samedi 26 mai 2007

Culture télévisuelle

Le grand pouvoir de la télévision
Et si cela ne dépendait que de nous ?


Peut-on encore exister sans la télévision ?

Le récent gala Métro-Star aurait été regardé par plus de 2,3 millions de personnes. Après les galas Gémeaux, Génie, Félix, Olivier, et tutti quanti qui se sont succédés, rendant hommage aux comédiens, cinéastes, interprètes, auteurs, compositeurs et autres personnages du monde du spectacle et de la scène, le gala Métro Star complète la série. Cette fois, la voix des téléphiles s’est fait entendre pour désigner leurs préférés parmi les gens qui occupent l’antenne des différents postes de télé. Mais quelle télé? sinon la télévision de Montréal.

Peut-on exister sans la télévision de Montréal ?

La statuette qui provoque trémolos dans la voix, palpitations sous la soie, rosée de larmes subtilement cueillie au coin de l'œil pour éviter que ne coule le mascara, appartient à ceux et celles qui se font présentes dans les foyers par le biais des émissions de télévision uniquement montréalaise. Sous les yeux près du cœur.

Le public navigue essentiellement en territoire connu. Bien que ce soient les voix de tous les coins du Québec qui se sont manifestées, les honneurs se limitent à la géographie insulaire, et encore faut-il se retrouver en avant-plan de l’écran. Les animateurs et lecteurs de nouvelles passent bien avant les recherchistes, les journalistes et tout autre artisans qui font la popularité de ces émissions.

Peut-on ignorer la télévision ?

Pour qui doute de l’impact télévisuelle de la télévision sur les citoyens il suffit d’écouter les conversations du matin. Les propos s’alimentent de ce qui a été vu la veille et certaines expressions émanent de la fiction devenue plus réelle que les véritables événements. Deux exemples surgissent à cette pensée: Les Bougon et Toute le monde en parle.

Le nom de la désormais célèbre famille Bougon, née dans l’impertinente vivacité de la plume de François Allard, a transformé le sens du mot bougon. Ce synonyme de boudeur, grognon, grincheux, récriminateur, est devenu au Québec le terme identitaire d’une classe sociale particulière; perçue négativement par les uns comme des exploiteurs du système, des profiteurs, des resquilleurs, érigeant l’escroquerie en moyen de subsistance; perçue positivement par les autres comme des rebelles dont les actions non conventionnelles sont davantage une lutte de classe qu’une délinquance.

Quant à l’impact de «Tout le monde en parle» il ne fait aucun doute dans l’esprit des éditeurs d’auteurs, parfois méconnus, qui ont été conviés à se soumettre à la question. Le 20 mars, Marie-Claude Fortin signait un texte dans l’édition du Soleil, relatant les exemples frappants de «l’effet» résultant d’un passage à cette émission. Des titres invendus condamnés au pilonnage (destruction) sont devenus magiquement des succès de librairie. «Le dernier continent» de François Avard a bénéficié du double impact. Déjà, le libellé «par l’auteur des bougon» sur la page couverture avait donné un regain d’intérêt pour ce livre discrètement publié en 1997. Le 23 janvier, le passage de l’auteur à «Tout le monde en parle» l’a propulsé parmi les meilleurs vendeurs. Idem pour «Tout le monde dehors» d’Yves Thériault, de «Robert Piché, aux commandes du destin», de «Musulmane mais libre» d’Irshad Manji. Pour ce dernier, j’avoue figurer parmi les auditeurs inscrits dans «action-réaction» de cette émission, ayant acheté ce livre peu de jours après.

À l’ombre des régions

Le pouvoir détenu et contrôlé par les télé diffuseurs de la métropole démontre l’incroyable perte subie par les régions abandonnées, voire ignorées, par les télévisions d’État. L’équilibre est rompu dans la répartition du droit à la reconnaissance des gens actifs et performants des régions qui alimentent, subventionnent et pourvoient aussi en créateurs, artistes et vedettes le «centre» situé bien au sud de la province. Télé-Québec et Radio-Canada ont allègrement failli à leur mission et le mouvement s’accentue.
La main mise sur nos stations de radio par des entreprises centralisatrices amplifie le sabordage de la dynamique régionale. Notre économie en état de choc est la conséquence de notre apathie. On a ignoré les appels au réveil, pourtant bien fondés, que plusieurs visionnaires désintéressés ont pourtant lancés depuis vingt ans. Allons-nous enfin comprendre qu’il nous revient d’affirmer notre existence. Il n’en tient qu’à nous de renoncer à l’ombre.



Publié le 27 mars 2005
Dans la chronique Art Édito
Progrès-Dimanche
http://www.cyberpresse.ca/

dimanche 20 mai 2007

Jean Laforge est mort


Jean Laforge est mort
Et le chêne est vivant

Un an déjà! Tu étais dans un profond sommeil, loin de la douleur, en route vers le dernier voyage. Celui que tu annonçais dans un de tes poèmes:

Je suis rendu ce soir au terme d’un voyage

Qui m’a blanchi le front et creusé le visage.

La veille, j’avais utilisé ces mots de toi pour ne pas dire «papa tu vas mourir»... et le dire quand même... mais autrement.

Tu as franchi la dernière marche à 17h25, le 20 mai 2006. Trente minutes plus tard, un superbe arc-en-ciel apparaissait au-dessus de Chicoutimi. Jean-Marie l’a aperçu le premier. Nous nous sommes tous précipité sur la terrasse de l’hôpital pour le regarder.

«Eh! bien, il n’a pas tardé à sortir ses pinceaux», me suis-je exclamé.

Nous avons ri à travers nos larmes. Comme le ciel à travers les siennes. Cela te ressemblait tellement de te mettre aussitôt à l’ouvrage, toi, si acharné à vivre intensément.

Hier, assise près du jeune chêne que nous avons planté à ta mémoire, j’ai revécu tes derniers jours depuis ce merveilleux et ultime lundi que nous avons passé ensemble. Tu t’accrochais à mon bras pour monter les escaliers d’un édifice à bureaux. «Pas d’ascenseur as-tu dit, c’est pour les vieux. »

Douze jours plus tard tu affrontais la mort. Un an déjà! Et j’en revis chaque heure.

dimanche 6 mai 2007

Sarkozy vs Ségolène

La droite l’emporte.

Faut-il s’étonner et en accuser le perdant? Ségolène Royal avait-elle une véritable chance contre Nicolas Sarkozy alors que la société occidentale se tourne vers ce qui sont des valeurs qu’elle avait pourtant combattues?

Le flambeau des beaux risques sera repris par les trop jeunes et pas assez nombreux héritiers des idéalistes de 1968. En attendant, les Français comme les Québécois, devront assumer leur nouveau credo de la croissance des profits, même si cela se traduit par des pertes d’emplois sur les continents où une idéal social démocrate avait un jour obtenu légitimement des salaires décents pour les travailleurs, pas pour tous malheureusement, au nom d’une libre entreprise concentrée entre des mains de moins en moins nombreuses et de plus en plus gourmandes.

Mon drapeau est en berne. Et pourtant je ne renoncerai jamais à l’espoir d’une société où les uns se soucient des autres. Cher Félix, tu peux bien chanter encore «J’ai un fils en colère...»