Art Édito
Progrès-Dimanche, 5 août 2007
Que serait notre monde sans les artistes ? Aux images troublantes de la haine exprimée d’une nation à l’égard d’une autre, que déversent implacables nos télédiffuseurs et nos journaux, s’oppose avec force la beauté de milliers de personnes, le regard rivé sur la scène. Cela se passe à Chicoutimi, à Jonquière, à La Baie et ailleurs. La musique du monde, les rythmes de toutes les cultures, les voix de notre pays, rassemblent les foules, jour après jour, dans une ambiance festive, exaltée, exaltante. Ne me demandez pas de renoncer à cette foi indéfectible en l’humain, alors que je le sais capable de toutes les beautés.
« Insolita », le spectacle d’ouverture du Festival international des Rythmes du monde, mercredi soir dernier, n’avait qu’un défaut. Il nous sembla trop court et la scène trop petite pour une telle énergie. Envoûtement! Il n’y a pas d’autre mot pour dire l’effet hypnotique de ces rythmes de toutes les sources, de tous les âges. Une musique intemporelle, primale et pourtant actuelle. Elle transcendait tous les rythmes du monde, si bien que là où l’oreille croyait reconnaître un son en surgissait un autre à l’accent nouveau. Étonnant Robert Dethier!
Observer la foule agglutinée jusqu’au bord de la scène Bell était source de plaisir. Des gens de tous âges, beaucoup d’enfants portés par leurs parents, visages tendus vers la musique, unis dans un même frisson. Regrettant, à la toute fin, ne pas avoir le pouvoir que cela ne finisse pas. La magie d’une rencontre, de l’émotion partagée. Un chant de ralliement étouffant les cris des guerres.
Furtivement, s’insinue dans ma tête la sombre pensée qu’il existe en certain lieu de la planète une force politique et religieuse qui interdit la musique. Un interdit maintenu socialement et que transgresse, au péril de leur vie, le trio Burqa Band formé en 2002 par Nargiz, jeune afghane de 20 ans.
La mi-saison
Lorsque le soleil est au rendez-vous les spectacles gratuits présentés lors des festivals attirent des milliers de personnes. Un succès dont il faut se réjouir. La réalité est plus difficile pour ceux qui persistent à inviter le public à découvrir leurs créations. À la mi-saison, comment s’en tirent les théâtres d’été et autres producteurs de spectacles en salle, compte tenu des emplois créés et du prix d’entrée?
À l’analyse de l’enquête, effectuée par notre journaliste Anne-Marie Gravel, il appert que la partie est inégale entre les spectacles gratuits et les productions en salles. Ecce Mundo fait bonne figure. Il faut dire qu’il se hisse au second rang des spectacles majeurs de la région par la constance de la très grande qualité de cette production. Son caractère universel n’y est pas étranger. La danse est, comme la musique, le langage accessible par excellence. Production essentiellement régionale, tremplin de jeunes professionnels de la danse, petite entreprise générant des emplois culturels appréciables et formateurs, produit touristique autant qu’artistique, on peut se demander si Ecce Mundo reçoit sa juste part des subventions accordées par les conseils des arts fédéral et provincial.
La nouvelle production de Québec Issime, « ExpressIo » n’a pas obtenu l’impact de leur premier exploit, « De Céline Dion à la Bolduc ». La deuxième édition aura été victime d’une défection majeure. La perte de Michaël Girard, parti pour une carrière solo, aura été ressentie dans certaines scènes, initialement les plus fortes (je pense au duo Leblanc-Girard dans je voudrais voir New York et J’irai voir la mer remarquable en 2006). On se demande pourquoi Québec issime n’a pas fait appel à un de ses chanteurs plutôt qu’une greffe risquée avec un produit de Star Académie quand on sait qu’elle extraordinaire école de formation cette troupe a su être pour ses membres. Le défi sera de taille l’an prochain, alors qu’on songe à un nouvelle saison dans un contexte nouveau où Jonquière en musique et le Théâtre du Saguenay étendent leurs ramifications jusqu’au Carré Davis, voisin du Théâtre Palace.
Encore plus audacieux est le défi relevé par les gens de théâtre. Les théâtres d’été sont nés d’un vide à combler dans les années 1970, alors que de juin à septembre la vie artistique faisait relâche. Les festivals ont pris de l’ampleur en se multipliant. Qui sait? Pour contrer leurs moyens modestes peut-être faudra-t-il songer à un festival de nos troupes de théâtre où gens du lac et du fjord excellent.
Ce texte a été publié le 5 août 2007
dans le Progrès-Dimanche
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Quel plaisir de vous lire! N'ayant pas vu la pièce jointe au message, je me suis surprise à cliquer sur le lien au bas de votre signature afin d'y rechercher l'objet de ma demande. Bien m'en prît! C'est toujours avec une certaine timidité que j'entre dans le monde du blog mais cette fois, je m'y suis sentie invitée, puis, chez moi! J'avais laissé une journaliste fort sympathique et je retrouve sur les fils du web une femme à connaître et apprécier, au-delà des mots, quelque part au coeur des battement du temps...Votre plume est douce et bonne, à l'image de l'impression que vous m'aviez laissée. J'ai appris, au fil des ans, à écouter ces impressions, ces sentiments, ces intuitions qui ne mentent jamais. Plus le temps passe, plus tout celà se confirme. Et m'est revenu l'appel que j'avais ressenti lors de notre dernière interview, il y a de celà bien longtemps, il me semble....... Déjà, vous aviez su toucher mon âme. Les mots que j'ai lus aujourd'hui l'ont gagnée toute entière.Merci!
RépondreEffacerAmitiés,
Sophie-Marie
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