mardi 27 décembre 2011

Pour 2012 et plus

Encore tant de chemin à parcourir avant d'être rassasiée
© Photo Christiane Laforge


Mes bras auront toujours été trop petits pour étreindre la vie autant que je l'aime. Parce que ma vie est tissée de toutes les beautés de ma terre et de toutes les tendresses de mon cœur. Parce que ma vie s'embellit de la beauté des autres, dont la vôtre qui, parmi mes amis, savez vous passionner, vous indigner, vous enthousiasmer et chérir chacun les arts que vous pratiquez, encouragez, défendez, revendiquez. Ma vie prend sa force dans mes racines auprès des vôtres. Elle fleurit ses saisons dans la richesse de ce que nous créons ensemble. Elle grandit dans l'espoir de chaque demain attendu. Alors, permettez-moi de vous souhaitez l'oubli de ce qui vous assombri afin de vibrer pleinement aux joies possibles de de l'An 2012. 

Être vivant, tel est mon vœu pour chacun de vous. 

Vivre, tel est mon vœu.

 ***

mardi 13 décembre 2011

Des Bleuets et du cœur

Cela se passe ICI
Le rapport 2011 des banques alimentaires du Québec rapporte que le recours à l’aide alimentaire a été la solution alternative pour plus de 155 539 personnes, une augmentation de 22 % depuis la récession de 2008. Cette année, 15,6 % d’entre elles ont eu recourt pour la première fois à une banque alimentaire afin de nourrir leur famille. La clientèle étudiante avec prêts et bourse comme source de revenus devant se tourner vers l’aide alimentaire pour boucler ses mois a connu une hausse de plus de 32,3 % en 2011. Il est important de noter une hausse des ainés (46,4 %) dans la clientèle des comptoirs alimentaires.

Des Bleuets qui ont du cœur

Karl Roos et Cynthia Harvey
© Photo Johanne Cormier

Sensibles aux besoins grandissants de personnes en survie dans une société d’abondance, des artistes de la région ont choisi la musique pour cri de ralliement. Des Bleuets et du cœur, « tous pour les autres », chanteront-ils le vendredi 18 décembre 13h30, à la salle Pierrette-Gaudreault du Mont-Jacob de Jonquière. Et ce, pour une troisième année.

Initié en 2009 par l’auteur-compositeur-interprète Karl Roos et ses amis musiciens, ce spectacle bénéfice a successivement permis de récolter 400 et 500 kilos de denrées alimentaires et biens de première nécessité, récupérés et redistribués par Moisson Saguenay–Lac-Saint-Jean. Ces denrées sont d’ailleurs le seul prix d’entrée demandé aux spectateurs dont 300 avaient répondu présents en 2010. L’objectif pour 2011 est de faire salle comble.

Pour sa troisième édition, « Des Bleuets et du cœur » réunira plus de 16 artistes sous la direction artistique de Cynthia Harvey. Tous bénévoles, ces Bleuets de cœur, musiciens, auteurs, compositeurs et interprètes de carrière mettent ainsi leur talent au service d’une cause humanitaire : 

« Aujourd'hui, on n'a plus le droit ni d'avoir faim ni d'avoir froid, lit-on sur la page du groupe. Nous ne sommes pas une entreprise ! Juste des êtres humains au service d'autres humains moins bien nantis.  Notre mission : offrir à travers notre petite contribution artistique un peu de chaleur à ceux qui en ont tant besoin. »

Rappelons que pour notre seule région, Moisson Saguenay–Lac-Saint-Jean dénombre 8500 personnes qui ont recours chaque mois au soutien alimentaire des 71 organismes bénéficiaires. Ce nombre a augmenté de 12%, incluant des travailleurs au salaire minium, parents de jeunes enfants et qui ont de la difficulté à subvenir à leurs besoins primaires.

Un cœur de bonne souche

Néo Québécois d’origine Belge, Karl Roos enfant a été entrainé par son père dans un mouvement d’aide d’après guerre, destiné à soutenir les familles dans le besoin. La « ducasse Bastien » aura été son école du cœur. 

« Ces valeurs m'ont été inculquées depuis mon plus jeune âge et je n'ai donc aucun mérite si ce n'est peut-être que de vouloir continuer à les perpétuer notamment à travers Des Bleuets et du cœur, confie-t-il. Je continue de penser que le rendement d'une chaîne ne dépend pas du meilleur élément mais bien du plus fragile et c'est en l'aidant, en le renforçant que nous pouvons rendre cette chaîne meilleure et plus forte. »

Photo provenant de la page Facebook de Cynthia Harvey

Ralliant des amis à sa cause, comme Cynthia Harvey, directrice artistique et l’animatrice Marie-Christine Bernard, marraine à vie, Karl Roos et son équipe bénéficient également du soutien de la Ville par le biais du Centre culturel du Mont-Jacob qui a mis l’équipe et la salle Pierrette-Gaudreault à leur disposition. Considérant que la vedette du jour se doit d’être la générosité, tant des artistes que du public, les organisateurs préfèrent ne pas annoncer quels sont ceux qui monteront sur scène, même si plusieurs d’entre eux sont des artistes reconnus.


Pour rejoindre Des Bleuets et du Cœur : 418-695-9685


Troisième édition du spectacle Des Bleuets et du cœur 
au bénéfice de Moisson du Saguenay.

Date et lieu :
Dimanche 18 décembre à 13h30, à la salle Pierrette-Gaudreault du Mont-Jacob du Centre culturel de Jonquière. Sièges non réservés. Premier arrivé, premier assis.

Artistes bénévoles :
Musiciens, auteurs, compositeurs, interprètes du Saguenay-Lac-Saint-Jean, sous la direction artistique de Cynthia Harvey.

Prix d’entrée :
Denrées alimentaires non périssables

jeudi 1 décembre 2011

Miro

Miro Angers-Laurin
Photo provenant de la page Facebook


Avant de se laisser convaincre que les jeunes sont cruels les uns envers les autres dans nos écoles, oublions l’ombre un moment pour voir la beauté rayonnante de la générosité des enfants inspirés par leurs enseignants.

Cela se passait le 28 novembre à l’école de Sainte-Rose-du-Nord, petit village sur la rive nord du Fjord Saguenay.

Le combat de Miro

Miro en juin 2011 au spectacle aérien de Bagotville
Photo provenant de la page Facebook

En octobre dernier, Miro Angers-Laurin a dû  quitter ses compagnons d’école pour recevoir des soins à l’Hôpital Sainte-Justine de Montréal. Terrible verdict pour ce garçon de 11 ans et sa famille : une tumeur au cerveau inopérable, comme le relate avec émotion la journaliste Mélyssa Gagnon dans le Progrès-Dimanche du 6 novembre. (ici)
  
« Malgré l’inouïe tristesse de la situation, le père de famille fait toutefois preuve de force. En entrevue téléphonique, il demeure solide. Cette résilience trouve écho chez tous les membres de la famille, même si chaque personne a droit à ses moments de chagrin, » écrit Mélyssa.


« On a deux choix. 
Ou on se met à frapper dans les murs, 
ou on vit à 100 miles à l’heure avec notre gars et notre fille. 
Mon fils va faire ce qu’il veut 
et moi, je ne me censure plus. 
J’essaie de garder le sourire. 
Qu’est-ce que je peux
faire d’autre? » (
Jean Angers)


Les enfants de l’école de Miro



Afin de contribuer au fonds de soutient pour permettre à Miro d’avoir sa famille auprès de lui pendant son combat, les élèves de maternelle et primaire de la petite école de Sainte-Rose-du-Nord ont présenté une soirée poésie et musique le 28 novembre. Les enseignantes et organisatrices de cet événement bénéfice, Reine Desmeules et Julie Villeneuve, m’ont invitée comme marraine de cette soirée particulière préparée en moins de dix jours. 


Émue par l’histoire de Miro. Touchée par la décision audacieuse de ses parents de tout mettre en suspend - travail du papa, études en doctorat de la maman, réaménagement des cours de la jeune sœur en secondaire - afin de vivre auprès de leur héros de 11 ans. Sensible à l’idée de choisir la poésie et la musique pour une soirée bénéfice. Enchantée de voir ses parents se ternir debout auprès de leurs enfants pour réaliser ce projet. Et finalement, honorée d’avoir été l’invitée privilégiée de ce récital où ces enfants ont livré une prestation avec sérieux et générosité. Le geste était important et ils ont su le démontrer avec cœur.


La vraie poésie de cette soirée, ce fut ces enfants qui, malgré leur très jeune âge, ont répondu présents pour un beau geste de solidarité. À travers eux, j’ai vu la beauté.
 

Photo provenant de la page Facebook


Ma petite contribution

Parce que demandé et parce que promis, voici le texte que j’ai écrit pour la circonstance, en prévision de ce 28 novembre.


Ode à Miro

Je conjugue au présent
Chaque instant de ce mois
Sachant ne pas avoir
Le temps de te connaître

Ton entrée dans ma vie
Coup de poignard au cœur
Et pourtant ton sourire
Me parle de bonheur

Tu es le géant
Et moi le pied d’argile
Ton courage est plus grand
Que la rage qui m’anime

Du haut de tes 11 ans
Tu éclaires nos routes
Comme un phare sur l'océan
Nous évite l’écueil

Ton nom devient symbole
Des enfants de nos vies
Ton combat nous rappelle
Que chacun est précieux

Car telle est la leçon
Que ta famille nous donne
Rien n’est plus important
Que le temps de Miro


Christiane Laforge
27 novembre 2011


Miro Angers-Laurin
Photo provenant de la page Facebook


Rappel des adresses pour effectuer un don pour Miro et sa famille

Manoir Ronald McDonald de Montréal

A/S FAMILLE ANGERS, CHAMBRE 301

5800, chemin Hudson,
Montréal 
(Québec) H3S 2G5

O

Ou encore par transfert bancaire, 
communiquez avec Richard Saint-Pierre 
pour obtenir toutes les informations bancaires afin de faire parvenir vos dons directement par internet.
Donc, deux  façons de contribuer.
 


Photo provenant de la page Facebook


***

 

vendredi 19 août 2011

Fabuleux été


Mon été est fabuleux.

Depuis la mi-juillet je me tiens loin de la télévision, de la radio et des journaux et de l'Internet. Là où je vis mes jours de pluie et de soleil je n'ai qu'un accès téléphonique via mon cellulaire qui ne capte pas partout. Une boîte vocale capture les voix amies qui souhaitent que je les rappelle. Occasionnellement je me connecte, modérément car un ami voisin a la gentillesse de partager son temps d'antenne, histoire de saluer les amis du réseau afin de connaître le plus important : les naissances, les joies, quelquefois les inquiétudes, les chagrins et souvent les grincement de dents à l'égard des gouvernants dont plusieurs me semblent en train de délirer sérieusement. Alors je me réfugie dans cet éloignement salutaire, plongeant dans les livres et marchant dans la forêt, les yeux gorgés de la beauté du fjord et les oreilles du chant des ruisseaux.



Quand reviendra l'automne, je serai comme feuille au vent, toute colorée du rouge passion, de jaune soleil et vert printemps, qui se posera sur le clavier pour une valse de mots dont j'ignore encore tout.

À bientôt!


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mercredi 6 juillet 2011

La légende d'Arthur Villeneuve

Production la Pulperie de Chicoutimi et Théâtre CRI
Émilie Gilbert Gagnon, Mélanie Potvin, Marilyne Renaud, Patrice Leblanc, Hélène Bergeron, 
Benoît Lagrandeur, Martin Giguère, lors de la grande première le 5 juillet 2011
© Photo Sylvain Dufour - Le Quotidien

L'inattendu était au rendez-vous ce mardi 5 juillet au Bâtiment 1912 de la Pulperie de Chicoutimi. En créant La légende d’Arthur Villeneuve, le Théâtre CRI a superbement illustré l’étonnante ingéniosité de nos auteurs, metteurs en scène, scénographes et comédiens. C’est la somme d’une expérience théâtrale qui s’est construite avec un talent certain, soutenu par une ténacité dont j’ai été l’heureux témoin pendant plusieurs décennies. Bravo!

Que de pièges se dressaient sur la route de ce projet imaginé par Guylaine Rivard alors que, visitant la Pulperie et son œuvre maîtresse la maison peinte d’Arthur Villeneuve, elle s’est laissée envahir par son aura colorée. « Un lieu extrêmement évocateur, écrit-elle, renfermant toute une somme de récits, de mystères ou de secrets qui m’apparurent soudainement comme une source intarissable d’inspiration. »

Nul doute, les spectateurs qui aborderont cette pièce sans a priori seront immédiatement emportés dans une fantaisie burlesque qui les conduira du rire au sourire attendri jusqu’à ce très beau moment où l’œuvre picturale d’Arthur se révèlera dans sa véritable dimension.

Pour d’autres, qui ont connu la famille d’Arthur et d’Hélène, la levée du rideau sera inévitablement précédée d’une certaine attente, d’une curiosité sur le comment raconter cette page de notre histoire artistique régionale. 

Souhaitant tout le bien possible aux artisans de cette aventure théâtrale, l’esprit demeure quand même prompt à la critique devant tout excès possibles, soit dans la caricature, la complaisance, la facilité ou le récit documentaire. L’auteur, Martin Giguère, a su éviter ces écueils. Il l’explique très bien ici : « Une légende est une histoire vraie qu’on déforme, qu’on amplifie par l’imagination. Il n’y a aucun mensonge dans une légende. Il n’y a que des pirouettes de l’esprit pour viser juste, pour divertir, pour faire saisir l’essentiel sans se prendre les pieds dans la réalité qui, elle, est rigide et sans compromis. » Cela définit parfaitement cette production théâtrale.

Tout se joue à l’intérieur d’un décor fait de draperies blanches suggérant une grande cuisine, avec ses portes et fenêtres derrières lesquelles se profileront les ombres de plusieurs personnages. Peu d’accessoires. L’essentiel. Assez pour faire illusion. Autour de la table, un couple s’affronte. La petite maison étouffe la femme qui harcèle son impassible mari afin de quitter cette demeure dont les murs ne cessent de gémir. « Les maisons qui craquen nous livrent ses secrets », dit-il pour la calmer. Une belle succession de tirades sur le chant des maisons nous est décochée tout de go. Le texte fourmille de répliques que l’on voudrait retenir. Elles nous tombent dessus en cascade, entre deux pitreries, tiraillés que nous sommes entre la subtilité des mots et la bouffonnerie du jeu qu’accentuent des costumes auxquels les bandes dessinées rigolotes ont tout à envier.

Le spectateur impatient de voir sur scène le célèbre couple, risque de trouver un peu longue cette entrée en matière sur la vente de la petite maison, ponctuée par le duel opposant les résidents à leurs voisins. Ceux-ci veulent à tout prix prendre possession des lieux. Le spectateur idéal, donc sans attente, y verra surtout une mise en scène clownesque, très physique, préparant le terrain pour le contraste voulu entre un voisinage hostile et l’arrivée du timide Arthur avec sa très autoritaire épouse.

Arthur (Benoît Lagrandeur) sympathise avec le
propriétaire de la maison de la rue Taché (Martin Giguère)
© Photo Sylvain Dufour - Le Quotidien

Benoît Lagrandeur crée un Arthur si vrai qu’on en vient à oublier le comédien. Voire même ne pas le reconnaître. On se laisse captiver par le personnage, si authentique, si entier. On se surprend à éprouver une grande tendresse pour son apparente docilité, ses silences et sa foi inébranlable en ce don qui l’habite. Une interprétation remarquable.

Hélène Bergeron campe une Hélène Morin impressionnante. Impossible de ne pas reconnaître cette maîtresse femme que la comédienne a su rendre avec justesse, sans jamais verser dans la caricature. Elle a mis en évidence le lien affectif réel, la connivence malgré son ton bourru avec cet Arthur qu’elle défendra contre tous dans le pire et le meilleur.

Affiche - Hélène Bergeron (Hélène Morin) et Benoît Lagrandeur (Arthur Villeneuve)

La transformation de l’humble barbier en peintre reconnu est habilement menée. C’est un très beau tableau qui se brosse sous nos yeux, tout en conservant à la pièce son ton burlesque avec le passage successif des personnalités qui ont joué un rôle majeur dans la carrière de Villeneuve.

La chute est habile. En deux mouvements on saisit la mort du peintre, le déménagement de la maison à la Pulperie et le dernier trait lancé aux détracteurs dont nul ne se souviendra, tandis qu’Arthur survit.
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Une bonne critique de Roger Blackburn dans Le Quotidien : ici

Autre texte, sur le sujet dans le Voir : ici


On en parle à la télé : ici

Dario Larouche a la bonne idée de mettre le documentaire de l'ONF sur son Blogue Les clapotis d'un YoYo II : ici

jeudi 26 mai 2011

Michel a rejoint son père Arthur

Michel Villeneuve 
1949-2011


Sonne le glas ce 26 mai 2011 sur la mort de Michel Villeneuve, fils du peintre-barbier Arthur Villeneuve, lui-même décédé le 21 mai 1990. À cinq jours près. Comme si Michel avait tenté de dépasser le pas ultime avant de culbuter dans l’au-delà.


Travaux du printemps. Une chute aussi imprévisible que cruelle où Michel a heurté le sol de sa tête. Des jours et des jours d’un combat incroyable pour survivre. Pour sa famille, ses amis, c’est l’attente résignée. Puis l’espoir insensé, quelques jours trop brefs, sous la pression d’une main et quelques mots échangés… avant d’affronter aujourd’hui l’implacable verdict.


Les jumeaux Michel et Micheline Villeneuve
© Photo courtoisie Micheline Villeneuve


Le grand silence de sa jumelle Micheline, ce soir au téléphone, a dit, mieux que les mots, l’ampleur du vide laissé par ce départ inattendu. Michel et Micheline, indissociables dans mon esprit depuis le temps de l’adolescence alors qu’on se retrouvait dans la maison de la rue Taché, nos pères parlant peinture et nous de poésie.

Ce soir, je pense au chagrin de toute la famille. Son épouse, ses fils, ses frères et sœurs. Mais qu’il est difficile d’imaginer ces lendemains qui vont venir sans plus jamais voir jusqu’où ses dessins vont nous entraîner. 

Œuvres de Michel Villeneuve - Expo à la Pulperie 2007
© Photo Le Quotidien

Depuis 1997, Michel s’imposait avec talent comme l’héritier de ce père célèbre. Il avait su trouver son propre langage sans renier une filiation évidente entre ses dessins et l’imaginaire
d’Arthur. Dessinateur compulsif, couvrant papiers, napperons, cartons, en tout temps, en tout lieu, l’autodidacte affirmait une maîtrise grandissante du mouvement que lui reconnaissent les témoins de ses premières expositions, d’abord à Larouche en 2005, puis à La Pulperie de Chicoutimi en 2007 et finalement à Gatineau et autres lieux où Michel animait des ateliers pour les enfants prêts à le suivre dans ce monde onirique qui nous a charmé.

Le journaliste Yvon Paré, avait très bien résumé l’œuvre et l’homme dans une excellente critique publiée dans le Progrès-Dimanche. En relisant cet extrait, j’ai eu le sentiment de vraiment comprendre ce qui rendait Michel Villeneuve si attachant.

 « Villeneuve rend hommage à la vie et à la forme en se laissant porter par ces dessins, travaillant à la manière des surréalistes qui refusaient « de penser » et toute censure. Il en résulte des mondes étonnants, une joie frénétique, un hymne à la vie qui rassure et apaise même s’il faut quitter nos références. Un monde glissant, dansant, rampant qui renoue avec l’inconscient et les archétypes. Un monde de silence et de méditation aussi. »


Michel Villeneuve
Archives - Le Quotidien 


En guise d’au revoir, pour toi Micheline, j’aime penser que Michel a retrouvé son père Arthur Villeneuve, imaginant les deux artistes réunis pour un symposium éternel de peintures et dessins joyeusement colorés.

Adieu Michel. 
Toute ma sympathie à ta famille.


Œuvre de Michel Villeneuve
© Archives Le Quotidien






mardi 24 mai 2011

Pierre Dumont nous laisse sans voix

Photo de la page B1 du Progrès Dimanche du 23 janvier 2005
Pierre Dumont tenait une exposition au CNE
© Photo Sylvain Dufour - Le Quotidien


Il nous semblait indestructible et voilà qu’il disparaît soudainement. Trop tôt pour mesurer le vide que ce géant va laisser. Pierre Dumont figure dans ma mémoire de journaliste au palmarès des artistes les plus remarquables. Il a toujours su nous surprendre. Mais on ne lui en demandait pas tant!

Adieu Pierre. Je n’ai pas eu le temps de te dire toute mon admiration. Pour tes œuvres de musicien, de peintre, de sculpteur et pour ton engagement social qui a largement contribué au développement et au dynamisme culturel de la région pendant plus de trente ans. Que l'on pense seulement au Festival des musiques de création du Saguenay fondé en 1989 et qui, ce triste jour, doit battre la mesure de ton départ.

Aucune rencontre avec toi n'a été banale. Je me permets, ici, de reprendre tel quel un reportage que j'avais écrit, après une longue entrevue avec toi. On y retrouve ton humanité, tes émotions et ta richesse intellectuelle. J'étais fascinée. Je le suis encore, avec une infinie tristesse à la pensée que tu n'es plus.

 Pierre Dumont
© Archives Le Quotidien

PD 20 mars 1997

CHICOUTIMI (CL) - «Je suis un sculpteur qui fait de la peinture, un peintre qui fait de la musique.  Le sculpteur est très bon, le musicien est moyen et je suis un mauvais peintre.»
Pierre Dumont est un artiste interdisciplinaire qui a besoin de ses multiples disciplines pour trouver équilibre et plaisir.

«Je me tanne vite. Je travaille beaucoup de façon inconsciente. J'écris surtout la nuit, mais après une heure ou deux je me tanne. Je passe à la peinture. Je me tanne. Je viens à la musique.  En fait, j'ai besoin de tout pour vivre.»

Et pas seulement la création.  Pierre Dumont, aime la bonne chère, les bons vins et la convivialité.  Recevoir des amis autour d'une bonne table importe à sa vie, tout autant que l'enseignement qu'il dit adorer.

«J'aime le milieu de l'enseignement.  J'aime le travail d'atelier et les jeunes me passionnent.  Avec eux, je ne ressens pas l'angoisse du tableau blanc.  Ils nous obligent à l'authenticité.  Ils nous font voir que l'on connaît le langage mais pas le sens du langage.»
Originaire de Kénogami, Pierre Dumont est fils d'un ouvrier qu'il décrit comme un artisan original, créatif et patenteux, d'une mère couturière également soucieuse du beau et petit-fils d'un grand-père habile de ses deux mains. Un milieu propice à l'éclosion d' artiste. Son frère Mario travaille pour les films Intrigue de Montréal et s'occupe des effets spéciaux.
À douze ans, il étudie la peinture dans le sous-sol de la résidence de Pierrette Gaudreault, fondatrice de l'Institut des arts au Saguenay. En même temps, il apprend la guitare, autodidacte à la recherche des sons uniques qu'il compose aussi sur le clavier. Il aime les instruments ethniques et se sent particulièrement attiré par les Indes.
« Je n'ai vraiment pas une culture rock nord américaine. J'ai travaillé sept ans avec  Ganesh Annandan, musicien indien (lors du groupe Cizo) et j'étais plus attiré par Ray Charles, par le gospel, par Ravi Shankar et Léo Ferré. »


 

Sa jeunesse est axé sur les arts. Réfugiant sa timidité dans la sécurité du foyer. Il en conserve toujours son côté sauvage et le vit dans la solitude de son atelier. Mais il est devenu plus sociable, par l'enseignement et ses activités dans le milieu des arts. Il est membre fondateur, avec Jean-Pierre Bouchard, du CEM (Centre d'expérimentation musicale) et il préside le Festival des musiques de création.
Lorsqu'il était jeune, Pierre Dumont envisageait de quitter la région. « Je ne voulais surtout pas revenir à Jonquière.  Je rêvais de New York.  Et on m'a offert un poste au Cégep de Jonquière. »

Il a cédé à l'attrait de l'enseignement, sans regret aujourd'hui, et à la tentation de la sécurité que cela apportait, lui donnant une grande liberté pour créer.

« Pour être un artiste, il faut avoir la couenne dure. Après de belles années en 1970, le temps des boîtes à chansons, des galeries (il a participé à la création de la galerie de l'Arche à Jonquière), les artistes de mon âge se sont sentis fatigués, désabusés. »
C'est ce qui expliquerait le creux de la vague qui a marqué les années 1980 dans le domaine de la culture. Heureusement il semble y avoir un mouvement de renaissance. Bien souvent provoqué par le retour des créateurs qui sortent de leur morosité.
 
« Depuis deux ou trois ans, on sent du mouvement. Cela dépend des contextes sociaux. Je pense que plus on est opprimé, coupé, plus on crée, plus on développe d'énergie. Par réaction. Il faut aussi dire que les jeunes reviennent de plus en plus au théâtre, à l'écriture. Le problème, cependant, c'est qu'ils n'ont pas leur place, pas d'argent. C'est à nous de les aider. C'est important de ne pas oublier que cela a été dur pour nous. Ne pas oublier par où on a passé. »

 Œuvre de Pierre Dumont
© Photo Sylvain Dufour

Pour lui, les temps sont plus cléments. Et il se partage sans difficulté entre toutes ses passions, quoiqu'il confie que « peindre et sculpter ça me donne le goût de vivre. La première chose, c'est le plaisir d'entrer dans ton atelier. »

 Il y prépare actuellement une prochaine exposition spectacle, prévue pour janvier 1998. Sa démarche artistique regroupe la musique, l'écriture, la peinture, la sculpture et la photographie. Il sait aussi s'entourer de complices de talent : Lou Babin, Pierre St-Jak et Bernard Bergeron. Avec eux, il a réalisé  La vie silencieuse des pierres. On lui connaît aussi Trou de mémoire. Et il prépare Les porteuses d'Ô et Les tambours d'Ô (installation à la Pulperie de Chicoutimi, où il réalisera aussi son Jardin sonore.

Pierre Dumont compte de nombreuses expositions, plusieurs productions musicales, sur disques, en théâtre et au cinéma et a donné de nombreux spectacles.

 Œuvre de Pierre Dumont
© Photo Sylvain Dufour

« Ma vision de l'art se rapproche inévitablement du rituel. À l'avant-plan se retrouve un lieu, des objets,des rythmes. Une musique, une vision du futur, une bribe de l'histoire. J'ai toujours eu un grand respect pour la nature sauvage, pas celle qu'on apprivoise mais plutôt l'esprit déroutant et caché des êtres et des choses qui par leurs forces témoignent encore de l'origine. »

 Pierre Dumont
Archives Le Quotidien 



 

dimanche 17 avril 2011

Parlons élections


 Au Québec, 38% des répondants au sondage estiment que 
Ses adversaires Stephen Harper et Michael Ignatieff récoltent respectivement 14% et 13%.
Photo PC
 
Tellement d’évènements bousculent la planète que mon esprit se sent ballotté d’une tempête à l’autre, incapable de garder le cap dans une direction précise. Haïti, Côte-d’Ivoire, Tunisie, Égypte, Lybie, Yémen, Iran, Japon.  Ajoutons le Canada, où toutes allégeances confondues font preuve que la partisannerie et la soif du pouvoir prévalent sur le bien-être du peuple. Il y a bien des extrémistes, des intégristes politiques ou religieux ou les deux qui veulent le pouvoir pour imposer leurs idées. Le pire est d’imaginer qu’ils sont sincères. L’insupportable sera de les subir. 

Parlons élections

Plusieurs fois déjà des appels “confidentiels” ont fait sonner mon téléphone dans le but de connaître si le candidat nommé pouvait compter sur mon appui.  Chaque fois je réponds : « Je veux entendre jusqu’au bout ce que chacun propose avant de prendre ma décision. »

C’est la moindre des politesses que de les laisser s’exprimer jusqu’au 2 mai, sinon pourquoi dépenser 300 millions pour une campagne électorale? Pour des affiches peu convaincantes? Pour le palmarès de la publicité la plus ignoble? Pour le refus outrageant de répondre aux questions légitimes des journalistes? Pour voir des citoyens expulsés des assemblées qui devraient pourtant servir à débattre des idées pour lesquelles on leur demande de voter?

Je compte bien réfléchir jusqu’au bout afin de ne pas commettre d’erreur. Sachant les limites de notre système électoral, je dois me résoudre à orienter mon vote en fonction de la gestion de mon pays et non de la valeur du candidat puisqu’il se soumettra aux directives de son chef, bien que, logiquement, il devrait plutôt s’occuper des directives de la population qu’il représente. Puisque j’ai combattu pour la reconnaissance de l’égalité des femmes et des hommes, pour l’accès aux soins de santé et à l’instruction pour tous sans discrimination à l’égard de la fortune, pour la protection et le soutien des plus faibles, pour une société privilégiant la prévention et surtout pas la répression, pour un pays soucieux de protéger ses terres, son eau, son environnement, pour un gouvernement capable de mettre un frein à la cupidité des banques,  à l’irresponsabilité des multinationales, à la destruction des emplois et à l’exploitation des travailleurs, je veux connaître lequel va le mieux se battre pour ces mêmes priorités. À la toute fin, aurais-je le choix entre le pour ou le contre?

***
Pour information : Les cinq plateformes électorales

Vert 
NPD
Libérale
Conservatrice
Bloc 

L'alternative de Chantal Hébert

J'ai emprunté cette illustration ici

dimanche 27 février 2011

Fin d'un lock-out mais pas la fin des regrets

 © Photo: Marco Campanozzi, La Presse

J’ai mal à mes certitudes. Pendant que nous observons, admiratifs, la rébellion de la population arabe en Tunisie, en Égypte, en Libye, au Bahreïn et plus encore, contre les abus du pouvoir, contre la corruption, contre le vol de la richesse collective, contre le détournement des avoirs de leurs pays dans les banques et agences immobilières complaisantes, ici, nous laissons nos concitoyens subir la loi d’un pouvoir économique qui ne jure que par la croissance du profit et la destruction des emplois.

Que la faiblesse d’une loi obsolète ait permis, en toute légalité, de contourner son esprit parce qu’aucun ténor politique n’a eu la détermination d’en corriger l’odieux de toute urgence illustre bien l’injuste rapport de force qui s’est établi entre les travailleurs et leurs employeurs. La haute direction du Journal de Montréal vient de creuser la tombe de 165 emplois. Ils sont la suite d’une série amorcée lors du lock-out au Journal de Québec et, plus près de nous, au Réveil. Même stratégie. Même complaisance des acheteurs de publicité et, pire, d’une population qui a politiquement donné son appui à une des deux parties en achetant son produit. La durée du lock-out aura sans doute permis d’économiser la somme nécessaire aux primes de congédiement qui totaliseraient, lit-on dans les journaux, 20 M$.

À l’origine, la presse avait pour ambition d’informer. Les revenus engendrés par la publicité avaient pour but premier d’assurer la survie de cet outil au service de l’information. Petit à petit, ce véhicule pourtant essentiel à notre société qui se veut libre et démocratique, est devenu un produit de consommation entre l’appétit d’entrepreneurs pour qui le profit, que dis-je, la croissance du profit, est l’objectif. Ils ont mis la main sur un service pour en faire un produit régit par les lois déshumanisées de l’économique. L’information elle-même a été détournée pour se transformer, en de trop nombreux cas, en propagande idéologique et en promotion de produits de consommation.

En réduisant le nombre de leurs journalistes, tout médias réduit le nombre de témoins, d’enquêteurs et de liens entre les faits et une population qui voit se tarir ses sources d’informations.

La reddition des 225 travailleurs (ils étaient 253 au début du conflit) qui ont soldé leur 765e jour de lockout pour le sauvetage des emplois de 62 d’entre eux, c’est la nôtre.

***

mercredi 16 février 2011

Le contre Cabaret de Contrecœur


Hier soir, cinquième spectacle solo des Clowns Noirs. Au tour de Contrecœur de prendre ce beau risque de concevoir, écrire, mettre en scène et interpréter un solo : Le contre cabaret. La dernière représentation a lieu ce soir à la salle Murdock du Centre des arts et de la culture de Chicoutimi.

Je tenais à voir les cinq solos. D’une part, pour soutenir leur projet de film, qu’ils espèrent réaliser avec les bénéfices de ces spectacles. D'autre part, parce que ces comédiens du Théâtre du Faux coffre m’ont sauté au cœur depuis leur tout début. Leur originalité, leur talent, l’esprit frondeur et engagé, leur audace et cet immense respect qu’ils ont toujours démontré à l’égard de leur public m’ont conquis à la première heure.

 Le parti pris que j’ai pour eux n’empêche pas pour autant de les regarder avec un sens critique. Ce serait les désavouer que de laisser croire qu’ils sont sans failles. Ce serait me renier que de prétendre que je n’ai pas d’a priori et que toute forme d’humour me procure le même plaisir. J’assume pleinement ma subjectivité sur cette tribune qui n’engage que moi.

Maintenant que j’ai assisté aux cinq solos, je compare inévitablement mes impressions, consciente qu’il y a des inégalités circonstancielles et professionnelles. 

Grossomodo - Pierre Tremblay

Le meilleur exemple est le solo de Pierre Tremblay : Pendant ce temps dans la tête de Grossomodo. Ne disposant pas d’une vraie salle de spectacle, le comédien a dû livrer sa performance dans un local ressemblant plus à une salle de classe, sans véritable éclairage, sans espace et, le comble, sans la présence de ses acolytes, plusieurs étant eux-mêmes en représentation sur une autre scène. Rien de propice pour créer une ambiance théâtrale, d’autant plus que son concept reposait sur l’interaction entre le public et sa « machine », dans une mise en scène proposant un cours sur le théâtre et ses différents éléments (musique, texte, effets spéciaux, humour). Un amalgame ingénieux, ludique, mais dépourvu de l’ingrédient essentiel : du contenu. Aurait-on assisté à une ébauche, à l’exploration d’un projet qu’on aurait pu se dire qu’il y a là un petit quelque chose qui mérite d’être poussé. Sans doute une histoire à suivre.

Contrecœur - Éric Laprise

Contrecœur a bouclé le quintuple solo avec Le contre cabaret. Pour la circonstance, après deux ans d’absence de la scène saguenéenne, il a fait appel à ses complices du Théâtre du Faux Coffre, Martin Giguère et Patrice Leblanc, ainsi qu’à Isabelle Boivin et Christian Ouellet. Une représentation très physique, reposant (lui qui est le clown dormeur) sur la capacité du public à le suivre dans ce monde imaginaire qu’il suggère. Roger Blackburn décrit très bien cette performance dans sa critique (ici) :


« On l'a vu ivre (en récitant Soir d'hiver d'Émile Nelligan), affamé, en feu, mort de froid comme un sans-abri, stressé, amoureux, relaxe, en pleine bagarre, à la pêche, dans une discothèque, au cœur d'un labyrinthe, faire l'amour et manger l'univers. […] Le sommeil de Contrecœur est cependant très agité, comme dans un cauchemar il change d'univers, la trame sonore et les éclairages, très réussis, sont le seul décor et nous transportent en différents lieux. On voyage vraiment dans ses rêves. »

De cette production, je retiens surtout le jeu du comédien, cette performance qui réussit à créer l’illusion. Mais comme pour le précédant, et cela ne concerne que mes attentes, le contenu n’a pas su me combler.

Je partage tout à fait l'analyse qu'en fait Denise Pelletier sur son blogue  




Avec  Le Compte bancaire de Piedestal, le souffre douleur du groupe a démontré qu’il avait du répondant. Sans doute la grande surprise de cette quinte théâtrale. Pascal Rioux a déstabilisé son public jusqu’à la toute fin de cette tragédie humoristique où le mal de vivre flirte avec le rire et le grincement pour, finalement, exploser et nous laisser pantois face à une conclusion brutale.



Brutal aussi a été le solo de Patrice Leblanc. Le plus percutant ainsi que je l’écrivais ici :
« Ma vie en théâtroscope, spectacle en solo du Clown Noir Trac est une performance pamphlétaire où le rire permet de ne pas exploser. Un rire noir plus que jaune, mais rire tout de même pour ne pas pleurer. On quitte la salle, perturbé certes, mais très content de n’avoir pas raté ce rendez-vous avec une voix qui ose dire. »  

Un spectacle coup de poing qu’on aimerait revoir. Tout comme celui de Diogène, prolifique homme de mots à l’intelligence fébrile autant que fertile. 


Martin Giguère pratiquant l’autodérision sur un texte de ses neuf ans. Une prestation enlevante à la Fabrice Lucchini, faisant crouler de rire un public ravi. Les lectures de Diogène en reprise le mercredi 23 février, à La Tourelle du Collège d’Alma, à l’occasion de Flash’fête. Irrésistible!

Je suis contente d’avoir pu assister aux cinq productions, car elles m'ont permis de découvrir le caractère unique de chaque Clown noir. Je m’incline devant ces cinq comédiens pour avoir été au bout de ce projet, relevant le gant à leur manière avec prestance. S’il est un souhait que je veux faire, c’est d’apprendre que, malgré leur carrière respective, le Faux Coffre nous livre encore plusieurs de leurs trésors. Vivement le film!

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jeudi 6 janvier 2011

Larmes de tendresse


La fin de 2010 a été marquée par des deuils successifs. Le chagrin est-il le prix de l’amour? Et voilà que 2011 commence par un double au revoir. Coulent les larmes de tendresse.

Claudie est une femme étonnante. Elle était venue découvrir le Québec avec un groupe de Français qui, pour mieux palper le pouls du cœur de ce pays logeait de préférence dans les familles d’accueil. Ils appelaient cela «la nuit chez l’habitant». C’était en 1988. Après deux nuits à la Maison heureuse, Claudie n’a jamais rompu le lien, téléphonant et écrivant de sa Normandie, avec persévérance et indulgence pour mes longs silences.

En 2009, son petit-fils prévoit venir étudier un an à l’Université du Québec à Chicoutimi. Elle me demande de veiller sur lui, du moins à son arrivée. 

 Alix et Hugues, MES enfants français

En fin de soirée, le 13 décembre 2009, Hugues et Alix arrivaient au terminus d’autobus de Chicoutimi. Ils ne savaient pas, et nous non plus, qu’ils repartiraient en janvier 2011, les bagages, et plus encore le cœur, beaucoup plus lourds que prévu.

Hier soir, l’au revoir était chargé d’émotion. MES, comme je les appelais, diminutif affectueux pour mes Français, retournent en France. En ce moment, alors que j'écris ce texte, ils traversent la Réserve faunique des Laurentides. C’est un fils et une fille qui s’éloignent. Sur mon mur, j’ai épinglé leur promesse d’un retour.


Ce 6 janvier 2011, j'ai enlevé et rangé les décorations de  Noël de l'arbre que nous avons paré, Alix, Hugues et moi, le 10 décembre dernier. Nostalgie! Je me dis que ce nœud à la gorge est quand même douloureux. Ils nous manquent déjà. C’est le prix de l’amour. De les connaître, je me dis que ça vaut ce prix.

Demain, je laisserai grandir l’espoir et la joie anticipée dans l’attente de ce moment où nous irons les accueillir… un jeudi futur.

Hugues et Alix incarnent ce qui est important pour moi. Quand l’indignation, l’incompréhension et la déception s’emparent de mes pensées confrontées au cynisme des «administrateurs» de la politique, de l’économie et de la société, je regarde la vie autour de moi. La vie, c’est chaque être aimé. Ils sont la source de mes joies, de mes courages, de mes défis, de mes combats. Mes amours m’habitent, m’animent, m’attirent vers les sommets. 
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