Dion à la Bolduc ». La deuxième édition aura été victime d’une défection majeure. La perte de Michaël Girard, parti pour une carrière solo, aura été ressentie dans certaines scènes, initialement les plus fortes (je pense au duo Leblanc-Girard dans je voudrais voir New York et J’irai voir la mer remarquable en 2006). On se demande pourquoi Québec issime n’a pas fait appel à un de ses chanteurs plutôt qu’une greffe risquée avec un produit de Star Académie quand on sait qu’elle extraordinaire école de formation cette troupe a su être pour ses membres. Le défi sera de taille l’an prochain, alors qu’on songe à un nouvelle saison dans un contexte nouveau où Jonquière en musique et le Théâtre du Saguenay étendent leurs ramifications jusqu’au Carré Davis, voisin du Théâtre Palace.

Encore plus audacieux est le défi relevé par les gens de théâtre. Les théâtres d’été sont nés d’un vide à combler dans les années 1970, alors que de juin à septembre la vie artistique faisait relâche. Les festivals ont pris de l’ampleur en se multipliant. Qui sait? Pour contrer leurs moyens modestes peut-être faudra-t-il songer à un festival de nos troupes de théâtre où gens du lac et du fjord excellent.



Ce texte a été publié le 5 août 2007
dans le Progrès-Dimanche
http://www.cyberpresse.ca/apps/pbcs.dll/section?Category=CPQUOTIDIEN

dimanche 5 août 2007

La critique

« La critique est aisée, et l’art est difficile. » écrivit Philippe Néricault Destouches dans Les Glorieux. Pas tellement convaincue de cela...

J’ai été, un soir passé, l’otage consentante d’un artiste, la palette remplie des verts d’une certaine Afrique. Vernissage privé d’une trentaine de toiles, réalisées là-bas. Chacune était la copie de l’autre, clones involontaires qu’il était dangereux de dénoncer. L’insistance était si grande pour savoir ce que j’en pensais qu’il me semblait impossible de me soustraire à la critique demandée. J’ai fait silence du regard. Les mots étaient inutiles. Plus de trois mois de travail réduit au silence!

Il ressemblait à un duelliste surpris par un coup d’estoc.

Il a allumé un feu dans l’âtre de son atelier. Y a déposé une première peinture.

- Et maintenant, tu dis quoi ?

- Que si tu les brûles un à un, on a le temps d’ouvrir une bouteille de rouge.


Quelques verres et longs échanges sur les peintres incompris plus tard, il m’a dit:

- Le plus difficile c’est de savoir que tu as raison....

- ....

- Pourquoi, pourquoi les autres autour de moi, pourquoi tous ont-ils dit qu’ils les aimaient?

- Parce qu’ils t’aiment toi.

- Et pourquoi toi, es-tu la seule à penser que ces toiles sont bonnes à brûler?

- Je ne suis pas la seule. Tu le penses aussi puisque tu les brûles.

- Et tu ne m’aimes pas non plus...

- ....


Se taire est parfois éloquence.

dimanche 29 juillet 2007

Joie

Joie de ce dimanche!

Le ventre rebondit de ma superbe belle-fille est émouvant. Une enfant y puise la force de naître. Une petite Élika qui peuplera mes bras de son avenir dans quelques semaines... une petite fille qui habite mes pensées depuis huit mois. Je regarde Andrée-Anne porter la vie en elle et mes propres souvenirs refont surface. C’était il y a 24 ans.

La naissance de mon fils a été ma plus belle leçon. Je croyais devoir tout lui apprendre. En fait, cet enfant m’a tout appris de ma propre vie. Je n’ai réellement compris mon enfance qu’à travers la sienne. Pendant qu’il découvrait son monde, je découvrais ma conscience du monde.

J’anticipe avec bonheur sa joie de nouveau père. Ce jour là, et plus encore les jours suivants, mon fils Ariel découvrira l’infini de l’amour. C’est alors qu’il saura combien je l’aime.

vendredi 20 juillet 2007

L'urgence : toujours actuelle

Les grands spectacles commencent
Urgence d’ouvrir les yeux !

Après de longs mois de création, de répétition, de fièvre et d’investissements souvent majeurs la saison touristique va s’ouvrir, cette semaine, lors des grandes premières des spectacles majeurs.

Le 29 juin, Ecce Mundo lève le rideau sur la sixième édition de cette production dont on ne soupçonne pas encore l’impact important sur l’avenir des jeunes artistes qui s’y produisent. Pour justifier son existence et convaincre de la pertinence des subventions espérées il faut montrer patte dorée, ou, pour mieux dire, pieds d’argent. Trois quart de millions de dollars investis en salaires versés, achats, services et contrats accordés à des entreprises régionales. Sans compter les «bénéfices collatéraux», emplois créés pour l’accueil, services au bar, entretiens des locaux afin de répondre aux clients de chaque représentation. Plus de 17 000 personnes à servir.

Il serait temps qu’on se réveille dans les méandres des ministères de la culture du Québec et du Fédéral pour étendre son soutien à une telle entreprise. Actuellement, après un bien longue abstinence, Ville de Saguenay (et aussi de Chicoutimi avant la fusion) verse une subvention appréciable bien qu’insuffisante pour la production Ecce Mundo.

Le 30 juin, La Fabuleuse histoire d’un royaume tonnera du canon pour une dix-huitième année. À l’unanimité le milieu des affaires, commerciales, culturelles, touristiques (hébergement, restauration) du Saguenay-Lac-Saint-Jean reconnaît ce méga spectacle (avec le zoo sauvage de Saint-Félicien) comme le moteur de la saison touristique. Oh! surprise! cette magnifique folie de la population de la Baie et des organisateurs des célébrations du 150e anniversaire de la région en 1988, un spectacle avec des artistes de surcroît, s’est révélé un produit d’appel majeur dans un contexte d’éveil à l’industrie touristique.

En gérant une baisse de la clientèle, telle que vécue en 2004, on tremble un peu dans le milieu: qu’adviendra-t-il si la Fabuleuse disparaît ?

Le 5 juillet, QuébecIssime entonnera le chant d’adieu du spectacle «De Céline Dion à la Bolduc». Il faut beaucoup de détermination pour aller au front et imposer sur la scène des jeunes artistes qui avaient tout à apprendre de leur métier. Le défi à été relevé non sans laisser des traces tangibles de ces dix années puisque l’émergence de QuébecIssime est à la base même de l’avenir du Théâtre Palace Arvida. Ce théâtre devenu lieu de production et de diffusion, bientôt de restauration, sauvant du pic un édifice patrimoniale (souvenez-vous de feu théâtre Capitole à Chicoutimi] tout en revitalisant le quartier de ce secteur.

Plus modestement, autour du Lac Saint-Jean (vivement qu’il retrouve le beau nom de Piékouagami) se multiplient les alliances entre hébergement-restauration et spectacles. L’Auberge des Îles de Saint-Gédéon, L’Auberge l’Île-du-repos de Péribonka, La Dam-en-terre d’Alma (dont le théâtre d’été a survécu en force à toutes les modes). La liste est longue et faut-il tous les nommer quand démonstration est faite de cette heureuse multiplication de la présence essentielle des artistes.

À la lecture d’une récente édition spéciale «Tourisme & vacances 2005» publiée par Le Quotidien, plus de la moitié du contenu traitait d’activités culturelles, spectacles et expositions. Quand on sait que les Québécois achètent pour 4,8 milliards de dollars pour des produits et services culturels (Dans le dernier rapport de la série Regards statistiques sur les arts de Hill Stratégies Recherche, chiffres repris dans l’Art Édito du Progrès-Dimanche du 5 juin), il serait très intéressant de lire une même étude sur nos dépenses en ce domaine au Saguenay-Lac-Saint-Jean.

C’est à dessein que j’ai occulté la pertinence et l’impact social, éducatif et artistique que cette profusion d’événements génère. Ce n’est que partie remise. L’urgence, au seuil de cette nouvelle saison estivale des grands spectacles, est de réaliser l’impact économique auxquels contribuent les travailleurs culturels. La mecque des emplois sous-payés. Urgence d’une prise de conscience que tout cela existe avec les présences et non les absences. Urgence de découvrir ce à quoi les jeunes, nos jeunes, consacrent leur temps, leur énergie et leur talent. Urgence de confronter la population de cette région à ce qu’elle fait ou ne fait pas pour maintenir bien vivante cette dynamique artistique qui fascine, étonne et séduit tant les visiteurs. Urgence aussi de questionner ceux qui prétendent que payer 35 $ pour un spectacle est trop cher quand ils en dépensent davantage pour un seul repas arrosé de bière et vin dans un restaurant.



Ce texte a été publié dans le
Progrès-Dimanche 10 juin 2005
http://www.cyberpresse.ca/section/CPQUOTIDIEN

vendredi 13 juillet 2007

Bonheur

Je me suis éveillée ce matin en flagrant délit de bonheur. Le chant des oiseaux, le souffle frais soulevant les tentures, la présence tendre à portée de main... Je me suis dit: c’est aussi simple que cela!

Un moment à saisir au vol. Permission de bien-être. Oasis temporel.

samedi 30 juin 2007

La fabuleuse déception

La nouvelle Fabuleuse...


Hier, minuit, heure de cendrillon, après avoir vu La nouvelle fabuleuse ou l’histoire d’un Flo, j’ai quitté le Théâtre du Palais municipal de La Baie avec précipitation. Je n’y ai pas échappé ma pantoufle de verre. Il n’y avait rien de princier dans ce spectacle qui, à défaut de le surpasser, fort de 20 ans d’expérience, aurait dû au moins égaler l’inoubliable et défunte Fabuleuse histoire d’un royaume.

Fallait-il aller chercher Serge Denoncourt et Michel-Marc Bouchard (à quel prix ?), ainsi que les voix de comédiens depuis longtemps partis de leur région natale pour orchestrer un spectacle si peu flamboyant? Une comédie plutôt qu’une fresque historique, puisant abondamment dans le regard étranger à l’esprit du fjord pour n’en ressortir, sous forme d’humour (ou moquerie ?), que les clichés les moins subtils.

Qu’ils soient du Saguenay-Lac-Saint-Jean, du Québec ou d’Europe, le public du XXIe siècle a connu l’émerveillement des grands spectacles soutenus par les technologies les plus modernes au service d’effets magiques sachant surprendre, étonner et combler tant l’esprit que le regard. Ce public risque fort d’être déçu et de repartir avec une idée fausse de ce que nous sommes capables de réaliser.

Le texte de Michel-Marc Bouchard, dépouillé de ses nombreuses longueurs, serait mieux servi - et nous aussi - dans un théâtre d’été, où le regard humoristique de l’auteur et la romance entre Flo et la belle indienne prendraient leur véritable dimension. On pourrait alors mieux en savourer les petites perles d’humour et rire avec lui de la naïveté sympathique de ses héros.

«Ne pas comparer, mais s’ouvrir à un spectacle différent», nous a-t-on demandé lors de la présentation. Je veux bien. Cela n’excuse pas la pauvreté du jeu des jeunes comédiens dans une région où foisonne le talent, ni une mise en scène qui n’a pas su tirer profit des moyens financiers importants mis à sa disposition, pas plus que d’une scène dont la conception a été conçue pour plus d’imagination et d’audace.

Une fabuleuse déception!

mercredi 27 juin 2007

Lettre à Jean-Paul Lapointe

En septembre 2006, Jean-Paul Lapointe m'accordait une des plus émouvantes entrevues de ma carrière. Nous avons parlé de sa mort, de sa peur et de sa souffrance. Le reportage a été publié dans le Progrès-Dimanche du 17 septembre 2006. Je ne pouvais prendre mes distances à l'égard de cette confidence, car au-delà de la journaliste il y avait l'amie troublée. Publiée dans la chronique Art-Édito, cette lettre a suscité de nombreuses réactions et l'on m'en a demandé souvent une copie, à l'instar d'un certain Jean-Pierre, dans son commentaire laissé sur ce blogue le 24 juin. La voici donc.

Lettre à Jean-Paul Lapointe
Artiste peintre et ami

par Christiane Laforge

Cher Jean-Paul,

Depuis deux jours, à l’occasion de l’événement La Route de la Maestria, tu accueilles les visiteurs qui se présentent chez toi. Sur le chevalet de l’atelier, la toile commencée lors de notre entrevue est peut-être terminée. Une autre suivra. Tu n’as pas l’intention de déposer le pinceau ni d’éteindre la luminosité de ta palette... quoique le bleu de la nuit l’envahisse tout doucement.

Sans doute continues-tu de répondre: «Ça va bien, ça va même assez bien» tout en laissant entrer le visiteur, parce que tu as la ferme intention de continuer ta vie tant que tu le pourras. Tu termines le dernier été des 71 années de ton existence. Il n’y en aura plus d’autres. Le cancer t’impose sa loi. Le savoir est infernal, m’as-tu confié.

Avec ta générosité habituelle, tu m’as permis de signer, cette semaine, le reportage le plus difficile de ma carrière. Se perdre dans le regard d’un ami, sachant que le temps nous est compté, lui donner une parole qu’il dit avoir perdue, cueillir les mots rares et précieux de son âme d’artiste, est un privilège. La confiance de ton abandon m’a bouleversée.

Il est 8h25, vendredi 15 septembre 2006. J’écris ces lignes dans le brouillard d’une peine anticipée. C’est bien cela, dis-tu, qui est le plus difficile pour toi: imaginer le chagrin, pressentir le désarroi, deviner le vide de l’absence que ressentiront ceux que tu aimes et voudrais protéger bien au-delà de ta mort prochaine. Cette angoisse-là, tu la gardes secrète dans ton silence, qu’exceptionnellement tu as fait taire au cours des quelques heures de notre rencontre.

Je voudrais tant trouver les mots consolateurs. Les paroles anesthésiantes. Déserrer l’étau implacable dont je connais trop bien l’étreinte. Tes amours, tes amis, tes enfants, tous n’ont qu’un seul pouvoir, celui de t’assurer de leur propre force, de leur capacité d’affronter ton départ. Ne fais pas tienne cette douleur-là. Ne l’ajoute pas à ta blessure.

Lorsque je regarde la pénombre des bleus dont tu couvres tes toiles récentes, je sens que nous en sommes-là... au crépuscule. Tu sais en peindre la douceur, les subtiles nuances, traduisant cette hésitation involontaire entre le regret du jour qui s’éteint et l’insondable mystère de la nuit qui approche. Ne pense à rien d’autre, puisque tu reconnais que de peindre te distrait de la peur.

Du bout de ce pinceau qui prolonge ta main d’artiste, c’est la trace de tout ce que tu es qui jaillit. Une trace qui survivra, à toi, à nous, comme les toiles de ce groupe des sept peintres canadiens qui ont inspiré ton enfance.

Je sais. Ce que j’écris ne te rendra pas le temps de vivre. Mais il y a urgence, pour moi, pour d’autres aussi, de te dire l’admiration, la reconnaissance, l’amour. C’est le cadeau que ton témoignage nous permet de t’offrir très cher Jean-Paul, alors que tu es là bien présent avec nous.

Certains disent «à jamais». Je te dis «à toujours».



Art-Édito
Progrès-Dimanche,
17 septembre 2006
http://www.cyberpresse.ca/section/CPQUOTIDIEN

dimanche 24 juin 2007

24 juin

Ce 24 juin, Fête nationale des Québécois depuis 1977, sera-t-il jour de ma mémoire ? Suis-je Québécoise, moi qui ne suis pas née ici ? Je crois depuis longtemps qu’un pays appartient à celui qui le construit. Qu’il n’y a pas droit de naissance, la naissance étant fortuite et non voulue. L’appartenance est un choix libre, affirmé par la présence active, par la contribution au développement d’un pays, par l’adhésion respectueuse à l’âme d’une nation, s’exprimant par sa langue et son idéal social. Je me revendique de ce Québec dont l’identité s’exprime par sa langue et sa pensée française dans un environnement nordique anglo-américain.

Ah! cette langue française, si belle, si riche et subtile, si nuancée... et tant massacrée, tant trahie par nos médias, nos politiciens, nos auteurs et nos enseignants!

Un soir de décembre 2005, dans la joie d’une soirée, pour moi très importante, j’ai parlé de mon amour de cette langue française qui m’est si chère. Je disais :

Hier, je n’aurais sans doute pas écrit un texte pour exprimer ce que je ressens. J’aurais laissé couler les mots sur l’émotion. Aujourd’hui, plus sage... plus prudente, j’ai réagi du bout des doigts sur le clavier. N’est-ce pas ainsi que je vis ma vie depuis des décennies : par mes doigts, fleuves de mots pour lesquels vous me récompensez aujourd’hui ?

Ma joie est grande d’accepter le Prix Jules-Fournier 2005 du Conseil supérieur de la langue française, parce que ce prix me conforte dans un amour inconditionnel à l’égard de cette même langue française.

Je suis née en Belgique. Autre pays de la francophonie où l’on égrène les dizaine de septante à nonante, tout en escamotant l’octante de la Suisse. Je suis née au Québec, à l’âge de neuf ans. Autre pays de la francophonie où le langage «s’abeaudit» des mots anciens que les marins ont déversés sur nos plages. Pour moi, comme pour vous, le mariage de ces deux mondes a engendré une langue française spécifique, unique, vivante, vibrante, qui s’éclate dans nos courriels plutôt que de se laisser étouffer sous les bancs de neige.

C’est par les mots de cette langue française... mieux... c’est par les mots de cette langue française du Québec que j’ai franchi toutes les étapes de ma vie professionnelle, culturelle et sociale. Ce que je pense, ce que je lis, ce que j’écoute, ce que j’écris porte les couleurs aux multiples nuances du langage acquis ici, en terre québécoise, qui plus est du Saguenay-Lac-Saint-Jean.

L’étudiante, formée en arts et lettres, jadis engagée pour classer des photos au Progrès-Dimanche, aujourd’hui journaliste au journal Le Quotidien, a grande envie de dire merci. Merci à ces personnes qui depuis trente ans me permettent d’écrire dans ma propre voix. Me permettent d’user de cette langue française, avec ses mots d’indépendance créés pour éviter l’acculturation linguistique dont nous menace la mondialisation, avec ses mots encore vibrants des échos des abordages d’à peine 500 ans, avec ses expressions uniques issues de nos saisons, avec le métissage des identités, confrontées autant qu’alliées, dont nous sommes les porteurs, nous journalistes, et les héritiers, nous les écrivains.


Ces mots qui ont été soumis à votre regard critique, jurés de ce prix, sont les mots d’une identité que je revendique. Là où Vigneault chante « Mon pays c’est l’hiver », j’écris « Mon pays c’est ma langue », aussi mon identité et ma fierté.

Merci de me permettre d’y croire, ce soir encore plus.

Christiane Laforge
3 décembre 2005

dimanche 17 juin 2007

Fête des pères

Cher papa,

Tu n’es plus là pour entendre tes trois fils et ta fille te dire combien tu es important. Père longtemps absent, le temps de notre enfance... la guerre, l’exil..., mais père devenu si présent à tous nos S.O.S. d’enfants devenus grands. Tu aimais toutes les fêtes et celle des pères ne faisait pas exception. Tu attendais, fébrile, que sonne le téléphone, te demandant qui serait le premier. Et bien que tu m’interdises de te faire un cadeau, tu tentais de deviner la surprise qu’immanquablement je te réservais.

Cela me manque papa. J’aimais te gâter. Tu savais recevoir et c’était une joie de voir s’allumer ton regard, comme si c’était possible de l’allumer plus encore, toi si curieux de tout. Aujourd’hui plus qu’hier tu es terriblement absent. C’est dur d’affronter le «plus jamais». Dur d’apprivoiser l’idée que nous sommes désormais orphelins.

Je m’inscris en faux contre ceux qui esquivent la fête des pères, prétextant que cette fête est histoire commerciale. Elle ne l’est que si on la rend telle. Elle est jour de reconnaissance et de tendresse si c’est ainsi qu’on la vit. Les jours ont la valeur qui leur est donnée.

Je ne voulais pas manquer ce rendez-vous avec toi papa, même si je dois pour cela lancer mes mots sur l’océan internet, comme on lance une bouteille à la mer. Il y a bien un père quelque part qui s’en emparera et fera sien l’amour d’une fille pour son père.

Je t’aime papa,

Katiou

lundi 11 juin 2007

Élucubrations nocturnes

Je n’ai pu fermer l’œil de la nuit. Il veillait mon sommeil sans ciller ni froncer le sourcil.

J’ai failli me prendre pour Noé, le grand lit transformé en arche où s’ébattaient chat, chien, écureuil, oiseaux et poissons rouges dans une seule flaque de larmes échappée du coin de l’œil. À la limite des plis désordonnés du drap azur, un blanc bateau gitait dangereusement cherchant son équilibre pour ne pas sombrer dans les tons de feu de l’édredon répandu au pied du lit.

J’ai abandonné le lit-navire au regard de l’œil nocturne, suis descendue dans le bureau, papillon attiré par le point lumineux de l’ordinateur que j’ai oublié de fermer. Le clavier hurlait son ennui. Me fallait bien le consoler touche par touche.

Les mots ont-ils des ailes ? Sans doute puisqu’ils se posent...

lundi 4 juin 2007

Lettre à Élika

Mes mains sur le ventre rond de ta maman, j’ai senti, émue, l’onde de fond que provoquent tes mouvements.

Petite-fille, déjà tant aimée, je me réjouis à l’idée que tu vas naître dans un pays où l’égalité entre des sexes est confirmée par une charte des droits.

... Et je tremble quant même un peu, à la pensée que des mouvements cautionnés par des croyances religieuses instaurées par des hommes d’un passé lointain, maintenues par des hommes du présent, renient cette égalité entre la femme et l’homme.

Alors, pour préparer ta venue, je referme mes bras en forme de berceau, souhaitant que toute ma tendresse saura te protéger. Et je reste à l’écoute de ces femmes qui combattent au nom de ta liberté, de tes droits. Justement, ce matin, parmi mes courriels, il est est un que je retiens en songeant à ton avenir.

«Au Québec comme partout dans le monde, il est évident que les droits fondamentaux des femmes sont souvent perçus comme sujets à accommodements dès qu'entrent en ligne de compte des revendications pour motifs religieux et culturels. Pour éviter qu'on en vienne à créer différentes catégories de femmes, selon les droits que leur reconnaissent les religions ou les cultures, il faut refuser que les religions étendent leur pouvoir dans l'espace public et dictent leurs valeurs à la société civile.»

Une invitation du site, http://netfemmes.cdeacf.ca/ , où entendre la parole des femmes :

* «Religions, femmes et fondamentalismes», par Michèle Vianès,
présidente de Regards de femmes (http://regardsdefemmes.com/)
«Partout, dans l'espace et dans le temps, on observe les rapports de hiérarchie patriarcale et d'assujettissement des femmes. Quel est le poids des religions, clé du symbolique, dans la formation et le maintien de cette hiérarchie? Les religions ont été fixées par des hommes, pour les hommes. Les textes sacrés, transcrits, étudiés, commentés le furent aussi par ces mêmes hommes qui, pendant des siècles, eurent le monopole de l'accès à la culture...»
Lire l'article:
http://sisyphe.org/sisypheinfo/article.php3?id_article=141

* «Affirmer nos valeurs fondamentales pour mieux vivre la pluralité», par Diane Guilbault, collaboratrice de Sisyphe.
«Le vivre ensemble dans une société pluraliste repose sur le respect par tous et par toutes de règles communes, lesquelles règles reposent sur des valeurs et des consensus. Ces valeurs, ces règles constituent un tronc commun autour duquel peuvent venir s'ajouter de nouveaux points de vue, de nouvelles couleurs qui viendront l'enrichir. (...) Alors, quel est notre tronc commun en 2007? Quelles sont les valeurs communes qui devraient nous rallier dans la cité ? On croyait que c'était évident...»
Lire l'article:
http://sisyphe.org/sisypheinfo/article.php3?id_article=136

* «La religion et les droits humains des femmes»
Prise de position du Lobby européen des femmes (LEF)
«En aucune circonstance, le LEF ne saurait accepter le relativisme
culturel pour justifier les violations des droits des femmes au motif
que ces violations seraient décrétées par les croyances et la culture et échapperaient dès lors à toute notion de protection des droits humains...»
Lire l'article:
http://sisyphe.org/sisypheinfo/article.php3?id_article=145

Élika, peut-être est-ce davantage pour moi que je te parle de cette prise de parole des femmes. Ne suis-je pas l’heureuse héritière de celles qui, au prix de leur vie pour plusieurs, de leur liberté pour nombreuses, ont conquis les droits dont je jouis aujourd’hui ? Je leur dois de ne jamais les oublier... encore plus ne jamais les renier.

samedi 26 mai 2007

Culture télévisuelle

Le grand pouvoir de la télévision
Et si cela ne dépendait que de nous ?


Peut-on encore exister sans la télévision ?

Le récent gala Métro-Star aurait été regardé par plus de 2,3 millions de personnes. Après les galas Gémeaux, Génie, Félix, Olivier, et tutti quanti qui se sont succédés, rendant hommage aux comédiens, cinéastes, interprètes, auteurs, compositeurs et autres personnages du monde du spectacle et de la scène, le gala Métro Star complète la série. Cette fois, la voix des téléphiles s’est fait entendre pour désigner leurs préférés parmi les gens qui occupent l’antenne des différents postes de télé. Mais quelle télé? sinon la télévision de Montréal.

Peut-on exister sans la télévision de Montréal ?

La statuette qui provoque trémolos dans la voix, palpitations sous la soie, rosée de larmes subtilement cueillie au coin de l'œil pour éviter que ne coule le mascara, appartient à ceux et celles qui se font présentes dans les foyers par le biais des émissions de télévision uniquement montréalaise. Sous les yeux près du cœur.

Le public navigue essentiellement en territoire connu. Bien que ce soient les voix de tous les coins du Québec qui se sont manifestées, les honneurs se limitent à la géographie insulaire, et encore faut-il se retrouver en avant-plan de l’écran. Les animateurs et lecteurs de nouvelles passent bien avant les recherchistes, les journalistes et tout autre artisans qui font la popularité de ces émissions.

Peut-on ignorer la télévision ?

Pour qui doute de l’impact télévisuelle de la télévision sur les citoyens il suffit d’écouter les conversations du matin. Les propos s’alimentent de ce qui a été vu la veille et certaines expressions émanent de la fiction devenue plus réelle que les véritables événements. Deux exemples surgissent à cette pensée: Les Bougon et Toute le monde en parle.

Le nom de la désormais célèbre famille Bougon, née dans l’impertinente vivacité de la plume de François Allard, a transformé le sens du mot bougon. Ce synonyme de boudeur, grognon, grincheux, récriminateur, est devenu au Québec le terme identitaire d’une classe sociale particulière; perçue négativement par les uns comme des exploiteurs du système, des profiteurs, des resquilleurs, érigeant l’escroquerie en moyen de subsistance; perçue positivement par les autres comme des rebelles dont les actions non conventionnelles sont davantage une lutte de classe qu’une délinquance.

Quant à l’impact de «Tout le monde en parle» il ne fait aucun doute dans l’esprit des éditeurs d’auteurs, parfois méconnus, qui ont été conviés à se soumettre à la question. Le 20 mars, Marie-Claude Fortin signait un texte dans l’édition du Soleil, relatant les exemples frappants de «l’effet» résultant d’un passage à cette émission. Des titres invendus condamnés au pilonnage (destruction) sont devenus magiquement des succès de librairie. «Le dernier continent» de François Avard a bénéficié du double impact. Déjà, le libellé «par l’auteur des bougon» sur la page couverture avait donné un regain d’intérêt pour ce livre discrètement publié en 1997. Le 23 janvier, le passage de l’auteur à «Tout le monde en parle» l’a propulsé parmi les meilleurs vendeurs. Idem pour «Tout le monde dehors» d’Yves Thériault, de «Robert Piché, aux commandes du destin», de «Musulmane mais libre» d’Irshad Manji. Pour ce dernier, j’avoue figurer parmi les auditeurs inscrits dans «action-réaction» de cette émission, ayant acheté ce livre peu de jours après.

À l’ombre des régions

Le pouvoir détenu et contrôlé par les télé diffuseurs de la métropole démontre l’incroyable perte subie par les régions abandonnées, voire ignorées, par les télévisions d’État. L’équilibre est rompu dans la répartition du droit à la reconnaissance des gens actifs et performants des régions qui alimentent, subventionnent et pourvoient aussi en créateurs, artistes et vedettes le «centre» situé bien au sud de la province. Télé-Québec et Radio-Canada ont allègrement failli à leur mission et le mouvement s’accentue.
La main mise sur nos stations de radio par des entreprises centralisatrices amplifie le sabordage de la dynamique régionale. Notre économie en état de choc est la conséquence de notre apathie. On a ignoré les appels au réveil, pourtant bien fondés, que plusieurs visionnaires désintéressés ont pourtant lancés depuis vingt ans. Allons-nous enfin comprendre qu’il nous revient d’affirmer notre existence. Il n’en tient qu’à nous de renoncer à l’ombre.



Publié le 27 mars 2005
Dans la chronique Art Édito
Progrès-Dimanche
http://www.cyberpresse.ca/

dimanche 20 mai 2007

Jean Laforge est mort


Jean Laforge est mort
Et le chêne est vivant

Un an déjà! Tu étais dans un profond sommeil, loin de la douleur, en route vers le dernier voyage. Celui que tu annonçais dans un de tes poèmes:

Je suis rendu ce soir au terme d’un voyage

Qui m’a blanchi le front et creusé le visage.

La veille, j’avais utilisé ces mots de toi pour ne pas dire «papa tu vas mourir»... et le dire quand même... mais autrement.

Tu as franchi la dernière marche à 17h25, le 20 mai 2006. Trente minutes plus tard, un superbe arc-en-ciel apparaissait au-dessus de Chicoutimi. Jean-Marie l’a aperçu le premier. Nous nous sommes tous précipité sur la terrasse de l’hôpital pour le regarder.

«Eh! bien, il n’a pas tardé à sortir ses pinceaux», me suis-je exclamé.

Nous avons ri à travers nos larmes. Comme le ciel à travers les siennes. Cela te ressemblait tellement de te mettre aussitôt à l’ouvrage, toi, si acharné à vivre intensément.

Hier, assise près du jeune chêne que nous avons planté à ta mémoire, j’ai revécu tes derniers jours depuis ce merveilleux et ultime lundi que nous avons passé ensemble. Tu t’accrochais à mon bras pour monter les escaliers d’un édifice à bureaux. «Pas d’ascenseur as-tu dit, c’est pour les vieux. »

Douze jours plus tard tu affrontais la mort. Un an déjà! Et j’en revis chaque heure.