mercredi 25 mars 2015

L'AMI VOL.1 No 2 L'aventure continue


L'aventure continue 
Maintenant disponible. Cliquer sur l'image.

Élika vit intensément l’aventure de ce  journal. Le soir du lancement de L’AMI, elle était aussi fébrile que peut l’être un adulte à la publication de ses écrits.
Son enthousiasme ne se dément pas. Pendant son congé de la Relâche, elle a écrit son reportage sur l'AMI du jour. À son retour de vacances, elle s'est installée devant mon ordinateur et a entrepris de faire les changements auxquels elle avait pensé depuis la sortie du premier numéro.

Hier, nous procédions au lancement du second numéro. Elle avait plein d'étoiles dans les yeux.

Pour le moment, nous en sommes à peaufiner les chroniques. Mais, nous envisageons à aborder la nouvelle, le reportage, la promotion aussi d'activités autres que les nôtres. Je veille à ce que ce journal demeure le sien. Cela demande de la confiance et de la patience. Elle est et doit être une petite fille qui apprend. Bien que parfois, je crois que c'est moi qui reçoit une leçon. Et j'aime cela.

L'AMI aura bientôt sa propre adresse pour recevoir vos suggestions et vos commentaires.

À travers cette initiative, je vois grandir ma petite-fille.Par votre accueil et votre intérêt, vous y contribuez. Merci.





mardi 24 mars 2015

Une mort annoncée... Gatien Moisan

Avant propos : Ce texte a d'abord été lu par Gatien qui, non seulement, en a autorisé la publication sur ce blogue mais dit l'espérer accompagné de sa photo, une mise en scène qu'il avait lui-même réalisée il y a plusieurs années et publiée ce matin dans son journal Facebook.

 Gatien Moisan

Devant l’inéluctable il se tient debout. N’a-t-il pas fait cela toute sa vie? Il la regarde en face, l’esprit plus lucide que jamais.

   - Tiens, te voilà toi.
   - …..

Se tait la grande faucheuse

   - Tu arrives un peu tôt, non?
   - Il est plus tard que tu ne penses.


L’amitié se fout du temps. Elle naît dans la complicité, la confiance et s’installe dans le cœur pour ne jamais en partir. L’amitié, c’est une histoire d’amour entre personnes qui se reconnaissent et se choisissent. Et passent les années. Le lien se tisse au fil des souvenirs. On finit par croire que la source du fil qui nous lie l’un à l’autre est sans fin. Il l’est. Oh! Oui. Il l’est dans le sentiment. Mais il fera quand même très froid, là, dans cette absence qui va suivre ton départ.

Les nœuds de ma gorge sont tellement serrés depuis que j’ai appris la très mauvaise nouvelle. Ton cerveau si génial, si ordonné, si créatif est envahi par un crabe mortel. Et toi, l’artiste mathématicien, le perfectionniste des formes géométriques, l’apôtre de la règle d’or, tu ris de te savoir bientôt à la merci du désordre.

    -  Moi, qui étais toujours si mathématique, je vais devenir tout désordonné, me dis-tu de l’autre côté de la ligne téléphonique.

Et ton rire continue de couler sur ma peine.

Jusqu’à ce que je découvre cette photo de toi. Cette photo qui gifle ton destin. Cette photo à la fois terrible et sublime. Une fosse. Toi étendu au fond tandis que les racines s’étirent par-dessus ton corps immobile.

Mise en scène photographique réalisée par Gatien Moisan
© Photo Gatien Moisan

Devant l’inéluctable, l’artiste s’empare de son destin. N’as-tu pas fait cela toute ta vie? Tu le regardes et le défies… L’art est ton rempart. Te voilà confronté à la toile noire de ta fin de vie et toi, Gatien Moisan, sous nos yeux ébahis, tu es en train d’en faire une œuvre d’art.

Te connaissant, tu vas transformer nos larmes en fleuve pour t’en aller naviguer dans cet espace si bellement peint par toi sur tant de toiles. Toiles devenues voiles gonflées des vents sans temps.

Christiane Laforge
24 mars 2015




***

Ami de longue date de Gatien, Guy Bouchard a écrit la lettre suivante


Le géomètre de Ste-Rose

« Dieu conçoit en géomètre »
Platon
C’était l’été 1980… Nous venions d’acheter le chalet que nous avons démoli en 2013 pour le remplacer par la maison que nous occupons maintenant. Nous avions deux enfants : Félix, 2 ans et Judith, 3 mois. L’héritage des parents de Louise, décédés quatre années plus tôt, nous avait permis d’acheter la propriété pour laquelle  nous avions eu un coup de cœur. La beauté des lieux nous envahissait et nous avions le sentiment qu’elle profiterait à ceux qui nous sont proches. Pourtant… Lorsque, pour la première fois, nous avons franchi la porte du chalet pour nous y installer avec nos deux jeunes enfants, nous nous sentions bien petits et loin du monde. Nous étions de jeunes parents sans expérience et il nous fallait apprendre à dompter la puissante et sauvage beauté qui s’imposait à nous.  
 
C’est dans ce contexte que nous avons rencontré nos voisins : Gatien, Gilberte et Mira. Sarah n’était pas encore née. Je venais de compléter ma formation en mathématiques et j’enseignais au collégial. La carrière de Louise, à titre de pianiste accompagnatrice, était bien amorcée.  
 
À l’université, j’ai appris beaucoup sur la géométrie. À Ste-Rose, j’ai vu le géomètre à l’œuvre. Je l’ai vu saisir les éléments et les placer exactement là où il le fallait pour en dégager la beauté intrinsèque. Cette citation du mathématicien et philosophe Bertrand Russell alors pris tout son sens : 
 
 Les mathématiques, considérées à leur juste mesure, possèdent non seulement la vérité, mais la beauté suprême, une beauté froide et austère, comme celle d'une sculpture, sans référence à une partie de notre fragile nature, sans les effets d'illusion magnifiques de la peinture ou de la musique, pourtant pur et sublime, capable d'une perfection sévère telle que seulement les plus grands arts peuvent la montrer. L'esprit vrai du plaisir, l'exaltation, l'impression d'être plus qu'un homme, qui est la pierre de touche de l'excellence la plus élevée, doit être trouvé dans les mathématiques aussi sûrement que la poésie.  
 
L’œuvre de Gatien est l’illustration de cette citation. Il n’était pas que peintre, il était aussi mathématicien.  
 
La rencontre que nous avons eue avec lui dans le décor sauvage du fjord du Saguenay est celle de la musique, des mathématiques, de la peinture, incarnée en beauté géométrique. Les liens d’amitiés qui se sont progressivement tissés par la suite se sont prodigieusement agencés et ordonnés à la manière des arêtes d’un polyèdre. 
 
Guy Bouchard 
27 mars 2015