dimanche 30 avril 2017

UNE LETTRE MAGNIFIQUE D'ISABELLE LAROUCHE À SON PÈRE ALBERT LAROUCHE

Isabelle Larouche écrivaine

Isabelle m'a accordé la permission de publier cette lettre émouvante sur mon blogue. Samedi 29 avril avait lieu à Chicoutimi les funérailles d'Albert Larouche dont je parlais dans mon billet précédant. Une cérémonie où il fut beaucoup question d'amour et d'amitié.

Adresse pour papa (Albert Larouche) 29 avril 2017

Mon beau petit papa d’amour,
Comme il est difficile de trouver les mots pour exprimer un aussi gros chagrin…
Je voulais tellement être auprès de toi, au moment de ton départ. Pour une dernière fois, te tenir dans mes bras, te bercer, te réconforter et te dire combien je t’aime. Mais maman, Bernard, Hélène et les autres l’ont fait pour moi. Je savais que ta santé déclinait depuis quelques jours, même si au téléphone, on essayait de mettre un voile pour éviter de m’inquiéter. J’étais si loin… Et le temps me devançait…
Au moment où tes forces s’amenuisaient, je chevauchais cet oiseau de feu au-dessus des majestueuses Rocheuses avec leur tête perçant les nuages. J’admirais leur versant illuminé par cette journée qui venait à peine de naître. J’ignorais que cette journée allait être ta dernière… Si j’avais pu, j’aurais demandé au pilote pour qu’il aille plus vite. Mais c’était une chose impossible, tu le sais bien.
J’ai vu défiler les prairies et leurs longues routes linéaires sans savoir que tu t’apprêtais à emprunter un chemin qui n’est tracé sur aucune carte. J’ai reconnu le lac Supérieur encore prisonnier de son vaste écrin de glace alors que toi, tu te libérais peu à peu pour rejoindre l’infini. Quand j’ai enfin survolé le Québec avec ses centaines de lacs comme autant de yeux ouverts sur un printemps timide, j’étais loin de me douter que tu étais sur le point de refermer les tiens pour toujours, mon papa chéri.
Pour ce grand voyage, comme tu disais parfois, tu n’as pas eu besoin de valise ni de passeport. Mais tu étais prêt à franchir les frontières de ce grand mystère où nous nous retrouverons tous un jour. Et tu l’as fait avec dignité, tout en douceur et en élégance; fidèle à ce que tu as toujours été, mon beau papa adoré.
Mais avant d’embarquer pour cette grande traversée, nous marcherons sur tes pas, nous emprunterons les sentiers que tu as défrichés et les traces que tu as laissées. Nous poursuivrons tes lectures, irons à la rencontre des grands de ce monde, découvrirons des endroits inédits et meublerons nos esprits dans de véritables palais de connaissance, comme tu l’as fait toute ta vie.
Aussi bien que toi, nous serons tendres et amoureux, les bras chargés de roses et l’âme romantique. N’as-tu pas inspiré la plus belle et la plus longue histoire d’amour avec maman, ta petite reine tant aimée ?
Par ton exemple, nous serons les meilleurs parents au monde, justes et droits, généreux et complices. Nous consolerons ceux qu’on aime quand ils auront du chagrin. Je sais que tu nous souffleras la bonne parole, le geste à faire, le meilleur conseil et le brin de sagesse dans chaque épreuve à venir. Et grâce au courage et à la ténacité que tu nous as transmis, nous les surmonterons.

Tout comme toi, nous reconnaîtrons la beauté pour la contempler au quotidien, pour s’en imprégner, s’en inspirer, et la propager à notre tour. Nous continuerons de rire de bon cœur et de s’émerveiller pour des petits riens. Nous cueillerons des graines de passion pour les semer dans notre jardin. À ta manière, nous apprivoiserons le bonheur pour en faire notre ami, en toute simplicité et authenticité. Nous chercherons la lumière et la vérité dans un monde qui en manque parfois, si cruellement.
Les jours de soleil, de neige ou de pluie, nous ouvrirons les fenêtres pour laisser entrer la musique. Nous apprendrons de nouveaux pas de danse, peut-être même des chants ou des poèmes lyriques ! Nous laisserons le vent nous décoiffer et nous humerons les parfums du large rien que pour toi. Nous apprécierons chaque instant, pour que tu les perçoives, dans l’éternité. De temps en temps, nous lèverons notre verre à la vie, entre amis et en famille parce qu’autant que toi, nous serons de bons vivants.
Et oui, ce jour viendra où nous allongerons à notre tour nos ailes pour viser le ciel, où tu nous attends déjà, mon beau papa rempli de merveilles.
Va ! Envole-toi ! Va poursuivre tes aventures dans l’au-delà ! Je sais que tu n’es pas seul mais enfin réuni avec ceux qui sont partis un peu avant. Tu as été un mari exceptionnel, un papa sans pareil, un inoubliable grand-père et un arrière-grand-père aux branches étendues et fortes comme le chêne que tu as planté au bout du terrain, au chalet. Avec le miracle de la vie, tu continueras de semer aux quatre vents de nombreuses petites pousses qui, avec beaucoup de chance, hériteront de tes fossettes, de tes yeux lumineux, de tes cheveux soyeux, de ta voix d’ange, de ta vivacité d’esprit, de ta grande sensibilité et même de tes bras ou tes sourcils hyper poilus !
Tu as mené une vie exceptionnelle et bien remplie. Tu as aussi tout donné. Il est maintenant venu le temps de te reposer, mon beau petit papa d’amour.
En ce jour, et pour le reste de ma vie, je te souffle ce doux baiser… La distance et le temps n’existent plus pour toi. Je sais que là où tu es maintenant, où que je sois, tu le recevras, car tu n’es plus où tu étais, mais partout où nous sommes.

Xxx Isabelle




Albert Larouche, papa d'Isabelle




N'ajoutons rien. C'est trop beau. 

dimanche 23 avril 2017

ALBERT LAROUCHE : CERTAINS ADIEUX N'EN SONT PAS

Albert Larouche 1925-2017



Vendredi 21 avril, Hélène Larouche que j'ai surnommée affectueusement Hélène Junior- en référence à sa mère artiste Hélène Beck - m'écrit quelques mots, lourds de sens, sur le départ imminent de son père Albert Larouche le bien aimé. C'est comme si tout devenait immobile autour de nous. Une vie se termine et, avec elle, malgré nous, une partie de la nôtre s'en va avec elle.

Ce qu'Hélène communique, c'est à la fois sa peine, sa sensibilité, sa force et sa conviction qu'Albert avait pour moi de l'importance. Assez pour que je fasse partie de la confidence et du partage de ce moment de vie... oui, je dis bien moment de vie. 

Dans ma tête, un tourbillon : le sentiment ressenti face à la peine de l'amie, des amis, le rappel des derniers moments de mon propre père, le deuil soudain qui va affecter tous ses amis si proches et dont certains sont les miens. Je pense à Jérémie Giles en particulier. Je pense aussi à sa fille Isabelle  l'écrivaine talentueuse et à son fils Bernard. Je pense à Hélène Beck, ce nom qui a superbement supplanté son patronime de naissance, Claire Boily, dont je n'ai eu connaissance qu'aujourd'hui fouinneuse que je suis sur Internet.

Déjà Membre des 21, le 19 juin 2010, Albert Larouche était reçu Membre de l'Ordre du Bleuet. J'écrivais alors ce texte que je me permets de reprendre, bien qu'il figure en évidence sur le site Web créé pour lui:

De sa naissance à Kénogami en 1925, de ses classes primaires à Jonquière, de ses études secondaires à Arvida et classiques à Chicoutimi, Albert Larouche est le parfait prototype de la fusion avant l’heure. À la géographie de sa jeunesse, il ajoute son mariage avec une audacieuse artiste peintre, Hélène Beck, des enfants très portés sur les arts et l’écriture, le tout additionné de sa propre curiosité archéologique et de l’influence incontestable des ses fréquentations professionnelles.



Comme réalisateur à Radio-Canada, Albert fréquente des célébrités : Maurice Chevalier, Tino Rossi, Luis Mariano, Jacques Brel, Gilles Vigneault, Claude Léveillé, Jean-Pierre Ferland, Ginette Reno, Claude Dubois, Jacques Michel, Robert Charlebois. Il devient le témoin privilégié de mémorables inaugurations : telles que le camp musical du Lac Saint-Jean et l’Université du Québec à Chicoutimi. Lors de l’Expo 67 à Montréal, il est requis pour la réalisation de grands reportages, dont la visite de la reine Élisabeth II, celle du Général de Gaulle, ainsi que le Festival d’Art dramatique réunissant à Saint-Jean de Terre-Neuve des comédiens de chaque province canadienne. La même année, à son retour à CBJ, il ouvre les ondes à la radio-théâtre mettant en scène des jeunes comédiens de la région interprétant nos auteurs. Louise Portal, Michel Dumont, Ghislain Tremblay en gardent souvenir tout comme nos musiciens se souviennent de la populaire série «Banc d’essai» où les finissants des Conservatoires de musique du Québec pouvaient être entendus sur les ondes canadiennes ; sans oublier Les grands concerts de Radio Canada qui captaient les concerts donnés dans notre région.



La personnalité d’Albert Larouche est tissée de tous ces fils reliés à l’histoire, la littérature, la musique, le théâtre, développant un véritable attachement à la mémoire. Incontestablement sa devise est «Je me souviens», tout comme se souvenaient les Anciens du Saguenay-Lac-Saint-Jean qui ont alimenté pendant des années le contenu de sa série d’émission «Au Temps de la galette», un des trésors des Archives nationales.



Membre fondateur et président de la Société d’archéologie du Saguenay, président du Comité d’acquisition du Musée du Saguenay, il a terminé sa carrière en 1983, le temps de recevoir, en 1982, le Prix du Journalisme Auguste-Béchard (fondateur du premier journal de la région), prix décerné par la Société nationale des Québécois en reconnaissance de ses travaux et de la diffusion du patrimoine saguenéen. 


Nommé à juste titre membre honoraire de la Société historique du Saguenay, Albert Larouche met à profit ses longues vacances pour travailler comme bénévole pour cet organisme où il se consacre à l’identification et au classement des photographies accumulées pêle-mêle dans des cartons. En 20 ans, il en a classé plus de 60 000.



Albert a mené sa carrière de réalisateur avec bonheur. Il a su mettre la radio au service de la mémoire et de la culture. Aujourd’hui, adepte enthousiaste de l’ordinateur, il décrète que cet outil merveilleux est «un petit écran par lequel l’univers est entré dans sa maison». Homme modeste, il ne se rend pas compte que ce grand passionné, archiviste dans l’âme, qu’il est, contribue à sauvegarder l’histoire de notre population.



Albert Larouche et sa compagne de vie Hélène Beck, reçus tous deux Membre de l'Ordre du Bleuet le 19 juin 2010.

Je pourrais regretter de n'avoir pas assez souvent profité de sa présence. Je préfère garder précieusement chaque souvenir et me dire que ce fut un privilège que de partager avec Albert Larouche des heures de vie vibrantes comme ce repas festif à mon Refuge roserain où la joie, la poésie et les chansons étaient au rendez-vous. 

« Il y a des moments si merveilleux, qu'on voudrait que le temps s'arrête... » (Gilbert Bécaud)


Quelques saveurs belges pour le dessert comme cette crème vanille qui en a fait saliver plus d'un. Sur la photo on reconnaît Christine Bouchard, artiste peintre, Claude Bolduc et sa compagne Hélène junior, Albert Larouche et Hélène Beck. 


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En quise d'information : La famille accueillera les parents et amis à la Résidence funéraire
Gravel & Fils, Réseau Dignité au 825 Bégin, coin des Champs-Elysées à Chicoutimi.
Les heures d'accueil sont : le vendredi 28 avril 2017 de 14 h à 17 h et de 19 h à 22 h. Samedi, le salon sera ouvert à compter de 9 h. La célébration de la Parole aura lieu le samedi 29 avril 2017 à 10 h 30 à la chapelle Gravel & Fils.

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