samedi 27 juin 2009

Gatien Moisan, trop de silence

Marche au crépuscule - Gatien Moisan 2008
Photo invitation rétrospective au CNE de Jonquière


Que de silence sur la rétrospective de Gatien Moisan qui se tient au Centre national d’exposition de Jonquière. Quarante-huit ans de carrière de cet artiste intemporel passeront-ils inaperçus? Pas assez «pop» pour la Une des médias de la région?

Voilà pourtant une exposition remarquable en tout point. D’une modernité à faire pâlir bien des métropoles tant la démarche de ce peintre est d’une richesse dont la principale qualité est sa constance dans la quête de la perfection.

Lorsque l’on pénètre dans la salle d’exposition dédiée à son œuvre, le regard est happé par ses œuvres les plus récentes. Toiles qui ont été exposées au Toqué rouge et dont je parle ici.

Les plus achevées? Non, car de tout temps Gatien Moisan n’a cessé de traquer le visible dans sa plénitude, avec les outils de l’époque. En cela, il devient un des plus futuristes de nos artistes. Visionnaire qui dépasse le présent et pour cela peut-être considéré, à tort, inaccessible.

La rétrospective chemine de son art actuel à celui de ses débuts. Pourquoi chercher d’autres mots que ceux de la commissaire à l’exposition, Denise Pelletier, qui écrit dans le dépliant de l’exposition, hélas privée d’un catalogue qui aurait pourtant été essentiel autant que justifié, laquelle écrit : «Aujourd’hui il arrive à un résultat fascinant, comme en témoignent ses toiles, où sont combinées, juxtaposées, superposées et entrelacées les images, les photographies, les formes et les couleurs. Il aborde l’infographie comme il le fait pour les autres médiums : par réflexion, exploration, calcul, minutie, recommencement.»

En pénétrant dans le temps de ces quatre décennies, le visiteur constate la logique et la rigueur de la démarche de Moisan. Sur ses toiles, on voit la grandeur humaine confrontée à l’espace. Et s’il utilise son propre corps nu pour en exprimer la forme et le sens, s’il s’empare de ce qui l’entoure – entre autres sa fille enfant, les rochers de Sainte-Rose-du-Nord – c’est que l’objet est le tremplin d’une réflexion picturale qui nous entraîne aux confins d’une vision. En cela, Gatien Moisan est l’artiste dans ce qu’il a de plus noble et de plus absolu.

Je ne répèterai pas ce que j’ai dit plus tôt sur ce blogue (ici), sinon qu’il serait temps de poser un regard sur l’art quand il est pratiqué avec superbe.

Souhaitons que le Centre national d’exposition de Jonquière consacre un espace de son site Internet à l’œuvre de Gatien Moisan et y publie l’intégrale du très beau texte de sa commissaire afin, non seulement qu’il subsiste des traces de cet important travail réalisé pour la rétrospective, mais aussi pour inviter les internautes du monde à découvrir la qualité de nos artistes. Il est plus que temps d’inscrire ce que nous sommes sur la grande Toile du XXIe siècle.

L’exposition rétrospective des œuvres de Gatien Moisan est à voir au Centre national d’exposition de Jonquière jusqu’au 20 septembre.

L’œuvre de toute une vie et pourtant c’est gratuit!


Gatien Moisan
© Photo Rocket Lavoie



***

Doux moment

Élika Laforge
J'ai déjà publié cette photo, mais elle est si belle
que je la voulais pour illustrer ce propos
© Andrée-Anne Lachaine

Après des jeux, des mots doux, beaucoup de câlins, Élika se prépare à dormir. Assise près de son lit, je veille les battements de ses paupières. Cet instant me propulse dans le passé, dans le même climat d’infinie tendresse, alors que son papa, au même âge, luttait contre le sommeil. Et, comme je le faisais pour lui, je me suis mise à chanter la berceuse de Mozart. La petite, le regard fixé sur moi, écoutait sans bouger. Je termine le premier couplet par «dors petite princesse dors…». Temps suspendu… Soudain Élika lance «Bravo!» et applaudit. Une marée d’amour m’envahit. Je ris et poursuis la chanson jusqu’à ce que le sommeil l’emporte vers la lune aux reflets changeants.

Voici la berceuse trouvée sur Youtube,
interprétée par Nana Mouskouri.




Et voici les paroles

Berceuse de Mozart

Mon bel ange va dormir
Dans son nid d'oiseau va se blottir
Et la rose et le souci
Là-bas dormiront aussi
La lune qui brille aux cieux
Voit su tu fermes les yeux
La brise chante dehors
Dors, mon petit prince, dors
Ah! dors, dors

Mon ange a-t-il un désir?
Tout pour lui n'est que joie et plaisir
Un jouet il peut changer
Il y a un mouton et berger
Il y a chevaux et soldats
S'il dort et ne pleure pas
Il aura d'autres trésors
Dors, mon petit prince, dors, ah! dors

Mon petit prince au réveil
Recevra les présents du soleil
Qui seront de beaux habits
Brodés d'or et de rubis
La lune d'un fil d'argent
Avec un reflet changeant
En aura cousu les bords
Dors, mon petit prince, dors, ah! Dors


Élika dans son petit lit de bois
© Andrée-Anne Lachaine


Mission accomplie!

***

mardi 23 juin 2009

La chanson rebelle

Stera - Afghan Star
En arrière plan Elaha Sorue


Ce matin, j'ai écouté l'émission Grand reportage portant sur Star Afghanistan (2005), sauvegardé sur mon ENP (enregistreur numérique personnalisé). Les participants franchissent une frontière entre l'obscurité imposée plusieurs années par les Talibans et l'aube d'un lendemain qui chante que désirent les jeunes Afghans. Mais le risque n'est pas le même selon que l'on soit un homme ou une femme.

Pour les deux jeunes chanteuses parmi les dix concurrents de SA, c'est leur réputation et leur vie qu'elles ont mis en jeu. Élaha Sorue, éjectée à la demi-finale, a été menacée de recevoir de l'acide au visage par un inconnu et par des membres de sa familles. Quant à Setara, retirée dès la seconde émission, elle a provoqé un tollé de protestations en dansant tout en chantant. Oh! scandale! La voilà traitée de putain et menacée de mort. En peut en voir un extrait ici.

Chanter peut devenir un acte de guerre pour ces rebelles Afghanes ou une arme de combat si l'on écoute ce chant de Boris Vian, «Le déserteur». Cet autre rebel, Boris Vian, mort le 23 juin 1959, comme nous le rappelle Denise Pelletier (ici).



lundi 22 juin 2009

Mon pays est un fjord

Irrésistible tentation

La flèche littorale - Saint-Fulgence
© Photo Denise Pelletier


Fidèle lectrice du blogue Spécial du jour, je découvre cette superbe photo d'un point de vue exceptionnel - oui, je multiplie les superlatifs! - révélant un coin de MON pays. La flèche littorale de Saint-Fulgence, à peine deux kilomètres de la Maison heureuse (chez moi)

« La flèche littorale de St-Fulgence, explique Denise Pelletier sur son blogue, est une formation rocheuse naturelle et disposée perpendiculairement à la ligne du rivage sur une longueur de 650 mètres. Cette longue bande de sable et de roche s'est formée là où se rencontrent l'eau salée et l'eau douce. Sa particularité, c’est qu’elle est disposée perpendiculairement à la côte, alors que les flèches littorales (il en existe un peu partout dans le monde) sont en général parallèles à la rive. C’est d’ailleurs la plus longue flèche perpendiculaire au rivage en Amérique du Nord. »

Mer à Denise pour la permission accordée de publier cette photo.

***

vendredi 19 juin 2009

Téléchargements illégaux, loi Hadopi édentée

Ouf!

Le Conseil constitutionnel de la France a censuré en grande partie la loi Hadopi qui vise à combattre le téléchargement illégal. J'en disais (ici) tout mon inquiétude, sachant que cette loi séduisait certains Québécois, nullement préoccupés des droits et libertés constitutionnels.

Le Conseil indique que «c'est à la justice de prononcer une sanction lorsqu'il est établi qu'il y a des téléchargements illégaux», peut-on lire sur ZDNet.fr

On peut lire certains réactions (ici), ainsi que le reportage de Christian Rioux, correspondant à Paris du journal Le Devoir: « Celui-ci (le Conseil constitutionnel) a jugé qu'elle ne respectait pas la présomption d'innocence et que les sanctions prévues étaient anticonstitutionnelles. D'ici à la fin du mois, la loi sera tout de même promulguée. Mais chacun sait qu'elle n'aura pas de dents. »

***

Une pacotille de petits villages, dixit Michèle Richard

Encore elle!

Peintre amateur depuis 1984, qui n’a jamais exposé (si l’on excepte le Manoir Morin-Heights), jamais été soumise à la critique, jamais participé à quelle qu’activité d’importance que ce soit en arts visuels et totalement inconnue dans le monde de la peinture professionnelle, Michèle Richard rejette d’un revers de la main (de la bouche plutôt) les arguments des personnes qui ont osé contester sa présidence, à ce titre comprenons-le, du Symposium international Jean-Paul Lapointe. Et je la cite :

«Ce n’est pas une pacotille de petits villages qui va me déranger», déclare-t-elle.

Voilà en quelle estime elle considère la ville hôtesse qui l’accueille cette fin de semaine.

On peut l’entendre sur le site de CBJ alors qu’elle accordait une entrevue à l’émission Café, boulot, dodo animée avec brio par Doris Larouche, dont voici le lien:
http://www.radio-canada.ca/regions/saguenay-lac/emissions/emissionV0.asp?pk=920

mardi 16 juin 2009

Wouf!


Depuis une semaine, assistant à différents évènements culturels, j’ai cessé de compter le nombre de fois où l’on m’a demandé :

- Christiane, que pensez-vous de la présence de Michèle Richard (et de son chien) au symposium de peinture?

- Je pense qu’elle serait parfaite pour présider une exposition canine, ai-je rétorqué sans rire.

J’ai déjà (ici) exprimé ce que je pense de ce choix qui, selon le témoignage de personnes bien placées dans la hiérarchie de l’organisation du Symposium international Jean-Paul-Lapointe, n’aurait pas été débattu au sein du conseil d’administration. Ce serait le choix d’une seule personne qui aurait fait taire la dissidence en affirmant que tout était conclu et donc trop tard pour modifier cette décision devenue, dans les faits, un choix imposé.

Aperçu de la page 35
Le Quotidien samedi 13 juin


J’ai lu, dans Le Quotidien et le Soleil du samedi 13 juin, que trois artistes professionnels, Hélène Beck, Thérèse Fournier et Jérémie Giles ont, pour cette raison, donné leur démission. Ils ne participeront pas à ce symposium de peintures et de sculptures qui se targue de réunir des artistes professionnels réputés, où un comité de sélection a pour mandat d’évaluer puis d’accepter ou refuser les artistes selon des critères sélectifs bien précis.



Lettre de Jérémie Giles
Publiée à la page 11 dans Le Quotidien de mardi 15 juin
Texte complet à la fin de cette page


Ébahis et fortement ébranlés en apprenant que Michèle Richard aurait l’honneur d’être leur présidente, plusieurs peintres et sculpteurs, m’ont exprimé leur désarroi.

- Que ferais-tu à ma place?

- À la mienne, je me tirerais de là. À la tienne, je ne peux pas décider. Comment renoncer à participer à un symposium qui a attiré sucessivement 40 000 personnes (2000), 35 000 (2002) et près de 25 000 à sa dernière édition (2007)? Doit-on risquer l’absence ou cautionner un choix contestable et contesté? Quelle clientèle veut rejoindre la pensée «populiste» qui anime les organisateurs: des visiteurs intéressés à l’art visuel? Ou des voyeurs curieux de voir un vedette faisant les manchettes pour les mises en accusations répétitives et les acquitements tout autant répétitifs) ?

- Mais si on me met sur la liste noire pour le prochain symposium?, s’inquiète le peintre.

- Je doute fort que cela puisse se faire et encore moins se justifier. Mais voilà bien pourquoi je ne peux pas dire, ni à toi ni à qui que ce soit, quoi faire? C’est très personnel comme décision.

Ce dialogue s’est répété plus de cinq fois depuis la parution de la Une du Quotidien dévoilant le nom de la présidente d’honneur.

Michèle Richard peint en dilettante depuis 1984, soit 25 ans. Un loisir très légitime. Mais rien à voir avec le travail des artistes inscrits au symposium international de Chicoutimi.

J'ai été voir sur la Toile (ici), les photographies des peintures signées par Michèle Richard. Que dire de ce que j’ai vu? Peu de créativité, pas de style personnel. Pire, on constate une nette et «visible» dépendance de cette peintre «amateure» envers les modèles (cartes d’artistes, photographies) qu’elle reproduit avec fidélité. Signalons, entre autre, cette troublante parentée entre ses chaumières et les peintures de l'américain Thomas Kinkade. Cela accentue notre perplexité de la voir présider un symposium international réunissant des créateurs en art visuel.

Souhaitons qu’aucun cachet n'ait été versé pour tenir ce rôle. Sinon, l’esprit du fondateur de ce symposium - qui, plusieurs fois, a fait don de ses œuvres pour investir les bénéfices de leur vente dans le fonds servant à la tenue de cet évènement - aura vraiment été trahi.

Voilà ce que j'en pense!

***

Réponse de Jérémie Giles

En réaction aux propos tenus par le président du Symposium international Jean-Paul-Lapointe, Monsieur Jean-Guy Maltais, dans l’édition du samedi 13 juin 2009 du journal Le Quotidien, la présente s’adresse aux 12 membres du conseil d’administration de cet évènement.
Par déférence à votre égard, j’aurais préféré que ma décision de me retirer de la sixième édition du symposium demeure entre nous et ne fasse pas l’objet d’un débat public. Je n’avais pas l’intention de polémiquer autour de la question de votre choix de la présidence d’honneur. Mais puisque vous avez rendu publique ma décision personnelle, je me vois obligé de réagir afin d’apporter quelques précisions.
Votre président dit « que j’aurais donné le nom de la présidente d’honneur comme prétexte et qu’il considère que c’est un jugement. »
Qu’il soit bien clair que ma décision de me retirer fut immédiate, suite à l’annonce de votre choix quant à la présidence d’honneur. NON! Ce n’est pas un prétexte, c’est la raison! Cela et aussi votre façon de procéder, Je remercie votre président pour considérer que j’ai fait preuve de jugement, cette faculté de l’esprit qui permet à nous tous de juger et d’apprécier. Bref! de nous faire une opinion. Voilà qui me réjouit !
Je ne connais pas le rouage interne de votre organisation, mais je suppose que cela fonctionne selon les règles usuelles pour tous les salons et symposiums du genre. À savoir: un conseil d’administration qui décide, par le vote majoritaire de ses membres, de la démarche de la manifestation et des nominations nécessaires au bon fonctionnement de l’événement. De plus, un conseil qui s’assure de l’indépendance et des qualifications des membres désignés du jury, lesquels doivent examiner et ultimement choisir les candidatures de ceux et celles qui prendront part aux activités du symposium. Si c’est de cette façon que vous opérez, je vous dis CHAPEAU !
Concernant votre détermination de rendre l’événement moins élitiste, vous devriez changer de formule. Un symposium est, en soi, une manifestation constituée d’élites. Alors, je suggère très respectueusement une formule où l’élitisme est complètement absent. Voici ma suggestion: « L’INTERNATIONAL DU CHAPEAU », qui aurait comme slogan : « VOUS N’ÊTES PAS OBLIGÉ D’EN FAIRE POUR EN FAIRE PARTIE ».
Il s’agirait de lancer une invitation autour de la planète et ne demander que le nom et l’adresse de ceux ou celles qui aimeraient participer à une véritable foire de l’art visuel. Dans un grand chapeau, spécialement confectionné pour l’occasion, on y introduirait tous les noms et l’on y pigerait, au hasard, le nombre désiré de participants. Quoi de moins élitiste? Qui sait, ma tante Rosanna qui a suivi des cours de peinture à l’huile sur toile auprès d’une certaine dame du nom de Murielle, quelque part en Floride dans les années 1980, pourrait être chanceuse et, enfin, pouvoir participer à un événement culturel d’envergure. Ce n’est qu’une suggestion qui demande à être peaufinée un brin. J’éviterais le sourire à ce stade-ci, car celui-ci pourrait être perçu comme du sarcasme de ma part et pourtant! Alors, rions-en, c’est bon pour le moral !

Jérémie Giles
gilesartplus@sympatico.ca


***
Réaction d'Hélène Beck et Thérèse Fournier

Réalité, fiction ou humiliation ???
Présence de Mme Michèle Richard à la présidence d’honneur
d’un événement culturel qui se veut de haut niveau et international.

Il nous est difficilement acceptable de passer sous silence notre réaction à la suite des propos tenus et cités par M. Jean-Guy Maltais dans le journal Le Quotidien de samedi, 13 juin 2009.

Dans ce milieu de l’Art et de la Culture où notre région se distingue pour la qualité exceptionnelle d’organisation et de participation, alors que tant de personnes oeuvrent pour conserver cette réputation qui nous précède et nous suit, voilà que l’on voudrait baisser le seuil « d’élitisme » du Symposium International que lui a conféré son fondateur, M. Jean-Paul Lapointe, de regrettée mémoire…

Et tout semble normal aux yeux de la majorité des participants. Se pourrait-il que d’autres raisons que les bonnes inspirent ces artistes qui souvent se sont dits défenseurs et affichés comme des « élites »?

Mme Richard, à qui nous ne pouvons en vouloir d’avoir été invitée à remplir cette fonction, sera donc la sacrifiée afin de diminuer la qualité élitiste de l’évènement… et… au Saguenay. Pour baisser l’élitisme d’un étage, c’est réussi et en ascenseur en plus.

Ce rôle de la présidence d’honneur d’un symposium n’incombe qu’aux artistes possédant certains pré requis dont: une fiche de route exemplaire et non d’un attrait autre que pour l’exercice de son Art, ainsi que l’expertise d’un bon leadership auprès de ses ami(e)s artistes.
Autrement, si la personne est d’un autre milieu, étranger à l’activité, comme un politicien par exemple, on appelle ça, un invité d’honneur.

Autre anomalie qui offusque davantage. On constate avec quelle extravagance on semble fier de la présence de cette personne, sans oublier FIDO, et qu’il n’y a aucun nom d’artiste suffisamment important pour en faire la mention.

Non mais, on n’est quand même pas sur le gibet pour accepter ce genre de manières, la tête rentrée dans les épaules comme si tout ça se voulait plausible et tout à fait normal. Tant qu’il y aura des gens qui se tairont en acceptant de se faire entartrer, notre culture régionale baissera dans son élitisme car, il y aura toujours des illuminés prêts à troquer leur fierté pour un plat de lentille.

En espérant que ça ne se reproduise jamais plus dans notre beau Royaume.

Thérèse Fournier
Jonquière, Qué.
fournierjtaqua@videotron.ca

Hélène Beck
Chicoutimi, Qué.

***


mardi 9 juin 2009

Gatien Moisan, une rétrospective au CNE

Dans l'attente - 1994 - Gatien Moisan
Acrylique sur masonite 90 x 71 cm
© Gatien Moisan


Gatien Moisan sera à l’honneur au Centre national d’exposition de Jonquière le dimanche 14 juin 2009. La rétrospective promise des œuvres de cet artiste sera présentée jusqu’au 20 septembre. Après Hélène Beck en 2008, Le CNE poursuit cet engagement annuel de nous rappeler le parcours de nos artistes en arts visuels.
Le choix de Gatien Moisan me réjouit. L’intégrité de l’homme est égale à la grande qualité de sa démarche artistique, entreprise il y a plus de 40 ans. Gatien est un pur. Une sensibilité hors norme au service d’une maîtrise artistique réconciliant diverses écoles de pensée. Un art contemporain, moderne et futuriste. Un art ouvert sur les temps.

© Progrès-Dimanche - 29 avril 2007 - page 42

En avril 2007, j’avais consacré deux pages du Progrès-Dimanche sur son retour au Saguenay-Lac-Saint-Jean et son exposition au Toqué Rouge de Jonquière. J’ajouterai ce reportage à la fin de cette page.

Mais je voudrais d’abord nommer la commissaire de cette rétrospective que nous propose Lionel Brassard, président du conseil d’administration du Centre national d’exposition et Manon Guérin, directrice. Il s’agit d’une personne très dévouée à la cause des arts, membre fort actif du conseil d’administration de la Société d’art lyrique du Royaume, blogueuse qui vaut le détour sur Spécial du jour, journaliste de la Section des arts à la retraite et amie, Denise Pelletier.

Pour l’inauguration de cette rétrospective attendue, le Centre national d’exposition annonce la présence de Roger Bertrand, 39e Président de l’Assemblée nationale du Québec. En 1997, Gatien Moisan avait été choisi pour réaliser son portrait, selon la tradition instaurée à l’Assemblée. Une œuvre qui a suscité bien des commentaires, car l’artiste a eu l’audace de sortir des sentiers battus pour tirer de sa palette un portrait inhabituel, d’un grand symbolisme.


Roger Bertrand 1997 - Gatien Moisan
39e président de l'Assemblée nationale

Description :
La partie supérieure du Président au fauteuil, lumineuse, exprime la lumière devant inspirer ses décisions. Le bleu violet des tons évoque la solitude et le dévouement du personnage. Dans le bleu vert de la partie inférieure, se déploient la puissance, les fonctions et les tâches du Président. Le cercle rouge dépeint à la fois la vitalité de l’Assemblée et l’opposition qui se dessine parfois entre la Présidence et l’un ou l’autre des personnages parlementaires. Les trois têtes sous le Parlement, par leurs tons de beige, rayonnent dans un calme bienveillant et dégagent une atmosphère chaude et bienfaisante. La position des têtes suggère que le Président constitue l’une des assises importantes du Parlement.



Progrès-dimanche
Les Arts, dimanche 29 avril 2007, p. 42

Gatien Moisan
© Photo Rocket Lavoie - Le Quotidien



CHRISTIANE LAFORGE
claforge@lequotidien.com

JONQUIÈRE (CL) - Qui ne se souvient pas de Gatien Moisan ? Ce perfectionniste de la forme, exigeant professeur d’art autrefois chargé de cours à l’UQAC, est de retour dans sa terre d’âme.

Natif de Saint-Raymond de Port-Neuf, il avait adopté le Saguenay-Lac-Saint-Jean, séduit par le cœur de Gilberte et par l’esprit du Fjord qui a imprégné son œuvre tandis qu’il vivait à Sainte-Rose-du-Nord. En 1981, il se résigne à l’exil, faisant escale en diverses régions. Il balise son existence au nombre de ses déménagements. Plus de dix en 25 ans, bientôt trois en trois ans. «L’homme en fuite c’est moi, confie-t-il devant ses toiles où son personnage est souvent happé par l’espace. Ma dernière résidence sera mon urne, taquine-t-il, quoique là encore, on peut la déplacer. »

Ne pas s’y tromper. L’humour de Gatien n’a rien de sombre. Pas plus que ses toiles, solidement structurée par la règle d’or, si chère à son art qu’elle y est omniprésente. La rigueur de l’artiste repose sur une connaissance de son métier poussée à l’extrême. Il nous console à lui seul de cette prolifération d’artistes en arts visuels maniant le verbe mieux que le pinceau.

Du 2 au 30 mai, à la Galerie Toqué rouge d’Arvida, Gatien Moisan présentera une exposition réunissant des toiles grandes et petites, abordant le thème cosmique. À partir du caillou ramassé sur la rive nord du Saguenay, il reprend possession des rochers qui ont largement envahi ses toiles anciennes, plate-forme d’un départ vers l’espace infini, l’ultime voyage de l’homme.

Œuvre de Gatien Moisan© Photo Rocket Lavoie - Le Quotidien


Exposition au Toqué Rouge

Une version de l’histoire de l’humanité

L’avant salle de la galerie Toqué Rouge dissimule l’exposition en cours, «Dérive, solitude, rêve» de Gatien Moisan. La symbolique, bien qu’involontaire, a du sens. Passage terrestre avant d’accéder au cosmos qu’il faut aborder par la droite.

Une première toile capte le regard, masse rocheuse aux transparences réussies. Puisant dans les techniques des anciens où la peinture à l’eau précédait l’huile, Gatien Moisan tire parti des nombreuses possibilités de l’acrylique pour travailler sa pierre en différentes couches. On a envie d’y coller l’œil pour en capter l’effet.

La seconde toile reprend l’élément du rocher tout en l’intégrant dans une composition où l’espace prend place pour finalement s’imposer avec force dans le troisième tableau. «Repos céleste» nourri d’une fréquentation assidue au club d’astronomie de Saint-Raymond.

Des formes géométriques dessinent finement une structure architecturale toujours basée sur le nombre d’or. Question d’équilibre. La démarche de Moisan aspire à la perfection, l’harmonie. Depuis toujours, il a le souci de soumettre ses compositions à la «divine proportion». De nombreux peintres, sculpteurs et architectes célèbres l’ont intégré à leur art, assurés d’atteindre ainsi une harmonie totale dans leur création. Cette quête d’un équilibre absolu confère à l’œuvre de Moisan une force intérieure contrastant avec la netteté des formes et des couleurs. Ce qui pourrait être froideur, par une technique trop parfaite, séduit par l’harmonie qui s’en dégage. Il devient alors facile de s’identifier à ce corps humain, alter ego de l’artiste qui devient son propre modèle, humain suspendu entre les deux mondes et qui va, au fil des tableaux, être happé par l’infini du vide de l’espace.

En progressant au rythme des toiles exposées, le visiteur découvre une version de l’histoire de l’humanité.

Petits formats

Bien que Gatien Moisan apprécie les grandes surfaces, il se révèle très à l’aise dans les petits formats. Étonnantes pièces où l’on retrouve toute l’éloquence des toiles lus grandes. L’une après l’autre, elles sont des fragments d’un tout et pourtant complètes dans ce qu’elles expriment de cet affrontement entre l’humain et le cosmos.

Certaines pièces intègrent superbement la somme de la démarche artistique de Gatien, sachant partir du très figuratif environnement des lieux où il a séjourné pour s’élever au-delà. Communion réussie entre la terre et le ciel, que l’on pense à «La sablière de Métabetchouan» ou «Regard sur le Piékouagami.»

Ne se voulant d’aucun courant, sinon celui de «faire ce que je veux faire», Gatien Moisan conclut: «On fait partie de l’univers et l’univers fait partie de nous», évoquant toutes les questions et tout ce qu’il y a à découvrir.

***
«Combien de temps pour réaliser cette toile ?», demandait un visiteur au peintre Gatien Moisan. «45 ans», répondit l’artiste. Une toile est la somme de toutes les expériences et de la science acquise au cours d’une vie. Si les premiers coups de pinceaux des œuvres exposée à la galerie Toqué Rouge de Jonquière n’ont que cinq ans, la main qui en a brossé les bleus dominants apprend la maîtrise de son art depuis 1962.

Des nomades

Peintre et professeur d’art de 1964 à 2005, Gatien Moisan a quitté le Saguenay en 1981. Il est de retour depuis 2203, le temps de construire sa future ex-maison au bord de l’eau, à Saint-Félicien. Depuis 2008, il a pignon sur rue à Saint-Honoré. La beauté du lac n’a pu rivaliser avec la fierté parentale, père et mère suivant de près la carrière en théâtre de leur fille Sara qui évolue dans diverses troupes de la région. «Nous sommes toujours ici (Saguenay) pour la voir et nous voulions aussi nous rapprocher du mouvement, du centre du milieu culturel.»


Polyvalence

Scénographe à ses heures, surtout lors que Sara fait partie de la distribution, Gatien moisan s’est joint à ses filles, Sara et Mira (comédienne et membre de la Ligue d'improvisation montréalaise) pour prêter main forte à l’entreprise Artisac, fondée à Saint-Félicien par son épouse Gilberte Dufresne.

 
Des expositions

Rappelons que l’artiste a réalisé plusieurs expositions solos dans de nombreuses galerie, dont: Galerie d’art Benedek-Grenier, Québec; Galerie Wells, Ottawa; La Chasse Galerie, Toronto; Burnaby Art Galery, Burnaby (B.C.); Galerie Arts St-Louis, St-Raymond. Il a aussi participé à des expositions collectives: Institut des Arts de l’Ontario; Arts Festival, Lewiston(Maine); Calgary Allied Arts Council, Calgary; UQAC; Foire internationale de Washington, États-Unis; Galerie d’art du Grand Théâtre de Québec; Artistes québécois contemporains(Collection Loto-Québec); Artistes de renom, Moulin Marcoux, Pont-Rouge; Vieux Presbytère de Deschambeault.

***

samedi 6 juin 2009

Jamais je n'oublierai le 30 mai 2009

La pétillante Acadienne Peanut (aliasLola Dionne)
Entre Christiane et Christian Laforge

© Photo Réjean Leclerc



« Il y a des moments si merveilleux

Que l’on voudrait que le temps s’arrête

Et tu te demandes pourquoi
Cette nuit-là te démesure »

(Gilbert Bécaud)


Imaginez! Pendant 38 ans, vous gagnez votre vie à écrire sur les artistes. Vous êtes payée pour vibrer devant les œuvres créées par des êtres possédés, uniques, si forts et si fragiles à la fois. Pendant 38 ans, vous apprenez à les aimer, formée que vous êtes par un maître qui, sans chercher à museler l’idéaliste, vous a dit : «Christiane, n’oublie jamais que ce sont des humains pour qui cela est toute leur vie. Ton article va durer deux heures. Ses conséquences vont durer toute leur vie (Jacques Collard, écrivain et critique d’art du Pourquoi Pas? à Bruxelles)

Imaginez! La tête pleine de souvenirs, le cœur riche d’amitiés nées de ces rencontres professionnelles, vous écrivez: «C’est le temps de partir».

Par courriel ou par téléphone, ils sont nombreux à vous dire «On te regrettera!»

Parce qu’un au revoir ne suffit pas, les journalistes, mes confrères et consœurs du journal Le Quotidien et le Progrès-Dimanche, répondent à l’appel de la maître du jeu de toujours, l’étonnante Jojo (Johanne St-Pierre) et me font une joyeuse fiesta le 3 mai à La Baie. Ce fut bon. Ce fut émouvant. C’est un superbe souvenir.

Bertrand Tremblay (à ma droite) surnommé le Patriarche
lors du brunch festif du 3 mai dernier.
Rocket Lavoie saisi en flagrant délit, croquant les belles du jour:
Patricia et Andrée Rainville, Catherine Doré,
que regardent Yvon Paré, Daniel Côté et Serge Lemelin
© Photo Jeannot Lévesque


Imaginez! Le samedi 30 mai 2009, l’inattendu survient.

Une centaine de personnes, artistes de toutes disciplines, diffuseurs, communicateurs, représentants du monde de la culture ont répondu à l’appel du maître du jeu Jérémie Giles et accueillent une Christiane éberluée en entonnant «C’est à ton tour…». J’ai gagnez ma vie à écrire sur leur passion, leurs œuvres, leurs réalisations. Et ce sont eux qui me remercient.

Caron Néron et sa compagne
© Photo Bertrand Tremblay

Carol Néron, éditorialiste au Quotidien - porte-parole officiel et très enthousiaste des absents, Michel Simard éditeur du Progrès du Saguenay et Denis Bouchard rédacteur en chef - a ouvert le «déluge» de témoignages qui n’a cessé de la soirée. Je retiens de son discours sa certitude de mon amour pour la langue française.

Bertrand Tremblay, «mon ex»… rédacteur en chef, toujours chroniqueur au Quotidien, «lecteur assidu de ce blogue» affirme-t-il, a su illustrer à la fois les faits d’armes les plus forts d’une carrière, citant des extraits d’un texte sur la mort annoncée d’un artiste connu, et les côtés joyeux d’une amie prompte à partager les rires des turbulents épicuriens du club C'est pas facile du Deauville.

L’humour «pieux» de l’unique Hélène Beck a finalement confirmé l’humeur joyeuse de cette soirée, tout en décrétant, sans contestation possible, que la petite Belge a réussi à s’intégrer. «Elle est des nôtres… » a chanté la réputée artiste peintre de Chicoutimi.

Paroles lues, paroles dites, mots écrits et lettres cueillies à la fin de la soirée, messages publics, messages privés, je me sens comme un arbre au printemps dont les branches bourgeonnent. J’ai vécu un chant d’accueil bien plus qu’un au revoir.

Albert Larouche a chanté Envoi de fleur
© Photo Bertrand Tremblay

Albert Larouche a chanté «Envoi de fleurs» d’Henri Bernard/Paul Delmet.





Envoi de fleurs,
Ici interprétée par Hervé David


Marie-Claude Simard - Clément Tremblay
Fondateurs de L'Ensemble Bouffon

© Photo Réjean Leclerc

Avant de nous livrer quelques extraits de leur CD Le Passeur, Marie-Claude Simard et Clément Tremblay ont créé la «Valse de Christiane», composée pour moi, et que j’ai dansée avec grand plaisir aux bras de Michel Cloutier.

Sabrina Ferland a chanté a capella un extrait de l'opéra Gianni Schicchi « O mia babbino caro » (Lauretta) de Puccini. Que l'on peut entendre (ici) interprété par Maria Callas.


Guy Tay a mis en peinture toute la symbolique des liens que tissent les mots, après en avoir usé lui-même avec éclat pour évoquer le parcours d’une journaliste. Micheline Hamel et Yvon Gaudreault ont été les chefs de chœur pour un canon incroyablement flatteur sur l’air de Frère Jacques.

Élaine Girard, Ariane Blackburn,
Lison, Andrée, Claire-Hélène Hovington
René Gagnon et Claude Bérubé
© Photo Bertrand Tremblay

Élaine Girard a retrouvé un micro, le temps de quelques missives, comme si cela se passait pour vrai à la radio. Et Lison Hovington, visage emblématique des belles heures de la télévision régionale, a lu des extraits de Cœur innombrable avec tant de talent que j’aurais pu envier l’auteur de ces textes.

Jérémie Giles
Organisateur de cet évènement et fondateur de
la Société de l'Ordre du Bleuet
© Photo Réjean Leclerc


La soirée, dont ceci n’est qu’un résumé, s’est terminée par l’annonce officielle de la création de la Société de l’Ordre du bleuet, hommage qui sera décerné chaque année à des artistes et défenseurs de la culture au Saguenay-Lac-Saint-Jean.


Depuis samedi 30 mai, je n’ai plus de mots.
Ils tourbillonnent dans ma tête
esquivant mon désir de s’en emparer pour dire que j’ai connu…

un moment si merveilleux…
et cette nuit-là me démesure.

Merci de tout cœur à chacun de vous pour cet inoubliable 30 mai 2009

***



mardi 2 juin 2009

Ouf! La loi Hadopi a été rejetée!

Ne rêvez pas. La répression a le Pouvoir.

Effectivement rejetée en avril, la loi Hadopi a été adoptée le 12 mai dernier par les députés de la République de France à 296 voix contre 233. Liberté, égalité, fraternité!
Bien naïfs ceux qui croient qu'il s'agit de défendre les droits d'auteurs.

Que les droits d'auteurs soient protégés, je suis d'accord. Que l'on cherche une solution intelligente et juste pour contrer le téléchargement illégal, je comprends. Mais qu'une république (la France) qui est née dans une volonté de droits et liberté ait pu concocter une loi telle que la loi dite HADOPI (Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur internet), confiant à un tiers, en total conflit d'intérêt et non à la Justice, le pouvoir de surveiller (espionner?) et de punir (coupure totale allant jusqu'à un an de tout accès Internet au «client payeur de cet accès internet) l'accusé, coupable ou non, sans jugement, sans défense, sans égard au fait que «le crime» reproché puisse avoir été commis par un autre que «le présumé coupable», me fait terriblement peur.




Mes convictions personnelles et mon respect pour les artistes m'imposent de ne jamais, intentionnellement, télécharger illégalement. Cependant, il arrive que plusieurs membres de ma famille, plusieurs amis et amis d'amis de passage se connectent sur le routeur inscrit à mon nom, ainsi qu'ils me permettent de le faire quand je les visite. Je deviendrais responsable de leurs téléchargements ainsi que de toutes autres personnes qui, à mon insu, utiliserait légalement ou non mon accès Internet? Merveilleux monde que l'on voudrait nous imposer, où la présemption d'innocence, le droit à la défense et la justice sont bafoués.

Pourquoi me suis-je intéressée à cette loi? Parce que certains fournisseurs de l'Internet au Québec, notamment Pierre-Karl Péladeau de Vidéotron, aimeraient bien disposer de ce pouvoir.

Petit à petit, au nom de la «vertu», notre société devient répressive, infantilisante et coercitive. On ne veut pas nous protéger. On veut nous contrôler.

***


lundi 1 juin 2009

Magnifique regard d'une mère

Élika Laforge
sous le regard de sa maman



Je trouve cette photo irrésistible tant il y a de l'amour et de la fierté dans le regard d'Andrée-Anne regardant sa petite Élika. Heureuse petite fille aimée!