mercredi 21 décembre 2016

DOMINIQUE LÉVESQUE EST MORT EN VIVANT... CE QU'IL VOULAIT.



© Radio-Canada / François Lemay | Dominique Lévesque

 Avec tant de tristesse, j'apprends ce soir la mort de Dominique Lévesque. Je l'ai connu à Jonquière, journaliste découvrant la fougue et la verve du futur Groupe Sanguin qui allait procréer des humoristes de grands talents. Que l'on pense à Dany Turcotte, Émile Gaudreault, Marie-Lise Pilote.

Dominique Lévesque est mort vivant, en pratiquant un de ses sports favoris au Honduras, la plongée en apnée. Ce n'est pas de l'humour. Ce n'est pas de l'ironie. C'est la vie. C'est sa vie.

Lors d'une entrevue mémorable, il m'a justement confié cette vie qui était la sienne et sa farouche volonté de ne pas mourir idiot. Préférant mourir que de se freiner. 

En mémoire de Dominique, je me permets de publier le reportage qui en a découlé, publié dans le cahier des arts du progrès-Dimanche.  On y retrouve toute sa sensibilité, son amour des mots et ce défi lancé à la vie : être aimé. Il a vaincu l'apparence pour démontrer la puissance du paraître.

Dominique, que cette modeste page puisse te dire, au-delà de tout, mon affection et mon admiration.


Entrevue réalisée pour le Progrès Dimanche  en 1999.

par Christiane Laforge

CHICOUTIMI (CL) - Blessé par les moqueries des autres enfants, timide et très seul, Dominique Lévesque a trouvé très jeune des alliés d'une fidélité indéfectible : les livres.  Sa curiosité insatiable, alimentée par un père qu'il aime infiniment, a fait de lui un boulimique du « connaître » et un adorateur des mots.

« Le pouvoir le plus fort c'est les mots.  Tu peux tuer, tu peux tout faire avec les mots.  Avec les mots, combien tu peux être assassin dans ta vie, dans ton couple, dans tes amitiés.  À ce sujet, Jean-Paul Sartre avait raison. » 

 L'humoriste, révélé par le Groupe Sanguin qu'il a créé à Jonquière avec plusieurs de ses élèves et réputé pour ses personnages enfantés pour Lévesque & Turcotte, carbure au travail.  Il a trouvé le secret des journées de trente-six heures. Le cerveau en ébullition, qui lui fait dire « J'ai des orgasmes avec les idées », il ouvre grand les bras pour saisir la planète.  

Il est rédacteur et concepteur pour plusieurs émissions de télévision (Les Mordus, gala de La Presse, bientôt gala Métro Star et plusieurs autres projets pour l'an 2000), metteur en scène, comédien (Virginie, Le Coeur au poing), homme de scène depuis quinze ans (Groupe Sanguin, Lévesque & Turcotte) applaudi par des centaines de milliers de spectateurs.  Il navigue sur Internet  autant qu'il peut (c'est-à-dire beaucoup) jusqu'au fond des forêts australiennes où il vient de découvrir l'existence d'une tribu préservée de la modernité, entre deux joutes de méli-mélo sur Infinite avec des concurrentes coriaces, tout en communiquant avec les nombreux visiteurs du site Lévesque & Turcotte dont plusieurs alimentent leur répertoire, tout en plongeant dans la lecture. Ouf! 

De passage pour deux représentations du spectacle Lévesque Turcotte arrivent en ville, il avoue : « Je n'ai apporté que cinq livres avec moi: La baignoire d'Archimède, Le loup est un loup, un livre sur les scientifiques à travers l'humanité, un autre sur les grandes tragédies humaines. » Après quoi court-il donc, lui qui avoue être incapable de s'arrêter, ne pas le vouloir non plus ?  « On me dit souvent, qu'à ce rythme-là, je me tue.  Peut-être, mais j'ai tellement peur de mourir idiot.  Je préfère mourir que de me freiner. »  Conclusion: il veut mourir vivant. 

On est loin du gars drôle, ironise-t-il, un peu agacé face aux gens qui attendent d'un humoriste qu'il soit un clown permanent.  Il n'est pas non plus le gars fatigué qui a tant fait rire les Québécois.  Dominique est davantage une boule d'énergie, dévorée par la curiosité autant que par le trac. 

Pour la curiosité, sa passion des livres, les immenses possibilités d'Internet ont de quoi le satisfaire.  Pour le trac, c'est une toute autre histoire.  Cela va jusqu'à le rendre malade et malheureux au point d'avoir annoncé que le spectacle Lévesque Turcotte arrivent en ville serait le dernier.

 « J'ai même fait une psychothérapie.  Cela vient de quelque part.  En fait, croit-il, le trac s'est installé avec la prise de conscience du succès, de l'amour du public et de la peur de le perdre. J'ai tellement besoin d'être aimé.  Je ne peut pas supporter qu'on ne m'aime pas.  C'est viscéral.  Ce que je vais chercher avec le public c'est l'amour.  Les applaudissements ça me dit que j'existe.  Le public, ça te permet d'avoir une valeur émotive. »

Et pourtant il voulait quitter la scène.  Une perspective remise en question.

« Ce qui m'arrive, c'est que j'ai remis toute ma vie en question.  Depuis trois mois je suis séparé de ma blonde.  Je n'ai rien vu venir.  On était ensemble depuis seize ans.  Cela me remet en question parce que j'ai besoin d'amour.  L'amour ça me permet d'exister.  Être aimé, pour moi, c'est ça qui me garde en vie. »

 Dominique Lévesque reconnaît avoir de la difficulté dans ses relations humaines.  Il est prudent et très sélectif parce qu'excessivement vulnérable.  Par contre, il veut s'investir pleinement dans sa relation avec ses deux enfants, Philippe, six ans, et Rosalie deux ans.  

« J 'avais décidé que je n'aurais jamais d'enfant.  Avec des enfants, ta vie change de tout au tout.  Maintenant je veux être pour eux le meilleur des pères. Quand je suis avec eux, rien d'autre n'existe.  Je me rends totalement disponible.  C'est mon père qui m'a appris combien la présence de l'adulte est importante.  J'ai tellement de souvenirs de mon père, de tout ce qu'il m'a appris.  Mon père, c'est le meilleur ami que j'ai eu au monde. »

 La personnalité de Dominique prend racine dans le meilleur et le pire de son enfance.  Le meilleur: une grande famille de huit enfants, une mère courageuse et solidaire des choix de son mari, un père passionné qui a quitté son emploi de débardeur, à 43 ans, pour aller à l'université décrocher un diplôme d'enseignant.

Le pire, un handicap physique, « J'avais les yeux croches » qui provoque les moqueries cruelles et le rejet.  « J'étais le seul de la famille qui n'avait pas d'ami.  J'étais complexé, très timide, très renfermé.  Je n'étais pas capable d'accepter ce que j'étais.  Je détestais l'école, j'étais dernier de classe.  Le seul copain que j'avais était aussi seul que moi parce qu'il était bègue.  À nous deux on était la Cours des Miracles.  La pire des choses, c'est quand j'ai appris que mes parents payaient des enfants pour qu'ils jouent avec moi.  Ils leur donnaient des bonbons pour que je sois moins seul. »

Cette souffrance lui a ouvert la porte des bibliothèques.  Son refuge et la source inépuisable de ce qui est devenu sa vie : les mots. 

 « Je suis un amoureux des mots.  Je me suis construit avec les mots.  L'humour, ce n'est pas vrai que c'est la facilité.  Le summum de la langue c'est la poésie et l'humour.  C'est ce qui est le plus difficile à maîtriser d'une langue étrangère.  C'est le dernier bastion à atteindre quand tu veux communiquer.  »

Dominique Lévesque et Dany Turcotte

Un trac maladif

 Dominique Lévesque, l'infatigable père du célèbre « gars fatigué » remet en question sa décision d'abandonner la scène.  Il voulait mettre fin au tandem Lévesque & Turcotte, malgré leur succès, pour deux raisons : le trac maladif qui s'empare de lui avant chaque représentation.  Les nombreuses autres occupations professionnelles qui suffisent amplement à sa sécurité financière.

 Il écrit pour la télévision et il est très sollicité.  Voilà deux fois qu'il refuse une offre d'Hollywood.  On lui demande de faire la scénarisation d'une bande dessinée.  « Je leur propose des scripteurs, je leur explique que je n'ai pas le temps.  Il s'agit de trois cents dessins animés de cinq minutes.  Cela fait deux fois que je dis non mais c'est moi qu'ils veulent.  Je dirais non une troisième fois.  C'est un travail d'une année à temps plein.  Je ne peux pas tout laisser pour ça.  Il y a beaucoup d'argent en jeu mais je ne pense pas que ça vaut la peine. »




Il préfère le projet d'écriture des éphémérides de La Presse pour Jacques Moisan; un autre pour un programme d'une heure sur l'écologie; sans oublier qu'il est le concepteur de l'émission télévisée Les Mordus avec André Robitaille.
De plus, il y a son association avec Dany Turcotte.  Quinze années partagées, d'abord comme membre du groupe Sanguin et, depuis huit ans, en duo  sous le nom de Lévesque & Turcotte.  Entre eux, c'est une grande amitié.  Si Dominique décidait, finalement, de renoncer à monter sur scène, cela ne mettra pas fin à leur collaboration.  « J'écrirai pour lui.  Je travaillerai avec lui. »

 Ce qui lui plaît en Dany, c'est son humour et sa manière de prendre la vie.  « Il est l'opposé de moi.  Lui, ça lui suffit Lévesque & Turcotte.  On est ensemble depuis si longtemps.  Quand on est en tournée, on est tout le temps ensemble, on fait tout ensemble.  On se connaît autant qu'un couple. »

Les affections de Dominique Lévesque sont puissantes et tenaces.  Comme son appartenance à sa région. Il est né à Bagotville.  Et malgré une enfance solitaire, il est possédé par sa terre natale.  Après l'université, son père a trouvé un poste d'enseignant à Thetford Mines.

« J'étais tellement malheureux de partir.  J'ai emporté un peu de sable de La Baie dans un petit contenant.  Je l'ai gardé longtemps.  Jusqu'à ce qu'il soit cassé. »

 Ce sentiment d'appartenance au Saguenay est un trait commun à de nombreux Bleuets, qu'ils soient d'origine ou d'adoption.  « Ce n'est pas de la nostalgie que l'on a.  On continue d'être habité par la région.  Chaque fois que je reviens, je la trouve plus belle.  Tu peux jamais t'en séparer.  Elle est toujours là, à l'intérieur.  Même après quinze années à l'étranger. »

 De son exil à Thetford Mines, il garde le souvenir de sa revanche.  « J'ai tellement passé de temps dans les bibliothèques, j'ai été tellement seul, que je suis devenu premier de classe. »  Tellement performant en études que son père l'avait convaincu d'entrer en médecine.  « Moi qui déteste tout contact avec la mort ou la maladie ».

Il a bifurqué vers la biochimie, « j'aime tout ce qui est scientifique ».  Finalement il a exploré la psychologie, « alors que je n'aime que les sciences exactes », l'animation culturelle et le théâtre.       « Je voulais devenir chansonnier. »

 Il s'est retrouvé professeur à Jonquière, adepte inconditionnel des ligues d'improvisation jusqu'à la création du groupe Sanguin.  Il a constaté, à ce moment, que lui, le rejeté, le solitaire, celui dont on se moquait, était devenu un rassembleur, un être autour de qui les autres gravitent.  « C'est ma vengeance.  Je m'étais juré qu'un jour je serais aimé. »

 À 46 ans, il se reconnaît très cartésien.  Obsédé par le besoin impérieux de connaître ce qu'il utilise.  « La meilleur façon de conjurer ton angoisse, c'est de connaître, d'avoir le contrôle.  Je n'aime pas ce qui n'est pas exact.  C'est noir ou c'est blanc. »





 Groupe Sanguin : Émile Gaudreault, Dany Turcotte, 
Bernard Vandal, Marie-Lise Pilote et Dominique Lévesque





   
   

lundi 7 novembre 2016

L'AMI INTERROGE LES GRANDS-PARENTS

L'AMI format PDF disponible ICI





L’AMI grandit

  Élika commence à développer un véritable sens journalistique. Bien sûr, ses préoccupations font partie intégrante de ce qu’elle vit.  Elle a consacré plusieurs numéros aux personnes les plus près d’elle. Puis à celles qui suscitent son admiration, comme Atchoum et Maxime Desrosiers. Elle a plusieurs fois écrit sur ce qui la passionne : les opérettes de la SALR et ce depuis qu’elle a 3 ans, ainsi que la danse et le karaté. Puis, ce fut son expérience théâtrale, dans le rôle de Léa-Rose de La Maison coupée en deux, présentée l’été dernier à Saint-Fulgence.

Cette fois, elle aborde d’une autre façon la conception de son journal L’AMI. Elle fait des entrevues. Pour réaliser son reportage sur les grands-parents, elle a fait des entrevues en tête à tête et plusieurs entrevues au téléphone.

Pour son résumé en page 2, elle tenait à l’écrire seule, directement sur le document Pages. Je n’ai été requise, à la toute fin, que pour vérifier l’orthographe. Pour sa page 4, elle a opté pour la formule questions-réponses. Là encore, personne ne devait écouter les enregistrements.

Quand au mini-reportage sur l’Halloween, Élika a énuméré ce qu’elle voulait en dire. Ajoutant : « Avec tout ce que je t’ai dit tu devrais pouvoir faire un résumé correct. »
Je me suis sentie simple journaliste face à son rédacteur en chef.
Que du plaisir… et du travail!



Bref historique de L'AMI

Le journal L'AMI a été créé en février 2015.  Le but était de faire vivre à une petite fille de 7 ans une aventure spéciale, c'est-à-dire, devenir journaliste et même rédactrice en chef. Je m'attendais à ce qu'elle y prenne plaisir, car elle aime les livres et inventer des histoires. Elle pose beaucoup de questions. Des qualités très utiles en journalisme. Je m'attendais à un enthousiasme certain, mais qui se limiterait, avec le temps, à quelques numéros. 

En 11 mois, Élika a réalisé 9 numéros de son journal L'AMI (ce nom qu'elle a elle-même trouvé). En 2016, le nombre se limitera sans doute à 5 numéros. Ce n'est pas faute d'intérêt de la jeune rédactrice. C'est surtout son éditrice et monteuse de page qui n'a pas su répondre à la demande. 

Dans son cahier de notes, Élika, aujourd'hui 9 ans, a déjà plusieurs thèmes au programme. Elle insiste aussi pour augmenter le nombre de pages. J'ai l'impression que L'AMI a un avenir.

J'en profite pour remercier tous ses lecteurs. Ses abonnés fidèles depuis le début à la copie papier  et ses lecteurs « Numéricains » qui téléchargent son journal et partagent leurs commentaires. C'est une des grandes motivations d'Élika. 

J'ajouterai, que ce journal demeure le travail de sa jeune rédactrice. Comme dans tout média, le pupitreur corrige les erreurs, mais il y a peu ou pas d'interventions pour influencer le contenu.




L'AMI fera-t-il des petits?

La semaine dernière Élika est arrivée, très fière d'elle, avec un récit, fort bien tourné. Je n'ai pas pu me taire.

- C'est une belle histoire ma chérie. Bien construite. Touchante. C'est comme dans un livre.
- On pourrait en faire un, réplique-t-elle les yeux brillants.
- Un livre?.... Oui. C'est possible. Un livre avec des illustrations.
- Sur la page couverture?
- À l'intérieur aussi. Mais il te faudrait trouver une personne qui dessine bien.

Quelques jours plus tard elle me revient:
- Mamieke, c'est le plus beau jour de ma vie. Je crois que j'ai trouvé mon illustratrice. Tu sais, pour mon livre.
- Ah!!!
- J'ai une amie qui dessine. Mais avant il faudra que je vois si ses dessins sont bons pour mon livre.
- Évidemment. Sinon, tu chercheras encore.
- Mais si c'est bon, qui va l'éditer? 
- .... Ça c'est une grande question.
- Est-ce que moi je peux ?
- Publier ton livre?
- Non, créer un éditeur?
- Créer une maison d'édition.
- Je pourrais?
- Tu peux tout.
- Il me faut quoi?
- Un nom d'éditeur pour commencer.
- Panda.
- Les éditions Panda?
- C'est beau hein?
- Oui, mais peut-être que cela existe déjà. Alors il faudra trouver un autre nom.
- Attends, je vais faire une recherche, dit-elle en inscrivant ce nom sur Google.
- Oupsss!
- Ça existe fait-elle dépitée. Attends, je fais une autre recherche. Elle tape trois mots. Résultat négatif. Toute souriante elle me recommande la plus grande discrétion pour ne pas se faire voler son idée.

Je pressens que cette enfant me prépare des lendemains très occupés.









mercredi 2 novembre 2016

LE MANTEAU ROUGE, UNE PARTIE DE MON HISTOIRE




Le manteau rouge



Le rouge est sa couleur préférée. Lorsqu’elle endosse ce manteau rouge elle se sent comblée. Elle n’aura plus cette sensation de froid qui traversait le vêtement usé à la corde tout en se sachant, enfin, élégante. Dur d’affronter les marques de sa pauvreté et de cet abandon, voire cette indifférence, de sa famille qui ne vient même pas la chercher lors des vacances de Pâques et encore moins la visiter les fins de semaine dans ce pensionnat où se languir de sa famille les indiffère. Elle a 11 ans.



Elle marche dans la cour de récréation sans se douter que ce bref bonheur vestimentaire va prendre fin brutalement lorsque la fille aux cheveux blonds s’approche d’elle. Pas mesquine, elle dit à voix basse : « C’est mon manteau. Maman l’a donné pour les pauvres. C’était mon manteau préféré. Ne crains rien, je ne le dirai à personne. » Ce même jour elle avait chaud d’un manteau rouge et d’une amitié naissante qui la trahira.



Ce même jour, elle se jura ne jamais avoir honte de son apparence, de tout signes extérieurs ne dépendant pas d’elle. Ce jour -là, elle devint imperméable au regard des autres. Sous le rouge d’un manteau usagé marchait une petite fille libre à jamais de l’opinion des autres.



Le rouge est sa couleur préférée. Dans ce collège que fréquentent filles de notables ignorant tout de la pauvreté, elle se protège du vent d’hiver vêtue d’un court veston molletonné rouge. Avec l’argent gagné par des travaux du soir comme gardienne d’enfants, elle a acheté cette veste neuve pour 10$. Tous les hivers de ses études collégiales, elle ne portera que cette veste matelassée, qui a fini par être démodée,  sans jamais se soucier de ce que les autres pouvaient penser.

Le temps a passé. Un jour, une ancienne compagne d’étude lui avoue l’admirer pour cet esprit libre de l’opinion des autres. Sa veste rouge était perçue comme une volonté de non conformisme qui suscitait l’envie des conformistes. Elle a bien ri, dans le secret de sa mémoire, sachant que cette fameuse veste, comme le manteau rouge, n’étaient que la conséquence d’une pauvreté cachée.


Le rouge est sa couleur préférée. La liberté est son mode de vie. Ce que pensent les autres l’indiffère.





 

mercredi 21 septembre 2016

L'AMI questionne ATCHOUM

  Avant propos

Orage sur Océan se fait de moins en moins présent dans l'actualité. Paresse de son auteur ou difficulté de trouver les mots? Il y a tant de sujets qui me brûlent que je me consume en silence. Ma tête ou mon esprit avait besoin de prendre ses distances avec les mots qui se bousculent dans les cris de mon désarroi alors que nous sommes confrontés à l'ère d'une incroyable vacuité.

Alors, je me tourne vers ce qui m'aide à garder espoir. La jeunesse. 

C'est pour cela que je me réjouis de savoir mon Élika qui vient de célébrer ses 9 ans persévérer dans la rédaction de SON journal L'AMI, créé en février 2015. Le lancement du Numéro 3 de la deuxième année, a été officiellement lancé le 17 septembre à Sainte-Rose-du-Nord lors d'un fiesta automnale en compagnie de ma filleule.

Dernière vérification avant le lancement


Claudine, ma filleule

Petit tour de table en passant par papa



Tante Léola, une grand fan de L'AMI

Papa et maman scrute le travail de leur fille


Oncle Christian ne rate pas une seule page.

Petite cousine Stéphanie et Cousin Luc en pleine lecture




mercredi 17 août 2016

LA MAISON COUPÉE EN DEUX RACONTÉE PAR ÉLIKA LAFORGE, COMÉDIENNE DE 8 ANS






L'AMI disponible ICI

Quand se refermeront les murs de la maison coupée en deux, ce théâtre  d'été original où la municipalité de Saint-Fulgence suit Jimmy Doucet dans sa belle folie pour une troisième année, Élika pensera déjà à la saison 2017. Notre jeune rédactrice en chef du journal L'AMI, qui en est à sa deuxième année, a interprété le rôle de Léa-Rose avec bonheur.

Cette expérience théâtrale est tellement importante pour notre rédactrice comédienne qu'elle en fait fait l'unique sujet de L'AMI publié le 29 juillet 2016. Elle espérait le remettre en main propre à l'auteur et metteur en scène Jimmy Doucet. Peut-être y parviendra-t-elle cette semaine. 

Il ne reste que deux représentations, soit jeudi et vendredi, de cette production joyeuse que décrit avec éloge Dominique Gobeil dans le journal Le Quotidien du 7 juillet dernier. Le bilan en confirmera certainement le succès, sachant que plusieurs représentations ont fait « parterre » et « estrades » combles.


Élika Laforge dans la Maison coupée en 2
© Andrée-Anne Lachaine photographe

ENTREVUE AVEC ÉLIKA

Pour ce numéro spécial de L'AMI, Élika a bien voulu se prêter au jeu des questions-réponses entre Christiane et Élika.

C. Pourquoi voulais-tu tellement jouer du théâtre?

É. Parce que j’aime jouer au théâtre, j’aime parler à des personnes, j’aime raconter des histoires.

 
Q. Qu’est ce que tu aimes dans La Maison coupée en deux? 


É. J’aime les légendes. J’aime les histoires où il y a de l’action. Et là, il y a des loups, des monstres, un diable, de drôles de personnages.

 
Q. Qu’est-ce qui est le plus difficile?


É. C’est d’ajuster notre voix. Parce qu’il faut parler assez fort. Il faut apprendre à pousser notre voix. Au début je parlais trop bas.

 
Q. Qu’as-tu appris qui t’est utile en faisant du théâtre?


É. J’ai progressé pour m’exprimer. Je parle plus fort. J’ai fait des progrès pour bien articuler.


Q.Quels sont tes personnages préférés?


É. Mes favoris sont le personnage de Bernard par Christian Ouellet et de Réjeanne jouée par Joëlle Leblanc.


Élika mémorise son texte
© Andrée-Anne Lachaine Photographe


 Les petits loups attendent l'attaque. © Andrée-Anne Lachaine Photographe


    Beaucoup d'animation dans cette pièce de théâtre
© Andrée-Anne Lachaine Photographe
  

samedi 28 mai 2016

À JEAN-MARIE LAFORGE POUR TON ANNIVERSAIRE : UNE GERBE DE SOUVENIRS



Jean-Marie et Christiane 




Jean-Marie.
 

Il y a comme ça, des prénoms dont le sens se multiplie. Jean-Marie c’est complicité, tendresse, encouragement, confiance, certitude, fidélité, authenticité. Trop pour un seul homme pourrait-on dire à tort. Et pourtant, qui connaîtrait mon frère comme je le connais, prétendra que j’en oublie. 

Jean-Marie, j’ai dû l’aimer avant de savoir la force de ce sentiment puisqu’il fait partie de ma vie depuis ma naissance. Enfants nous étions les meilleurs complices, parfois au grand dam de notre mère qui n’a jamais su lequel de nous deux trouvait toujours  les coups pendables à faire. Jean-Mi ne m’a jamais trahie.  
 

Jean-Mi, peu avant notre départ de la Belgique pour venir au Québec

Notre enfance c’est la Belgique avec nos derniers souvenirs encore vivaces du bord de la Meuse. Puis, il y a eu le grand départ. La déchirure. Tiraillés entre deux mondes nos liens se sont encore resserrés. Nous avons partagés la violence d’un océan. Nous avons partagés Montréal,  la rue Jeanne-Mance et sa ruelle, l’intégration obligée dans des écoles où nous étions une minorité audible et, plus que tout,  l’assiduité à l’école buissonnière… au grand dam de notre mère qui n’a jamais su lequel entraînait l’autre. Je ne t’ai jamais trahi mon frère.

Montréal, rue Jeanne-Mance, Jean-Marie, 
Yvonne notre cousine, Christiane, Ida (notre mère), Christian, Thérèse (notre tante).


Nous avons grandi, as de la résilience, l’un confident de l’autre, quelquefois rivaux, plus souvent protecteurs.  


Jean-Mi, c’est le garçon de 14 ans qui, en plein hiver, marche de Chicoutimi-Nord  jusqu’au Pensionnat St-Dominique de Jonquière pour apporter à sa sœur les livres d’école oubliés afin de lui éviter une réprimande.


Jean-Mi, c’est le jeune homme qui explique à sa jeune sœur comment décoder l’esprit des garçons trop empressés.


C’est l’homme précurseur qui me fait découvrir Pauline Julien en même temps que Simone de Beauvoir.


C’est le nouveau père qui me confie qu’il n’existe rien de plus extraordinaire, rien de plus fort que de prendre son enfant nouveau-né dans ses bras. Il ne sait pas qu’en partageant avec moi ce qu’il est, il m’a aussi appris à grandir, à m’ouvrir à l’autre.
Ensembles en 1978, Jean-Marie Laforge pour le lancement de son recueil de caricatures publiées dans Le Quotidien, Christiane pour le lancement de son roman Au-delà du paraître.


Mon frère, tu as été présent même dans l’éloignement, même dans les silences. De tous les temps, tes joies ont été miennes. Tes larmes ont coulé dans mon cœur inquiet. Tes doutes ont bouleversé mes certitudes. Tes enthousiasmes ont accru les miens. Et je peux témoigner que les années accumulées n’ont fait qu’anoblir ce lien fraternel.


J’en mesure la valeur. J’en comprends le sens. Le temps ajoute à nos années cette patine qui accentue la beauté des œuvres d’art. C’est pour cela que je veux te dire, maintenant, ici,  que  non, chaque année qui passe, ne nous a pas fait vieillir … hormis le corps hélas!... nous sommes tout simplement jeunes depuis longtemps. Et c’est un privilège.


Hier, j’anticipais avec émotion le moment où tu découvrirais que, franchissant la distance, nombreux nous étions à vouloir te dire à quel point tu es important pour chacun de nous. Jean-Marie, susciter un tel élan d’affection témoigne de ce que tu es. 
Aujourd’hui, Jean-Mi, mon frère, c’est à ton tour de te laisser parler d’amour.  

Christiane
21 et 28 mai 2016

***
Ce texte aurait pu être beaucoup plus long. Il y a tant de vécu, tant de souvenirs, précieusement sauvegardés dans nos cœurs. De quoi écrire un livre. À défaut, pour ton anniversaire, voici quelques photos d'un beau moment partagé.




Les deux frères en deux temps. 
En haut, Jean-Marie et Christian, en bas Christian et Jean-Marie.

Jean-Marie Laforge, alors qu'il était le caricaturiste attitré au journal Le Quotidien, réalise en direct une caricature géante pour un tététhon  au profit de l'Association de la paralysie cérébrale Saguenay–Lac-Saint-Jean.



Il dessine, il peint et fait de la sérigraphie. 

Au lancement double du frère et de la sœur avec papa et maman :  Jean-Marie, Jean, Christiane et Ida.
Jean-Marie Laforge lors du lancement de son recueil de caricatures, avec Bertrand Tremblay, alors éditorialiste en chef au Quotidien et Charles-Julien Gauvin, journaliste.

René Girard, qui était maire de Chicoutimi , Christiane Laforge journaliste-écrivaine, Jean-Marie Laforge caricaturiste et Laurier Simard, maire de La Baie à l'époque.

Le maire René Girard taquinant le caricaturiste qui avait fait de lui son sujet de prédilection.


Jean-Marie Laforge démontre à Réné Girard qu'il n'était pas le seul à subir l'esprit caustique du caricaturiste. Francis Dufour, maire d'Arvida n'a pas été épargné.



Et pour terminer, 
toute la famille Laforge... au temps où ils étaient jeunes

Christian, Christiane, Jean, Ida, Jacques et Jean-Marie Laforge.



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samedi 2 avril 2016

LE RETOUR DE L'AMI, LE JOURNAL D'ÉLIKA 8 ANS

L'AMI de retour en 2016,  ICI


  Depuis février, Élika revendique du temps pour réaliser le premier journal de l’année. L’idée première était de publier L’AMI à la St-Valentin parce que, pour elle, son ami du jour était parfait pour une fête de l’amour. C’est ainsi que furent choisis les petit cœurs de la page titre.

  Tout était bien commencé. Outre l’ami du jour dont j’ignorais tout, Élika voulait faire des entrevues avec ses grands-parents pour connaître leur opinion sur cet état de fait. Elle voulait aussi parler de sa soirée à l’opéra, le Barbier de Séville. Son éditrice lui a fait comprendre que nous allions manquer d’espace.

    -    On n’a qu’à ajouter des pages, dit-elle.
    -    Cela veut dire 4 pages de plus.
    -    Ben oui.
    -    Et tu vas écrire des textes pour remplir toutes les pages.
    -    Moi?
    -    Oui, c’est ton journal.   
    -    Je pense que je vais y penser avant.
    -    Bonne idée! 
 
  Réflexion qui a finalement duré plusieurs semaines avant qu’elle ne revienne à l’assaut. 


    -    Il faut absolument faire le journal pour la semaine prochaine. On va le sortir le 24.
    -    Pourquoi le 24?
    -    Parce que c’est toi l’ami du jour.

 
  Élika est présentement dans le bureau de son Papili pour écrire son texte en prévision du lancement du journal qui aura lieu demain en présence de la famille. 


Je vais faire la Une de L’AMI. Tout un honneur!

Quant au reportage sur les grands-parents, ce sera pour la prochaine fois.



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Le Barbier de séville
Les photos sont d'Andrée-Anne Lachaine




mercredi 3 février 2016

LETTRE À MON FILS

La beauté du monde
© Andrée-Anne Lachaine photographie

Ariel, mon fils bien aimé,

Voilà 33 ans que je ne cesse d’être éblouie par toi. Fils de mon âme, fils de mon cœur, fils de mes rêves. Enfant qui me rend orgueilleuse, homme qui est devenu ma fierté. Voilà 33 ans que tu m’as appris la fascinante force de l’amour inconditionnel. Tu as permis à la jeune femme que j’étais de devenir l’humaine que je suis.

De toi, grâce à toi, avec toi, j’ai grandi.

Tu m’as tant donné.

Merci mon fils.

Il y a 33 ans, la femme qui est devenue mère en te donnant la vie avait de grandes ambitions. Je voulais que la terre soit un grand jardin où cultiver le bonheur, le partage, la générosité, l’amour de l’autre. Petit garçon, tu me demandais d’ajouter un étage à notre maison heureuse pour y accueillir ceux qui n’avaient pas notre chance.

Lorsque j’ai commencé à te révéler le mystère des lettres pour que les mots te soient une source inépuisable du savoir, j’étais convaincue que tous ensembles, gens de ma génération, ces hommes et femmes qui avaient 20 ans en 1968, nous construirions un monde de justice capable d’ensevelir les canons sous les fleurs. 

Les 20 ans de 1968 ont vieilli. Beaucoup ont troqué leur rêve contre leur sécurité, leur idéal contre leur privilège, leur courage contre la peur, courbant l’échine devant un monde cherchant à soumettre toute vie aux diktats d’un capitalisme honni où la valeur humaine est mesurée en productivité au service de la croissance de leurs profits. C’est ma déception. C’est ma honte.

Pardonne-moi mon fils.

Et pourtant! Aujourd’hui, si les pessimistes et les soi-disant lucides n’ont pas pu rogner mes ailes malgré le saccage actuel de tout ce que nous avions bâti, c’est parce que ta jeunesse idéaliste, courageuse et généreuse me fait rempart.

Ce 3 février 2016 tu as 33 ans. 

Tu as réussi de longues études correspondant à ta personnalité. Tu n’as pas fait de compromis entre le savoir et l’avoir. Dans tes actions, tu démontres tes valeurs et, plus que tout, ton amour de la vie, la certitude de ton présent et ta foi en l’avenir. Tes quatre enfants en témoignent. 

Je demeure optimiste, confiante et toujours aussi passionnément éprise de la vie, parce que cette vie à laquelle je crois, Ariel, a ta beauté. 

Maman