En moins d’une semaine, sur deux continents, j’ai dit adieu à trois personnes.
Jean-Guy Barbeau, Georges Gillotay et Gilles Paradis.Jean-Guy
Pour le premier, il était 11h quand j’ai su. Quatre heures plus tard, j’avais «pleuré» les mots de ce chagrin dans un texte publié le lendemain dans les pages du journal Le Quotidien.Georges
Pour le second, ce fut plus discret. Une lettre à son fils Patrick, en Belgique, pour lui dire toute l’affection de sa famille québécoise. Georges était venu au Québec en 1988, en compagnie de Suzanne. Quelques semaines inoubliables, disait-il. Je l’ai revu, pour la dernière fois, chez lui, en 1998. Nous avons écouté chanter Helmut Lotti, ravi de me prendre en défaut, lui qui connaissait Vigneault, en m’informant que ce chanteur est belge.
Gilles
J’ai connu Gilles Paradis avant de m’inscrire parmi ses consœurs de travail. C’était vers 1963. J’étais à l’âge où les parents disent aux enfants d’aller jouer dehors pour ne pas déranger les grandes personnes. Branle-bas de combat dans la maison : deux journalistes étaient attendus. L’aura du mot journaliste! Une espèce capable de provoquer le fantasme à la seule idée d’être doté de ce pouvoir de vaincre l’anonymat.
Gilles venait rencontrer mon père pour parler du projet «Parc Royal», un plan de développement touristique des monts Valin, avec pentes de ski, descentes des rapides, chasses à courre, et plus encore. Ce n’était pas une première pour papa. Il avait déjà fait les manchettes avec son pouvoir électrique construit sur la décharge, pourtant bien modeste, du lac artificiel qu’il avait fait naître à Saint-Honoré.
Puis ce fut mon tour, en 1972. Gilles Paradis, journaliste aux arts pour Le Soleil, avait écrit un reportage à partir des coupures de presse des journaux belges sur l’exposition de Jean Laforge à Bruxelles et le lancement, en présence du consul canadien, de sa biographie écrite par sa fille : «Christiane et Jean Laforge charment les critiques belges» écrivait Gilles Paradis. J’étais loin de soupçonner que nous allions tous les deux faire partie de l’équipe fondatrice du Quotidien, en 1973.
Gilles était celui qui demandait : «Comment vas-tu?» en demeurant attentif à la réponse. Ce n’était pas une formule de politesse, mais bien une vraie question. Je l’ai compris, un 24 mars. C’était mon anniversaire et personne ne semblait s’en soucier. Je me suis donc invitée au restaurant La Calèche pour un repas en solitaire. À l’entrée, j’ai croisé Gilles Paradis quittant les lieux.
- Ça va ? me demande-t-il, ajoutant aussitôt à ma grise mine :
- Ça va pas ?
- Juste mon anniversaire en solitaire, ais-je répondu.
Il est parti… Et revenu quelques minutes plus tard, une rose à la main.
Il était ainsi Gilles. D’une gentillesse à vous émouvoir. Et, je le regrette aujourd’hui, je ne lui ai jamais dit que cette rose amicale ne s’est jamais fanée.
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