mardi 18 décembre 2007

Nostalgie de Noël

L'art édito publié le 2 décembre dernier dans le Progrès-Dimanche évoquait ma nostalgie de Noël devant le vide laissé par ceux qui ont franchi l'ultime frontière. Aux noms cités dans ce texte, je veux ajouter, ce soir 18 décembre 2007, celui d'une femme exceptionnelle : Pierrette Gaudreault, fondatrice de l'Institut des arts au Saguenay.

Nostalgie de Noël


«Dis, quand reviendras-tu, dis, au moins le sais-tu que tout le temps qui passe ne se rattrape guère, que tout le temps perdu ne se rattrape plus» chante Barbara sur toutes les ondes captées cette semaine. Sa voix ne s’est pas éteinte avec sa mort survenue brutalement il y a dix ans. Chacun a fait l’aveux d’une peine qu’amplifie inévitablement le souvenir avivé par la date triste de l’ anniversaire de l’ultime départ.

Il y a Barbara...

Et les autres. Les nôtres. Dans le monde des arts, chaque semaine est une moisson de souvenirs. Les rencontres avec les chanteurs, les peintres, les comédiens de tous âges nous font vivre leur enthousiasme, leur passion, leur espoir et quelques fois leur déception. Ils sont plusieurs, au fil des dimanches et autres jours à inspirer nos doigts sur le clavier. Plus nombreux, hélas, sont ceux dont on ne parlera pas. Ceux dont on ne lira plus leurs rêves.

On ne s’y habitue pas, on a seulement la science du deuil et la pudeur de ne rien dire quand la pensée frémit à la douleur de ces blessures jamais refermées. La fébrilité qu’engendre la célébration des fêtes me semble un rendez-vous avec la nostalgie. On dirait que les absences s’accrochent aux branches de l’arbre de Noël. Larmes mentales dont le reflet éclaire les présences pour mieux dire aux vivants: «Le temps qui passe ne se rattrape guère» ou encore, comme Gilbert Langevin: «[...] au plus faible murmure, dans l'éclos dans l'ultime, voilà pourquoi je vénère ton nom comme on respire, sans savoir s'il s'agit tout à l'heure de mourir ou de vivre autrement sur un autre versant....".

Les nôtres

Et si nous accrochions ensemble quelques noms à l’arbre de nos pensées, me suis-je dit ce matin? Un instant donné à la mémoire de ce qu’ils ont été dans ce milieu artistique. Au risque d’en oublier. osant prendre la mémoire en défaut, convaincue que chacun y ajoutera le nom des siens.

J’ai souvenir de Roch Laroche (2006), directeur musical du Chœur Amadeus, de Lucien Ruelland (1999), ténor de carrière et baryton-basse de voix, de Jean-Alain Tremblay ( 2005) auteur de «La Nuit des perséïdes», de Gilbert Langevin (1995), grand poète québécois, de Jean-Paul Desbiens (2006) l’incommodant Frère Untel, des peintres Léo Paul Tremblé (1995), René Bergeron (1971), Arthur Villeneuve (1990), Hugh John Barret (2005), de la Dame des arts Pierrette Gaudreault (2007) qui en ouvrant la porte de sa demeure nous a ouvert un monde de culture.

Une pensée toute spéciale au peintre Jean-Paul Lapointe, décédé le 14 janvier dernier, le temps de dire que la Bibliothèque publique de Chicoutimi présente une exposition rétrospective de ses œuvres.

Les vôtres

Au moment de l’écriture, il y a certainement des oublis. J’en appelle à l’indulgence pour l’émotion ressentie à l’évocation de ces artistes qui, en différentes époques, ont été des hommes phares dans ma carrière. Il y aura d’autres temps pour la mémoire. Il serait dommage de ne pas nous les rappeler.

Parmi les disparus, impossible de ne pas évoquer le plus cher à mon cœur de fille, le peintre Jean Laforge (2006). En cette période, le vide semble plus profond. «La fébrilité qu’engendre la préparation de la célébration des Fêtes accentue l’absence» confirment les familles en deuil que je croise au hasard de ces derniers jours. D’en parler, avec quelqu’un qui sait, apaise et nous conforte dans cet élan qui nous pousse à ne plus rien laisser se perdre de la présence des vivants.

«Je ferai de nous deux mes plus beaux souvenirs, je reprendrai la route, le monde m'émerveille. J'irai me réchauffer à un autre soleil.» Ainsi chante Barbara, dans un superbe relevé de tête vers la vie qui continue.

Dans l’arbre de ce Noël, où s’est accroché un peu de nostalgie, scintille le reflet de toutes les promesses: de nombreux spectacles en perspectives, des voix à entendre, des comédiens à admirer, des toiles à regarder, des livres à lire. Ils sont présents, ils sont là près de nous, bien vivants. C’est le temps ou jamais de prendre rendez-vous avec eux.

1 commentaire:

  1. tu es belle Christiane là haut dans ta mongofière-moi aussi je partage cette nostalgie saine.
    tu es belle Christiane !!!
    Jerry
    Jérémie

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