vendredi 28 mai 2010

Construire son avenir

«Tiens papa on va pouvoir construire mon avenir»

Victor Laforge sera-t-il un artiste? Artiste, ce mot honni  par  plusieurs dirigeants politiques qui ne supportent pas l'insubordination de cette espèce en voie de multiplication. 

Né en milieu rural, sur une ferme des Ardennes belges, l'arrière grand-papa de Victor a été mis au ban de sa famille parce qu'il aimait plus que tout dessiner et peindre. Ce «travers» venait sans doute de ses gênes paternels, alors qu'il était né «enfant de l'amour» (jadis on disait bâtard), d'un père déclaré inconnu même s'il était connu. Justement parce qu'il était connu! Un géniteur issu d'une famille d'artistes où être mécène pour les arts était la norme.

Jean Laforge, artiste peintre malgré l'oprobe de son époque et la vindicte de sa famille a lui-même engendré des artistes. Quatre sur quatre qui ont eux-mêmes donné naissance à des artistes, en arts visuels, en musique,  en écriture.

Victor est né à Chicoutimi, en avril 2009, lieu de vie de sa famille et peut-être de son avenir. Pour lui, rien de moins que le meilleur. Comme l'on voulu les hommes et les femmes qui, au cours du siècle dernier, ont tout investi pour doter cette région des écoles formant des artistes. Nous avons besoin de visionnaires, capables de prendre le risque du meilleur et construire, ici, un avenir pour nos jeunes. Peut-être qu'alors notre démographie saguenéenne cessera-t-elle de vieillir.

Petit Victor brandit les outils. Aux arts mes citoyens!

Floraison de couleurs - Élika Laforge 2010

Deux pinceaux, un peu d'eau, une palette de couleurs, une toile blanche. Élika, 2 ans et demi, seule à la grande table, a peint cette toile. La seule intervention a été la signature ajoutée par une Mamieke séduite qui a troqué cette floraison de couleurs contre une toile vierge. 

Élika Laforge sera-t-elle une artiste? Artiste, ce mot honni  par plusieurs dirigeants politiques qui ne supportent pas l'insubordination de cette espèce en voie de multiplication.

Petite Élika brandit les pinceaux. Aux arts mes citoyens!

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mercredi 19 mai 2010

Papa

Il me semble que c'était hier. À cette même heure, ton médecin nous demandait, à nous tes quatre enfants, de te dire que tu allais mourir. Ton corps se tordait de douleur et tu refusais la morphine salvatrice afin de garder ta conscience pour lutter contre la maladie. Mon rôle était de t’aider à comprendre que ta souffrance pouvait être soulagée. Je me suis retrouvée près de toi, la gorge nouée pour te dire que ton combat était terminé. Non, non, tu n'étais pas vaincu... tu avais seulement le droit de te reposer enfin!

Un de tes poèmes disait:

Je suis rendu ce soir au terme du voyage
Qui m'a blanchi le front et creusé le visage
Des pays parcourus où je portai mes pas
Et des jours effacés qui ne reviendront pas.
 

Tu  souffrais tellement! J'ai compris le sens des mots : se tordre de douleur. Comment te convaincre d'accepter l'aide chimique qui allait te soulager? J'avais plutôt envie de te dire, comme lorsque tu es parti pour le Canada quand je n'avais que trois ans, «Ne pars pas papa... ne pars pas.» Mais j'étais devenu grande, alors j'ai dit : «Papa, tu es rendu ce soir au terme du voyage...».

Tu m'a regardée. Ton regard me demandait-il la permission de partir ou me demandait-il pardon de ce nouveau départ?

Tu as finalement accepté d'être soulagé de ta douleur et, dans un soupir résigné que je n’oublierai jamais, tu as posé ta tête sur l'oreiller, t'abandonnant. L'infirmière est venue. Très vite tu t'es endormi.  Tu étais déjà très loin de nous. Et je ne t'ai revu les yeux ouverts que le lendemain, 17h25, à ton dernier soupir. Ce soir-là, peu avant 18h, il y a eu un arc-en-ciel sur Chicoutimi. J'ai dit à Jean-Marie: «C'est bien  de lui ça, il a déjà repris ses pinceaux!» On a ri de chagrin!
Papa, demain 20 mai 2010, cela fera quatre ans que tu es parti. Et je ne t’ai pas encore dit adieu. Ne le ferai pas non plus aujourd'hui.

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vendredi 7 mai 2010

La voix des jeunes


Extrait de l'album Électrons libres de Chantale Vincelette
Publié sur le site www.nouvellesalle.com

Combien de temps encore la population du Saguenay devra-t-elle attendre une salle de spectacle qui réponde aux besoins réels de sa communauté artistique? 
Voilà la vraie question à poser.

Je regrette que la décision ne revienne qu'aux seuls citoyens de la Ville alors que je suis tout autant concernée, comme personne qui assiste aux spectacles présentés au Saguenay et comme contribuable qui souhaite qu'une partie de ses impôts soient investis dans le développement culturel de SA région.  Je demeure optimiste quand je regarde nos jeunes qui nous invitent à investir dans leur avenir. Un avenir qu'ils veulent ICI. Ils sont la voix que je veux entendre.  La voie que je veux suivre.

Voici le trac que des jeunes du Conservatoire de musique feront circuler ces prochains jours.





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