Progrès-dimanche
Arts Édito, dimanche 16 mars 2008, p. 36
" Taisez cette langue que nous ne pouvons entendre " pourrait-on parodier, sachant que la langue de Molière a été occultée par la CBC, au montage de l'émission sur les grands moments du gala du Panthéon des auteurs compositeurs canadiens. Émission diffusée sur les ondes ontariennes de Radio-Canada le 3 mars.
Grande colère de Claude Dubois, le lendemain de son intronisation, en apprenant cette pratique appliquée depuis cinq ans. Et ce dans le silence des Québécois antérieurement inscrits au Panthéon, dont Gilles Vigneault (2006) et Jean-Pierre Ferland (2007).
"Il s'agissait d'une émission sur le réseau anglais télé de Radio-Canada destinée à un auditoire anglophone", a expliqué Jeff Keay, porte parole de CBC. Gala animé en anglais par l'homme orchestre Grégory Charles, lequel n'a pas survécu, lui non plus, au couperet.
Reflet d'une réalité
Bien sûr! Jeff Keay peut prétendre que "son" public ne connaît pas les québécois... Et pour cause! Il a tout de même répliqué que "l'émission se voulait un effort pour refléter un gala de trois heures en 44 minutes."
Peut-on parler de "refléter" un événement si celui-ci est amputé d'un élément majeur de sa composition, à savoir la présence de l'entité artistique francophone du Canada? La main tendue aux Québécois par les organisateurs de ce Gala du Panthéon des auteurs compositeurs canadiens, leur donnant une place qui leur revient de droit, est bafouée.
En effet, le PACC ne déclare-t-il pas que sa raison d'être est d'honorer les réalisations exceptionnelles des auteurs-compositeurs canadiens et de ceux qui ont apporté une importante contribution à leur héritage"?
Le Panthéon perd le sens même de son existence dans ce reflet arbitraire du diffuseur anglo-canadien. Aurait-il vendu âme en cédant les droits de diffusion du gala à CBC ?
Tout en démissionnant de ses fonctions de secrétaire général du PACC, Martin Duchesne aurait déclaré : "En achetant le show, CBC, avec son "cash", a soudain eu un droit de gérance et flushé tout ce qu'il y a de francophone comme de la merde, même les Gilles Vigneault, Claude Léveillée, Jean-Pierre Ferland et Raymond Lévesque", relatant que les animateurs francophones étaient priés "de se tenir physiquement à l'écart des animateurs anglophones pour faciliter leur coupure au montage".
Je m'étonne que cet état de fait, récurant depuis cinq ans, ne soit révélé qu'en 2008. Également victimes de cette éviction, comment Vigneault, comme Raymond Lévesque, reconnus pour leur ardeur à défendre la langue française au Canada, ont-ils pu subir cet affront - car c'en est un - sans rien dire ?
Je tremble à l'idée que ce ne soit pas le seul fait de la bêtise et de la francophobie de quelques-uns. Je tremble à la possible vérité de l'hypothèque émise par Denise Pelletier, dans son commentaire retrouvé sur wikio.fr, sur les intentions même du Panthéon, à savoir: "... on comprend qu'ils ont fait semblant d'honorer des artistes québécois juste pour respecter des conditions d'obtention des subventions gouvernementales!"
Et pendant ce temps, l'Association canadienne des radiodiffuseurs remet en question les quotas de musique vocale de langue française. Dans son mémoire déposé le 4 mars dernier au CRTC, l'ACR réclame une baisse de 65 % à 50 % du quota de musique vocale de langue française diffusée par la radio francophone dans la région de Montréal et de Gatineau-Ottawa.
Pendant ce temps, Bruno Pelletier négocie avec plusieurs pays d'Asie non francophones intéressés à coproduire son "Dracula" dans sa version originale québécoise française.
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Catégorie : Actualités
Sujet(s) uniforme(s) : Musique; Radio et télévision
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