samedi 1 juillet 2017

Redécouvrir le peintre Guy Tay : rétrospective de 50 ans de carrière au CNE

Guy Tay au vernissage de sa rétrospective  présentée au CNE

 Guy Tay fait partie des personnages qui ont marqué le début de ma carrière de journaliste. J'avais 22 ans. Le Centre culturel de Jonquière, inauguré en 1967 allait devenir un lieu où l'art du Saguenay¬Lac-Saint-Jean déployait ses ailes. Guy Tay y a été pour beaucoup. Le dynamisme et l'audace ont ouvert grand la porte à l’innovation. Cette rétrospective présentée par le Centre national d'exposition de Jonquière permettra à ceux qui l'on connu sous cet aspect sérieux d'artiste peintre de constater à quel point il a su maintenir une constance dans son travail en art visuel : la qualité certes, mais plus encore un don véritable de mettre l'image au service de l'expression.  Pour ceux qui ne le connaissaient pas, c'est l'occasion de le découvrir.

Jonquiérois de naissance, Guy Tay ne se résume pas. Il est à la fois professeur d'arts plastiques, peintre, décorateur, illustrateur, concepteur d'évènements spéciaux, animateur, comédien, acteur, metteur en scène, maître de piste (cirque), clown, sculpteur de ballons, magicien, illusionniste.Une énumération que l'on retrouve sur son tout nouveau site Web officiel.

La rétrospective est fort bien conçue. Sur des présentoirs fermés, une peinture du jeune Guy à ses débuts, quelques livres qu'il a illustrés dont  Alexis Le Trotteur de Jean-Claude Larouche. Puis les tableaux, par ordre chronologique, démontrant une démarche en évolution, dominée par le souci de la protection de l'environnement, privilégiant les matières recyclées dans ses créations.


 Rétrospective de 1967 à 2017 des œuvres de Guy Tay Tremblay au CNE



Dans l'édition du Progrès du vendredi 30 juin 2017, Anne-Marie Gravel relate :

« Le parcours de Guy Tay Tremblay en dévoile beaucoup sur l'artiste. Amoureux de l'art sous toutes ses formes, le Jonquiérois a œuvré à travers le Québec et même au-delà au gré des projets qui l'animait. À l'image de ses créations, il ne s'est jamais laissé imposer de barrières. 

GuyTay Tremblay est plus qu'heureux de voir ses œuvres au CNE. « Je me pince. Il y a 50 ans, j'étais ici, sur le mont Jacob, comme directeur de l'animation », affirme d'emblée celui qui en plus d'avoir donné des ateliers de peinture à l'Institut des arts au Saguenay, a enseigné les arts plastiques et le théâtre dans différents établissements de la région.

« Je me rends compte qu'on laisse des traces importantes. Je le constate par la rencontre d'individus à qui j'ai enseigné. C'est la plus belle récompense. »

On peut lire son reportage ICI

On peut aussi lire la présentation de cette exposition sur le site La vitrine culturelle de Saguenay ICI


Lors du vernissage au CNE


L'Homme de pierre - 1967


Tout de suite à notre gauche, en entrant dans la salle d'exposition, j'ai été captivée par cette œuvre. Les couleurs chaudes, les forment se chevauchant et nous entraînant à les voir à la fois morcelées et dans un tout où le côté sombre nous attire comme dans une caverne à l'intérieur de laquelle surgissent des formes renouvelées. On perçoit l'homme ainsi que des personnages, têtes d'oiseaux, feuilles d'arbres... l'œil cédant ou dépassant l'imaginaire. 

Dans sa description Guy Tay précise : 

Rien n'existe jusqu'au moment laissant couler l'encre faire son chemin sur le canevas, des formes sineuses cheminent et serpentent dans toutes les directions.

Syncronisé au geste, l'œil de l'artiste reste vigilent pour faire naître l'inattendu. Puis, tout s'éclaircit, le décor se précise laissant place à un personnage dissimulé dans le roc.

Silence...
Encore une fois, l'œuvre se fixe dans le temps.

La lumière et les couleurs transparentes viennent alléger la composition et les ombres indiquent que l'artiste, parfois, peut créer à l'ombre de son imagination.


 Atome & Galaxie - 1965

Adepte des films de science-fiction, me voici projeté dans un monde inconnu et à découvrir la technique du crayon de cire jumelé à l'encre noire. Dans un premier temps, les couleurs parcourent la toile dans toutes les directions, puis c'est la noirceur totale avec l'encre qui masque tout. Finalement, c'est l'opération que j'appellerais magique, car grâce à des outils appropriés (grattoir, lame plate ou pointe fine) la toile s'illumine de nouveau. Opaques ou transparentes, des formes et des objets hétéroclites apparaissent, se figent dans le temps.

Isolée, une boule de feu nous rappelle que, tout autour, des zones sombres se cachent encore bien des mystères dans les galaxies lointaines. (Guy Tay)



1976 - Forêt de totems

La planète crie « Au secours! ». Elle a besoin d'amour.
Les temps modernes nous ont fait apparaître des monstres mécaniques qui ont systématiquement ébranlé l'écho système par une déforestation sans limite.

Pour suppléer à ce décor dénudé, voici « FORÊTS DE TOTEMS  » figée dans le temps.
Solidement plantés comme des sentinelles, ses arbres, aux figures gravées dans l'écorce, sont habillés de pastel et d'encre de couleurs comme pour cacher certaines blessures laissées par la main de l'homme.

Au loin, à bout de souffle, j'entends encore chanter Diane Dufresne : « Donnez-moi de l'oxygène ». (Guy Tay)



1970 - Éclatement


 1983 - Les divines divaguent

 Il y a quelque chose d'émouvant dans cette toile. La beauté des oiseaux superposant la beauté des vagues dont on ne sait si elles sont un danger ou un attrait. Tout est mouvement et bruissement. Une danse des formes.

1983 - L'Envol

Guy Tay décrit l'Envol : Ma thématique des années 80 fut principalement marquée par des sujets animaliers. En tête, ce sont les oiseaux qui ont retenu ma recherche.

L'interprétation moderne du plumage avec ses tons tout en douceur, nous amène dans un espace où les forces de la nature sont en fusion : l'eau, l'air et même le feu qui semble rigir des entrailles de la terre.

L'ENVOL est un survol du passé, du présent et d'espoir pour l'avenir. Comme Jonathan Le Goéland, l'aventure se poursuit entre ciel et terre.


La rétrospectives des 50 ans de carrière du peintre Guy Tay Tremblay, est présentée au Centre national d'exposition de Jonquière jusqu'au 17 septembre. C'est à voir.



2001 - Villapolis



2016 - Le couple panache