vendredi 6 février 2015

L’Étoile de Chabrier, le charme et la modernité à la SALR





L'Étoile production de la SALR
© Andrée-Anne Lachaine photographie


Ne serait-ce que pour la musique et ce, dès les premières mesures de l’introduction de L’Étoile, quel dommage ce serait de rater ce rendez-vous de la Société d’art lyrique du royaume. Cette œuvre musicale d’Emmanuel Chabrier, est un régal. 

L’orchestre, dirigé pas le maestro Jean-Philippe Tremblay a su rendre toutes les nuances et la richesse de cette partition. « Rarement une œuvre lyrique n’a exigé autant de ses musiciens » affirme le directeur musical. J’étais là, séduite par la musicalité des vents et des cordes. Happée par la vivacité de cette musique, ses alternances entre la délicatesse et l’impétuosité, ses harmonies d’une intemporalité stupéfiante. Une musique pétillante brillamment rendue par l’orchestre de la SALR composé des musiciens de l’Orchestre symphonique du SLSJ.

Mise en appétit, voilà que se lève le rideau. Une masse sombre de personnages dissimulés derrière des parapluies. En fond de scène, une structure métallique où un homme seul scrute les astres dans l’œil d’un télescope. L’effet est percutant. Déstabilisé par la modernité de cette mise en scène, on se laisse emporter par ce début prometteur. Les choristes, en tout temps, manifesteront une discipline constante, une présence expressive, une maîtrise vocale qui nous conforte dans notre plaisir.



Le livret

Avant de commenter la performance des solistes, parlons du récit. Car, mettre en scène un opéra bouffe au XXIe siècle, est un défi chaque fois renouvelé à la SALR. Comment rejoindre ce public parmi lequel certains pourraient aspirer à une version plus traditionnelle tandis que d’autres souhaiteront l’inattendu?

 Le livret d'Eugène Leterrier et Albert Vanloo ne manque pas à la tradition : dans un royaume totalement loufoque, le roi, Ouf 1er,  va célébrer son anniversaire. Comme le veut le rituel royal, afin de plaire à son peuple, il se doit de leur offrir le spectacle annuel très prisé, soit l'exécution publique d’un sujet condamné pour malversation grave ou non. Ses sujets sont exemplaires et il désespère trouver le candidat idéal. Si bien qu’il tente de provoquer la populace, en se promenant déguisé à travers la ville. Pendant ce temps, l’ambassadeur Hérisson se rend à la Cour en compagnie de la fiancée du roi, la princesse Laoula qu’il prétend être son épouse, question diplomatique explique-t-il à sa femme Aloès qui en profite pour faire les yeux doux à son secrétaire Tapioca.



Croisant son chemin, Lazuli est ébloui par la belle Laoula qui l’est tout autant par le jeune colporteur. Déçu d’apprendre qu’elle est mariée, il supporte mal de se faire bousculer et gifle le malotru qui n’est autre que le roi, tout heureux du prétexte offert de condamner quelqu’un au supplice du pal. Hélas, son astrologue prédit qu’il mourra le jour suivant la mort de Lazuli.

Le roi ne veut pas mourir. Mais l’intrigue, corsée par tous les mensonges entourant chaque personnage, voit les quiproquos se multiplier avant que l’amour triomphe.

Ouf! Dira-t-on. La mise en scène a su tricoter tout cela avec sobriété. La bouffonnerie est dans le texte et suffit. Le metteur en scène a su donner de l’élégance à la caricature, ce qui sied bien à la grande qualité musicale de cet opéra. Musicale jusque dans les mots anodins répétés, sorte de prouesse vocale qui impressionne.


Les solistes

Je l’avoue, le roi m’a conquise. Éric Thériault, ténor, fort d’une voix ample et puissante a créé un Ouf! Truculent, attachant, aussi agréable à entendre qu’à voir jouer.

Marianne Lambert, princesse Laoula est superbe. Son jeu enjoué, son interprétation convaincante. Une voix d’une clarté qui nous fait vibrer.

Aloès ne démérite pas non plus. Un timbre de voix d’une belle maturité. Elle su donner du piquant à son personnage.

Lazuli, rôle masculin qui ne peut être chanté que par une femme, n’a pas donné toute sa mesure. Raison de santé et de se ménager pour la grande première de ce vendredi soir, explique la directrice artistique Louise Bouchard. Mais, à la générale, Maude Brunet a livré un Lazuli naïf auquel il n’était pas facile de croire. Trop de sourires, même dans sa colère. Trop de délicatesse dans l’agressivité. Et, une voix qu’il a été difficile d’entendre. Applaudie dans plusieurs rôles à sa mesure (Juditha Triumphans de Vivaldi, Sesto dans Giulio Cesare, ou encore dans Rosemarie), qui sait, ce soir elle peut surprendre.

Dion Mazerolle (Hérisson), Jean-Sébastien Turgeon (Tapioca) et l’imparable astrologue Sirocco (Guillaume St-Cyr) ont su chacun, donner une touche personnelle et efficace à ce spectacle.

L’Étoile, production de la Société d’art lyrique du royaume, est à voir absolument. Charme assuré… et plus.

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Au théâtre Banque nationale de Chicoutimi, les 6 et 7 février à 19 h 30 et le 8 février à 14 h. Mise en scène Dario Larouche. Direction artistique Louise Bouchard. Avec l’Orchestre symphonique du SLSJ sous la direction du directeur musical de Jean-Philippe Tremblay. Scénographe, Christian Roberge. Costumière, Jacinthe Dallaire, éclairagiste Alexandre Nadeau. Chef de chœur, Céline Perreault.


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 Une petite fille qui en redemande
Une quatrième opérette pour Élika, 7 ans 



 Depuis qu'elle a trois ans, Élika ne rate pas le rendez-vous annuel de la SALR. Et après chaque représentation, elle demande la permission d'aller rencontrer les artistes qui se prêtent avec grande gentillesse à une séance de signature. Pour sa quatrième opérette, elle avait apporté son premier carnet de notes... et pendant le spectacle, elle a écrit ses appréciations. La relève se prépare. 

Ici, elle montre à sa Mamieke les signatures de quelques célébrités de L'Étoile.

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