vendredi 18 décembre 2009

Promenade hivernale à Chicoutimi


À défaut de mots des images


Forêt de glace
Chicoutimi - Parc de Rivière-du-Moulin
©Photo Christiane Laforge 2009




Chicoutimi - Parc de Rivière-du-Moulin
©Photo Christiane Laforge 2009


Fleur de neige
Chicoutimi - Parc de Rivière-du-Moulin
©Photo Christiane Laforge 2009


Chicoutimi - Rivière-du-Moulin
©Photo Christiane Laforge 2009


Chicoutimi - Parc de Rivière-du-Moulin
©Photo Christiane Laforge 2009

Chicoutimi - Rivière-du-Moulin
©Photo Christiane Laforge 2009


samedi 5 décembre 2009

Jean-Claude Villeneuve se raconte

Jean-Claude Vileneuve
©Photo Rocket Lavoie - Le Quotidien

Samedi dernier avait lieu le lancement du premier livre de Jean-Claude Villeneuve. Le Progrès-Dimanche en a fait sa page vedette de Ici Dimanche. Une belle page tant pour la forme que le contenu signé par le journaliste Denis Villeneuve. Elle n'est malheureusement pas disponible sur l'Internet. Mais sous forme de photo en voici un aperçu visuel.

© Progrès-Dimanche - 29 novembre 2009

Lors du lancement, à la bibliothèque de Chicoutimi, nous avons pu entendre les espoirs enthousiastes des fondatrices de la maison d'édition Vivat, Claire Bouchard et Nicole Bélanger, la petite histoire du livre livrée avec émotion par l'auteur du récit L'époque de mon enfance, Jean-Claude Villeuneuve, ainsi que d'une première appréciation élogieuse de Russel Aurore Bouchard.

Après lecture du manuscrit, ce fut pour moi un plaisir que d'écrire la préface de ce livre qui, je l'espère aura une suite. La voici:

l'Époque de mon enfance
Préface

L'homme d'aujourd'hui est issu de l'enfant d'hier. Jean-Claude Villeneuve en livre un témoignage éloquent dans ce livre, L'époque de mon enfance, où il raconte les treize premières années de sa vie.
« Comment s'est joué le silence d'une enfance et d'une adolescence sous l'influence des rudes traditions et d'une intransigeante autorité » tient-il à expliquer en avant-propos. Curieusement, si rude soit l'époque, si rigoureux soient les parents et les éducateurs, si ardue soit la vie quotidienne quand la survie est un combat jamais gagné, les pages de ce récit resplendissent d'une lumière surprenante. Comme si, à son insu, le petit garçon de cette histoire avait superposé sur la toile noire toutes les couleurs vives d'une volonté farouche de saisir le plaisir de vivre.
« Nous fûmes vite enveloppés par l'arôme du sapin de notre sommier et par la chaleur des bûches d'épinette qui pétillaient dans le gros poêle en fonte », narre-t-il au souvenir des nuits dans le camp de bûcherons, plutôt que de se plaindre de la précarité de cette expérience. Ce passage, comme bien d'autres, permet de croire que cet enfant devenu homme ne courbera pas l'échine. Et l'on regrettera peut-être que ce livre nous laisse aux portes de son adolescence, pour en venir trop vite à l'âge adulte de la fratrie Villeneuve. Il énonce les étapes inévitables de chacun : mariage, enfants, divorce, engagement professionnel, social et politique. Une énumération ponctuelle, sans plus. Comme si l'auteur n'osait aller plus loin dans les sentiments et décidait, par là, de nous laisser de l'autre côté du miroir.
Bien que l'auteur aborde le récit de son enfance par des données historiques concordant avec ses ancêtres et membres des familles Amyot, dit Villeneuve, et Jean, le lecteur se laissera petit à petit entraîner par le conteur qui se révèle au fil des pages. Sans doute, chacun aura sa façon de suivre Jean-Claude Villeneuve dans ce passé familial ; les uns soucieux de s'assurer des faits et dates dans le contexte de l'Histoire, les autres cueillant les cailloux semés dans les pages pour retrouver les pas d'un Petit Poucet refusant de s'égarer dans ce passé.
Les terres agricoles, les forêts, l'usine (en l'occurrence l'Alcan), tout est dur labeur pour les familles où les enfants se comptent quinze à la douzaine. En présentant l'un après l'autre les membres de sa famille, c'est le récit d'une époque, le demi du XXe siècle au Saguenay, qui est ici décrit sobrement. Une existence frugale, laborieuse, où les entreprises et la religion catholique demeurent les maîtres du jeu.
Les anecdotes donnent un ton plus léger à la sévérité de cette vie brossée en mots simples dans un style vif et entraînant. On y découvre la petite pièce, à l'arrière de l'épicerie de quartier, où accueillir quelques clients « particuliers » célébrant la dive bouteille, le dimanche. Le coloré Léon-Georges avec ses « rouleuses » et ses lunettes aux branches réparées avec du sparadrap. Le courageux cheval Nieger et bien d'autres.
Au-delà du simple récit surgissent les caractères des pionniers de cette région. Bien sûr, il y a la vie en forêt, les fermes laitières, le travail en usine, le commerce, mais chacun a sa part de rêve et de conquête. Comme Phydime Jean, le grand-père maternel, en route vers le Yukon (avec le cousin Thomas) pour finalement se retrouver aux États-Unis et revenir au pays pour devenir cultivateur dans le Canton Simard de Chicoutimi-Nord.
Et la tendresse dans cet univers? Jean-Claude évoque un père souvent absent, une mère d'une extrême sévérité. « Les mots amour, bonté, douceur et affection n'eurent pas de place dans son vocabulaire ni dans sa façon de nous éduquer » écrit-il, se souvenant des retours paternels comme de l'heure du châtiment dont les plus turbulents étaient menacés, non en vain.
Les souvenirs sont précieux. Si ce livre ne devait avoir que le seul mérite de préserver la mémoire d'une famille, il aurait déjà toute raison d'être. Cela demande un certain abandon, une dose de courage aussi pour mettre par écrit l'écho d'un passé brossé dans les tons sombres de la pauvreté durement combattue, de la rigidité d'une éducation.
Mais L'Époque de mon enfance de Jean-Claude Villeneuve recèle davantage qu'un récit familial. Dans la troisième partie surtout, Une saison dans les chantiers, l'histoire devient plus universelle, décrivant la vie dans un chantier, avec femme et enfants. Le narrateur devient le témoin privilégié de tous les gestes du quotidien. Un récit savoureux, riche de précision et, en plusieurs passages, fort émouvant d'une existence rigoureuse où la moindre douceur prend des airs de fête.
On avait déjà été sensible à ce petit garçon ému par la beauté de la maîtresse d'école, des épines au cœur aux premiers sentiments de jalousie, du souvenir sucré de l'anniversaire de ses cinq ans, de la corne sous les pieds privés de chaussures tout l'été par souci d'économie, de l'arrivée des premières automobiles et du tout premier salaire… en pommes de terre. Mais, à la lecture d'Une saison dans les chantiers, on découvre un auteur qui sait raconter avec justesse et nuance les odeurs de cuisine et des sapins. De précieuses informations pour des écrivains voulant recréer la vie des bois avec le plus d'authenticité possible.
On n'oubliera pas la première truite pêchée, le premier lièvre piégé, les joies simples, les plaisirs d'une enfance qui n'oublie pas qu'elle a été malmenée - comme certaine aujourd'hui - dans cette école chrétienne où élèves et enseignants se moquent du «bûcheron» qui, pour six mois d'absence à l'école et les signes apparents de la pauvreté, subit le rejet sans pleurer. « J'avais presque treize ans et un homme, ça ne pleure pas! Je reçus plus que ma part de coups et d'insultes. Je dormais très difficilement. Je me rappelle avoir pensé m'enfuir, tellement j'étais malheureux. »
Il trouva la meilleure parade : étudier tant et plus pour franchir avec succès toutes les étapes de cette enfance le menant à sa vie d'homme.
Ce livre est une forme d'héritage, pour les siens… Aussi pour nous.

Christiane Laforge
Anse-aux-Foins
22 août 2009

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samedi 28 novembre 2009

Le clown noir au masque de fer


Diogène, Groosomodo, Trac, Piedestal, Contrecœur
Les Clowns noirs et



Christian Ouellet



Décidément, ils sont uniques!

Les Clowns noirs ne se comparent même pas à eux-mêmes. De pirouettes verbales en pirouettes physiques, ils parviennent à chevaucher un même thème sans nous lasser.

Après des années de combat contre la brigade anti-culture qui avait pour mission d'empêcher la diffusion d'œuvre théâtrale en région (La Farce de Pierre Pathelin), traversant les salles désertes sans perdre leur détermination (En attendant le Déluge), revisitant les écrits de Shakespeare pour livrer une irrésistible version de «Roméo et Juliette» réglant le sort à la brigade anti-culture sans craindre la prison, ils avaient finalement retracé le tout premier clown noir, alias Barabbas, dans un jeu volontairement plus près du théâtre conventionnel. De 2005 à 2008, les cinq clowns du Théâtre du Faux coffre ont livré le rire à provision devant des salles de plus en plus fréquentées.

Le talent de ces joyeux lurons ne pouvait nous être exclusif. Chacun se devait d'explorer d'autres scènes, d'autres répertoires et d'autres espoirs. Dès lors, il leur fallait nous convaincre du sérieux de leur adieu. Mais comment les exterminer? Sinon dans un ultime éclat de rire plein de leur impétuosité comique, ingénieusement dissimulé sous un masque de fer.

Soir de première

Mercredi 25 novembre 2009, lors de la grande première mondiale - pourquoi jouer modeste? - de la dernière aventure des Clowns noirs, «Le Clown noir au masque de fer», je savais qu'ils bénéficiaient d'un a priori propice à l'indulgence. Car une première c'est le coup d'envoi d'une œuvre qui ne cessera de s'améliorer. L'intensité de se retrouver sur scène face au public est souvent proportionnelle à l'angoisse ressentie sur les réactions de ce même public. J'avoue n'avoir aucune envie de me souvenir des points faibles de cette production, trop occupée que je suis à rire encore aujourd'hui de certaines scènes qu'eux seuls peuvent se permettre.

Sans trahir leur effet, mentionnons la remise de l'épée au roi. Une réplique tout à fait inattendue mais d'une grande efficacité… Dans tous les sens. (Il faudra voir pour comprendre)

Le Théâtre du Faux coffre transforme sa «pauvreté» en richesse, compensant la modestie de leurs décors, des accessoires et des costumes par une ingénieuse interaction entre les personnages et les comédiens. Ils sont les Clowns noirs, personnages fictifs d'une mise en scène et six comédiens (avec Christian Ouellet, leur complice depuis Barabbas), sans cesse en équilibre entre le jeu théâtral et le jeu d'une camaraderie, séduisant tout en déstabilisant le public. Cette particularité des Clowns noirs leur est propre. Ce qui les rend uniques.

Qu'on ne s'y trompe pas, «Le Clown noir au masque de fer» est une histoire plus forte qu'elle ne parait. La réflexion est bien présente, la critique sociale et politique atteint ses cibles et les trouvailles, nombreuses, exigent toute notre attention.

J'ai aimé toutes les productions du Faux coffre. Mais plus particulièrement leur «Roméo et Juliette». J'en ai parlé sur ce blogue, ici. Cette dernière aventure réunit les qualités de tout ce qu'ils ont fait depuis leurs débuts. Christian Ouellet, sans être un clown noir, a su parfaitement s'intégrer au groupe et, dans cette pièce, ajoute à notre plaisir par la qualité de sa performance.

Inoubliables Clowns noirs!

Les représentations ont lieu à la salle Murdock du Centre des arts de Chicoutimi, à 20h du mercredi au dimanche jusqu'au 6 décembre. Par prudence, mieux vaut réserver. Voir l'affiche plus haut.


Le commencement en 2005 - La Farce de Pierre Pathelin





dimanche 15 novembre 2009

Salle de spectacle : Go Multimédia se prononce


Go Multimédia a déposé son rapport sur les coûts d'une nouvelle salle de spectacle à Chicoutimi. La population aura, dit-on, l'opportunité de se prononcer sur l'option qu'elle préfère. Mais quelle sera la question posée?

Dans un cas, il s'agit de rénover du vieux. Dans l'autre il s'agit d'investir dans du neuf. Et le coût dont il faut se soucier sera celui que le contribuable saguenéen aura à assumer.

Dans un cas comme dans l'autre, la majeure partie des fonds provient de l'extérieur. Juste retour de nos impôts payés au fédéral et au provincial, complétés par des fonds privés recueillis dans la collectivité. Donc, dans un cas comme dans l'autre, la part de Saguenay serait sensiblement la même que ce soit pour rénover ou pour construire. C'est CE chiffre-là qu'il sera important de soumettre aux citoyens.


© Progrès-Dimanche 17 février 2008


Au tout début du rapport Go Multimédia nous lisons: «Lors de nos entretiens avec ces organismes, nous avons compris qu'ils convoitaient plutôt l'acquisition d'une salle pluridisciplinaire avec une acoustique de qualité et qu'un site faisait consensus auprès de tous, soit la zone ferroviaire, localisée sur le boulevard Saguenay Est, à l'est de la rue Lafontaine. Consensus de tous sauf le théâtre du Saguenay qui ne fait pas partie des groupes revendiquant la construction d'une nouvelle salle de spectacle.»

S'appuyant sur ce dit consensus, l'étude n'a donc pas regardé s'il existe un site alternatif qui aurait pu, lui aussi, faire consensus. On ignore si la question a seulement été soulevée. Or cette information importe puisque le rapport tient compte d'un aspect qui influe sur les coûts. C'est-à-dire le fond du terrain nécessitant une structure compensée pour soutenir le poids de la construction, les frais de décontamination et le coût d'un stationnement (j'imagine que cela sera vrai pour tout autre édifice construit sur ce site).

Mais attention! Il faut savoir si, salle de spectacle ou pas, la décontamination et la réalisation d'un stationnement, Saguenay entreprendra tout de même ces travaux, ainsi que décrit ici dans son projet de rénovation du Centre-Ville. Si cela est, ces dépenses ne devraient donc pas être incluses dans les coûts de la nouvelle salle puisqu'elles figurent déjà dans les projets de la Ville. Sinon, ils ne servent qu'à gonfler le prix global du projet de la nouvelle salle de spectacle.

Go Multimédia
a consulté les organisme et leurs représentants suivants: L'orchestre symphonique représenté par Daniel Tremblay et Jocelyn Robert, Le Festival de musique du royaume (Gabrielle Gaudreault présidente fondatrice, Hélène Gaudreault, André Salesse), les porte-parole des Étudiants du Conservatoire (Marie Gilbert Thévard et Éric Dufour), la Société d'art lyrique du royaume (Luc Blackburn, président et conseiller municipal) et le Théâtre du Saguenay (Robert Hakim directeur général et Éric Asselin).

Notons - je crois que cela a de l'importance - que cette étude a été réalisée avec la collaboration du client de Go multimédia, soit Ville de Saguenay représentée par Jean-François Boivin et François Hains.

Pour revenir sur «l'exclusion» du Théâtre du Saguenay dans le dit «consensus» et je cite: «Consensus de tous sauf le théâtre du Saguenay qui ne fait pas partie des groupes revendiquant la construction d'une nouvelle salle de spectacle», il serait utile de se souvenir d'un passé récent. En 2005, l'Association des centres-villes déposait un projet d'implantation d'une nouvelle salle de spectacle polyvalente de 1200 sièges rejoignant les attentes des organismes culturels. Ce projet a reçu sans équivoque l'aval du Théâtre du Saguenay. Et pour cause, cette infrastructure ne se limitait pas seulement à une salle de spectacle, mais prévoyait loges, bureaux, salle de répétition, café et autres commodités modernes. Coût prévu: 16M$. La contribution demandée aux contribuables de Saguenay se limitait à 3 M$ contre une participation de 2,2 M$ pour un projet de rénovation de l'auditorium Dufour dont le coût total était alors évalué à seulement 3,5 M$. Précisons que c'est sur cette sous-évaluation du coût des rénovations de l'auditorium Dufour (projet Sirois) que Ville de Saguenay a imposé son choix.

Rappelons que le 4 avril 2005, sans consultation, unilatéralement et muselant toute opinion contraire au projet Sirois, incluant les porte-parole du Théâtre du Saguenay, les élus de Saguenay ont appuyé sans s'exprimer la décision du maire Jean Tremblay. J'en ai parlé ici.

Aux premiers temps de cette saga d'une salle de spectacle, à Chicoutimi, c'est donc bien le Théâtre du Saguenay qui le premier appuyait le projet d'une nouvelle salle de spectacle, projet soumis par des gens d'affaires de Saguenay. L'organisme culturel, comprenons-le, n'a pas eu d'autre choix que de se rallier à l'option «rénovation» afin de sauvegarder son statut de diffuseur officiel et d'assurer sa survie.

Le projet de Go Multimédia

Le rapport de Go Multimédia décrit avec détails et illustrations ce que sera la nouvelle salle de spectacle. Projet qu'il recommande d'ailleurs.

Cette partie est très intéressante, mais occulte totalement toute comparaison avec «l'autre produit» en concurrence, c'est-à-dire l'auditorium Dufour rénové. Rappelons que les coûts de cette rénovation n'ont cessé de croître depuis 2005. Voir ici.

Ce rapport anticipe les coûts d'exploitation et d'entretien de la salle de spectacle particulièrement élevés. Dans un dossier bien étoffé réalisé sur le sujet en 2005, Yvon Paré, alors journaliste pour Le Quotidien écrivait déjà : «Après vérification auprès de plusieurs intervenants, les coûts d'entretien dont on fait souvent mention dans la région sont nettement gonflés. Nulle part au Québec ces frais ne dépassent les 175 000 $. Alors, quand on parle de 500 000 $ pour l'entretien d'une salle, on exagère.» (Un investissement réaliste, Progrès-Dimanche 16 janvier 2005, page B 13)

© Progrès-Dimanche 16 janvier 2005

Curieusement, on ne parle pas des retombées économiques directes et collatérales, ni même des revenus anticipés de cet investissement. Pourtant il existe des exemples vérifiables où d'autres municipalités ont fait la preuve des avantages d'un tel investissement. Comment la population pourra-t-elle prendre une décision éclairée avec des données aussi incomplètes?

Que dire? «Des études sérieuses évaluent à un million de dollars les retombées de la programmation de l'Auditorium Dufour dans le milieu. Il n'est pas fantaisiste de multiplier ce montant par trois au cours des années suivant la construction ou une rénovation sérieuse. La ville se prive de plusieurs millions en ne bougeant pas. Sans compter qu'une salle peut être un élément clef dans la relance d'un centre-ville. La preuve a été faite partout au Québec. Est-ce qu'une nouvelle salle de spectacles est un placement ou une dépense? À vous de trancher.» (Progrès-Dimanche, 16 janvier 2005, page B4 : Un outil de relance privilégié)

© Progrès-Dimanche 16 janvier 2005

Pour faire le bon choix, le citoyen doit savoir le prix qu'il paiera réellement dans un cas comme dans l'autre. Lui laisser croire qu'il doit décider de dépenser 10,5 M$ en rénovation ou 39 M$ en construction nouvelle serait malhonnête. Mais voilà, le rapport Go Multimédia n'explique nulle part la provenance des fonds requis et donc, nous tient dans l'ignorance quant aux déboursés réels des contribuables de Saguenay dans ce projet.

Le rapport Go Multimédia laisse trop de questions sans réponse pour s'en contenter. Il a certainement respecté le mandat qui lui a été donné.

Aux défenseurs d'un projet d'avenir ambitieux de se mobiliser.

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Copie de l'étude réalisée par Go Multimédia disponible sur le site de Saguenay dans les Dossiers de l'heure: ici

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jeudi 12 novembre 2009

Un Ubu roi qui a du panache

Ubu Roi d'Alfred Jarry - Les Têtes Heureuses 2009
Martin Giguère, Christian Ouellet, Patrice Leblanc

© Photo Jean-François Caron

Les têtes Heureuses nous ont depuis longtemps appris que leurs productions créaient chaque fois un évènement. Il y a toujours «un je n'sais quoi» qui confère à leur théâtre une profondeur qui doit tout à leur mise en scène et à leur distribution. Leur Ubu Roi le confirme une fois de plus. Leur Ubu roi a du panache.

Mes réserves ébranlées

Je n'aime pas le théâtre burlesque. La farce vulgaire, grotesque me hérisse. Et la lecture du texte de la pièce d'Alfred Jarry me laissait mitigée quant au plaisir anticipé. Cependant, les Têtes Heureuses sont une valeur sûre. Et plusieurs noms de la distribution valaient le déplacement.


Christian Ouellet dans UBu Roi
© Photo Merryl B. Lavoie

Oh! surprise! J'ai succombé à la séduction d'un jeu théâtral exceptionnel. Coup de maître, dès le départ, que de confier tous les rôles, féminins comme masculins, à des hommes. La farce est sans équivoque. L'audace aussi, d'une mise en scène qui, poussant au paroxysme l'intention d'une vulgarité consommée dans une scène très osée de «fornication», campe les personnages avec force. Et il fallait l'incroyable talent de Christian Ouellet (Père Ubu) et de Martin Giguère (Mère Ubu) pour réussir à imposer une image sexuelle puissante sans heurter. Le spectateur est bousculé certes, mais il comprend mieux pourquoi la dynamique de ce couple entraîne l'un et l'autre au-delà de ses propres limites. Si désireux de richesse et pouvoir qu'il soit, Père Ubu ne franchit le pas que poussé par l'ambition démesurée d'une femme qui sait comment l'asservir.

Modernité de la mise en scène

Ainsi qu'il l'avait habillement réalisé dans la mise en scène de «Guerre», suggérant les temps et les lieux par le déplacement de quelques accessoires, Rodrigue Villeneuve a pris le risque d'une mise en scène dépouillée, occupant l'espace central du théâtre tandis que les spectateurs se retrouvent de part et d'autre de la scène.

Christian Ouellet (Ubu)
Patrice Lebanc (Capitaine Bordure)

Ubu Roi - Têtes Heureuses 2009

© Photo Jean-François Caron

La pièce se déroule en crescendo où la vénalité des uns s'ajoutent à la convoitise des autres, broyant tout sur leur passage, l'un pour assouvir sa soif de pouvoir, l'autre pour s'approprier le bien des autres. En situant l'action en Pologne, ainsi que le voulait Jarry pour mieux dire que le lieu du délit est sans importance, le drame qui se joue s'universalise et, inévitablement, démontre sa vérité intemporelle.

Sur écran des images projetées pendant la pièce évoquent l'existence d'autres Ubu Roi que celui de cette fiction. Il aurait été souhaitable que l'on soit plus mesuré dans le choix de ces «illustrations»… La suggestion aurait gagné en force à ne cibler que des exemples incontestables d'une pareille cruauté.

Pour illustrer ce qui suit, exemple de photos projetées
Le lynchage de Thomas Shipp et d'Abram Smith

Photo trouvée ici

J'ai éprouvé le même inconfort devant la projection des pendaisons des Noirs américains accompagnant la scène des meurtres d'Ubu contre les «nobles fortunés». L'assassinat raciste de ces hommes et femmes, souvent pauvres - tableaux insoutenables s'il en est - n'ont aucun lien avec ce qui se passe sur la scène et interfèrent sur l'attention portée à l'action qui se déroule.

Et quelle action: un tourbillon de folie, de va-et-vient tonitruants, de rebondissements loufoques et dramatiques. On assiste à un méli-mélo savant où se succèdent coups de fusils, adieux mélodramatiques, crimes et poursuites.

Les comédiens

Martin Giguère crée une Mère Ubu d'une extrême efficacité. Un jeu caricatural habilement maîtrisé qui transcende toute la vénalité du personnage.

Christian Ouellet est tout simplement exceptionnel. Son jeu est si intense que l'on reste accroché à l'expression de ce visage où tout passe. Les yeux tantôt rieurs, tantôt cruels, ajoutent à l'éloquence de la voix et du geste. Une présence si forte qu'elle accentue les quelques faiblesses des autres. Ne fusse que pour voir ce duo magistral, cela mérite de se précipiter au Petit-Théâtre de l'Université du Québec à Chicoutimi. Les dernières représentations auront lieu du 12 au 15 novembre.

La distribution se compose également du très sérieux Patrice Leblanc en Capitaine Bordure, du clown attendrissant Guillaume Ouellet en héritier adolescent Bougrelas, du sage un peu hautain Marc André Perrier en Venceslas, ainsi que de l'ineffable Éric Renald en Reine Rosemonde grandiloquente.


Une très bonne critique de Mélyssa Gagnon
© Le Quotidien, 31 octobre 2009

Quelques liens complémentaires :

http://www.cyberpresse.ca/le-quotidien/arts-spectacles/200910/21/01-913392-ubu-roi-un-clin-doeil-aux-politiciens-actuels.php

http://specialdujour.hautetfort.com/archive/2009/11/02/ubu-roi-sombre-et-jouissif.html

http://lesclapotisdunyoyo2.blogspot.com/2009/10/ubu-roi.html


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jeudi 29 octobre 2009

Marie-Christine Bernard lauréate du Prix France-Québec 2009

© Photo Marie-Christine Bernard


Marie-Christine Bernard n'a pas fini de nous surprendre. Nous ne sommes pas les seuls à aimer les écrits de cette femme-flamme sensible et passionnée.


Le Prix France-Québec 2009 octroyé à Marie-Christine Bernard pour son roman Mademoiselle Personne.

Elle supplante ainsi Pascale Quiviger (La maison des temps rompus), ainsi qu'Éric Dupont (Bestiaire) qui étaient finalistes avec notre écrivaine d'Alma. Sans doute parce que, comme l'écrit si bien son éditeur: «La langue de Marie Christine Bernard est organique, océane et aérienne: tantôt touchante comme une brise, tantôt déchaînée comme la mer en furie, tantôt odorante comme les corps repus d’amour et l’iode des grèves gaspésiennes.»

Voir le résumé ici et critique , et commentaires , et .

Marie-Christine Bernard Lauréate Prix France-Québec
© Photo archives Jeannot Lévesque

Ce n'est pas le premiers honneur qui échoit à notre auteure (oui, je suis possessive), mais il confirme combien cette écrivaine enthousiaste touche ses lecteurs puisque le choix du lauréat se fait par vote public.

«Créé en 1998, le prix littéraire France-Québec souligne l’excellence du roman contemporain québécois en récompensant chaque année l’un de ses auteurs. Voué à la promotion et à la diffusion en France de la meilleure littérature québécoise, ce prix poursuit dans le domaine culturel, la mission que s’est donnée il y a plus de 40 ans l’association France-Québec : faire découvrir et faire aimer les spécificités de cette nation francophone d’Amérique.» (source: communiqué de presse, Corinne Tartare Vice-présidente Culture, AFQ)

Le prix est annuel. La présélection et la sélection se font au printemps et en été. L'annonce du lauréat se fait à l'automne. Le prix, d’une valeur de 5000 € environ 8 000$), est remis au mois de mars lors d’une cérémonie officielle, à Paris, dans le cadre d'une tournée dans plusieurs régionales de l’association. (Voir site France-Québec)

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vendredi 23 octobre 2009

Lettre à Damir

Au pied de l'érable
Première neige - 22 octobre 09
© Photo Christiane Laforge

La neige d'octobre n'est plus si bienvenue que jadis.

Pour l'enfant d'hier, elle était comme des baisers doux, un peu mouillés, plein de promesses festives et de batailles épiques autant que joyeuses.

Lors des heures amoureuses, elle présageait des tempêtes espérées pour garder captif mon François Paradis. Puis, femme de labeur, les hivers sont devenus trop longs dans ce pays privé d'été.

Marcher dans la neige du 23 octobre 2009 © Photo Christiane Laforge

La neige d'hier fut à peine tolérée. Alors, de la voir s'attarder, tout ce vendredi de soleil promis, m'exaspérait dans mes pas glissants lors de la montée et descente de mes 3,3 km quotidiens de la grande côte du rang Saint-Joseph.

Et voilà que je découvre sur mon mur de Facebook cette invitation à lire le texte de Jean-François Caron, une lettre adressée à son fils Damir en lien avec cette première neige d'octobre 2009 en terre saguenéenne. (Voir ici)

Elle me rend la mémoire de l'enfance d'Ariel qui m'inspirait ce sentiment intense exprimé dans cette lettre. Je l'ai lue une seconde fois, totalement réconciliée avec la neige d'octobre. La beauté est dans l'œil de celui qui regarde.

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mercredi 21 octobre 2009

Discrimination permise




Au Canada, la charte des droits m’interdit de discriminer toute personne en raison de sa race, de son origine nationale ou ethnique, de sa couleur, de sa religion, de son sexe, de son âge, de ses déficiences mentales ou physiques.

Au Canada, toute personne peut me discriminer pour mon sexe en raison de sa religion.

Quelqu’un peut-il m’expliquer???


Tous les humains naissent libres et égaux en dignité et en droits

Les femmes aussi?
Veuves Indoues, femmes exicées, femmes voilées, femmes lapidées, femmes assasinées pour «l'honneur», femmes violées, femmes vendues, femmes fouettées, femmes esclaves

vendredi 16 octobre 2009

Nécrophagie littéraire

Scène de nécrophagie -
Photo Christophe Eyquem



J'éprouve un grand malaise à la lecture des intentions avouées de Bertrand Visage des éditions du Seuil, éditeur français de Nelly Arcan. Celui-ci veut fouiller les entrailles de l'ordinateur de l'auteure, morte par suicide à 36 ans alors que son livre Paradis, clé en mains était sous presse.

Nelly Arcand
Lors de son passage à l'émission Tout le monde en parle
Photo Radio-Canada


Il envisage de publier le roman «inachevé» de 40 pages sur lequel elle travaillait, espérant franchir le mot de passe de l'ordinateur de Nelly pour en extraire d'autres écrits inédits et les publier aussi advenant qu'ils «présentent un intérêt littéraire».

Bertrand Visage
Photo Hubert Hayaud

Les réactions outrées lui feront sans doute faire machine arrière. Mais il y a pensé… et d'autres avec lui.

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jeudi 8 octobre 2009

Dans un pays aux arbres d'or

Mon pays c'est l'automne.
Prise de vue à 850 mètres de hauteur,
à partir du Pic de la hutte sur le Mont-Valin.
© Photo Christiane Laforge

J'ai la tête dans les nuages. J'espérais plus de soleil. Il s'est pointé trop tard.

Cela ne m'a pas empêché d'aimer ce que j'ai vu. Trésors visuels accumulés lors d'une grande balade sur le Mont-Valin avec halte prolongée au Pic de la Hutte.

Vue du Pic de la Hutte, Mont Valin, Saguenay.
Pas assez de soleil pour aviver les tons d'or des arbres
à 850 mètres de hauteur.

© Photo Christiane Laforge

Un fjord, des lac, des arbres d'or.
Prise de vue à 850 mètres de hauteur,
à partir du Pic de la hutte sur le Mont-Valin.
© Photo Christiane Laforge


Floraison d'automne.
Trésor trouvé lors d'une balade au Pic de la hutte sur le Mont-Valin.
© Photo Christiane Laforge

Ton de soleil,
capturé lors d'une balade sur le Mont-Valin.
© Photo Christiane Laforge

Il était tout seul, un peu en retrait du sentier,
ignorant tout de sa beauté.
Je l'ai cueilli sans y toucher du bout de ma lentille.

©Photo Christiane Laforge

mardi 6 octobre 2009

Quiproquo avec Dieu... Enfin!

En furetant sur les pages de Facebook, j'ai fait une découverte intéressante. En effet, j'y ai trouvé la mention d'un livre qui figure aujourd'hui en première place dans ma liste de commande. Il s'agit de Quiproquo avec Dieu de Bernard Lamborelle.


En prenant connaissance de son contenu, je me suis exclamé: Enfin! Il est plus que temps de se tourner vers ce passé lointain avec le désir sincère de trouver la vérité des faits.

Bernard Lamborelle a consacré six ans à ses recherches et à la rédaction de ce livre. Esprit curieux, aimant trouver des réponses aux questions qu'il se pose, il a fait une lecture non dogmatique de la Bible.

On peut lire sur son blogue comment Quiproquo avec Dieu s'inscrit dans une démarche scientifique:

« Soutenue par d’abondantes références bibliographiques, l’analyse proposée s’effectue à la fois sur les plans logique, chronologique et dendrochronologique. L’auteur démontre que du point de vue logique, la trame du récit est tissée de façon intégrale, sans extrapolation, ni sélection ou rejet intentionnel. La clarté et, paradoxalement, la complexité de l’histoire qui se dégage de cette relecture livrent un témoignage éloquent, offrant des réponses rationnelles et crédibles aux questions qui, jusqu’à présent, n’ont trouvé d’explication que dans le dogme. »




Dans le ton très respectueux que l'on constate à le lire sur son blogue, l'auteur conclut:
« Si nous voulons reconnaître dans les écrits une dimension sacrée, c’est parce que leur nature universelle et symbolique, bien plus que la croyance d’une intervention divine, nous y invite. Ces textes semblent plutôt avoir été inspirés par l’éternelle sagesse bienveillante de l’homme, au même titre que les enseignements philosophiques, bouddhistes ou hindouistes. Tous contribuent au développement de la spiritualité et à l’éveil de l’homme et de la femme. À ce titre, ils conservent une valeur d’enseignement inestimable, mais plutôt que de vouloir les ériger en dogme, il serait plus sage de les “traduire”, de les moderniser et de leur rendre toute leur authenticité. » (P. 250)

Cités Nouvelles- vol 34, no 22 - 7 juin 2009


Quatre autres liens pertinents:

http://planete.qc.ca/chroniques/imprimer.php?planete_no_chronique=164612

http://bernardlamborelle.blogauteurs.net/blog/ethique-et-religion/longevite/

http://www.facebook.com/group.php?gid=69749035198

http://www.citesnouvelles.com/article-346011-Quiproquo-sur-Dieu.html

jeudi 1 octobre 2009

La grande faucheuse frappe encore

Que de deuils cette seule année! Ma grande amie Rita, mon grand frère Jacques, le généreux Stan D'Haese, Thérèse Bouchard, Pierre Falardeau et, ce lundi, Ghislain Bouchard.


La grande famille du théâtre est en deuil. Ghislain Bouchard, figure imposante de la vie culturelle au Saguenay-Lac-Saint-Jean, a franchi le pas ultime. Nombreux diront spontanément «Le père de la Fabuleuse histoire d'un royaume n'est plus», tant cette œuvre magistrale aura marqué le paysage de la scène régionale autant que celle du Québec pour avoir inauguré ici l'ère des spectacles à grand déploiement comme attrait touristique majeur. Mais Ghislain Bouchard a été bien plus que le père de la Fabuleuse.

Cet homme de passion, fortement épris du verbe comme du geste, incarne mieux que personne «L'esprit du Fjord», inspirant de nombreuses vocations théâtrales. Il était là, aux premières heures de cette effervescence que ne démentent pas les troupes actives d'aujourd'hui. Fondateur du théâtre du Coteau, des Pédagos et du Théâtruc, mais surtout de la célèbre «Marmite» bouillonnante à la flamme des Marie Tifo, Ghislain Tremblay, Michel Dumont, Rémy Girard et Jean-Pierre Bergeron, il n'a jamais douté ni de lui ni de ses alliés dans le grand combat mené pour imposer, avec succès, les arts de la scène en région.

Le geste ample et la voix portante, il ne pouvait s'empêcher de faire jaillir les occasions de créer et de mettre ses idées au service de la mémoire. Féru de Belles lettres et de grands esprits, défendant les classiques aussi bien que les Tremblay novateurs, Ghislain Bouchard avait une audace rare. La Foire culturelle de l'UQAC, le Carnaval Souvenir de Chicoutimi ont subi les éclats de cet homme avide d'occuper l'espace scénique et d'y laisser sa marque. Prolifique, il a mis en scène de nombres spectacles, pièces de théâtre, opérettes, défendant l'œuvre des autres ainsi que les siennes, osant bien avant d'autres se commettre dans des créations novatrices - pensons à la comédie musicale «Entre deux temps», sur une musique de Dominic Laprise, en 1984 - piaffant d'impatience quand il était confronté aux réalités comptables.

Il avait déjà bien contribué au développement culturel de cette région, par ses créations radiophoniques et télévisuelles, par la direction habile des opérettes au temps du Carnaval-Souvenir, par l'intense activité culturelle menée à l'université et sur les petites scènes locales, mais c'est à La Baie qu'il a pu déployer ses ailes et nous étonner par un spectacle unique, souvent imité depuis, en créant cette fresque historique magistrale, «La Fabuleuse histoire d'un royaume». Ce spectacle ne devait vivre qu'une saison, commémorant le 150e anniversaire de la fondation du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Il a tenu 20 ans et applaudi par près d'un million de personnes, démontrant sans équivoque à quel point l'art a sa place dans le développement économique d'un pays. Un exploit qu'il aurait bien aimé refaire lors de la conception de «Occident 2000», lequel n'a jamais pu être mis en scène. Une grande déception pour Ghislain Bouchard qui a senti que sa grande œuvre devenait sa concurrente. Lui qui voulait que le théâtre s'impose constate avec regret que les spectacles s'opposent dans l'esprit politique des contributeurs, frileux à l'idée de trop multiplier les créations, ainsi qu'il nous le confiera dans quelques entrevues.

Dans sa tête, les rêves s'accrochent et ses tiroirs regorgent de projets, ébauches de créations, débordement d'idées pour l'avenir. La création de «La famille de Bonneau» en 2001, ravive sa flamme et le convainc de croire à sa victoire contre le cancer qui le harcèle. Une lutte qui incitera l'homme de théâtre à retrouver ses vieux complices pour un retour à la scène en produisant «Huit femmes» de Robert Thomas au profit de Leucan en 2006 et, «son chant du cygne» avait-il annoncé, «L'opéra de Quat'sous» pour la Maison ISA (un centre régional d'aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel) en 2007. Ghislain Bouchard était ainsi: toujours un combat à livrer, une cause à défendre et, à défaut de faire de l'art pour l'art, reprendre la parole pour prêter voix à ceux qui se taisent.

Il nous laisse en héritage la force de ses convictions. Notre deuil est celui d'un artiste, d'un homme rassembleur qui a su insuffler sa passion comme une évidence impérieuse sans égard aux préjugés possibles. Un homme admirable qui a cru que l'on pouvait être au Saguenay-Lac-Saint-Jean et y faire de grandes choses.

© Le Quotidien - 29 septembre 2009, p.11
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dimanche 27 septembre 2009

Salle de spectacle à Chicoutimi... quoi encore!

Je suis perplexe. En lisant le titre Salle de spectacle: Le coût atteindrait 40 millions$, dans l'édition du journal Le Quotidien du 25 septembre dernier, je me suis dit : «Impossible! Cela devient grotesque !»

Puis, à la lecture de l'article signé par François St-Gelais, je me suis sentie flouée comme lectrice du journal par ce «conditionnel» permettant de lancer une affirmation tout en se réservant la possibilité d'un démenti… advenant que…

Plus loin, comprenant que ce chiffre inclut d'autres infrastructures - ce qui modifie totalement la perception de ce qui est avancé - j'ai éprouvé un peu de colère. L'aménagement d'un stationnement sur la zone ferroviaire n'a-t-il pas été annoncé à l'intérieur d'un ambitieux le projet de 50M$ destiné à revitaliser le Centre-ville de Chicoutimi ? Voir l'article (ici).

À qui sert de livrer prématurément en pâture «la primeur» et «l'exclusivité» d'une information qui - l'article ne précise rien en ce sens - peut être ou ne pas être la conclusion du rapport officiel de la firme mandatée, en l'occurrence Go Multimédia? Le dit rapport, lit-on, ne sera pas déposé le 30 septembre comme prévu, mais peut-être fin octobre. Alors, d'où proviennent les chiffres avancés? Spéculation? Fuite?

Et si fuite il y a, vient-elle des mandataires? Du comité exécutif de Saguenay? De la firme Cégertec qui doit évaluer «les répercussions pour le stationnement au centre-ville de la construction d'un nouvel immeuble sur le site de l'ancienne zone ferroviaire»?

Pour se faire une opinion éclairée et objective, le citoyen devrait d'abord avoir une information complète et donc, pouvoir prendre connaissance du rapport commandée par Ville de Saguenay à Go Multimédia.

Une information anonyme et partielle peut-elle être perçue comme une manipulation douteuse au service d'intentions cachées? Manipulation de chiffres ou manipulation d'opinion? Je suis perplexe.

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Pierre Falardeau dépose les armes

Pierre Falardeau 1946-2009 : Mourir n'est pas la mort

Pierre Falardeau
Photo Radio-Canada

Pendant que nous dormions, cette nuit de vendredi à samedi 26 septembre 2009, Pierre Falardeau rendait les armes contre le cancer. Tout le monde en parle ce matin, rendant hommage à l'homme de conviction, polémiste, cinéaste, artiste engagé. Son œuvre nie la mort de cet esprit marquant. Mourir n'est pas la mort quand la voix ne s'éteint pas lors du dernier souffle.

Hier, mon fils Ariel, étudiant en linguistique à l'UQAC , me résumait sa lecture sur l'aspect social du langage, identifiant quelques exemples les plus remarquables. Ce passionnant débat nous amena à parler du langage de Pierre Fardeau, dans sa vie comme dans son œuvre, alors que j'évoquais mes rencontres avec lui. Je prenais conscience, au fil des mes souvenirs, de l'intensité éprouvée au contact de ce personnage hors du commun et, bien sûr, controversé.

Afin de raviver ma mémoire, j'ai voulu relire quelques uns de mes articles. le concernant. J'ignorais tout de l'à-propos de cette recherche qui me permet, ce matin, d'en partager les fruits en reprenant, plus bas sur cette page, un reportage datant de 1997.

Pierre Falardeau était venu rencontrer les étudiants du Cégep de Chicoutimi. J'avais assisté à ce dialogue, aussi curieuse des questions posées que des réponses données. J'avais rapporté cet échange dans les pages du Progrès-Dimanche et, à sa lecture ce matin, je constate combien la parole de Falardeau demeure actuelle 12 ans plus tard.




Progrès-dimanche
Arts et société, dimanche 23 novembre 1997, p. B3

«Le découragement ça joue contre toi»
-Pierre Falardeau

Laforge, Christiane

Chicoutimi - Homme de paradoxe qui avoue se contredire lui-même, Pierre Falardeau a su amuser et secouer son auditoire, au Cégep de Chicoutimi, mardi dernier.

Pris de cours par la toute première question concernant sa position sur la culture et l'inculture du Québec, un peu embarrassé faute de se souvenir de ses propres déclarations à ce sujet, le cinéaste pamphlétaire a été tout à fait confronté à la deuxième intervention concernant un passage de son livre «La liberté n'est pas une marque de yogourt» dans lequel il dit que l'important n'est pas le chef mais le cœur du matelot.

«Je ne suis pas à une contradiction près, déclare-t-il, précisant qu'en fait, il croit à l'importance d'un chef même si chacun de nous est responsable. Ce que j'ai dit est complètement faux, les chefs sont importants. C'est important qu'il y ait une direction, malgré les niaiseries que j'ai écrites dans mon livre.»

L'indépendantiste a eu tôt fait de se réaffirmer en parlant de son film Elvis Graton qu'il définit comme «le résultat d'un immense écœurement, provoqué par l'échec du référendum de 1980. On demande à un peuple de voter pour la liberté et ce peuple va voter pour l'esclavage.» Propos applaudis par son auditoire qui réagira souvent dans ses déclarations les plus affirmées pour le nationalisme.

Pierre Falardeau a longuement parlé, en réponse aux questions posées, sur la censure insidieuse qui s'applique au Canada sur l'expression artistique. Il a cité des exemples où l'auteur d'un scénario doit justifier jusqu'aux articles définis qu'il utilise. La censure la plus efficace expliquera-t-il, c'est de pousser les personnes à s'autocensurer. Lorsqu'un cinéaste attend après la décision de Téléfim Canada, et que son projet de film est soumis au verdict d'avocats et de fonctionnaires, on apprend vite ce qu'il faut dire et ne pas dire, montrer et cacher. Tout comme lorsque des journalistes ou des animateurs travaillent pour un média, il se doit de savoir qui est le propriétaire pour connaître ses limites d'expression. Falardeau se voulant cependant compréhensif à leur égard, car, dit-il, «il faut payer les factures, la maison et entretenir sa maîtresse».

Il est difficile de résumer ce dialogue avec les jeunes qui a duré plus d'une heure trente. Le langage coloré de Pierre Falardeau, la spontanéité de ses réponses s'ajoutent à son propos qui est souvent mordant. «J'ai été mal élevé» avoue-t-il sans conviction, sinon celle de s'aimer ainsi et de se détester tout autant. Sentiment qu'il partage envers le Québec et les Québécois. Un pays qu'il aime parce que c'est chez lui. Il veut y vivre debout et en français, vilipendant le vendeur de pain de son quartier qui répond «what ?» au mot «pain».

Questionné sur ce qui serait, selon lui, un Québécois qui ne soit pas selon ses termes un «trou de cul», Pierre Falardeau répond en contournant la description par le sentiment d'appartenance: «C'est chez nous, c'est mes affaires. Des fois je nous aime. Des fois je nous haïs collectivement parce qu'on est mitaine, mou. L'autre jour, j'ai niaisé Céline Dion en disant: même si j'aime pas ça je suis content parce que c'est notre marde. Comme j'aime échos vedette que je n'aime pas parce que ce sont nos cochonneries.... Bon, je le sais que je suis fou...»

On doit à Falardeau plusieurs films dont Octobre, Le party, Elvis Graton. Il aurait bien voulu y ajouter Deslauriers, projet jusqu'à présent refusé. «Des projets de films refusés, il y en a cinquante par année. je ne suis pas le seul. Mais je cherche à comprendre pourquoi. Toute ma vie j'ai eu à me battre pour défendre mes projets.»

Pas question de renoncer à ce film. Pas question non plus de limiter ses prochains films, dont un Elvis Graton II qui va être soumis à Téléfilm. «Comme c'est cent fois plus politique que les Patriotes je m'attends à un refus.» Octobre a été refusé plusieurs fois avant d'aboutir à l'écran. Et voici, qu'à sa grande surprise, on le diffuse sur les ondes de Radio-Canada, station dont il dit qu'elle ne cherche qu'à contrôler la pensée des gens. «Je ne comprends pas moi-même qu'ils aient présenté Octobre. C'est peut-être la preuve que le film que j'ai fait est totalement inoffensif et donc totalement sans intérêt.»

Lorsqu'on lui demande: «T'es pas tanné d'être frustré ? », il répond en criant : «Oui. Oui. Tu penses que je devrais me faire soigner. T'as raison, mais parfois ce qui me fait marcher c'est la rage.» Il évoque ensuite Van Gogh, ce peintre dont on s'arrache les œuvres à coup de millions alors qu'il n'en a vendu qu'une seule de son vivant.

«Tu cherches un peu d'espoir autour de toi. Et tu lis la vie de Van Gogh et tu te demandes: comment, comment il a fait pour continuer à peindre alors que personne ne voulait de ses tableaux. Cela m'a donné une espèce de leçon. Il faut continuer, il faut tenir. La lutte politique c'est long mais celui qui gagne c'est le plus toffe des deux. Le découragement ça joue contre toi.»

On comprend qu'il ne sera pas tendre pour la jeune fille qui l'interroge sur l'importance d'avoir des contacts pour réussir, chose difficile, dit-elle, pour les jeunes de la relève. «J'avais pas de contact, j'étais un pauvre innocent. Tout était bouché. je ne pouvais pas faire de film, alors j'ai fait des vidéos. Si ce que tu fais est bon, un jour ça va sortir. C'est pas assuré que tu vas réussir mais il faut faire ce que tu aimes.» Comme elle insiste sur l'absence d'espoir faute de contact, il s'impatiente: «Laisse-toi pas raconter des peurs sinon lâche tout. Laisse tomber. fermer le collège... fermer le Saguenay. Avant que le monde sache ton nom c'est long, mais ça fini par marcher. Même si c'est difficile, il ne faut pas se décourager.»

Son souhait, plusieurs fois répété: «Que l'on cesse d'être une minorité de braillards.»

Ce qu'il craint: «La violence que peut engendrer des tactiques comme celui du mouvement partitionniste.»

Ce qu'il recommande: «Sortez de Passe-Partout. On n'est pas tous des petits amis. Avant 1760, vos ancêtres étaient dans la milice. Vos ancêtres ils ont fourré une volée à Georges Washington.»

© 1997 Progrès-Dimanche. Tous droits réservés.

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Ma première grande émotion falardienne a eu lieu en regardant le film «Party». L'interprétation de Lou Babin, chantant Le cœur est un oiseau tandis qu'un prisonnier «s'évade» en se donnant la mort me hante encore. Cet envol de mots, de musique, d'images m'ont harponnée depuis, sensible et attentive à la suite du combat inlassable mené par Pierre Falardeau. J'aurais aimé retrouver cette interprétation précise. À défaut, même si le diaporama qui l'accompagne manque de profondeur, on peut entendre cette chanson interprétée par France d'Amour.




Pour compléter voici quelques liens retenus:

http://www.pierrefalardeau.com/

http://blogues.cyberpresse.ca/moncinema/lussier/?p=904

http://www.ledevoir.com/2008/10/11/210168.html

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lundi 14 septembre 2009

Panne de mots

Vol d'outardes
sculpture de Jean-Marie Laberge

Mon cerveau est victime d'un embouteillage. Les idées se bousculent, tant il y a de sujets qui m'inspirent. Émotion, joie, indignation, colère m'animent par moment à voir, à entendre, à lire sur le présent de ce monde. Beauté contre laideur. Générosité contre mesquinerie. Lumière contre noirceur.

Barack Obama, président des USA
Photo AP

Que dire?
Au président Obama osant une importante réforme pour assurer les soins de santé à tous les Américains, soulevant la colère de personnes incapables d'y voir une pensée sociale de bon augure dans cet état du chacun pour soi.

Au Premier ministre d'une province qui arbore la devise «Je me souviens» aurait souhaité censurer les cris d'un désespoir tragique.



Vincent Lacroix

Earl Jones
Aux victimes non protégées d'un Vincent Lacroix, d'un Earl Jones. À nos banquiers, qui multiplient les frais pour leurs clients les plus pauvres au rythme des primes qu'ils se versent entre eux sur le dos des épargnants spoliés d'intérêts légitimes.

Alors je me tais et j'écoute le chant de l'automne dans le bruissement du vent secouant les feuilles rougissantes de mon érable et les cris que poussent les outardes trop tôt revenues sur les battures de l'Anse-aux-foins.

Élika Laforge - Septembre 2009
© Photo Andrée-Anne Lachaine


Et je contemple le beau visage d'une petite Élika pensive sous les arbres.

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mardi 1 septembre 2009

Aveu de tendresse

Trois photos pour illustrer un geste en continu.

Samedi dernier, Victor, 4 mois, assis sur les genoux de son papa, assistait à une petite fête d'enfants, organisée pour célébrer le prochain anniversaire de sa sœur Élika qui aura 2 ans le 4 septembre.

Élika tend les bras

Élika saisi le visage de Victor

et

Élika...
nous fait chavirer de tendresse

Élika est
l'enfant miroir réfléchissant nos gestes.
Enfant témoin de la tendresse exprimée.

C'est aussi cela l'avenir!

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