Il y a des films qui nous déçoivent
Astérix aux Jeux Olympiques
Photo Brono Calvos / Laurent Pons
© 2007 Les Éditions Albert René / Goscinny - Uderzo
Progrès-dimanche
À l'écran - Télé et cinéma, dimanche, 16 novembre 2008, p. 47
Astérix aux Jeux Olympiques
La médaille d'or du pire cinéma
Christiane Laforge
Déception assurée pour les fans de Goscinny et Uderzo, pères d'Astérix le Gaulois qui voudront se procurer le troisième film de la série Astérix, maintenant disponible en DVD. Frédéric Forestier et Thomas Langmann ont produit un véritable navet non comestible.
Il a fallu se donner beaucoup de mal pour que le film "Astérix aux jeux olympiques" coiffe les lauriers du dérapage le plus réussi. Une couronne fanée de 80 millions d'euros. La participation des professionnels du sport Zidane, Mauresmo et Parker, clin d'œil pourtant sympathique, n'ont pu faire rebondir des répliques aussi dégonflées qu'un ballon troué. Même Michaël Schumacher n'a pu sauver la mise pour franchir la ligne d'arrivée d'une course à la débilité.
Piètre scénario
Ce film n'a rien à voir avec la bande dessinée de René Goscinny et Albert Uderzo. Le scénario en a conservé quelques répliques, reprises parfois hors contexte et bien loin de l'humour et de la finesse d'esprit de ses créateurs.
En fait, ils étaient quatre scénaristes, Thomas Langmann, Alexandre Charlot, Olivier Dazat, Franck Magnier, à concevoir une très infidèle histoire inspirée de la célèbre bande dessinée. Un attelage sans cheval de tête où chacun a dû vouloir tirer dans sa direction.
Sthéphane Rousseau (Alafolix) - Astérix aux Jeux Olympiques
Photo Brono Calvos / Laurent Pons
© 2007 Les Éditions Albert René / Goscinny - Uderzo
Cela expliquerait peut-être l'absence de cohérence de l'intrigue dont on ne sait plus si la trame repose sur les tentatives répétées de Brutus pour tuer César ou sur la compétition olympique. En introduisant de nouveaux personnages - Brutus (Benoît Poelvoorde) malgré tout assez crédible, Alafolix (Stéphane Rousseau) condamné à un rôle sans panache ou la princesse Irina (Vanessa Hessler) sans consistance - en modifiant l'intrigue originale pour l'abêtir dans un conte maladroit où la princesse doit épouser le vainqueur, la trahison est complète. Le chien Idéfix a finalement le meilleur rôle.
Les producteurs de ce désastre ne prétendent pas reproduire au cinéma la bande dessinée de Goscinny et d'Uderzo. "Tirée de l'oeuvre de ..." spécifie le générique. Encore heureux de le préciser car cette parodie douteuse est tout ce que l'on veut, sauf inspirée. Difficile de ne pas y percevoir un opportunisme malsain, croyant profiter lucrativement, du battage médiatique pré-olympique des jeux de Beijing.
Sauve qui peut
Alain Delon dans le rôle de César - Astérix aux Jeux Olympiques
Photo Brono Calvos / Laurent Pons
© 2007 Les Éditions Albert René / Goscinny - Uderzo
Dommage pour Stéphane Rousseau. Faire partie d'une distribution prestigieuse devait le ravir. Ce rôle d'Alafolix ne sera certainement pas sa meilleure carte de visite. Le personnage est d'une telle vacuité que tout le talent qu'on lui connaît et qui n'apparaît pas ici n'a aucune chance de sauver le personnage. Le César campé par Alain Delon parvient à se hisser quelque peu au-dessus d'un jeu d'acteur désespérément nul.
Quelques scènes, trop rares, permettent de croire qu'il y a eu un minimum de compétence au service de ce film... sans doute un intrus se trompant de plateau: César vu de dos, bras levé, comme pour saluer d'un seul geste toute la grandeur de l'armée romaine, une mer de soldats en rangs parfaits nous rappelant Star Wars. Ainsi que certains passages de la course de chars.
Mais ce "peu" est rapidement oublié devant les bourdes répétées d'une équipe qui a peut-être voulu remporter la médaille d'or du championnat peu enviable du pire cinéma.
© 2008 Progrès-Dimanche.
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