jeudi 28 février 2008

La porte plume de Gilles Laporte

Dans mes courriels, je lis:

Je me suis perdu dans votre blog, pour m'y... trouver... bien !
Merci pour sa richesse.
Partage...

Cordialement
Gilles


Curieuse, je «clique» sur l’adresse mise à la portée de ma souris http://www.gilleslaporte.blogspot.com et je découvre laporteplume:



«Ce que nous reprochons si fort aux autres, cette volonté d’être les plus grands, les plus forts, les plus… productifs à des fins d’appropriation du monde, n’est autre que ce mal qui nous ronge en profondeur et que nos élus nous présentent au contraire comme le signe incontestable de la bonne santé politique et sociale : la... sacro-sainte croissance !
Tant que nous courrons derrière des résultats économiques toujours plus époustouflants (qui, d’ailleurs, n’enrichissent toujours que les mêmes, dont les politiques – voir, à ce sujet, leurs déclarations de patrimoine dans le JO), nous produirons toujours davantage de saloperies et de déchets qui feront crever notre planète (eux avec, sur leurs yachts et tas d’or ! Là, seulement, sera … la justice !).» (extrait de Terre... La fin?)

Peut-on renverser la vapeur ?

«Lorsque l’on est cet authentique citoyen : en entrant en rébellion contre le renoncement imposé à ses prérogatives d’individu libre et responsable, en évitant les voies de la distraction si largement ouvertes par ceux qui voudraient anesthésier le plus grand nombre, en ne succombant pas à la culpabilisation infligée par les donneurs de leçons - fou du roi, en refusant de vendre son bulletin de vote au plus offrant !
Oui, la date du jugement dernier annoncé par Charles reculera pour… nos enfants (voire au-delà), si nous avons le courage de relever la tête.
Les occupations d’hier étaient celles de pays par des armées de dictateurs… que nos anciens ont combattues jusqu’à la mort !
Les occupations d’aujourd’hui sont celles de l’Esprit par des perversions de dictateurs adorateurs du veau d’or ! A nous maintenant, citoyens du monde, de les combattre par la conscience jusqu’au… respect recouvré !
Voltaire n’est pas mort !» (extrait de Renverser la vapeur)


Une invitation nous est lancée sur le blogue LAPORTEPLUME de Gilles Laporte, écrivain et peintre: «Textes nouveaux, histoires originales, échanges à propos des livres , extraits d'œuvres publiées ou inédites, coups de cœur, coups de gueule... Mes impressions, mes émotions, passions littéraires et artistiques, et... les vôtres ! Quelques-unes de mes toiles récentes... vos réactions ! Échangeons !»

De son court message je retiens ce mot si lourd de sens:

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dimanche 24 février 2008

Histoire sans fin d'une salle de spectacle à Chicoutimi


Progrès-dimanche
Arts Édito, dimanche 24 février 2008, p. 40

Histoire sans fin

Laforge, Christiane

... Et dans un geste symbolique, Pilate se dissocia d'une mise à mort évitable en se lavant les mains, rejetant sur les autres la responsabilité d'une décision qu'il venait de cautionner.

Histoire sans fin

En 1984, Yvon Sanche déclenche une première alarme concernant la vétusté de l'auditorium du Cégep de Chicoutimi, lieu de diffusion utilisé par la Coopérative de développement culturel Théâtre du Saguenay. Il réitère en 1986.

En 1998, le rapport Trizart dénonce les ravages de douze années de plus. Il évalue avec réalisme qu'il en coûtera près de 12M$ pour essentiellement corriger les "irritants majeurs" de l'auditorium Dufour.

En 2004, le rapport Trigone, préparé à la demande de la ville de Saguenay et du ministère de la Culture et des Communications du Québec, met en évidence la pertinence d'une consultation publique sur un dossier aussi important. Les Conseillers Trigone ont rencontré plus de vingt organismes représentants du milieu des arts et de la culture. Pour assurer le développement des arts de la scène à Saguenay, Trigone favorise une grande salle de spectacle de 1200 places qui réponde aux normes professionnelles. Déposé officiellement au mois de mai 2005, le rapport avait déjà été rejeté le 16 mars par le conseil de ville.

Le choix

Janvier 2005, la directrice générale du Cégep de Chicoutimi, Ginette Sirois, dépose un projet de rénovation de l'auditorium Dufour au coût de 3,5 M$. La participation de la ville serait de 2,2 M$.

L'Association des centres-villes déposent un projet d'implantation d'une nouvelle salle de spectacle polyvalente de 1200 sièges rejoignant les attentes des organismes culturels. Il reçoit l'aval du Théâtre du Saguenay. L'infrastructure ne se limite pas seulement à une salle de spectacle, mais prévoit loges, bureaux, salle de répétition, café et autres commodités modernes. Coût prévu: 16M$. La participation de la ville serait de 3M$.

Le 4 avril 2005, au cours d'une séance municipale houleuse, le maire de Saguenay rejette tout autre idée que celle de la rénovation de l'auditorium Dufour. Une décision imposée, sans consultation publique, malgré les réserves clairement exprimées par les citoyens et représentants du milieu culturel. Ceux-ci demandent aux élus de prendre au moins le temps de réaliser une analyse comparative des deux projets. Sourds à tout raisonnement, les élus votent pour l'acceptation du projet Sirois. Trois conseillers seulement manifestent leur dissidence. Dès lors, le Théâtre du Saguenay avait-il d'autre choix que de se résigner à la rénovation de l'auditorium du cégep?

Pourtant, très vite, force est de constater que l'évaluation des coûts de la rénovation est irréaliste. On passe de 3,5 à 4,8M$ en avril 2005, puis à 6,5M$ en mai 2006, à 13M$ en février 2008.

Respecter un budget

La semaine dernière, le Théâtre du Saguenay est prié, cavalièrement, d'assumer "ses erreurs" de prévision d'un budget galopant. Ah! oui? Mais qui donc a décidé pour tous que la rénovation de l'auditorium était le bon choix?

En 2005, les élus de Saguenay auraient-ils endossé un projet sans avoir étudié le réalisme des chiffres soumis? Auraient-ils seulement analysé les deux projets avant de s'incliner devant la décision irrévocable de leur chef?

Qui donc, aujourd'hui, est étonné d'apprendre que les chiffres avancés en 2005 se révèlent irréalistes? Ce fait, déjà évident il y a trois ans aux yeux d'un profane, a-t-il échappé - et pourquoi? - à l'analyse réfléchie de ceux qui ont imposé publiquement "leur" choix unilatéral le 4 avril 2005? Qui est à blâmer?

Le milieu des affaires et les organismes culturels ont été, malgré eux, acculés au pied d'un mur vieillissant, alors qu'ils aspiraient à un investissement majeur au bénéfice d'une cité moderne... comme cela s'est fait ailleurs au Québec, avec succès, dans des municipalités plus modestes (Sept-Îles, Joliette, Granby et L'Assomption).

Trop facile de les renvoyer à un devoir imposé, comme s'ils étaient seuls responsables de cette situation.

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samedi 16 février 2008

Litha


Progrès-dimanche
Les Arts, dimanche 20 janvier 2008, p. 40

Litha, le nouvel album de Skarazula
Curieuse euphorie

Laforge, Christiane

CHICOUTIMI - Les Troubadours de L'Âge des ténèbres de Denys Arcand donnent de l'éclat à notre présent. Le second album de Skarazula suscite une curieuse euphorie. Dans ma tête, les pieds dansent, le corps fait des pirouettes et le temps s'évapore dans les sons joyeux d'instruments médiévaux flirtant sans retenue avec les instruments d'Afrique et d'Orient. La Rose des vents est confondue par le solstice de Litha.

J'avais déjà succombé au charme d 'Ostara, leur premier album célébrant l'équinoxe du printemps, consacrant les sept ans de ce trio fondé en 1999. Litha suscitait à la fois curiosité et crainte. Avaient-ils tenu cette belle promesse d'Ostara? Avaient-ils égaré leurs notes dans les Molières de la récurrence? Charmée en 2006, la conquête est totale en 2007 alors que Litha réchauffe tant l'hiver qu'il pleut en décembre... des larmes de joie, peut-on se dire à l'écoute de ce "clin d'oeil aux fêtes païennes qui ont ponctué la vie de nos ancêtres."

D'une pièce à l'autre, Skarazula crée un esprit enclin à la fête, certes, mais très sérieux dans un jeu musical que le trio maîtrise. Chaque instrument s'affirme, existe, s'épanouit. On éprouve le sentiment de se trouver en plein dialogue amoureux, joyeux, parfois exubérant, quelquefois nostalgique, jamais ennuyant. Et les voix sont très belles.

Skarazula n'interprète pas. Il crée. Il extirpe des sonorités anciennes, s'inspire de musiques d'hier, mélange les cultures pour recréer la sienne.

L'album inclut quatre compositions originales du trio. Kürdi azeri puisant dans la musique turque de l'Azerbaïdjan est jouée sur l'oud, le kaval, le daf et le dumbek. "Les deux autres pièces originales sont jouées à la vièle à archet: il s'agit de Tarantella, un morceau inspiré de la musique italienne, et de Dans ar kêriadenn, une danse bretonne composée par un Québécois aux ancêtres normands! Mauresque, précédée d'un Taqsim, est quant à elle d'inspiration arabe. Les neuf pièces anciennes qu'on retrouve sur Litha vont des danses italiennes du XIVe siècle aux chansons bretonnes du IXe siècle, en passant par les Cantigas de Santa Maria, d'origine espagnole", explique Steve Grenier, porte parole du groupe.

À découvrir pour qui n'a pas connu Ostara. À explorer pour qui aime que le passé se conjugue au présent. À savourer, une fois de plus, pour qui s'abandonne au son de Skarazula.


Encadré(s) :

QUELQUES NOTES...

Les instruments propres à la musique médiévale utilisés par Skarazula : cistre, mandore, cordophones, vièle à archet, vielle à roue, tambour à cordes, psaltérion, harpe médiévale, guimbarde, chalumeau, rauschpfeiffe...

Instruments d'origine orientale : l'oud, le kaval et les tambours sur cadres, comme le daf, le riq et le tar. Un instrument africain, l'udu...

Quelques collaborateurs pour "Litha" : Marie-Annick Béliveau, mezzo-soprano, Pierre-Alexandre St-Yves au chalumeau, au rauschpfeiffe, à la vielle à roue et au chant, Dominique Haerinck à la harpe médiévale et Frédéric Fontaine à la guimbarde...

Réalisé et arrangé par Steve Grenier et François Rainville, "Litha" (SKA-CD-002) a été enregistré en majeure partie à Saint-Paul de Joliette. La prise de son est signée Alain Girard, Steve Grenier et François Rainville. Le mixage et le mastering ont été réalisés au studio Sygma par Alain Girard et les membres de Skarazula...

Skarazula apparaît brièvement dans le film de Denys Arcand, "L'Âge des ténèbres". Quatre pièces de leur premier album, "Ostara" (5000 exemplaires vendus), figurent aussi sur la trame sonore du film...

Illustration(s) :

Catégorie : Arts et culture
Sujet(s) uniforme(s) : Musique
Taille : Moyen, 422 mots

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Doc. : news·20080120·PD·0009

Ostara


Progrès-dimanche
Arts-Télé, dimanche 16 juillet 2006, p. B10

Disques

"Ostara"
Retour en arrière signé
Skarazula

Laforge, Christiane

Chicoutimi - Impossible de ne pas parler de l'album "Ostara". Un disque de musique médiévale dont les notes s'éparpillent dans ma tête comme un pollen fécond soufflé par un vent jeune. Trois musiciens québécois ont fondé le groupe Skarazula en 1999.

Leur répertoire s'inspire de musique médiévale, celtique, orientale, que ce soit leurs compositions ou les musiques retrouvées du XIIIe et XVIe siècle européennes et orientales. Dès la première pièce, on est aspiré par leur monde sonore, joyeusement étonné de l'abandon qu'il provoque.

Après plus de 400 représentations, données principalement en milieu scolaire, Skarazula réalise un premier album dont le titre "Ostara" évoque le nom de la déesse de l'aube et du printemps, Oestre. Leur ton musical correspond bien à cette fièvre d'une renaissance qui nous envoûte chaque fois que l'on cède à la tentation de l'entendre. Un album qui ne passera pas inaperçu!

Plusieurs pièces sont de leur cru, compositions aux noms sans banalité : Ostara, Échos de la mer Noire, Dansa de Lauzeta, Kakma, La bransle du Fol, La danse des moustaches, Illusion. D'autres surgissent d'un lointain passé. Ils en ont gardé l'esprit mais y ont insufflé leur propre sensibilité, recréant sans trahir. Il faut dire qu'ils ne s'improvisent pas dans cet univers très particulier. Deux des musiciens sont aussi luthiers de formation. François Rainville et Steve Grenier ont fabriqué plusieurs des instruments dont ils jouent : psaltérion, cistre, mandore, trompette marine, vièle à archet.

Porte-parole du trio, Steve Grenier explique la démarche unique du groupe disant qu'il "s'inspire des diverses façons qu'ont aujourd'hui les musiciens d'aborder la musique ancienne.

Il s'agit de s'inspirer de ce qui a été découvert sur ce répertoire sans tomber dans la recherche d'une reconstitution historique. En combinant cela à une approche où la liberté est évidente en ce qui a trait aux arrangements, le résultat est à la fois moderne et fidèle à l'esprit médiéval."

Ils sont à découvrir, tant pour tout ce qu'ils ont à dire de leurs multiples talents, de cette polyvalence qui leur assure une originalité, de leurs instruments qu'ils maîtrisent si bien, de leur composition qui nous ravit l'esprit, de leur interprétation d'une musique d'autrefois dont l'écho trouve sa place dans la mémoire du coeur.

Après avoir entendu "Ostara" du groupe Skarazula, la curiosité risque fort de s'éveiller à l'égard des musiciens et de leurs instruments.

Leur site Internet est incontournable à cet égard: www.skarazula.com


Encadré(s) :

François Rainville et Steve Grenier ont fabriqué plusieurs des instruments dont ils jouent

Illustration(s) :

SKARAZULA - Steve Grenier (percussions, psaltérion et voix), François Rainville (cistre, mandore, ouo, trompette marine, vièle à archet et voix) et François Perron (flûtes à bec, flûte traversière, voix).


Catégorie : Arts et culture
Sujet(s) uniforme(s) : Musique
Taille : Moyen, 344 mots

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dimanche 3 février 2008

Lettre à mon fils Ariel



Ariel, André-Anne, Élika


Cher Ariel,

Chicoutimi le 3 février 1983 à 23h57...

Ce fut le jour le plus important de ma vie.

Depuis longtemps déjà tu existais dans ma tête et mon cœur. Bien avant de connaître ton père, j’anticipais l’amour que j’éprouverais pour cet enfant né d’une union amoureuse. Le fantasme était si intense que le petit bonhomme peint à mes 18 ans, lors de mes premières expériences du relief en peinture, te ressemble au point que tous croient que tu en a été le modèle et attribuent la toile à ton grand-père. Plus encore, la sensibilité et l’imagination du petit David de mon roman Au-delà du paraître sont les tiennes. Les lecteurs qui t’ont connu au même âge étaient étonnés d’apprendre que le livre t’avait précédé de 15 ans.

Je suis à l’âge d’être grand-maman. Je le suis avec bonheur de cette petite Élika qui aura cinq mois demain. Le plus merveilleux mon fils aimé, c’est que je suis toujours à l’âge d’être ta mère.
Tu es le seul être au monde qui m’appelle «Maman» et tu as su deviner à quel point j’y tenais pour n’avoir pas cédé à une certaine mode où les fils et les filles interpellent leurs parents par leur prénom.

Aujourd’hui, tu as 25 ans. Un quart de siècle. D’y songer me donne le vertige à la seule idée que j’aurais pu ne jamais te connaître. Une autre heure, un autre jour, un autre père, et ce ne serait pas toi. Et sais-tu quoi mon Ariel ? Le plus merveilleux est d’aimer tout de ma vie, parce que c’est ce tout, avec ses joies et ses larmes, ses épreuves et ses succès, c’est le tout global tel qu’il a été qui a permis que tu sois là.

Tu m’as tant appris: l’amour inconditionnel, l’abandon, la confiance, le courage, la résistance. Je t’ai donné la vie, il y a 25 ans. Toi, tu donnes le sens noble à ma vie depuis un quart de siècle.

Pour tout cela, ce 3 février 2008, je veux te dire merci Ariel, mon fils.


Maman