vendredi 20 juillet 2007

L'urgence : toujours actuelle

Les grands spectacles commencent
Urgence d’ouvrir les yeux !

Après de longs mois de création, de répétition, de fièvre et d’investissements souvent majeurs la saison touristique va s’ouvrir, cette semaine, lors des grandes premières des spectacles majeurs.

Le 29 juin, Ecce Mundo lève le rideau sur la sixième édition de cette production dont on ne soupçonne pas encore l’impact important sur l’avenir des jeunes artistes qui s’y produisent. Pour justifier son existence et convaincre de la pertinence des subventions espérées il faut montrer patte dorée, ou, pour mieux dire, pieds d’argent. Trois quart de millions de dollars investis en salaires versés, achats, services et contrats accordés à des entreprises régionales. Sans compter les «bénéfices collatéraux», emplois créés pour l’accueil, services au bar, entretiens des locaux afin de répondre aux clients de chaque représentation. Plus de 17 000 personnes à servir.

Il serait temps qu’on se réveille dans les méandres des ministères de la culture du Québec et du Fédéral pour étendre son soutien à une telle entreprise. Actuellement, après un bien longue abstinence, Ville de Saguenay (et aussi de Chicoutimi avant la fusion) verse une subvention appréciable bien qu’insuffisante pour la production Ecce Mundo.

Le 30 juin, La Fabuleuse histoire d’un royaume tonnera du canon pour une dix-huitième année. À l’unanimité le milieu des affaires, commerciales, culturelles, touristiques (hébergement, restauration) du Saguenay-Lac-Saint-Jean reconnaît ce méga spectacle (avec le zoo sauvage de Saint-Félicien) comme le moteur de la saison touristique. Oh! surprise! cette magnifique folie de la population de la Baie et des organisateurs des célébrations du 150e anniversaire de la région en 1988, un spectacle avec des artistes de surcroît, s’est révélé un produit d’appel majeur dans un contexte d’éveil à l’industrie touristique.

En gérant une baisse de la clientèle, telle que vécue en 2004, on tremble un peu dans le milieu: qu’adviendra-t-il si la Fabuleuse disparaît ?

Le 5 juillet, QuébecIssime entonnera le chant d’adieu du spectacle «De Céline Dion à la Bolduc». Il faut beaucoup de détermination pour aller au front et imposer sur la scène des jeunes artistes qui avaient tout à apprendre de leur métier. Le défi à été relevé non sans laisser des traces tangibles de ces dix années puisque l’émergence de QuébecIssime est à la base même de l’avenir du Théâtre Palace Arvida. Ce théâtre devenu lieu de production et de diffusion, bientôt de restauration, sauvant du pic un édifice patrimoniale (souvenez-vous de feu théâtre Capitole à Chicoutimi] tout en revitalisant le quartier de ce secteur.

Plus modestement, autour du Lac Saint-Jean (vivement qu’il retrouve le beau nom de Piékouagami) se multiplient les alliances entre hébergement-restauration et spectacles. L’Auberge des Îles de Saint-Gédéon, L’Auberge l’Île-du-repos de Péribonka, La Dam-en-terre d’Alma (dont le théâtre d’été a survécu en force à toutes les modes). La liste est longue et faut-il tous les nommer quand démonstration est faite de cette heureuse multiplication de la présence essentielle des artistes.

À la lecture d’une récente édition spéciale «Tourisme & vacances 2005» publiée par Le Quotidien, plus de la moitié du contenu traitait d’activités culturelles, spectacles et expositions. Quand on sait que les Québécois achètent pour 4,8 milliards de dollars pour des produits et services culturels (Dans le dernier rapport de la série Regards statistiques sur les arts de Hill Stratégies Recherche, chiffres repris dans l’Art Édito du Progrès-Dimanche du 5 juin), il serait très intéressant de lire une même étude sur nos dépenses en ce domaine au Saguenay-Lac-Saint-Jean.

C’est à dessein que j’ai occulté la pertinence et l’impact social, éducatif et artistique que cette profusion d’événements génère. Ce n’est que partie remise. L’urgence, au seuil de cette nouvelle saison estivale des grands spectacles, est de réaliser l’impact économique auxquels contribuent les travailleurs culturels. La mecque des emplois sous-payés. Urgence d’une prise de conscience que tout cela existe avec les présences et non les absences. Urgence de découvrir ce à quoi les jeunes, nos jeunes, consacrent leur temps, leur énergie et leur talent. Urgence de confronter la population de cette région à ce qu’elle fait ou ne fait pas pour maintenir bien vivante cette dynamique artistique qui fascine, étonne et séduit tant les visiteurs. Urgence aussi de questionner ceux qui prétendent que payer 35 $ pour un spectacle est trop cher quand ils en dépensent davantage pour un seul repas arrosé de bière et vin dans un restaurant.



Ce texte a été publié dans le
Progrès-Dimanche 10 juin 2005
http://www.cyberpresse.ca/section/CPQUOTIDIEN

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