dimanche 27 janvier 2008

samedi 19 janvier 2008

Le déluge après



Le Quotidien
Arts, samedi 19 janvier 2008, p. 23

"Le déluge après" de la Rubrique
Audacieux et téméraire

CHRISTIANE LAFORGE

JONQUIÈRE - La nudité sera-t-elle l'élément attractif de la nouvelle création du théâtre La Rubrique? L'excès de sacres fera-t-il oublier la beauté de nombreuses répliques? Michel Bérubé a fait oeuvre de défricheur en devenant le premier à mettre en scène ce texte dramatique d'une nouvelle auteure, Sarah Berthiaume. Audacieux ou téméraire, sa propre lecture de la pièce "Le déluge après" confirme qu'il est l'un et l'autre.

La nouvelle création du théâtre La Rubrique doit beaucoup au jeu de ses comédiens. Richard Fréchette démontre combien un rôle n'est jamais secondaire tant son Omer est convaincant. Johanne Grenon crée une émouvante Dalida. Ce duo est le pilier d'une pièce jouée pour la toute première fois, faisant honneur au théâtre La Rubrique qui ne craint pas de mettre ses 29 ans d'expérience au service d'une relève prometteuse.

Le contenu

L'histoire peut se lire comme un conte où l'invraisemblable permet bien des libertés ou comme un portrait social plutôt tragique où le bonheur est illusoire.

Un village, nulle part au bord du fleuve. Des pêcheurs désoeuvrés, victimes d'une tempête qui a englouti leur raison d'être. Des femmes exilées de leur propre espoir de vivre. Et il y a June. Enfant sans père connu parce, le même été, tous les hommes du village ont tenté d'oublier leur naufrage dans les bras de sa mère.

Lorsque se lève le soleil, Dalida (Johanne Grenon) fait les perruques que coiffe June, le soir venu, lorsqu'elle se dénude sur la scène de l'unique bar du coin. Grace (Monique Gauvin) prépare les repas que sa fille ne mange pas, plus avide qu'elle est d'entendre le chant de ses souvenirs; mère et fille se déchirant aux aspérités des secrets. Omer (Richard Fréchette) noie dans la bière la réalité de sa vie, Georges (Éric Chalifour) mise sa piètre survie sur le corps de June.

Surgit Denis (Patrice Leblanc). Camionneur égaré qu'une malencontreuse panne contraint à prolonger son séjour dans ce coin perdu, bousculant la poussière d'ennui qui recouvre la morne existence des villageois. Sa présence met en lumière les traits de chacun. L'arrivée de son amoureuse, Sandrine (Josée Gagnon), accélèrera une chute prévisible.

Le jeu

Le décor est astucieux, conçu pour multiplier les lieux sans rien déplacer, le tout s'intégrant à l'ensemble. Les accessoires modestes suggèrent avec efficacité les mises en situation où les comédiens vont se mouvoir au fil des répliques.

Sans doute, et c'est compréhensible le soir d'une première (mercredi dernier), la maîtrise n'est pas encore parfaite. Émilie Bouchard Jean (June) butera plusieurs fois sur les mots. Femme enfant, innocente et sans pudeur, June est ambiguë. Le rôle exige une intensité et une maturité qu'elle n'a pas encore acquises. Patrice Leblanc donne également l'impression de ne pas vraiment croire à son personnage. Il est vrai qu'ils dépendent l'un et l'autre d'un texte aux forces variables. Sarah Berthiaume n'a pas toujours le souffle pour tenir le niveau de ses propres répliques. On alterne entre des phrases superbes, même dans leur maladresse, et des répliques vulgaires dont l'abondance finit par agacer.

Par contre, Omer, Grace et Dalida ont très bien saisi les nuances, provoquant par la qualité de leur jeu émotion et rire dans un bel équilibre.

Le déluge après

Le soir de première, le public a souligné par trois rappels son appréciation de la prestation de La Rubrique. Avec raison, malgré les réserves soulignées quant au choix du langage. Précisons que les scènes de nudité sont tout à fait justifiées. Impossible de convaincre le public de l'intense émotion que suscite la vue du corps de June sans le montrer. Cela est fait avec élégance. Tout comme Denis qui se dévêtira plus tard avec beaucoup de naturel, ainsi qu'il se doit, pour la scène du bain précédant le désir.

Oui, "Le déluge après" doit beaucoup à la qualité de ses comédiens. Si l'appréciation demeure réservée, disons que ses nombreuses qualités imposent l'oeuvre malgré tout, sachant qu'elle est nouvelle-née, ne pouvant, avec le temps, que s'affiner et grandir . o

claforge@lequotidien.com



Illustration(s) :

OMER - Impayable Richard Fréchette, donnant la réplique à Patrice Leblanc (Denis).
JUNE - les scènes de nudité sont tout à fait justifiées et cela est fait avec élégance.
DÉCHIRURE - Mère et fille se blessent l'une et l'autre avec tout ce qui n'est pas dit.

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dimanche 13 janvier 2008

Dimanche

La musique de Vivaldi a surpris mon rêve en flagrant délit d’escapade langoureuse. Je choisis d’être éveillée en musique n’aimant pas le son agressif des réveils. Vivaldi est en harmonie avec le soleil de ce 13 janvier.

J’hésite. Dois-je céder à la paresse ?

Dans la solitude d’une maison silencieuse, je regarde passer le temps. Il faut savoir s’arrêter si l’on veut vraiment le regarder passer ce temps.. si précieux.

Plus tard :

J’hésite entre le rien faire si plein de promesses et la gaieté partagée avec des présences souhaitées.

Une neige éblouissante de blancheur sous les yeux, Mozart au creux de l’oreille, la nuque frissonnante sous les cheveux mouillés, le parfum des fraises du petit-déjeuner. L’écran de l’ordinateur ouvert, miroir moderne d’une Alice aux pays des merveilles curieuse d’aller voir ce qui se passe de l’autre côté... Que de choses tristes!

Allez. Je viens de rattraper mon rire au lasso imaginaire. Il rue un peu mais s’amadoue (quel joli mot : amadoue).

Je choisis le tout faire plein d’inattendus.