mercredi 17 octobre 2007

L’accordéon de Figaro

L'Ensemble Bouffon : Marie-Claude Simard et Clément Tremblay
© Photo Jeannot Lévesque




Clément a troqué son fusil de chasse contre un accordéon. Le cerf d’Amérique en brame de joie.

Chaque fois que je franchis la porte de la petite maison orange de la rue Saint-Pierre, maison centenaire qui ne mourra pas sous le pic des démolisseurs de Chicoutimi, j’éprouve l’intense curiosité d’un enfant devant le cadeau à ouvrir. Car, pas une fois, je n’ai quitté cette maison le cœur vide. Hier, le coffre au trésor contenait cette nouvelle tellement symbolique de l’âme de ce musicien : «Mon voisin voulait se défaire de son accordéon. Je l’ai échangé contre mon fusil de chasse», m’a-t-il annoncé tout content.

Que je vous dise. Clément est mon coiffeur. Rien à voir avec le Figaro de Mozart. Même si, avec sa complice Marie-Claude, il transforme parfois la scène en champ de bataille conjugal. Un numéro comique tiré du spectacle que présente L’Ensemble Bouffon.

J’ai connu Clément dans les coulisses des Grands Revenants. Il était le coiffeur-maquilleur attitré de la troupe amateure du Carnaval Souvenir de Chicoutimi. J’y tenais le rôle de Mademoiselle Léontine, institutrice collet monté, précuseur du mouvement féministe, fiancée à l’illustre Joseph-Dominique Guay, fondateur du journal Le Progrès du Saguenay. Déjà en ce temps-là, tandis que Clément jouait du peigne et du crayon, il parlait d’abondance de musique. Le bonheur!

Pas étonnant que la conversation se continue depuis bientôt 20 ans!

Clément est subtil. Je crois qu’il me coiffe... alors qu’il me pare. Au-delà de la mise-en-plis savante il sème des musiques. Celles qu’il me fait entendre et souvent découvrir. Celle qu’il joue à la guitare, accompagnant Marie-Claude, sa violoniste, dont il ne cesse de vanter, avec raison, le talent créateur.

Hier, Clément se disait millionnaire. Riche de toutes ces musiques que le duo traque depuis un an parmi les familles de la région, en quête de notre patrimoine de chansons traditionnelles. Riche des souvenirs anticipés des spectacles que l’Ensemble Bouffon va donner ici et ailleurs et riche de l'ivresse d’un prochain album.

Je l’écoutais, ravie de sa richesse, la tête pleine de sourires à la seule idée de ce fusil transformé en accordéon. Nul doute : le son sera plus beau.

1 commentaire:

  1. Ce texte m'avait échappé, pourtant je suis devenu accro à l'orage. Je ne connais pas l'ensemble Bouffon, mais après ce message, je me précipite sur leur page web.J'ai été très ému de votre description de votre coiffeur musicien. Comme elles sont belles les personnes que vous nous faites connaître. Merci.

    Yves

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